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L’homme est tout brun, c’est de la m…

Je voulais faire un joli petit test aujourd'hui, tant pis, ce sera pour la semaine prochaine.

Comment ai-je pu avoir le moral à zéro dans l'humeur d'hier, alors que nous ne parlions que de marques d'ordinateurs, de systèmes informatiques? Je me le demande bien au vu de ce qui suit.

Parce que lorsque je l'ai écrite, cette humeur, je n'avais pas encore vu l'émission "À Bon Entendeur (ABE) " qui avait été diffusée mardi 30 novembre sur la Télévision Suisse Romande (TSR), pour cause de séance de Municipalité. Ben oui, les séances de Municipalité, dans mon village, c'est le lundi, je sais, mais je l'avais fait reporter parce que mon gamin de Jonathan m'avait annoncé une soirée des parents dans son école, et que cela aussi a une certaine importance. Sauf que le soir même, ce grand dadet d'ado m'annonce comme ça qu'il s'était trompé et que la séance susmentionnée était agendée au 13 décembre.

Super, je n'ai déjà pas été gêné déjà face aux collègues de la Municipalité, surtout que le 13, c'est aussi un lundi, et que ça pose également un problème de séance avec mes collègues. Tu ne m'en veux pas hein, voisine? Je précise que la voisine.com, est la syndique du village (la mairesse quoi, pour les Français, même que je ne sais pas si ça se dit moi, la mairesse...) et qu'elle est une fidèle lectrice de Cuk.ch.

Comment? Je sors du sujet? Oui et alors? Bon d'accord, je reviens à mes moutons.

Madame Cuk m'avait donc enregistré "A bon entendeur", mardi, émission dédiée à la protection des consommateurs, en fait à la consommation tout court, et intitulée cette semaine "Jouets chinois, le père Noël rit jaune".

Elle m'avait averti Mme Cuk, que ce que j'allais voir était pour le moins révoltant.

Et bien elle n'avait pas tort, ça l'est!

Oh, je ne suis pas tout à fait tombé de la dernière pluie, et je savais bien quelque part que ces jouets rutilants marqués "Made in China" ne devaient pas être terribles terribles au niveau éthique, en particulier face aux conditions de travail des ouvrières chinoises qui les fabriquent.

Évidemment, quand le marché mondial du jouet est estimé à 69 milliards de dollars, il faut jouer des coudes pour prendre une tranche du gâteau, à tout prix semble-t-il, et en se foutant pas mal de la santé des travailleurs et des travailleuses.

"On commence le travail à 7 h 30 jusqu'à 11 h 30 du matin, et ensuite de 13 h 30 à 17 h 30 et de 18 h 30 à minuit. Après minuit, on commence nos heures supplémentaires, jusqu'à 2 heures et des fois 4 heures du matin... et on n’a jamais congé les jours fériés."

ou encore

"Une fois j’ai travaillé de 7 heuresà 18 h 30 et ensuite de 18 h 30 à 23 h 30. On m’a donné un coupon pour un snack, un bol de nouilles avec seulement quelques feuilles de chou, sans aucun goût. Après le snack, j’ai dû retourner travailler jusqu’à 4 heures du matin."

Le gouvernement chinois a bien mis des garde-fous, mais a autorisé un dépassement de travail en heures supplémentaires dans des cas bien précis. Et l'industrie du jouet en est justement un, puisque 75 % de la production de jouets est concentrée sur trois mois.

Parfois plus de 200 heures supplémentaires mensuelles dans des journées souvent déjà épouvantablement longues, du bruit, de la chaleur (plus de 40 % dans les ateliers), et tout cela en inhalant des substances toxiques sans aucune protection, alors qu'en Europe, la même fabrication est effectuée par des machines, et que lorsque le technicien doit venir les entretenir, il a l'obligation de porter des masques efficaces, ce qui est tout de même un minimum me semble-t-il.

Là-bas, rien! Aucune sécurité, des accidents à la pelle en particulier pendant les heures supplémentaires. On s'en fout pas mal de la santé de ces femmes. Il faut croire qu'elles sont plus rentables au prix où elles sont payées que la mise sur pied d'une usine moderne à base de machines ma fois plus onéreuses, dotées de sécurités strictes. Et puis quand elles sont malades, ces femmes, elles démissionnent voyez-vous, ce qui permet, selon les pratiques constatées sur place, de souvent éviter de leur payer le dernier mois de travail qu'elles ont effectué. Et puis elles meurent, et on n'en a plus rien à faire. Voilà, c'est tout simple.

On me dira que nous n'avons qu'à payer nos jouets plus cher, et ainsi faire en sorte d'une certaine manière que cette exploitation n'ait plus de raison d'être.

Mais non! Le prix du travail semble, selon les études, relativement dérisoire au bout de la chaîne. Ceux qui s'en sont mis dans les poches, ce sont les intermédiaires. On pourrait très bien payer ces gens décemment. Parce qu'au niveau salaire, excusez-moi, mais lisez plutôt:

"Quant aux salaires de ces femmes, il se situe entre 60 et 100 francs par mois. En théorie, cela correspond au revenu minimum légal, mais dans les faits, cela ne permet pas de vivre décemment. En effet, ces ouvrières migrantes doivent encore rembourser le voyage en train qui les a emmenées ici. Elles doivent envoyer de l’argent à leur famille. Et surtout, elles doivent s’acquitter auprès de l’usine des frais d’hébergement. Dans ces fabriques, la majorité des ouvriers dorment sur place, dans des dortoirs souvent à la limite de la salubrité".

et encore

"Pour une poupée vendue 49,90 CHF en Suisse, moins de 1 CHF ira aux ouvrières du Guandong. La différence va pour l'essentiel dans la poche des marques, qui dictent les règles du jeu. Pour éviter les invendus, elles passent commande à la dernière minute et imposent ainsi des rythmes de production inhumains. Leur pression sur les prix tue toute possibilité d'améliorer les conditions de travail et de sécurité dans les usines. Bref, pour augmenter leur profit elles ne prennent aucun risque. Ce sont les sous-traitent qui les supportent tous."

Un code de conduite a bien été mis en place par certaines marques, mais il semble pour le moins hypocrite et bien peu mis en pratique, comme c'est souvent le cas malheureusement.

Et justement, parlons-en de ces marques. L'étude parle de sept marques: Mattel, Lego, Walt Disney, Hasbro, Bandai et MGA Entertainement, et les a passé au crible d'un test d'éthique.

Une s'en sort un peu mieux que les autres: Lego, qui fait semble-t-il attention que son code de conduite soit respecté, même si dans ce cas également, les conditions de travail des travailleuses travaillant pour cette firme ne seraient certainement pas acceptées en Suisse.

Les autres, cela va du pire à l'insupportable. Et voyez-vous, la plus moche de toutes les marques qui ont été testées, c'est WaltDisney.

Je ne suis pas fâché que Monsieur Jobs ait décidé de casser son contrat de distribution des films Pixar avec cette firme. Le problème, c'est que je ne pense pas vraiment que l'éthique ait eu une quelconque influence sur sa décision (et paf, on ne pourra pas me reprocher qu'encore une fois, cette humeur n'a rien à voir avec le Mac).

Enfin écoutez, je ne vais pas répéter tout ce qui est dénoncé dans ce test, il faut absolument que vous le lisiez, c'est ici, en tout cas jusqu'à mardi.

Et tout l'article est édifiant. En ces périodes de Noël, vous ne devriez pas passer à côté de sa lecture. Ou plutôt si après tout, ne lisez pas. Cela vous évitera de culpabiliser comme une bête pendant les fêtes.

Moi, quand je vois ce cynisme, ce non respect de la vie, qu'on est capable d'enfermer des femmes dans une usine ravagée par un incendie pour éviter les vols (une centaine de morts, mais qu'est-ce que c'est, cest tellement loin?), et que l'on me dit que c'est comme ça, que c'est la mondialisation, qu'il faut s'adapter et que nos pays fassent des efforts pour aller dans le sens de la compétitivité, et que la compétitivité, c'est ça, alors je me dis que Sarclo, le chanteur romand désabusé n'a pas tort lorsqu'il chante "L'homme est tout brun, c'est de la merde".

Bon week-end à tous.

66 commentaires
1)
Franck_Pastor
, le 03.12.2004 à 00:09

Et nos beaux ordinateurs (Apple comme les autres), qui sont fabriqués en fait dans ces pays-là ? Comment ça se passe pour les personnes qui les fabriquent ?

J’imagine déjà la réponse :-((

2)
jeanba3000
, le 03.12.2004 à 03:25

Bonjour tout le monde
Je suis un fidèle mais très discret lecteur jusqu’à présent.

Tout cela et bien d’autres choses sur les marques sont dénoncés depuis quelques années déjà par le livre très instructif « No logo » de Naomi Klein.

3)
pilote.ka
, le 03.12.2004 à 06:17

J’ai vu cette émission (et on peut la revoir avec CocoaJT).

Elle remet les choses à leur place.
Maintenant je me demande: Si on veut offrir un cadeau à un enfant occidental ça devient très dur de faire preuve de morale. Il va falloir courrir les magasins pour trouver un jouet fabriqué avec des ouvrières décemment payées. Or tous les jouets à la mode qui plaisent aux enfants sont fabriqués en Asie. C’est le problème de la quadrature du cercle. Ça fout un grand malaise, car au bout de la chaine c’est bien le consommateur qui est responsable.

PS: C’est vrai qu’il ne faut pas oublier la fabrication des ordinateurs dont nous ne savons rien.

4)
Blues
, le 03.12.2004 à 06:56

OULALA … Polémique !!!

Je sens qu’elle va faire beaucoup de « bruit », donc le plein de commentaires …. cette humeur !

(Pssssttt… Apple il me semble qu’il sous-traitent aussi en Chine ?)

5)
François Cuneo
, le 03.12.2004 à 07:06

Je sens qu’elle va faire beaucoup de « bruit », donc le plein de commentaires …. cette humeur !

Blues, je n’ai pas écrit ça pour battre un record de commentaires, qu’on se le dise… Et je ne trouve pas que c’est polémique. En fait, le défaut de cette humeur, ou disons l’un des défauts, c’est qu’elle enfonce des portes ouvertes.

Mais bon, les portes n’étaient pas assez ouvertes à mon goût, puisqu’avant l’émission, je ne me rendais pas vraiment compte de ce qui se passait, même si j’en avais une petite idée.

Un petit peu de prise de conscience supplémentaire, ça ne fait pas de mal. En tout cas pas à moi.

Et qu’Apple, mais en fait tout le monde profite des délocalisations, c’est évident.

Je me réjouis juste qu’on ait fait le tour de ces délocalisations, et que tout le monde soit enfin payé dignement. Parce que le Japon, c’est fait, la Corée, les ouvriers se révoltent, l’Espagne n’est plus ce qu’elle était, le Portugal non plus, bref, on avance. On n’aura dans quelques dizaines d’années plus personne à surexploiter.

Les gens ne vont pas se laisser marcher dessus indéfiniment.

6)
Blues
, le 03.12.2004 à 08:13

Et je ne trouve pas que c’est polémique….

Pour toi, non François … En plus qu’on est vendredi, donc que l’humeur passera tout le WE … Qu’est qu’on parie qu’il y aura des « accrochages » ?
————
Tout ça, ça énerve OK … mais ça me fait juste penser que jusqu’en 1950, c’était pareil dans nos contrées !

Et si on se projetait 15 ou 20 ans plus loin … Là les chinois seront peut-être à notre place (bons salaires – 9h.00 de travail, etc..) et nous peut-êtr à leur place = retour en arrière ! eh..eh …
——

A part ça comment faire .. pour bien faire ? :
– Boycotter ? (je préfere le boycot US – Coca, Nike, MacDo etc Cie)
– Empêcher les industries d’aller s’installer là bas (faut pas rêver)…

8)
Caplan
, le 03.12.2004 à 09:01

Tout ceci est épouvantable, et le pire c’est que ce n’est qu’une étape dans un scénario qui va l’être bien plus encore… pour nous!

Durant ces dernières décennies, les occidentaux ont joué aux apprentis sorciers: pour maximiser leurs bénéfices, les marques ont fait fabriquer leurs produits par des esclaves chinois, coréens ou vietnamiens. Elles ont dicté des normes de qualité occidentales et les esclaves s’y sont pliés.

Résultat: les Chinois sont capables de fabriquer pratiquement tous les objets dont les occidentaux ont besoin. (Il faut aller voir dans tout ce qui est non-meuble chez Ikea, par exemple).

Le problème (pour nous), c’est que les Chinois ne seront plus des esclaves encore très longtemps ! Ce sont avant tout des commerçants. Quand ils auront acquis suffisamment de savoir-faire, ils vont lancer leurs propres marques qui vont marcher du feu de Dieu et qui vont enfoncer les nôtres.

Et qu’est-ce qui va rester aux pauvres occidentaux: RIEN! Plus de marques, plus d’usines et plus de bénéfices faramineux!

Loin de moi l’idée de minimiser l’horreur des conditions de travail que j’ai pu voir en regardant l’émission. Mais je suis sûr que ce n’est qu’une étape du formidable décollage économique de la Chine. A terme, les ouvriers chinois auront un niveau de vie tout à fait comparable à celui des nôtres… à l’époque où ils avaient encore du travail…

9)
alec6
, le 03.12.2004 à 09:58

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ces deux excellentes revues, je me permetrais de faire un peu de publicité.

Le Monde Diplomatique ici
Alternatives Economiques ici

auquelles on peut adjoindre : Politis, Manière de Voir, Alternatives Internationales

ainsi que le site suivant :
ATTAC

j’en oublie, TTE complétera ! (c’est son jour d’être à gauche).

Alexis, tous les défauts !

10)
Le Corbeau
, le 03.12.2004 à 10:08

J’AAAARRIIIIVE !
La noirceur est ma spécialité.
Mauvaises nouvelles :
Caplan, il est inutile de parler de « non meuble », En effet IKEA a déjà délocalisé une partie de cette production en chine et va continuer (vu un article ce matin dans le journal)
Quand au mac, il est dit « assemblé » en irlande, ce qui signifie qu’on fait venir les pièces d’ailleurs.
Bonnes nouvelles ? :
Apple ne fait pas travailler que la chine. Si ma souris est chinoise, mon clavier est malaisien.
Au fait, François, le « test » est paru dans la revue « Que Choisir » (en france!) J’ignore si vous avez cette revue chez vous.
Bon, je retourne sur ce qui reste de mon arbre…
Dites, Va bientôt falloir changer les couleurs du site ! :-)))

11)
Blues
, le 03.12.2004 à 10:17

A terme, les ouvriers chinois auront un niveau de vie tout à fait comparable à celui des nôtres..

L’homme occidental (blanc) a voulu foutre sa M… partout = juste retour de situation ! On va s’en prendre plein la G…, bien fait pour nous.

A quand l’Afrique Noire ?, bizzare, aucune entreprise ne veut aller investir là-bas.

12)
alarache62
, le 03.12.2004 à 10:33

Ceci pose un problème:
Un ami est ravi d’avoir gravi les échelons chez Decathlon pour ne pas les citer, chaine d’hypermarché du sport en France.
Ils ont leurs propres produits mais aucune usine.
Il est maintenant acheteur golf et donc va aller (il en reviend) 3 fois par an en Chine.
Personnelement, j’estime qu’étant donné que c’est lui qui va marchander les prix au plus bas, il est directement responsable.
Mais c’est son boulot, peut il refuser?
Je pense qu’il n’aurait pas dû postuler sur un tel poste mais être à un autre poste, c’est un peu hypocrite car on sait que ça se passe mais on ne veut pas en entendre parler…
Peut on aller jusqu’à comparer sa situation à ceux qui ont torturé lors de la guerre d’Algérie, par exemple: c’était leur boulot, il le faisait car il fallait le faire…

J’ai également un ami ingénieur chez Total, responsable d’usine au Gabon: il doit gérer des conflits sociaux où il a été pris en otage face à des machettes… à mon avis il doit y avoir des choses pas nettes car dès qu’on mélange pétrole et pays pauvre…
Mais peut il refuser un tel poste?

Moi personnelement, je suis futur dentiste.
De plus en plus de dentistes font appel à des prothésistes en Chine ou en Turquie pour leurs couronnes dentaires: prix imbattables mais qualité limite sans parler des conditions de travail, de bilan écologique pour le transport…
Personnelemnt je refuserai de travailler avec ces « prothésistes ».
En plus ceux sont les mêmes qui travaillent avec l’étranger et qui se plaignent d’avoir pleins de patients chomeur couvert par la Couverture Mutuelle Universelle: ceux sont souvent des patients exigeant car tout leur est dû car tout est gratuit…
J’estime que le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté chez soi c’est de promouvoir l’emploi local, produit dans de bonnes conditions sociales donc il y a des charges, mais c’est le revers de la médaille…

Et que pensez vous du rôle de la suisse dans tout ça?
Souvent les enquêtes sur ces sujets finissent par retrouver les responsables fianciers en Suisse autour du Lac… Plusieurs enquêtes de CAPA/Canal+ se sont arrétés dans la même ville suisse dont j’ai oublié le nom…

13)
coacoa
, le 03.12.2004 à 10:39

Si alec6 décide de mettre les mêmes liens que je préparais gentiment de mon côté, ben, kess vous voulez que je fasse, moi ?

Il y aura toujours un gaucho plus rapide que l’autre…

Il y a les jouets de Noël, et derrière le sapin, toute une forêt (nos vêtements, par exemple, mais bon, aussi tout le reste…).

Nous pouvons toujours faire des choses, à notre échelle (« penser global, agir local », credo que vous trouverez sans doute sur un des liens mentionnés plus haut).

En faisant attention à ça , ou encore en agissant dans ce type de trucs (j’avais participé à la campagne de 1999, voir les dessins de Mix&Remix ici !!).

Je crois, peut-être naïvement, qu’être informé peut permettre de faire des choix rationnels.

Ca n’empêche pas les paradoxes (fauché, je m’habille chez H&M, bravo, un modèle du genre, hum, hum…), mais les petites actions, cumulées (la campagne clean clothes de 1999 a obligé H&M à davantage de transparence), sont souvent utiles (la pression mondiale sur Nike les a obligé à adopter des chartes ethiques. Ils l’ont fait uniquement pour leurs parts de marché, ils se gaussent bien de la morale, mais au moins des travailleurs ont bénéficié de leur nouvelle politique).

Pour finir, Disney, bravo. Tous les enfants du monde ne sont décidemment pas égaux devant Mickey. « It’s a magical world… »

14)
ToTheEnd
, le 03.12.2004 à 10:41

Pas beaucoup le temps de réagir ces derniers jours… c’est toujours le stress ici en fin d’année (vivement les vacances)!

A l’image de Caplan, je pense que la Chine à terme changera beaucoup et que les choses se normaliseront peu à peu (j’entends pas là les conditions – financières, horaires, assurances, vacances, etc. – de travail). Si on regarde les conditions de travail de l’Europe il y a moins de 100 ans, on ne peut être que impressionné pas les améliorations et je suis certain que la Chine suivra dans un temps plus court (d’après moi, 20 à 30 ans).

Mais François, n’oublions pas tous les pays qui ont exactement les mêmes conditions que la Chine (voir même pire avec des pays qui autorisent les patrons à battre leurs employés) et qui se situent, pour la plupart, sur le continent asiatique (mais pas seulement, il y a des pays d’afrique qui sont dans le même cas).

Enfin, pour répondre à Alexis, je recommande également la lecture (pas que le vendredi) du Courrier International ici

T (qui aurait fait le même commentaire tous les autres jours de la semaine!)

15)
lolopb
, le 03.12.2004 à 11:40

Pour revoir les émissions de la TSR (enfin, certaines) ainsi que d’autres, je vous recommande l’excellent CocoaJT, en plus la dernière version permet d’enregistrer :

<http://jeanmatthieu.free.fr/cocoajt/index.html&gt;

Bravo pour cette news, c’est aussi pour ça que j’aime cuk.ch, on ne parle pas que de Mac :)

Unix is user friendly, it’s just selective when choosing friends…

16)
alec6
, le 03.12.2004 à 12:28

Coacoa :
Ouhai !!! j’ai été le plus rapide !!

Merci pour ces rajouts tout de même ; à ce propos je ne retrouve pas le nom de ce groupe belge ou britanique autre chantre de l’altermondialisme…

TTE
Tu vois quand tu veux !;)))

Alarache 62 :
Et pour qui bosse-t-il le designer gaucho auteur de ces lignes ? Disney, France Télécom, Air France, Philipp Moris et consorts ! Boulot shizophrène j’en conviens…
On en est tous là
Comme le dit Coacoa, être informé c’est déjà ça de pris et je crois qu’à partir de ce moment là le plus gros est fait !

Pour rester dans le dommaine de prédilection de ce site… si tous les utilisateurs de pécés étaient convaincus de l’infériorité crasse de leur logiciel système égémonique, nous n’en serions pas là !

Alexis, tous les défauts !

17)
Mirou
, le 03.12.2004 à 14:14

Mais peut il refuser un tel poste?

Il DOIT refuser un tel poste, nom de bleu !

Autant j’ai l’impression qu’acheter un pull H&M c’est déjà pas top, mais que je dois avouer le choix et maigre, et que je ne crois pas trop au boycott des produits (peut-être d’ailleurs parce que c’est plus facile de ne pas y croire que de ne pas boire de Coca), mais alors faire ce genre de boulot et fermer les yeux ALORS MÊME qu’on a la misère sous les yeux ! Non.. Je pige pas.

A ce niveau de qualification, ton ami ne peut-il pas trouver une boîte un peu plus éthique que Total ? Surtout avec un niveau de qualification tel ?
(Je n’attaque personne, mais j’ai toujours de la peine à piger les gens qui se plaignent d’avoir la misère sous les yeux, mais de ne rien pouvoir y faire, parce qu’ « on ne refuse pas un tel poste »)

18)
Le Corbeau
, le 03.12.2004 à 14:40

Mode Polémique
Oui, Mirou, il peut refuser un tel poste, et se retrouver au chomage
il peut aussi carrement refuser d’entrer comme ingénieur dans cette boite et se dire que tant pis, il gagnera que le tiers d’argent et qu’il arrondira ses fins de mois en faisant des heures sup pour offrir autre chose que des patates à ses gosses dans un poste de « lampiste » comme on dit chez nous.
Et tu en connais beaucoup des grosses boites éthiques notamment dans le pétrole?
Quand au boycott du veau hormoné en france, il a permis un certain nettoyage dans la profession, même s’il reste encore les antibiotiques
Fin mode Polémique

19)
Saluki
, le 03.12.2004 à 14:46

La Chine, la Chine…

La Chine fout sans doute la m… dans notre belle Europe, Suisse incluse, mais plus encore ailleurs.
Pour passer des jouets au textile qui a été abordé au détour des posts avec des enseignes comme Nike ou H&M, il y a plus grave, mais c’est pas pour ici, c’est pour les pays d’Afrique.
Ici, il y a belle lurette que les délocs ont frappé. Je venais juste d’intégrer mon école d’ingenieur en 1965 que le Pr De Bandt avait pratiquement défini ce qui est arrivé aujourd’hui. Son erreur était dans le timing, il disait vingt ans et il en a fallu quarante.

Je vais vous donner trois exemples pour vous montrer comment ils sont mal barrés de l’autre côté de la Méditerranée.

50 % du commerce extérieur de la Tunisie est dans l’habillement, juste derrière le tourisme, ce qui veut dire que c’est la principale industrie. Le jean est le produit le plus représentatif, la lingerie bien présente.
Cette année les exportations ont dû baisser d’une dizaine de points.
La raison est que les donneurs d’ordre ont anticipé sur l’abandon des quotas d’importation qui restreignaient les volumes ou les valeurs des produits en provenance de Chine.
Ca plombe un budget, ce genre de situation.
Inutile de dire qu’après période de test les distributeurs vont tout basculer, même s’ils vont avoir des déboires en termes de livraisons.

Au Maroc, c’est *caïman* la même situation.
Là, le gouvernement a trouvé sioux de signer un accord de libre échange avec les USA, pensant se garantir un marché hors droits de douane, qui peuvent atteindre aux US 35% pour des articles décorés. Quand tu sais qu’un bouton qui porte la marque de l’entreprise est considéré comme décoration, les DD montent vite au sommet…
Donc, aujourd’hui pas vraiment d’export de chiffons vers le Nouveau Monde, mais j’ai vu à Casa des dattes Medjoul qui ne venaient pas de Jordanie, mais de Californie.

En Egypte un mien collègue a audité une usine qui fabrique des Jeans 5 poches comme ceux qui étaient fabriqués dans l’usine de La Bassée (c’est pour alarache62…) qui a fermé il y a quelques années.
Aujourd’hui, ils en fabriquent 13500 par jour pour un prix de cession FOB de US$ 3,50. J’ai dit Trois, Cinquante. (Sur du denim déjà en provenance de Chine). Les petites mains égyptiennes, qui sont des hommes dans ce cas, ne sont pas au salaire minimum de l’Europe du Nord…
Le même sortira de Chine, grace à la libéralisation des quotas au premier janvier, à US$ 2,75-2,80.
L’usine de 1200 employés fermera en février.

TIens, tu le paye combien ton cinq poche 65 ou 75 euros, non ?

—-
Moi aussi, je mange avec des baguettes ! Mais à ma faim, pour combien de temps ?

20)
MadMac
, le 03.12.2004 à 19:16

Salut M. Cuk!
Je suis un Français frontalier de Franche-Comté et moi aussi j’ai vu ABE, parce que j’aime mieux la TSR que TF1, et Cuk.ch que TF1.com.
Je suis un libéral convaincu, trait rare en France (en moins atlantiste que la moyenne, surtout en ce moment), mais je dois dire que les conditions de travail dans les filiales de Disney et quelques autres font plus penser au laogaï (le goulag chinois) qu’à « Bambi ».
Pour autant, je ne vais pas m’abonner aux magazines recommandés par Alec6, les altermondialistes étant de fieffés imbéciles (comment peut-on prétendre venir en aide aux pays pauvres en les privant de travail?), ou pire, des protectionnistes faux-culs.
Je crois en revanche au pouvoir du consommateur, car les sociétés comme Disney ont plus à perdre avec un boycott qu’à gagner en pressurant des coûts de fabrication déjà presque infimes. Comme le rappelait la présentatrice de l’émission, les consommateurs seraient prêts à payer un surcoût modique pour assurer des conditions de travail décentes aux ouvrières chinoises.
D’un autre côté, même si je les plains, il faut penser à la misère extrême qu’elles ont dû quitter. Il n’y a pas de protection sociale en Chine, et des chances pour que leur sort finisse par s’améliorer comme celui des Tawainais, des Sud-Coréens, dont le niveau de vie s’est envolé. Plus près de nous, l’Irlande était le pays le plus pauvre de la CEE il y a vingt ans, elle est plus riche que la France aujourd’hui.
Elle le doit plus aux investissements étrangers de sociétés comme Apple ;-) qu’à la bouillie politique des intellectuels de la planète Marx qui pleurnichent dans les médias français depuis que leurs petits yeux sensibles ont été exposés aux gaz lacrymogènes pendant le mois de mai 68.
Il y a trante-six ans, c’était touchant, aujourd’hui, c’est pathétique, surtout quand on voit ce qu’ils sont devenus, à part Cohn-Bendit qui s’est essuyé les yeux et voit très clair.
Certes, je les entends déjà m’objecter que l’Irlande a reçu des aides massives de l’Europe (c’est vrai), mais la Grèce et le Portugal aussi, et comparer les résultats permet de comprendre quelle politique est la plus efficace, du libéralisme anglo-saxon ou de la social-démocratie continentale.
Le libéralisme est un humanisme involontaire, il flatte moins l’orgueil, mais plus le portefeuille, et fait rêver partout dans le monde, même en Chine dont la dictature n’a plus rien à voir avec le prolétariat.
Quant aux nostalgiques des lendemains qui chantent, qu’ils s’achètent une compil des chœurs de l’Armée rouge ou aillent voir les bienfaits du communisme pur et dur en Corée du Nord ou à Cuba. Les Cubaines rêvent d’un Occidental obèse pour le plumer, les Coréens du Nord pour le bouffer en ragoût. Les plus généreux sont les Allemands, d’après plusieurs reportages que j’ai vus, mais aucun ne disait qui est le plus goûteux .
;-)
Le problème, à terme, c’est comment survivra-t-on le jour où 1,3 milliard de Chinois, au bas mot, aura le train de vie occidental, avec un 4×4 qui pollue, 1kg/hab/jour de déchets qui polluent, des écrans plasma ou des G5 qui consomment 500 kW/h, parce que la Terre tousse déjà beaucoup.
Je dis ça pour savoir combien consomment au juste nos Mac préférés, et relancer le débat sur les 4×4 :-)
En écolo malgré moi, j’ai pas de voiture ni d’enfant, ce qui m’évitera au moins de lui expliquer pourquoi il aura des jouets en bois cette année, parce que les Lego, c’est éthique mais en plastique, donc polluant.
Vu ce que j’ai comme argent, je devrais les fabriquer moi-même, de toute façon, et je suis pas bricoleur. Je vais pas me plaindre de toucher le RMI non plus, vive la social-démocratie qui m’a exclu puisqu’elle m’empêche de crever de faim… Quand mon iMac DV de décembre 1999 sera bon pour la casse, ce qui ne saurait tarder vu l’état de l’écran, moi aussi je polluerai moins puisque je ne peux plus l’éteindre, vu que le condensateur agonise.
En attendant la fin des temps, je vais regarder la version hollywoodienne avec Schwarzy que rediffuse ce soir la TSR.
D’après son interview dans un « Express » récent, Governator serait en train de modifier son Hummer qui pollue comme une usine pour le faire rouler à l’hydrogène, histoire de montrer l’exemple. Ça va lui coûter 100 000 $. Je me fais moins de souci pour ses finances que pour mon iMac, mais c’était afin de conclure cet inteminable premier commentaire sur une note d’optimisme: il ne faut désespérer de rien, ni de l’Homme, ni des 4×4, ni même d’un conservateur américain.
PS: Si un altermondialiste cukien m’offre un iMac en état de marche, je m’abonne au « Monde diplo » ;-). Avec la prime de Noël pour crève-la-faim de M. Jospin, je pourrai même en acheter un, mais à prix d’ami pour la vie, parce que 150€ moins les frais d’envois :-(

21)
Anne Cuneo
, le 03.12.2004 à 20:50

Ce qui se passe en Chine est ce qu’on appelle en histoire de l’économie l’accumulation primitive, qui semble nécessaire au développement industriel. Elle a eu lieu en Angleterre d’abord, puis dans le reste de l’Europe, si vous lisez des comptes-rendus des usines textiles en Angleterre en 1830, on croirait voir l’ABE de l’autre soir. Et le reste de l’Europe à l’avenant. Comme le dit quelqu’un dans une des interventions précédentes, les travailleurs finissent par se révolter – espérons que les Chinois feront comme les autres. En ce moment, ce qui intéresse le plus leurs politiques et leurs économistes, c’est de produire bon marché parce qu’ils ont un marché de consommateurs ailleurs qu’en Chine. Attendez qu’ils aient besoin des consommateurs chinois – vous verrez croître les salaires.
Ceci, que ce soit bien clair, est une EXPLICATION, pas une justification – j’ai été malade, moi aussi, de voir cette émission, et depuis lundi je retourne tout ce que j’achète, et j’ai déjà laissé tomber deux trucs « Made in China”. Je ne suis même pas sûre de rendre service aux femmes chinoises de ces usines, en faisant ça.

Anne

22)
alec6
, le 03.12.2004 à 21:57

Voilà longtemps que je n’avais pas été traité d’imbécile sur ce site, d’ailleurs, je n’ai jamais été traité de la sorte ! le petit monde cuk appréciera ce genre de remarque M.Mad Mac.

Je conseille aussi à cet individu d’avoir des enfants, c’est la meilleure chose qui puisse lui arriver, ça l’aidera peut-être à s’ouvrir au monde.

TTE et Saluki n’ont pas tout à fait les mêmes opinions que moi, et alors ? les échanges que nous faisons par claviers interposés sont on ne peu plus civils !
Visiblement, l’urbanité ne sied pas à cet individu !!

Alexis, tous les défauts !

23)
Le voisin.com
, le 03.12.2004 à 22:19

Je ne peux rien dire sur l’émission, car y’a un grand dadet qui a dit qu’il avait une réunion de parents-élèves lundi soir et on a dû déplacer la séance de Muni à mardi soir.

CIAO grand dadet

La voisine.com…me toujours

24)
François Cuneo
, le 03.12.2004 à 23:02

Je ne peux rien dire sur l’émission, car y’a un grand dadet qui a dit qu’il avait une réunion de parents-élèves lundi soir et on a dû déplacer la séance de Muni à mardi soir.

CIAO grand dadet

:-)

25)
MadMac
, le 03.12.2004 à 23:20

Pardon pour ma virulence, Alec6, je ne suis pas mal embouché, mais essaie de vivre avec 350€ par mois et ça te passera l’envie de faire des enfants.
Pour relativiser, disons que les altermondialistes sont des grands naïfs, ou alors qu’ils portent des œillères. On ne peut pas dire tout et son contraire, pas si on réfléchit avec son cerveau au lieu de rabâcher les argumentaires serinés par des soixante-huitards qui ont viré patrons, comme Serge July par exemple. Un exemple entre tous…
Au moment où il a fermé une usine à Vilvoorde, Louis Schwetzer, PDG de Renault et socialiste bon teint, a expliqué très justement qu’il n’y avait pas de bonne politique économique de gauche ou de droite. L’économie est apolitique, et c’est justement ça qui désespère les hommes politiques. Même les socialistes le savent, mais ils le cachent aux militants mal informés ou trop naïfs: Jospin a privatisé plus qu’aucun gouvernement de droite avant et après lui.
Et moi, sans les 35 h qui ont paralysé le marché du travail au moment où j’y entrais, je ne serais pas RMIste avec bac+4.
Alors si tu travailles en France, dis-toi qu’en Suisse les gens bossent 42 heures par semaine.
Et que moi j’aimerais bien en faire autant, surtout avec les salaires suisses $-)

26)
C@naille
, le 04.12.2004 à 01:03

Bonjour,

Je partage les idées libérales de Madmac et je n’ai pas vu l’émission.
Que viens-je faire dans cette galère ?

Me confesser : c’est affreux, non seulement j’utilise des produits fabriqués en chine chaque fois que je communique sur internet ou que je prend une photo ou écoute de la musique, mais en plus je suis un sale type qui fait travailler des ouvriers chinois pour fabriquer des produits de grande consommation pour finir par remplir les poubelles des pays civilisés.
Eh, oui, je vais là-bas de temps en temps pour leur donner du travail.

C’est vrai qu’il est facile d’y trouver matière à faire un reportage choc plein de souffrance et de misère, mais il ne faut pas oublier que ces usines sont dirigées par des chinois, sous un gouvernement chinois. Il n’y a pas que des méchants occidentaux qui oppriment des pauvres. D’ailleurs, tout le système est bien réglé à la mode Chinoise, et les occidentaux qui investissent se trouvent toujours débordés tôt ou tard.

Pourquoi aller là bas alors ?
Dans mon cas, je ne vais pas chercher des prix : les mêmes produits seraient moins cher en général en Europe, fabriqués par des machines.
La plus grande force de la Chine,c’est la flexibilité et l’initiative ; à partir d’un plan de pièce plastique une équipe chinoise met 4 semaines pour faire un prototype, et moins de 2 mois pour démarrer une production. Pour le même produit en Europe, il faut 8 semaines de prototypes… et 8 à 10 mois de développement de machines.
Et qu’est ce que l’on fait avec une machine de 300000€ sur les bras lorsque le produit ne marche pas ?

Les gens travaillent jour et nuit, c’est vrai, mais en général pendant quelques années seulement, avant de repartir définitivement dans leur province du Nord, pour se marier et créer une petite activité.

Ce qui frappe le plus le visiteur régulier d’usines en Chine, c’est la vitesse à laquelle tout avance. Les gens apprennent très vite et gagnent une certaine autonomie (minuscule pour nous, mais immense pour eux). Et puis ils vont de l’avant, ils prennent des risques, ils entreprennent.
Les grosses sociétés éssaiment rapidement en formant des nuées de « PME », qui déjà ne sont plus que des marchands de sueur, mais aussi producteur de matière grise.
C’est sur, leurs enfants (uniques) auront une vie totallement différente de celle de leurs parents.
Certaines villes autour de Schenzhen ou de Shangai n’ont rien à envier aux plus grandes villes Occidentales, alors qu’elles n’existaient même pas il y à 5 ans.
Est-ce bien ou mal ?
Ils ne nous demandent pas de juger…

Amicalement,
JL

27)
Hervé
, le 04.12.2004 à 01:28

Cher MadMac,
On ne va pas s’étendre ici sur les bienfaits ou méfaits du capitalisme ultra-libéral ou de la social-démocratie … il existe des bibliothèques entières sur ce sujet. Simplement, il faut aussi éviter de penser que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Aux US, sur une population de 200 et quelques millions d’habitants, 25 Mo vivent en-dessous du seuil de pauvreté et 40 Mo n’ont aucune couverture sociale (y compris d’assurancer maladie). Beau succès du libéralisme. Je compatis très sincèrement à ta situation, mais dans le régime que tu préconises, ce n’est pas 350 € que tu aurais, ce serait … rien ! Bien sûr tu pourrais compter sur la bonté de Dieu, puisque notre cher GWB a comme projet de confier toute l’aide sociales aux églises … chrétiennes, évidemment. Certes l’économie américaine marche bien … avec l’argent des autres (surtout chinois d’ailleurs), ce qui leur fait un gouffre de déficits que leurs petits-enfants paieront. Tu t’en fiches, tu n’as pas d’enfant ….

Pas si loin de chez nous, juste de l’autre côté du Channel où le « socialiste » Tony mène sa troisième voie, ce « socialisme libéral » conduit à des salaires de misère et au dérèglement de toute l’infrastructure sociale. Jospin a libéralisé plus que d’autres. D’accord et il a eu raison. Je ne vois aucune raison de maintenir sous la coupe de l’Etat des banques, un constructeur automobile, des aciéries. Ce ne sont pas des services de l’Etat, mais des entreprises commerciales. Par contre, La Poste, les chemins de fer, l’énergie domestique sont des services qu’on doit attendre d’un état et qui ne doivent pas être régis par les lois du marché. La belle Californie a connu de belles coupures d’électricité privée et l’Etat a dû finalement intervenir pour rétablir la situation.

On s’est éloigné du sujet, mais pas trop. Et malheureusement, nous ne pouvons pas y faire grand chose, sinon faire les bons choix quand on le peut : acheter des produits Max Havelaar, par exemple.

28)
MadMac
, le 04.12.2004 à 03:26

Cher Hervé,

Le problème quand on se proclame libéral, c’est que les gens s’imaginent automatiquement qu’on est pro-américain, une sorte de béni-oui-oui, quand bien même on déclare le contraire d’emblée, comme je l’ai fait.
Je ne trouve pas que les États-Unis sont un modèle à suivre, je ne voudrais même pas vivre dans un pays où il y a plus de Noirs en prison qu’à l’université.
Je ne prétends pas non plus qu’il faut déréguler tous les services, et surtout pas EDF qui produit de l’énergie nucléaire, parce qu’imagine un peu qu’on y applique les mêmes recettes que dans les transports ferroviaires britanniques – une vraie catastrophe industrielle.
Les services publics français marchent bien, mais les syndicats jouent la surenchère, et je ne trouve pas normal que la SNCF prenne en otage la population parce qu’elle peut se le permettre, ni d’ailleurs les transporteurs routiers du privé.
Je crois en revanche qu’IL Y A AUSSI DU BON DANS LE LIBÉRALISME, conspué par les gens qui refusent parfois de se remettre en question.
Pour mémoire, la France aussi a un déficit abyssal de 1000 mds d’€, et ça continue de grossir puisque nos politiciens font le gros dos.
Je ne suis pas un expert en finance, sinon j’aurais plus d’argent, mais que les taux d’intérêt augmentent et l’on court à la catastrophe.
Pour ce qui est de ma situation personnelle, je crois que plus on protège les salariés, plus les patrons hésitent à leur donner du travail, parce que ça devient cher et difficile de les licencier en cas de difficultés. C’est exactement ce qui s’est passé en Espagne: le chômage a commencé à baisser le jour où Aznar a facilité les licenciements. C’est paradoxal mais c’est ainsi.
La redistribution des richesses est une idée généreuse mais inefficace, au final, parce qu’elle plombe l’économie.
Aux États-Unis il y a 10% de charges sur les salaires, en France 50%. Entre ces deux extrémités, il doit y avoir de la marge pour faire le bonheur de tout le monde, et des gens comme moi ne seraient pas dans la mouise, ils n’auraient tout simplement pas besoin de tendre la main à l’État.
Le monde est trop compliqué pour les idées simplettes, qu’elles soient égalitaires comme ici ou darwiniennes comme là-bas.
Quant à ma religion, c’est Voltaire et le marquis de Sade :-O (pour le « dialogue entre un prêtre et un moribond », des fois qu’on m’imagine avec un fouet)

29)
François Cuneo
, le 04.12.2004 à 07:24

Est-ce bien ou mal ?
Ils ne nous demandent pas de juger…

Non en effet. Surtout qu’ils n’ont pas le droit de parler sinon ils se font licencier.

Que ce soit pour des prix, de la souplesse, que ça ne dure que quelques années (je demande à voir, les maladies qui suivent les inhalations de produits toxiques, les accidents, c’est provisoire??), que ce soient les Chinois ou les occidentaux qui soient responsables, cela ne m’intéresse pas ou peu.

Ce qui se passe dans ces usines est parfaitement dégueulasse. Et ceux qui en tirent le plus de fric, ce sont les sociétés occidentales décrites dans l’article.

La preuve que les choses dépendent de nous avant de dépendre des Chinois? Les améliorations (pas énormes certes, mais il y a du mieux) dans les usines où Nike vient se servir, parce que comme cela a été dit en commentaires ici, la firme a été obligée de changer les choses sous la pression.

D’accord sur le fait qu’on ne peut pas culpabiliser comme une bête tous les jours, cela n’empêche pas de se poser des questions, et surtout, personnellement, jamais je n’essaierai d’expliquer, comme tu le fais ici, que tout cela est après tout normal, et que l’on n’a pas à juger.

30)
Saluki
, le 04.12.2004 à 11:16

Alexis, tous les défauts !

Celui qui l’avoue ne peut être foncièrement mauvais, n’est-il pas?

Alexis tu as peut-être les tares que tu avoues mais sans doute aussi un peu de talent car j’ai cru lire que tu étais ancien élève de l’ENSAD.

Bon, c’est pas tout, je retourne au taf, au centre de promesses de dons de la Mairie de Paris.
Je reviendrai sur les délocs, mais lundi.
N’oubliez pas le 3637.

–Rien de plus que les autres,
mais rien de moins non plus…

31)
Caplan
, le 04.12.2004 à 11:17

MadMac,
je suis désolé, mais je ne comprends rien à ce que tu dis! Pour moi, ta position est complètement incohérente: tu loues le libéralisme et tu pleures en même temps parce que les pouvoirs publics ne te donnent que 350€ par mois. Tu loues le libéralisme, mais c’est la faute à la société si tu es dans la mouise.
A propos, tu pourrais peut-être nous expliquer pourquoi tu es dans la mouise, parce que ça peut changer l’éclairage du tout au tout. Je te trouve bien énigmatique et ça m’empêche de comprendre où tu veux en venir.

32)
MadMac
, le 04.12.2004 à 13:32

Caplan,

J’ai fait des études de lettres et de journalisme. Je comptais devenir secrétaire de rédaction, c’est–à-dire, en gros, faire de la correction, relecture et titraille dans la presse, mais je n’ai trouvé que des contrats précaires, du type quelques jours dans le mois, une semaine tout au plus, et j’ai fini par m’enfoncer.
Cela dit, en même temps j’écrivais un roman et peut-être n’ai-je pas cherché du travail avec toute l’énergie requise, mais trouver un CDD de six mois à temps plein requiert plus d’énergie que le travail lui-même, et je me suis découragé. Après, c’est dettes, fin des allocs chômage, déménagement forcé en province et plus d’accès au marché du travail, dans mon cas ultra-centralisé à Paris.
J’ai pensé me reconvertir dans la PAO, mais, manque de bol, je suis légèrement daltonien. Pas tellement, en fait, j’arrive même à faire de la retouche photo, mais la chromie, c’est pas mon truc et l’on m’a fait comprendre d’emblée que c’était sans espoir. Si je n’avais pas l’espoir assez fou de m’en sortir par l’écriture, je me serais tiré une balle depuis quelque temps déjà.
Alors je ne rêve pas d’un monde où mon aumône serait plus élevée, déjà parce qu’en allant pleurer toutes les semaines au bureau d’aide sociale, j’aurais des bons d’alimentation gratos et l’on me paierait ma facture d’électricité. Mais j’ai de l’éducation, une dignité quoi! En revanche, sur un marché de l’emploi plus dynamique, quand il n’y a pas des cohortes de chômeurs et de personnes sous-employées comme c’est le cas en France, le rapport de force est plus équilibré et l’on ne voit pas plus de sept cents personnes postuler pour un seul emploi dans un trou paumé de l’Isère. C’est du vécu.
Alors quand je lis des équations simplettes comme libéralisme=précarité, ça me fout en rogne, parce que la précarité je la connais mieux que la moyenne, et personnellement je rêve d’un CDD merdique, ou mieux, du remplacement du couple infernal CDI-CDD par un contrat unique pour tout le monde qui n’excluerait par du logement, au moins à Paris, une part significative de la population.
Hervé parlait de 25 millions de personnes en-dessous du seuil de pauvreté aux États-Unis. Ça fait 10% de la population, comme en France. Mais là-bas les exclus n’ont pas fait d’études supérieures, et durant l’âge d’or de Clinton, à la fin des années 90, la pénurie de main-d’œuvre était telle que les patrons allaient chercher les Noirs dans les ghettos, et les formaient pour leur donner du travail. Je rêverais de voir ça en France, ça changerait des tournées d’hommes politiques en période électorale.
Pour rappel, en Angleterre, le taux d’activité est de 72% (pers. qui travaillent/pop. totale), en France de 58%, et pourtant ils ont moitié moins de chômeurs que nous. Chez nos amis suisses, le chômage s’est envolé à… 5%. Avant c’était 3. Dites-moi si je me trompe.

Pour revenir au sujet de départ, la Chine, il faut voir aussi qu’il n’y a aucune tradition de revendication en Asie. Confucius prône l’obéissance, le respect des ancêtres, et la société plus généralement nie l’individu, aux dépens du groupe. C’est ce à quoi faisait allusion C@naille quand il parlait de la capacité d’initiative des Chinois.
Il ne faut pas rêver: nos sociétés ne sont pas comparables, et ne le seront jamais. Même le Japon reste nimbé de mystère: c’est une démocratie sans alternance, les gens y font grève en travaillant, avec un brassard.
Alors en Chine qui est passée de la révolution culturelle au marché presque sans transition, imaginez l’état d’esprit des gens. Ils osent à peine protester contre la corruption la plus éhontée car, rappelons-le, il ne faut pas grand-chose pour croupir en prison, et rien ne se fait sans l’aval du PCC. Je crois d’ailleurs que l’armée se cache derrière un grand nombre d’entreprises privées.
Quand la cupidité occidentale s’allie à des régimes sans scrupules, ça ne peut que former un couple infernal. Voir aussi la Birmanie, l’Afrique en général, une bonne partie de l’Amérique latine.
Les producteurs de bananes Chiquita, vendues en Suisse, pulvérisent de pesticides leurs propres employés, pour aller plus vite.
La question intéressante, dès lors, est: Si Apple traite ses salariés comme Disney, achèterez-vous un PC Bull? Le monde est cruel, pas de doute, mais le choix, vite fait.

33)
Serge
, le 04.12.2004 à 16:04

Nous, consommateurs, possédons l’arme la plus efficace pour lutter contre ce genre de pratique : le boycott. Pas plus compliqué que ça. Telle entreprise est dénoncée pour les conditions de travail dans lesquelles oeuvrent ceux qui fabriquent ses produits, et bien, boycottons-là. Plus facile à dire qu’à faire, je sais. Mais, ce n’est pas avec des discussions de salon ou les propos indignés des gens de l’ONU (qu’ils m’émeuvent ceux-là) que nous parviendrons à faire bouger les choses. Hé Disney, ta m.. je refuse de la bouffer tant que tu ne feras pas l’effort d’améliorer les conditions de travail de ceux qui la produisent ! Croyez bien qui si tous et chacun suivait ce mot d’ordre, y’aurait comme un vent de panique qui balayerait soudainement les studios californiens de tonton Walt. Même chose pour Nike, et bien d’autres. Notre indignation ne doit pas qu’être passagère et conditionnelle à nos besoins « essentiels » d’occidentaux. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ??

34)
Okazou
, le 04.12.2004 à 19:05

Mettre le doigt sur le problème des jouets à l’époque de Noël est une manière (naïve ou cynique ?) de ne pas le mettre ailleurs. Comme si, une fois posé, ce doigt très sélectif nous faisait retrouver virginité et innocence pour les souffrances que nos comportements sociaux font subir aux populations que nous exploitons quotidiennement. 365 jours sur 365 et 1 de mieux les années bissextiles. Dénoncer l’évidence chez les autres pour mieux masquer sa responsabilité propre. Nobel du faux derche.

Qu’il est bon d’éloigner le sujet de nos frontières — de nous-mêmes — pour se donner une image de braves gens, si humains et tellement compatissants. Qu’il est pratique d’accuser la Chine d’exploiter les Chinois. La TSR marchait sur du velours. Quel bénéfice d’image !

Mais de qui se moque-t-on ? Que sommes-nous donc devenus pour, non seulement fuir nos responsabilités dans l’affaire mais encore déplacer le chapeau du criminel de nos propres têtes sur celle des pays pauvres ?

Les tartuffes, chez nous, dépensent en moyenne plus de 600 €/famille pour les cadeaux de Noël (95% des dépenses en cadeau s’effectuent à Noël) et ils sont scandalisés par les conditions de travail des crève-la-faim qui produisent pour eux ! « Gnangnangnan vapeurs de plastique, gnangnangnan travaillent jour et nuit, gnangnangnan sous-payés… »

Mais, bon sang de bonsoir, le tartuffe, il l’a, sa foutue société de consommation pleine de délires d’achats ; s’il ne l’a pas voulue, il ne crache pas dessus non plus, n’est-ce-pas ? Et il s’imagine, le tartuffe, que sa société de consommation pourrait exister sans qu’il y ait, quelque part, de la chair qui produise pour lui, toute souffrance acceptée et douloureusement subie ? Le prix de son petit confort minable, au tartuffe, seule la douleur de ces gens-là peut le garantir.

C’est le grand secret de la doctrine marchande. Le truc sans lequel le système marchand s’écroule.

Vu à la télé : Un acheteur français de décorations de Noël se pointe en Chine pour rencontrer le chef des ventes d’une usine de boules. Il lui demande son tarif pour un article, un lot de boules. Le Chinois le lui donne et le Français lui demande de casser ses prix. Le Chinois lui répond qu’ils sont déjà cassés. Le Français lui fixe un prix d’achat maximum. Le visage du Chinois se décompose (rare de voir ça). Les chiffres s’inscrivent à l’écran, la proposition est manifestement indécente. Dans le regard du Chinois je peux lire : « Mais comment ose-t-il me demander ça ! » J’éprouve un besoin subit d’étrangler mon compatriote.

Mais ce n’est pas cet acheteur qui est le responsable de cette horreur. C’est moi, qui achète lesdites boules à un prix ridicule dans le « Discount » dans lequel elles sont proposées à la vente.
Sans moi, cette horreur n’existerait pas. Elle n’existe QUE pour moi.

Les jouets, les boules de Noël, nous sommes à côté du sujet. Les cadeaux de Noël se répartissent ainsi : Vêtements – 21% ; Jouets – 17% ; Argent – 12% ; Chocolat, alcool, tabac – 12%.
Les sommes respectives dépensées sont ainsi réparties : Vêtements – + de 100 000 000 € ; Équipement de loisir – + de 70 000 000 € ; Argent – 66 000 000 € ; Jouets et jeux – 47 000 000 €.

Les vêtements, nous ne les achetons pas qu’à Noël mais toute l’année. Je vous invite à passer en revue les placards de votre famille pour faire le recensement des vêtements qu’ils abritent. Les hauts, les bas, les chaussures, les manteaux et les vestes, les sous-vêtements, la majorité de ces vêtements sont fabriqués dans des conditions que l’on n’admettraient pas en Europe.

C’est toute notre consommation qui est en cause. Ce monde de la marchandise reine s’effondrerait si le prix VÉRITABLE des produits correspondait à ce qu’ils coûtent à la société mondiale. Jamais le libéral n’inclura dans ses coûts la misère humaine et la pollution que sa quête de profits provoque. Souffrance = 0€, pollution = 0€. Et les profits ne sont pratiquement pas redistribués à la population.

On commence à bien imaginer le moteur qui a entraîné ce reportage mi-figue, mi-raisin, mi-naïf, mi-cynique, de la TSR : un sentiment de culpabilité qui vous empêche de profiter pleinement de cette si belle période qu’est Noël. Noël, c’est sacré. Noël, c’est religieux. La religion traîne des casseroles de culpabilité et la réponse la mieux connue qu’elle offre est la charité. Solidaire ? Non : charitable. Il ne faut tout de même pas exagérer…

On n’est pas consommateur inpunément. Cette propension maladive que ces hommes devenus consommateurs (c’est un choix très personnel) éprouvent à ressentir de la culpabilité quand on attendrait qu’ils assument lucidement leurs responsabilités. « Aujourd’hui je me sens coupable ce qui me permettra demain d’acheter ce truc super qui me fait baver depuis si longtemps et que je pourrai, au prix de ma petite crise de culpabilité et de quelques picaillons, enfin m’offrir. » Typiquement infantile. Le consommateur est un être (non-être) infantile. Il comprend parfaitement que chez l’obèse qui ne peut s’empêcher de s’empiffrer il y a un gros problème psychologique mais est incapable de voir ce qu’il est devenu lui-même : un obèse de la consommation qui se vautre dans ses achats. La paille et la poutre. « Et l’homme devint con. », écrivait Cavanna.
Bien sûr, ces obèses qui s’ignorent tiennent par-dessus tout à continuer de s’ignorer. Ils forment cette frange de la société qui souhaite que rien ne change et l’on ne peut absolument pas attendre d’eux qu’un sursaut salvateur les assaille et les projette vers une issue aux problèmes qu’ils se causent et causent au monde. Ils sont exactement dans la position de l’alcoolique dont la conscience le pousse à se faire soigner mais qui renâcle et, toute honte bue (sic) s’en jette un petit derrière la cravate. « Demain, j’arrête. Peut-être. »
Comme l’alcoolique qui ne s’imagine pas devant lui-même et sa conscience, sa lucidité retrouvée, l’obèse de la consommation ne s’imagine pas un instant capable de supporter le vide immense qui se développerait alors devant lui. Consommer est sa principale raison d’être, « Tout nouveau, tout beau » est son credo. Ça rassure tellement !
Bien sûr, quand on en est là, on transmet aux jeunes générations, à ses mômes, ses propres vices. L’héritage…


Un autre monde est possible.

35)
bansuri
, le 04.12.2004 à 20:09

Les marques, d’accord … pourri, puant.

Et l’état chinois, que fait-il là dedans ? N’est-il pas communiste, ce qui suppose le bonheur du peuple ?

bansuri

36)
MadMac
, le 04.12.2004 à 21:55

Le cynisme reste la seule philosophie possible dans le monde actuel. Comme disait un humoriste dont le nom m’échappe: « Le chaînon manquant entre le singe et l’homme, c’est nous. »
Pour revenir sur Nike et l’idée de boycott, ils ont fait des progrès, pour ce que j’en sais, mais l’idée d’un boycott de toutes les marques peu regardantes est irréaliste tant elles sont nombreuses. La contribution d’Okazou est à ce titre éclairante. Comme lui, je crois que la grande distriibution et les centrales d’achat font payer cher aux producteurs les rabais qu’ils nous font.
Mais vu le statut de Disney (une sorte d’icône de la société de conso, comme Nike, Coca, etc), le consommateur qu’il vise (les enfants, a priori sensibles à la misère, à la solidarité), l’idée d’un boycott pourrait macher, mais il faudrait pour cela que les Américains eux-mêmes fassent campagne. Un boycott parti de cuk.ch a peu de chance d’aboutir, ou alors il faudrait un sacré effet boule de neige!
En cogitant au moyen d’améliorer les conditions de vie de l’ouvrière chinoise, tout à l’heure, je me disais que le seul moyen radical serait d’interdire les importattons de ce type, par exemple au niveau européen, en exigeant le respect de quelques droits fondamentaux: Mais c’est aussi réaliste que d’espérer l’invention de la glace tiède (mon vœu le plus cher, quand j’avais cinq ou six ans).
Dès qu’on réglemente une activité, avocats et juristes s’appliquent à contourner la loi.
On ne peut aller contre la civilisation. Quand on la fuit, elle vous rattrape. Les Amérindiens en sont le meilleur exemple. Les derniers habitant des réserves indiennes, qui ont résisté aux virus, à la colonisation, aux famines, à l’alcoolisme, exploitent aujourd’hui des casinos à Atlantic City et ailleurs. Ça fait des décennies qu’ils ont quitté leurs tipis pour des bungalows, puis des pavillons dans des banlieues très middle-class…
En fait, c’est un fantasme de riche de vouloir échapper à la société de consommation. Les pauves ne rêvent que d’y avoir accès.

37)
Inconnu
, le 05.12.2004 à 10:19

Tout ça, c’est vrai.

Que puis-je faire, moi, concrètement, dans mon petit monde personnel, demain, par exemple? même si c’est une minuscule goutte dans l’océan. Juste un petit truc, changer « une » habitude, ou autre?
Quelque chose qui peut me faire sortir de cette spirale infernale.
Un grain de sable dans l’engrenage.
Un petit truc « possible » au cours de ma journée, que je n’aurais pas fait autrement.

Peut-être que si chacun modifie juste un tout petit truc…., en ayant pleinement conscience de pourquoi il le fait….

Je ne demande pas une réponse des autres, mais je me pose la question concernant mon petit monde personnel.
Je vais essayer de changer « un » truc, un seul, qui va, pendant quelques instants me faire peut-être sortir la tête de ce formatage dans lequel on nous a mis ( car nous y sommes tous, il ne faut pas rêver) , et y voir un tout petit peu plus clair, un tout petit peu plus loin, sans me retrancher derrière de grandes théories, de grandes généralités, ou de grandes statistiques..
Qu’est-ce que moi je peux faire, différemment, aujourd’hui, qui me sortirait quelques secondes de cette brume.
Puis demain, quelques secondes, etc…

Et si chacun se posait, intimement, cette question, et changeait un tout petit truc dans ses habitudes confortables ?

38)
Saluki
, le 05.12.2004 à 11:04

J’ai fait des études de lettres et de journalisme. Je comptais devenir secrétaire de rédaction

Je ne voudrais surtout pas apparaître comme un vil donneur de leçon.

La corporation des moucheurs de chandelle a été décimée par l’invention de Thomas Edison, l’ampoule électrique. Pourtant chacun de ces opérateurs avait une technique irréprochable.
Le métier de journaliste est un des débouchés les plus étroits qui soit, et les formations de plus en plus du type « fuite en avant »: ce n’est pas pour rien que SciencesPo s’y met ou que l’EFJ a fait faillite il n’y a guère.
Dans le cas du secrétariat de rédaction, c’est encore pire: le nombre de titres en kiosque semble grossir, mais tu retrouves souvent en magazines les mêmes équipes sur plusieurs titres. Je connais un titre célèbre (bon c’est dans le 4×4, on n’en parle pas) qui fonctionne avec cinq personnes qui y font tout, du photoreportage à la maquette.
Regarde les avatars de la presse « Mac »…Regarde les difficultés du « Monde » et son énorme déficit, comme celui de « Libération » d’ailleurs.

Les 35 heures n’ont rien, mais alors rien à voir là dedans: c o n c e n t r a t i o n, c’est la règle.

Tu es fervent du libéralisme, moi un peu moins en dépit des apparences.
Alors joue le à fond: quand j’ai eu 50 ans, on m’a dit: « Tu es trop vieux et surtout trop cher pour être directeur général ». J’ai pris un coup de pied au plexus en plus de l’avoir dans le cul.

Je pensais, je pars en juillet et en septembre je retombe sur mes pieds. Nous en avons profité, ma femme et moi pour faire un petit tour du monde…

Seulement, en septembre, macache, et aussi pendant les mois suivants. Et un DG, mandataire social, n’a pas « droit » au chomedu.
En parallèle, la fille de ma femme venait de passer brillamment un double DESS de propriété industrielle et de droit du commerce international.
C’était il y a dix ans, la guerre du Golfe, ça vous rappelle quelque chose?
Aucune embauche de jeunes diplômés et moins encore de vieux grassement payés.
Elle a fait les inventaires chez Auchan, vendu des chemises chez FilàFil, et d’autres jobs hyperqualifiés de la sorte.

Nous avons décidé ensemble de jouer le système:
• Trouver une zone de « revitalisation rurale » pour optimiser le volume d’aides à la création d’entreprises (Zéro, à Paris), du genre aide au capital et pas d’IS et de taxe professionnele pendant un temps,
• Profiter de l’age de noter fille: moins de 26 ans pour devenir créateur d’entreprise aidé,
• Attendre suffisamment pour me salarier en « contrat de retour à l’emploi ».

Tout ceci est à la portée de n’importe qui, c’est l’ANPE qui nous l’a dit. Il suffit de le mettre en pratique.

Tu me rétorqueras que tu as dépassé le stade d’autonomie financière qui permette d’engrener le processus. Il existe partout des moyens d’aide : le SEL, les micro crédits, etc. Vas en parler au Rotary ou au Lions à côté de chez toi. (tu sais, les zozos comme moi qui étaient au 3637…).
Il suffit de se bouger un peu et de ne pas se replier sur soi-même, comme cela a failli m’arriver.

Pour nous, dix ans après, nous sommes toujours là. Et nous avons embauché.
Et nos salaires sont identiques, ça c’est pour le côté anti-conformiste. Et libertaire.

–Rien de plus que les autres,
mais rien de moins non plus…

39)
François Cuneo
, le 05.12.2004 à 11:28

Okazou, tu proposes quoi alors?

Je ne suis pas d’accord sur la manière de critiquer cette émission ABE, de parler de cynisme. Et même de naïveté.

Non.

Il faut bien d’une manière ou d’une autre prendre le bout de la ficelle tout emmêlée, et quand on ne le trouve pas, on coupe dans le tas à un endroit, et on essaie de commencer à démêler.

Ce genre de prise de conscience est salutaire malgré tout, même si comme ça, en tant que tel, ça ne sert peut-être à rien.

Bien sûr que la TSR marche sur du velours (et je la suis comme un grand dans l’humeur), elle touche un sujet actuel (puisque c’est maintenant en particulier, pendant cette période de Noël que les conditions de travail sont les pires dans ces usines).

Et alors? Faut-il se taire et se dire qu’on fait son boycott dans son coin?

Pour commencer un boycott, il faudrait peut-être faire le début d’une prise de conscience de toutes ces choses, et je peux te dire que pour beaucoup de gens avec qui j’ai parlé, cette émission a été un déclencheur.

Tout le monde est conscient que ce n’est qu’une toute petite partie de la m… qui a été remuée ici, mais il faut bien commencer par quelque chose.

Enfin, je crois que tu as mal compris le sens profond de l’émission. Jamais les Chinois en tant que tel étaient visés. Les firmes occidentales l’étaient, et à travers elles, nous.

Cela dit, je suis en très grande partie d’accord avec ton analyse de la chose. Mais comme MadMac, je pense que payer le prix véritable d’une chose est souvent un luxe pour toute une catégorie de la population.

T’achètes des œufs suisses, interdits de batterie, et t’as à côté les œufs de pays étrangers où les batteries sont autorisées. Faut pas avoir le porte-monnaie vide pour acheter les œufs produits de manière éthiquement justes. Même si nous aimons les poules, les paysans d’ici, que nous ne voulons pas polluer avec des trajets inutiles, et que nous trouvons normal de payer des gens aux tarifs d’ici.

Je pense que la mère de famille qui tourne tout juste réfléchit trente secondes avant de payer plus cher.

Alors tu proposes quoi? Une remise en question totale de la société? Je ne suis pas contre mais c’est du rêve. Agissons un tout petit peu, chacun de notre côté, comme le propose g.chatelain, ou boycottons dans la mesure du possible, comme le proposait Serge. Ou faisons des émissions qui parlent de tout ça, des articles de journaux, des humeurs sur le Web, bref, continuons de dénoncer.

Demain, nous parlerons des habits, après demain, des usines d’électronique.

L’émission de ABE a mis le doigt sur une plaie que je connaissais, mais en mettant des chiffres, en montrant des images.

Pour moi, c’était important.

40)
Saluki
, le 05.12.2004 à 12:11

Je pense que la mère de famille qui tourne tout juste réfléchit trente secondes avant de payer plus cher.

Tant que ça ?

–Rien de plus que les autres,
mais rien de moins non plus…

41)
alec6
, le 06.12.2004 à 00:49

Mad mac :
Je vois avec plaisir que tu as mis un peu d’eau dans ton vinaigre du début et à te lire j’en arrive à me demander si tu es vraiment le libéral que tu te prétends; vouloir conserver l’énergie via EDF dans le giron de l’état est je suis désolé de le dire, une opinion plutôt « altermondialiste » pour ne pas dire de gôche ! L’ultra libéralisme que critiquent les gens de mon espèce ne supporte pas l’idée qu’un quelconque service puisse rester dans les mains de l’Etat, c’est la base même des accords du Gatt, puis de l’OMC et finalement de l’AGCS (le fameux Accord Général sur le Commerce des Servives) dont tu trouveras via internet tous les domaines d’application : santé, éducation, recherche, énergie, culture (fouilles, musées, conservation, aides à la création…), transports « e tutti quanti ». A ce propos je ne peux que conseiller de lire le dernier livre d’un (ancien) chantre du libéralisme pur et dur, américain, économiste, prix nobel, directeur de la Banque Mondiale (démissionnaire) qui pendant des lustres a appliqué le crédo qui chante à tes oreilles avec les résultats que l’on connait. Et justement, au vu de ces résultats catastrophiques (déliquéscence totale des services publics, enrichissement d’une minorité au détriment de pauvres de plus en plus nombreux et de plus en plus pauvres, sans parler de l’environnement et de ces conséquences immédiates sur la santé…). Cet IMBECILE, donc, a pris conscience de l’innefficacité du modèle tant chanté par les intégristes de la loi du marché, par les ayatollahs de la concurrence et du bénéfice bien partagé entre gens du même monde !
Conclusion : ça ne marche pas !

Ne voir dans les anti-mondialistes (terme inventé par ceux qui s’en défendent) que des individus voulant retirer le pain de la bouche de ceux, qui en Chine ou ailleurs bossent pour le bonheur des occidentaux que nous sommes est un peu court !!

Un mini digression au passage : notre cher gouvernement en la présence de son premier ministre et de son (ancien) ministre des finances a fait cadeau d’un abattement d’impôt sur les « emplois de maison » qui doit je pense te réjouir le cœur… coût total : 80 millions d’euros. Hé oui, quand on baisse les impôts, cela revient à faire une dépense équivalente. A qui profite la dépense ? hum ? idem pour toutes les baisse d’impôt d’ailleurs ! En ces jours de Téléthon et de bonne conscience on est tenté de ce dire que cette dépense aurrait pu être faite à meilleurs escient. Non ?

Un des griefs des alter mondialistes et des gens qui pensent à gauche (je ne parle pas de ceux qui se prétendent à gauche) est de préférer la solidarité via l’impôt à la charité et aux bonnes œuvres. Si de tels systèmes ont été mis en place en Europe depuis des décennies (l’impôt et sa redistribution et/ou ses investissements), c’est justement pour sa plus grande efficacité à régler les problèmes de pauvreté, les choix de développement à long terme tels l’éducation, la santé, la recherche, l’énergie, les transports et le reste.

Penser et faire croire par exemple qu’en baissant les allocations chômage on va inciter les chomeurs à se remuer le cul pour trouver du boulot, ou qu’en mettant les pauvres dans la misère on va les inciter à créer leur entreprise est d’une malhonêteté qui confine au cinisme.

Une autre digression : dès le 12 septembre 2001 les compagnies aériennes américaines se sont retrouvées dans le caca ! on devine pourquoi. Qu’a fait GWB 1 ? alloué qq centaines de millions de $ à ces compagnies pour les maintenir à flot. Ca porte un nom : INTERVENTIONISME. Qu’abhrore l’ultra libéralisme ? L’intervention de l’état dans les affaires privées. Ca porte le même nom !
Dans la même série on pourait parler de M. Sellière et de sa grande famille (Wendel) des acieries et des subventions de l’Etat pour les maintenir, on pourrait même causer des Vivendi, des Enron, Parmalat et cie, sans oublier les Crédit Lyonnais, les subventions de tout poil via des contrats d’état juteux avec des entreprises privées dans tous nos beaux pays…

Et tout ceci pour en venir où ?
A ce qui semble être de plus en plus une évidence, l’ultra libéralisme n’a qu’un seul but : enrichir une minorité en faisant croire à tout le monde qu’il a sa chance. Qu’importe la minorité, bienvenu au club ! Américains, européens, chinois, russes ou autres et si les martiens débarquent on fera du commerce avec !
Alors par tous les moyens on privatise les bénéfices et nationalise les pertes (Le rail en Grande Bretagne, l’énergie en Californie, le transport aérien ailleurs, etc, etc.

L’ultra libéralisme a-t-il un modèle de société ? un projet d’avenir ? AUCUN ! son but est unique : faire du pognon car avec ça JE fais CE QUE JE veux !
L’environnement ? rien à foutre ! Le sort des plus pauvres ? rien à cirer ! l’avenir ? le passé ? les autres ? « tenez les gueux, v’là 100 balles et me faites pas chier !! »

Quand on sait que les armateurs se réjouissent de la fonte des pôles car leur barquasses pourront passer en été par des chemins plus courts et que certains agité du bocal ont calculé le prix de notre planète… on frôle ici des abissent de connerie qui comme l’a écrit Ernest Renan donnent une idée de l’infini !

PS : Il y-a évidemment des nuances entre le libéralisme et l’ultra libéralisme et entre les pays qui l’appliquent, nonobstant une certaine constante dans le cynisme !

PS 2 : critiquer un système n’a jamais signifié faire l’apologie aveugle du système inverse ou soit disant tel (Socialisme ou communisme par exemple).
Alexis, tous les défauts !

42)
MadMac
, le 06.12.2004 à 05:15

Cher Alec6,

J’attendais ton retour avec impatience. Deux jours pour se remettre d’une contrariété, ça s’appelle bouder. Ou alors tu attendais le dernier moment pour être sûr d’avoir le dernier mot.
Me suis-je déclaré ultralibéral? Pas que je sache. Le problème, avec les extrémistes, c’est qu’ils s’imaginent que tout le monde l’est autant qu’eux.
Moi non, je me considère de centre droit, et aux États-Unis, je serais démocrate, même sans Bush à la Maison-Blanche. Le mariage gay, je trouve ça très bien, la discrimination positive aussi, et j’en passe. Là-bas, je serais un affreux « liberal », c’est-à-dire un gauchiste, au sens américain du terme. La différence, c’est que Clinton ou Blair (que le PS adorait avant le différend sur l’Irak) ne remettent pas en cause l’économie de marché, ses bienfaits. Elle a des défauts, des gros même, mais on n’a pas trouvé mieux et le capitalisme n’est nulle part plus sauvage que dans les anciens pays communistes, parce qu’il s’accompagne du mépris de la vie humaine qui caractérisait ces régimes.
Je ne vais pas te répondre sur Raffarin, Seillère et consorts auxquels tu m’assimiles à la va-vite. Ça ne me choque ni ne m’étonne cependant, car c’est aussi un réflexe d’extrémiste de faire des procès d’intention et de prononcer le verdict sans instruction ni jugement. Les contre-révolutionnaires dans mon genre ont l’habitude des procès de Moscou.
Je ne suis pas un petit soldat, mais un libre-penseur. Et pluraliste, si tu connais le sens de ce mot mieux que l’orthographe (tu devrais te relire). J’ai des côtés bobo de gauche, mais plus bohème que bourgeois, vu ma situation; je vais tous les jours sur le site de Libé, et je lis, au final, plus de titres de gauche que de droite, mais je suis imperméable au catéchisme politique, qu’il soit de droite ou de gauche. Je ne pourrais vivre sans « Le Canard enchaîné », et je lis même les papiers de Jean-Luc Porquet, qui partage tes idées même s’il gagne au moins 6000€/mois et vis sans doute dans un appartement cossu de la rive gauche, quelque part vers la rue Bon-Appart ou celle du Petit-Four.
Je dis ça sans amertume. Quand j’habitais à Paris, c’était près de l’avenue de Clichy, et je m’y trouvais très bien. J’aime bien les quartiers multiethniques, plus que nombre des gens de gauche que j’ai rencontrés, dont certains qui m’ont traité de lepéniste parce que je suis… libéral!
Note bien que je ne te range pas dans cette catégorie de crétin. Le fautif avait pourtant une maîtrise de sciences politiques, ce qu’avec le recul, je trouve extrêmement drôle!
Mais assez de bavardages, tâchons plutôt de répondre à quelques-unes de tes questions.
Sur EDF, son maintien dans le giron de l’État est une question de sécurité publique, au moins pour ce qui concerne la production d’énergie nucléaire. Même un homme de droite peut comprendre ça, qu’il s’appelle MadMac, Francis Mer ou Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, EDF fournit l’électricté la moins chère grâce au nucléaire, et je vois mal ce que la concurrence pourrait apporter, à moins de séparer la production de la vente, et d’autoriser le négoce en gros, comme dans les télécoms, mais l’exemple d’Enron aux États-Unis ne plaide pas en faveur de cette solution.
Sur le problème des services publics en général, je partage en partie ton anaylse sur la répartition public-privé dont rêve le privé, mais il n’empêche. que l’État remplit mal ou pas du tout son rôle d’actionnaire, car il prend des décisions non pour le bien de l’entreprise, mais dans l’intérêt politique du locataire de l’Élysée, Matignon ou Bercy. Le prix du timbre est sous-évalué explique les difficultés de la Poste, comme le prix de l’électricté l’endettement d’EDF, sans compter les investissements « crédit-lyonnesques » de Roussely en Amérique latine, auquel nul n’a opposé un véto. Quand la responsabilité est diluée entre politiques, fonctionnaires des Finances et dirigeants nommés pour leurs affinités avec les précédents, personne ne fait bien son travail et ça donne une longue suite de déficits abyssaux qui ne changent rien à rien, parce que nul ne tire les leçons des erreurs passées en France. Les gouvernements changent, la méthode reste.

Sur les emplois de maison, ça profite aussi aux bobos de gauche, et plus encore aux jeunes femmes immigrées qui trouveront du travail (pour mémoire, leur taux de chômage était encore récemment de 50%). En gros, c’est susceptlble de créer de l’activité, donc positif pour elles et les déficits publics, puisqu’elles cotisent, payent des impôts, consomment plus. C’est une équation économique de base, le genre qui échappe aux gens de « gôche », comme tu dis. En offrant un avantage fiscal, on décourage aussi le travail au noir, et donc l’employée est couverte en cas d’accident du travail et peut espérer toucher un jour une retraite qu’elle attendra avec impatience dès 45 ans, vu l’intérêt de son job. Je suis réaliste, tu vois.
Sur l’interventionnisme américain, tout le monde en fait, même les Américains, mais eux plutôt moins que nous. Ça vaut aussi pour les aides publiques à l’industrie aéronautique. Mais là-bas on aurait pas dépensé 130 Mds de FF pour remettre à flot le Crédit Lyonnais, en engraissant au passage quelques vautours via le CDR, chargé de vendre des actifs du CL. Je suis réaliste, tu vois.
Concernant les Wendel, leurs aciéries ont été nationalisées en 81 par Mitterrand, et soutenues à tout prix (du même ordre que le CL!) parce qu’il ne fallait pas désespérer un bastion socialiste comme le Nooord, y avait les corons…
Sur l’ultralibéralisme, je te renvoie à mes réponses précédentes, et au début de celle-ci.
La citation exacte de Renan est: « La seule chose qui donne une idée de l’infini, c’est la bêtise humaine. » Il disait ça pour la religion, mais j’ai quand même envie d’y ajouter « et les contradictions des altermondialistes ». MAIS C’EST POUR RIRE!! et j’ai pris plaisir à débattre avec toi et les autres.
Néanmoins, comme nous opinions sont irréconciliables, je m’en vais retourner au roman en verlan que je suis en train de terminer, parce que je n’ai rien foutu depuis vendredi.
Cordialement,
MadMac.

43)
Okazou
, le 06.12.2004 à 06:11

Pour répondre au titre du sujet :
Contrairement aux gens de droite qui le croient foncièrement mauvais et irrécupérable* (autoportrait ?), j’ai toujours pensé que l’homme est foncièrement bon (mis à part une poignée de vrais salopards) mais qu’il n’est pas un saint.

« PENSER GLOBAL, AGIR LOCAL »

Vivre pour travailler ou travailler pour vivre ?
Il aurait mieux valu prévenir que guérir. C’est toujours plus facile. Lorsque nous mettions en garde autour de 1968 contre la société de consommation à venir, on ne nous comprenait pas, les partis de gauche (y compris le PC) refusant d’admettre qu’il existait plus qu’une nuance entre consommation et surconsommation et plus qu’une nuance philosophique entre travailler pour vivre et travailler pour consommer. Et ça continue. Il y a peu, je discutais avec une représentante de Lutte Ouvrière (extrème-gauche) qui défendait l’accès pour les plus pauvres à la consommation sans intégrer un seul moment le paramètre de l’abus de consommation. Il y a du boulot quand on a contre soi le dogme communiste façon trotskyste, le dogme communiste façon PCF et le dogme libéral (façon Droite libérale et Gauche libérale). Mais ne nous y trompons pas, l’idéologie à abattre est bien libérale.

Hold-up sur la démocratie
Quand une société dispose de lois supranationales justes (Droits de l’homme) et de lois nationales y tendant, qu’elle dispose d’un système de représentation démocratique (élus), qu’elle dispose d’un riche arsenal judiciaire, qu’elle dispose d’un réseau de medias bien développé et protégé par la loi, quand une société dispose de tous ces outils, de toute cette infrastructure, de tout ce pouvoir structuré et organisé et que cette société ne s’attribue comme raison d’être que le service du profit, de l’argent, que LE SEUL discours, la seule profession de foi qu’elle affiche est d’ordre économique, qu’elle se place délibérément au service d’un monde marchand qui impose seul sa loi pour que rien ne semble pouvoir résister à l’ascension de cette société marchande ou TOUS les malheurs du monde sont justifiés par une indispensable croissance, que les pays pauvres s’appauvrissent, que les pays riches s’enrichissent sans que les populations en profitent, au contraire, quand cette société en est là, c’est que les outils qu’elle a créés ne sont pas utilisés ou sont dévoyés et que les contre-pouvoirs ne fonctionnent plus ou sont dévoyés.

« Quand le chat n’est pas là, les souris dansent ».
Il s’agit de réactiver la démocratie, de l’imposer et de l’entretenir. La démocratie, contrairement à la pile Wonder, ne s’use que lorsque l’on ne l’utilise pas (cf. « La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas », devise du Canard enchaîné.

La démocratie n’est jamais acquise et elle se mérite. Cette panne temporaire de la démocratie est la résultante d’un avachissement généralisé — voulu, obtenu et entretenu par ceux qui en tirent profit (« la part de cerveau disponible » du pdg de TF1)— des contre-pouvoirs. La conjonction entre une perte flagrante de vigilance des citoyens et une collaboration (dans le sens « collabos » de la dernière guerre) entre certains syndicats (CFDT) et les milieux d’affaires, entre une certaine presse (au premier rang de laquelle Le Monde, les journalistes de la télévision et des radios) et les pouvoirs (politique — exécutif, législatif, judiciaire, économique et financier), tout cela a concouru à affaiblir la démocratie puis la réduire au droit de vote.

Les garde-fous démocratiques que sont les contre-pouvoirs ayant disparu, le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire — recevant le renfort de la presse presque unanime et de certains syndicats —n’ont plus guère à rendre de comptes à des citoyens qui, de toute évidence, n’en sont plus guère.
C’est ainsi que, sans en avoir vraiment conscience — avachis et abrutis que nous sommes — nous subissons un pouvoir totalitaire qui ne dit pas son nom mais qui est en expansion.

C’est ainsi qu’un politique de gauche sensément humaniste comme Tony Blair peut engager une guerre, contre l’avis de ses électeurs, celui d’une partie de son opposition conservatrice et au mépris des lois internationales qu’il piétine. C’est ainsi qu’un politique comme Bush décide de s’approprier, contre l’avis de tous les peuples, le pétrole d’un pays en le laminant par une guerre particulièrement et volontairement destructrice. C’est ainsi qu’un politique comme Jacques Chirac, élu par une majorité d’électeurs de gauche volant au secours de la démocratie en danger, mène la politique la plus réactionnaire qu’on ait vue depuis Pétain.

Les moyens d’une reconquête de la démocratie
D’abord, être fermement convaincu qu’une action tenace, pourvu qu’elle soit menée pour une cause juste, parvient toujours à ses fins. C’est « L’estaca » la superbe chanson de Lluis Llach, le Catalan qui, résistant à Franco, crée le vieux Siset et lui fait tenir ces propos** :
 » Tu vois ce pieu auquel nous sommes tous attachés ? Si nous ne nous en libérons pas nous n’avancerons pas. Mais si moi je tire fort par ici et toi tu tires fort par là, c’est sûr, il tombe. »

Les moyens dont nous disposons sont énormes et nous sommes beaucoup plus nombreux que nous l’imaginons sur cette planète, même si nous ne nous connaissons pas. Surtout, nous sommes considérablement plus nombreux que ceux qui profitent du système que nous combattons.
De plus, les meilleures compétences en économie, en politique, en journalisme partagent nos valeurs et participent au combat.

— L’économie :
Voici, par exemple, ce que dit un prix Nobel d’économie récent :  » Du haut d’un hôtel de luxe, on impose sans merci des politiques que l’on repenserait à deux fois si l’on connaissait les êtres humains dont on va ravager les vies.  » Joseph Stiglitz, Nobel 2001 d’économie, démissionnaire de la Banque mondiale pour des motifs éthiques.
La plus grande partie des économistes condamnent, comme Stiglitz, l’idéologie libérale. D’abord parce qu’il s’agit d’une idéologie, ensuite parce qu’elle a prouvé par ses résultats à travers les années et à travers le monde, qu’elle est en échec puisque au lieu d’améliorer la condition des hommes, elle la dégrade. L’économie libérale n’a de logique que pour elle-même, pour sa survie et sa pérennité, au mépris de toute logique indépendante et de toute analyse critique. Quand quelqu’un affirme : « La redistribution des richesses est une idée généreuse mais inefficace, au final, parce qu’elle plombe l’économie », il croit tenir un argument alors qu’il avoue benoîtement que le libéralisme ne redistribue pas ses richesses sous peine de disparaître au profit d’un autre système économique plus « redistributif ». Car c’est possible, bien sûr, de redistribuer équitablement les richesses à ceux qui les ont générées, sauf dans le système libéral qui, dogmatiquement, ne l’accepte pas.

Rejoindre, d’une façon ou d’une autre, les associations organisées qui existent déjà, pour s’y informer, puis s’y impliquer est certainement une excellente manière de s’engager. Il existe de nombreux pôles d’action.
D’autres, ce n’est pas mon choix, peuvent s’impliquer dans un parti et le faire évoluer de l’intérieur. Difficile. Il n’est que de voir ce qui vient de se passer en France quand le parti de gauche dominant choisit de développer délibérément, en parfaite connaissance de cause, une Europe marchande CONTRE une Europe sociale. Il est malgré tout rassurant de constater que les tenants de l’Europe marchande ne l’ont emporté qu’à moins de 60% alors même que nombre de ces votes étaient des votes « godillot ». Lorsque ces votants peu convaincus et renâclants auront constaté que les promesses insensées de leur meneurs libéraux n’ont aucune chance d’être tenues, il y aura du bousbir dans le PS.

— La politique :
Malgré des progrès ces dernières années, essentiellement dus à la peur provoquée par l’immense réaction populaire que constitue les FSM (Forum Social Mondial), la détermination et la qualité des participants, malgré cela, c’est toujours le pôle le plus difficile car on a à faire à des professionnels (ça me choque toujours, que l’on puisse être élu professionnel) entraînés et retors, parfaitement au fait des choses. Ils usent et abusent de techniques de communication et de leur savoir pour laminer tout citoyen honnête récalcitrant.

Malgré tout, pour faire évoluer les politiques, il faut agir autour de soi, constamment. Lorsque je me rends à une réunion politique (une réunion publique sur un projet ou un autre), dans mon quartier ou celui des autres, je me colle au fond de la salle et j’interviens de ma voix de stentor à chaque fois que j’entends des âneries libérales et surtout à chaque fois que les élus présents sont en train de céder lâchement à des chantages du monde des affaires. On peut ainsi (je l’ai fait) imposer un coefficient d’occupation des sols (rapport entre la surface bâtie, la surface non bâtie et le nombre d’habitants) à l’avantage du confort des futurs habitants et au détriment des promoteurs immobiliers qui sont contraints de baisser leurs prétentions (moins de loyers). Cela rappelle aux élus qu’ils sont au service des habitants, pas des financiers. C’est assez facile et ça marche si l’on est venu avec des biscuits c’est-à-dire une bonne connaissance du dossier.
Le principe général, lorsque l’on est de gauche, est d’apporter systématiquement la contradiction lorsqu’elle est justifiée, c’est-à-dire, pour moi, lorsque les principes de gauche sont manifestement foulés au pied. dans une réunion publique, le seul questionnement des élus par un citoyen lambda fait vasciller leur argumentation. Lorsque leur projet n’est pas blanc-bleu, la justification qu’ils tentent de lui apporter est rarement cohérente et le public le sent, surtout si tu enfonces le clou. Le deuxième stade de l’opération étant de présenter des propositions cohérentes en opposition au projet des élus. Le public fait son choix. Quelque soit le résultat, il en reste toujours quelque chose et les élus comme la population en tiennent compte.

Bien faire comprendre à nos élus que NOUS les avons choisis pour qu’il travaillent pour NOUS et NOUS rendent des comptes. Qu’il sachent que nous ne les laisserons pas s’échapper vers le monde des nantis et devenir des notables. Il est infâme de constater qu’élus le dimanche, il dînent en ville le lundi avec les financiers.

— L’information :
Dans ce domaine, on a souvent à faire à de francs salauds, bien cyniques et qui ont une incroyable maîtrise du mensonge sous toutes ses formes.
Comme beaucoup d’autres, je boycotterai Le Monde tant qu’il restera un membre du trio naufrageur du journal : Colombani, Plenel, Minc. Plenel vient de partir, j’aurais préféré que ce fût Colombani. Patience.
La grande majorité des journalistes, tous supports confondus, font désormais leur boulot en fonction d’intérêts marchands. Les journaux indépendants sont rachetés par les marchands d’arme : Dassault, Lagardère ou des bétonneurs : Bouygues, les écoles privées de journalisme formattent les jeunes futurs journalistes pour les rendre bien conscients qu’ils ont un maître et qu’ils doivent être obéissants. C’est dramatique.

La meilleure action personnelle est de rejoindre des actions collectives : L’observatoire International des medias, lire ACRIMED (ACtion CRItique MEDias) et d’autres.
La lecture régulière du Monde diplomatique me semble le moyen le plus efficace pour avancer dans la compréhension du monde d’aujourd’hui.

Ici encore, on commence par dire les choses. Il faut corriger sans cesse l’information. Excellent exercice familial : commenter quotidiennement le journal télévisé. Il y a du travail tant la désinformation s’y mêle à l’inculture et à l’incompétence des roquets obéissants chargés de nous servir la soupe.

Quant au boycottage, ce n’est qu’un moyen ponctuel, pas une philosophie. Peut être très utile et efficace s’il est lancé par une organisation reconnue et digne de confiance, comprise et suivie par la popuilation. À utiliser avec des pincettes car boycotter une entreprise c’est mettre un paquet de travailleurs honnêtes en porte-à-faux.

•••

Voilà donc, cher François, faute de temps, quelques petites pistes. J’ai conscience d’avoir répondu très imparfaitement à ta requête mais il s’agit de problèmes complexes qui demandent du temps avant de les voir résolus. Le « Penser global, agir local » d’ATTAC appelle tout un travail préalabe à la connaissance du monde pour le faire déboucher sur des actions locales. Difficile d’analyser avec lucidité les faits du monde et d’en sortir une synthèse applicable à notre vie quotidienne. Quand on est parvenu à comprendre peu ou prou comment tout cela interagit, on a déjà fait un grand pas. La Toile est devenue un très bel outil pour la lutte sociale. On y trouve des trésors.


* Antienne historique des écrivains et penseurs de droite. Souvent religieux. C’est sur ce sentiment que la Droite rejette la solidarité au profit de la charité : voir les choix actuels de Bush en matière sociale. C’est également sur ce sentiment que l’on étouffe les revendications sociales (besoins sociaux, justice sociale) par la menace d’emprisonnement. Criminalisation de la contestation sociale.

** Si quelqu’un dispose de la traduction…
« L’ESTACA » de Lluis Llach, ed. Les chants du monde.

L’avi Siset em parlava
de bon matí al portal
mentre el sol esperàvem
i els carros vèiem passar.

Siset, que no veus l’estaca
on estem tots lligats?
Si no podem desfer-nos-en
mai no podrem caminar!

Si estirem tots, ella caurà
i molt de temps no pot durar,
segur que tomba, tomba, tomba
ben corcada deu ser ja.

Si jo l’estiro fort per aquí
i tu l’estires fort per allà,
segur que tomba, tomba, tomba,
i ens podrem alliberar.

Però, Siset, fa molt temps ja,
les mans se’m van escorxant,
i quan la força se me’n va
ella és més ampla i més gran.

Ben cert sé que està podrida
però és que, Siset, pesa tant,
que a cops la força m’oblida.
Torna’m a dir el teu cant:

Si estirem tots, ella caurà…

Si jo l’estiro fort per aquí…

L’avi Siset ja no diu res,
mal vent que se l’emportà,
ell qui sap cap a quin indret
i jo a sota el portal.

I mentre passen els nous vailets
estiro el coll per cantar
el darrer cant d’en Siset,
el darrer que em va ensenyar.

Si estirem tots, ella caurà…

Si jo l’estiro fort per aquí…


Un autre monde est possible.

44)
bansuri
, le 06.12.2004 à 06:41

Un autre monde est possible ?

Oui, mais pas avec des flots de paroles mais des actes.

bansuri

45)
François Cuneo
, le 06.12.2004 à 06:50

Voilà donc, cher François, faute de temps, quelques petites pistes. J’ai conscience d’avoir répondu très imparfaitement à ta requête mais il s’agit de problèmes complexes qui demandent du temps avant de les voir résolus. Le « Penser global, agir local » d’ATTAC appelle tout un travail préalabe à la connaissance du monde pour le faire déboucher sur des actions locales. Difficile d’analyser avec lucidité les faits du monde et d’en sortir une synthèse applicable à notre vie quotidienne. Quand on est parvenu à comprendre peu ou prou comment tout cela interagit, on a déjà fait un grand pas. La Toile est devenue un très bel outil pour la lutte sociale. On y trouve des trésors.

… comme ta réponse de cette nuit.

Merci!

Cela dit, tout cela peut être mis en parallèle avec ce que font certains journalistes dans leur média. Et je continue à prétendre que les émissions de type ABE sont utilses lorqu’elles dénoncent, même si elle ne remettent pas TOUT en question.

Je ne peux pas développer, je dois partir à l’école, mais merci pour ta démonstration.

46)
MadMac
, le 06.12.2004 à 07:54

Okazou,
J’ai suivi les cours d’une école privée de journalisme (en France, elles le sont presque toutes, sauf deux IUT), et personne ne m’a jamais dit quoi penser, et je ne crois pas parler en mon seul nom en affirmant que, quand bien même un imbécile s’y essaierait, il repartirait sous les huées. Surtout vu le nombre de « gauchistes » qui fréquentent lesdites écoles. Dans mon cas, l’Institut Pratique de Journalisme, à Paris.
Une des premières choses qu’on apprenne en école de journalisme, c’est à exercer son esprit critique, à ne jamais se fier à une seule source.
Après, il est vrai que ça n’empêche pas les gauchistes et les autres d’aller travailler à TF1, alors qu’ils se sont gaussés de leur conception de l’infomation pendant deux ans… J’en ai vu un autre lécher les bottes de Catherine Pégard pour faire un stage au « Point », hebdo de gauche bien connu, et un troisième finir à « Capital », le mensuel de Prisma Presse.
Il y a effectivement beaucoup de titres qui ménagent les amis, qu’ils soient industriels ou politiques, sans compter, bien entendu, leurs actionnaires, j’en ai même été témoin lors d’une conférence de rédaction, mais pour être bien informé, il ne faut pas lire « Le Monde » comme un bon catho son missel, ou Bush The Holly Bible.
Ça ne vaut pas que pour le quotidien de Colombani, évidemment. Si l’on attend du « Figaro » qu’il descende en flammes Dassault, on ne peut qu’être déçu. Mais d’autres titres le font, et c’est pour cela que le pluralisme existe et que la presse, même en France, fait à peu près son travail. La télé beaucoup moins, et c’est pourquoi je ne perds plus mon temps à regarder le JT.
Reste le problème de la publicité, et c’est vrai que les gros annonceurs font l’objet de certains égards. Par chance, « Le Canard enchaîné » est là, et l’Acrimed aussi, quoique en moins rigoureux.

Alors, un autre monde est-il possible?
Dans tes rêves, sûrement, mais réveille-toi vite, parce que dans la réalité, ça tourne systématiquement au cauchemar sanglant.
Mais je conçois que notre monde puisse te faire cet effet-là…

47)
alec6
, le 06.12.2004 à 09:56

Mad mac :

Effectivement, à me relire, mon texte ne brille ni par son orthographe ni par sa capacité à convaincre. Heureusement, vers 6 h du matin Okazou est intervenu pour remettre de l’ordre dans tout ça ! Hier soir tard j’en ai même oublié de citer Joseph Stiglitz, dont je te conseillai la lecture du dernier livre. Il se faisat tard et un WE de bricoles en compagnie de trois petitous ne m’avais laissé guère le temps de répondre…
Cher Mad mac, je ne pense pas que nos opinions soient si incompatibles que tu le prétends. Lis Stiglitz, si, si !

Bansuri :
Les paroles ont toujours précédé les actes. La minorité convaincue doit bien en passer par là pour convaincre la majorité des individus qui dans tous les cas de figure et à toutes les époques sont d’une passivité à pleurer. Agir sans réfléchir et donc sans causer, se nomme : Réflexe. La moele épinière et bulbe rachidien qui est au bout suffisent largement à l’affaire. tous les animaux s’en contentent ! Le néocortex de l’animal humain que nous sommes nous permet d’analyser, synthétiser, apprendre et transmettre avant d’agir.
Face à la machine à laver les cervelles des TF1, Mickey et consort, il vaut mieux s’organiser, fédérer ses forces et discuter pour convaincre.
Quant à l’action, elle n’est pas forcément physique…

Oui, un autre monde est possible, penser l’inverse, revient à abandonner tout espoir et toute volonté à changer quoique ce soit. Je ne crois pas cher Mad mac que tu acceptes sans broncher ta situation de RMiste bac +4 ou d’avantage… tes dirent prouvent le contraire, même si tes analyses et conclusions différent des nôtres.

L’utopie est nécessaire à l’homme et à son évolution. Si nos ancêtres cros magnons s’étaient satisfaits de la réalité dure et froide de cette periode glaciaire, nous ne serions pas devant nos claviers à discourir et affuter nos arguments. Il faut être sacrément utopique pour prétendre relier les indes en navigant vers l’ouest comme Colomb, voler en copiant le vol des oiseaux, révolutionner l’informatique en inventant l’interface graphique que nous utilisons à cet instant même ! Les exemples sont infinis, la Recherche dans tous ses domaines est par essence utopique.

Alexis
tous les défauts !

48)
bansuri
, le 06.12.2004 à 10:01

Alors, un autre monde est-il possible?
Dans tes rêves, sûrement, mais réveille-toi vite, parce que dans la réalité, ça tourne systématiquement au cauchemar sanglant.
Mais je conçois que notre monde puisse te faire cet effet-là…

Systématiquement, toutes les tentatives sous-tendues par une idéologie et visant à construire le Paradis sur terre tournent au cauchemar.

Et puis … espérons que les journalistes aient vraiment un minimum de sens critique et d’honnêteté !

Ce qui semble à craindre … ->

—–
La bêtise moderne se nourrit de la croissance exponentielle d’un demi-savoir engendré par un flot d’opinions et d’informations mal digérées. – D’après Flaubert.
—–

49)
alec6
, le 06.12.2004 à 10:26

Le fond de commerce de toutes les dictatures est de tuer dans l’œuf l’idée même d’utopie et de rêves…

I have a dream…
heureusement !!!!

Alexis, tous les défauts !

50)
MadMac
, le 06.12.2004 à 12:06

Cher Alec6,

Je te cite entre guillemets «», l’autre système paraissant trop chiant à mon goût:

«Stiglitz, dont je te conseillai la lecture du dernier livre.»

C’est « conseillerai » et « Stieglitz », pour commencer.
L’orthographe de ce cher Julius Stieglitz, je l’ai vérifiée sur Google, mais toi, l’as-tu si bien lu que tu ne t’en rappelles déjà plus?
Ce qui m’amuse avec les gôchistes dans ton genre, ce qu’ils ne tolèrent pas qu’on gagne ni plus ni moins d’argent qu’eux. Ça part d’un bon sentiment, ou c’est narcissique?
Je dis ça, parce que figure-toi qu’AVEC LE PRIX D’UN GROS LIVRE, JE MANGE UNE SEMAINE. Oui, 20-25€, c’est ce que je dépense en bouffe pour sept jours…
Le dernier livre que j’ai acheté en grand format, c’était « La France qui tombe », de Nicolas Baverez, dont tu as dû entendre parler l’an dernier. Mais il coûtait à peine 12€, et puis dans la France profonde, il faut attendre trois semaines un bouquin qu’on a commandé, ou faire trente bornes pour trouver une Fnac. Et fnac.com, me diras-tu, Amazon.fr, que sais-je encore? J’ai ni chéquier ni CB, juste un dossier de surendettement à la Banque de France. :-(

«Oui, un autre monde est possible, penser l’inverse, revient à abandonner tout espoir et toute volonté à changer quoique ce soit.»

Si tu veux changer de monde, tue-toi! En fait, il n’y a pas UN autre monde possible, il y en a DEUX: LE PARADIS ET L’ENFER. Moi je ne crois qu’au néant, mais ça compte pour zéro. Et me prends pas au mot, tu me manquerais, j’aurais plus personne à engueuler! ;-)

«L’utopie est nécessaire à l’homme et à son évolution.»

L’utopie est nécessaire aux révolutionnaires pour prendre le pouvoir, et le sang pour le garder. Lis ou relis « 1984 » de George Orwell. À recommander aussi, « La Steppe rouge » de Joseph Kessel. Il avait tout compris du bolchévisme dès 1925!
Le siècle le plus utopique de l’histoire, c’est le XXe, et vois un peu le résultat: le goulag, la déportation, la révolution culturelle chinoise, les Khmers rouges, la Corée du Nord cannibale, et j’en oublie. C’est une évolution oui, mais est-ce un progrès, sinon dans la barbarie (à visage humain, comme dirait BHL)?

«Il faut être sacrément utopique pour prétendre relier les indes en navigant vers l’ouest comme Colomb (…)»

Colomb avait cru Copernic, à mon avis, et vu le sort réservé aux « Indiens » qu’il a « découverts », et les Espagnols recouverts (de terre) il aurait mieux fait d’importer des gondoles de sa Venise natale pour organiser des promenades sur le Guadalqivir.

«(…) voler en copiant le vol des oiseaux (…)»

Un petit rappel: tous ceux qui ont essayé de faire battre des ailes mécaniques se sont pris des gamelles façon Vidéogag!

«(…) la Recherche dans tous ses domaines est par essence utopique.»

Les êtres humains ne sont pas des rats de laboratoire, merde! Les rêves, c’est bien, mais uniquement pendant le sommeil ou la lecture.
Enfin, le monde utopique dont tu rêves, il n’existe nulle part. C’est l’étymologie même de « utopie », un lieu qui n’existe pas.

51)
borelek
, le 06.12.2004 à 12:39

Cool, MadMac, cool. On n’est pas ici pour s’invectiver mais pour échanger des idées et tenter de se convaincre les uns les autres.

à mon tour de tenter de vous convaincre.

Lire Stieglitz, bonne idée, mais je vous sonseillerais plutôt de lire Ivan Illich. Tout le monde semble l’avoir oublié malgré la réédition de ses oeuvres complètes.

En lisant Illich on comprend, notamment, la différence entre la pauvreté – peu d’argent mais guère de besoins – et la misère – plus de besoins que d’argent. Notre système libéral est une macchine à fabriquer des miséreux. Ne croyez surtout pas que les fortunes qui se constituent fassent le bonheur de leurs bénéficiaires. Ces gens sont aussi psychologiquement misérables qu’un habitant de favella, toujours à la recherche de plus ils trouvent de perpétuels motifs de frustrations.

Donc lisez s’il vous plait en priorité « La convivialité » ses autres ouvrages sont – de son propre aveux – des pamphlets destinés à lancer des débats et je crois que le débat est bien assez lancé.

P.S. les affreux suppôts du socialisme ont inventé un truc pas mal : les bibliothèques de prêts. On peut en user et en abuser.

borelek = 5.1 planètes (la honte)

52)
MadMac
, le 06.12.2004 à 13:50

Borelek,

Je ne vois pas d’invectives dans mes propos récents, et Alec6 semble d’accord quand il affirme que j’ai « mis de l’eau dans mon vinaigre ».
De la polémique, je veux bien, je le revendique même. C’est un ton au-dessous du pamphlet, qui se veut outrancier, ce que je ne suis pas.
Quant à convaincre qui que ce soit, je n’ai pas cette prétention. Non que je manque de conviction (mes propos prouvent le contraire, j’ose l’espérer) mais la politique est une affaire de sensibilité plutôt que d’arguments. C’est ce qui fait son charme et son côté passablement irrationnel.
Moi aussi j’ai cru aux lendemains qui chantent. Vers douze ans, avant la mue. Quand et pourquoi ai-je changé d’opinions? Je ne sais plus trop quand, ni pourquoi au juste. Ce n’est pas venu du jour au lendemain, et personne ne m’a convaincu; c’est mon regard sur le monde qui a changé.

53)
borelek
, le 06.12.2004 à 20:49

Je reviens sur ce fil, coté « Une Week-end chargé » ils ont aussi des problèmes pour savoir si la salle des fêtes de Boflens est froide ou si elle est cool…. si j’ai bien suivi ;-)

L’humour, tu connais?

j’ai deux copains que j’aime bien citer à propos d’humour : l’un qui dit, façon sagesse vaudoise : »J’aime bien l’humour, surtout quand il est drôle » et l’autre qui dit, façon Woody Allen : »On ne peut pas rire de tout, non, on DOIT rire de tout ». Sous ce stratus épais je me rapproche plutôt du premier aujourd’hui. Désolé pour ceux chez qui il fait beau.

Aller, sans rancune, au plaisir de te lire et signale-moi mes fautes d’orthographe, mais plutôt sur mon mail direct :-)

borelek = 5.1 planètes (la honte)

54)
Iris
, le 06.12.2004 à 22:05

Apparemment, la revue « Que choisir » a eu les mêmes infos qu’ ABE. (Ou alors, ils ont lu Cuk.ch)
Lire cet article jusqu’au bout, car à la fin il y a des trucs pour des cadeaux moins culpabilisants et plusieurs liens pour ceux qui veulent prolonger la réflexion.

55)
pat_a_a
, le 07.12.2004 à 20:30

** Si quelqu’un dispose de la traduction…
« L’ESTACA » de Lluis Llach, ed. Les chants du monde.

Le Pieu (L’Estaca)

Grand-père Siset me parlait ainsi
de bon matin sous le porche
tandis qu’attendant le soleil
nous regardions passer les charrettes.

Siset, ne vois-tu pas le pieu
où nous sommes tous attachés ?
Si nous ne pouvons nous en défaire
jamais nous ne pourrons nous en échapper !

– Si nous tirons tous il tombera
cela ne peut durer longtemps
c’est sûr, il tombera, tombera, tombera
bien vermoulu il doit être déjà.

Si tu le tires fort par ici
Et que je tire fort par là
c’est sûr, il tombera, tombera, tombera
et nous pourrons nous libérer…

Mais Siset ça fait déjà bien longtemps
mes mains à vif sont écorchées !
Et alors que mes forces me quittent
il est plus large et plus haut.

– Bien sûr, je sais qu’il est pourri,
mais aussi, Siset, il est si lourd !
que parfois mes forces me manquent.
Reprenons donc ton chant :

– Si nous tirons tous il tombera …

Grand-père Siset ne dit plus rien
Un mauvais vent l’a emporté
lui seul sait vers quel lieu
et moi je reste sous le porche.

Et quand passent d’autres gens
je lève la tête pour chanter
le dernier chant de Siset
le dernier qu’il m’a appris.

– Si nous tirons tous il tombera …

Pour revenir sur les commentaires précédents, je suis admiratif de la qualité des exposés des opinions de chacun. Les arguments des alter-mondialistes me vont droit au coeur, mais les « libéraux » développent des arguments valables aussi.
Mais pour ces derniers, il me manque un coté « humaniste », les mots « fraternité » et « empathie » ne sont pas bien présents. Je crois que TTE et MadMac sont fiers de pouvoir se débrouiller tous seuls, mais chacun ne peut pas toujours le faire. Ce n’est pas une attaque personnelle, chacun a une fierté de se débrouiller tout seul (encore plus naturellement avec le Mac) et doit composer avec la difficulté de s’imaginer à la place d’un autre (sous-entendu: moins chanceux que soit).

1er commentaire sur CUK, mais lecteur depuis le début, et même lors de pommeA.
Forcément, car j’ai un SE, un 6100 et un G3 beige, j’ai programmé sur Mac de 1987 à 1995 (magnifique projet sur QuickTime v0.9 pour les JO d’Albertville), j’ai un Canon A1 avec 5 cailloux et enfin une Clio 1,6 non automatique.

Bref, tout comme François, mais en moins bien…

Patrick, amateur de Mac depuis 1985. 3,3 planètes, hélas.

56)
alec6
, le 07.12.2004 à 22:44

Patrick !

Surtout n’hésite pas à revenir !!
Altermondialiste convaincu depuis longtemps je travaille néanmoins en free lance (en indépendant ou en libéral si tu préfères depuis des lustres aussi).
On peut se débrouiller tout seul et ne rien devoir à personne (je suis un émigré social !) et pencher côté Porto Allegre plutôt que Davos ou Neuilly !! (j’autocensure mes rermarques acides à propos de ce dernier bled !)

Alexis, tous les défauts !

57)
Okazou
, le 07.12.2004 à 23:23

Merci infiniment, Patrick, pour cette traduction que je n’ai jamais eue. Un ami catalan m’en avait rendu oralement le fond.

Il faut avoir entendu, sous Franco et du côté de Barcelone, la foule, des milliers de personnes, entonner ce chant. Ça vous secoue et vous ne pouvez l’oublier.

Quel dommage de ne pouvoir l’entendre car la musique que Lluis Llach a attachée à ces paroles fait de l’estaca un des plus beaux chants populaires qui soit.


Un autre monde est possible.

58)
François Cuneo
, le 08.12.2004 à 06:14

1er commentaire sur CUK, mais lecteur depuis le début, et même lors de pommeA.
Forcément, car j’ai un SE, un 6100 et un G3 beige, j’ai programmé sur Mac de 1987 à 1995 (magnifique projet sur QuickTime v0.9 pour les JO d’Albertville), j’ai un Canon A1 avec 5 cailloux et enfin une Clio 1,6 non automatique.

Bref, tout comme François, mais en moins bien…

:-)

Et merci pour ta traduction et ta fidélité.

En ce qui concerne les commentaires, le premier pas était difficile semble-t-il puisqu’il t’a fallu plus de trois ans pour pondre le premier post, maintenant reviens, tu verras, ça va tout seul! Et surtout n’attends pas trois ans à nouveau!

59)
Caplan
, le 08.12.2004 à 09:07

Pour illustrer ce que je disais plus haut à propos de la prise en main des affaires par les Chinois:

PEKIN/NEW YORK (Reuters) – IBM a confirmé mardi soir sa sortie d’un marché dont il fut l’un des pionniers dans les années 1980 avec la vente de son activité d’ordinateurs personnels au chinois Lenovo Group pour un montant de 1,25 milliard de dollars.

L’opération, qui donnera naissance à un nouveau numéro trois mondial du PC, derrière Dell et Hewlett-Packard, illustre une nouvelle fois la tendance à la reprise par des industriels chinois de marques et d’activités occidentales de fabrication sur des marchés de technologies…

60)
ToTheEnd
, le 08.12.2004 à 10:07

pat_a_a: je ne suis pas le premier et probablement pas le dernier mais je tenais à te dire « bienvenu »!

Trois ans pour poster ton premier commentaire… c’est une sacrée gestation;-) (c’est encore plus fort que les éléphants!)

Je voulais juste ajouter quelque chose vis à vis d’une de tes remarques. Je ne sais pas si je suis « fier de me débrouiller tout seul » et je suis certain que les mots « humaniste », « fraternité » et « empathie » appellent en moi des émotions et des pensées. J’espère que le texte qui suit ne sera pas considéré comme une attaque.

Comme beaucoup de monde, j’ai beaucoup changé ces 20 dernières années et la vie m’a offert pas mal d’opportunités. J’ai aussi lamentablement et irrémédiablement gâché certaines rencontres, certains cadeaux qui m’ont été fait. A un certain point, j’ai voyagé pendant 2 ans et j’ai traversé une période bizarre (prison aux USA, rébellion du Chiapas au Mexique, conflit armé en Bolivie, dormi dans des gares et quelques autres bricoles…).

Pour une raison que j’ignore, j’ai soudainement réalisé quelque chose. J’AI une opportunité que ces gens n’ont pas. Je viens d’un pays où on ne tue pas parce qu’on a faim, j’habite dans un pays qui m’a offert une formation, je suis dans une conjoncture qui me permet de voir un certain futur. Il ne tient qu’à moi de concrétiser cela et m’en remettre à Dieu, au gouvernement ou je ne sais qui d’autre, c’est, à mon humble avis, se chercher des excuses (attention, je n’ai pas dit que TOUS les gens en marges de la société l’ont cherché ou ont ce qu’ils méritent!).

On critique souvent nos gouvernements « riches » de ne pas faire assez pour les autres pays « pauvres » et ça je suis totalement d’accord. Maintenant, est-ce que ces mêmes pays « riches » en font assez pour leur citoyens et concitoyens qui sont dans la mouise? Honnêtement, je pense que c’est là que tous les intervenants de ce site diffèrent dans leurs pensées/opinions.

Personnellement, je pense que nous, pays « riches », avons un environnement extraordinaire dans lequel nous pouvons évoluer plus ou moins à 360 degrés. Maintenant, que nous ne puissions pas faire tout ce que nous voulons quand nous le voulons, c’est un autre sujet.

En conclusion, j’ai parfois l’impression que les gens sont trop assistés et ne réalisent plus l’opportunité qu’ils ont devant eux. Récemment, un votant se plaignait via le « courrier des lecteurs » d’un quotidien national que les bulletins envoyer pour le vote par correspondance ne bénéficiait pas d’une enveloppe réponse pré affranchie… Auquel un autre lecteur répondait quelques jours plus tard « et demain, il faudrait aussi recevoir le stylo? » Et puis après-demain, faudrait-il que l’Etat offre un jour de congé pour que les gens puissent prendre le temps de voter?

Au travers de ce simple exemple, je souhaitais démontrer à quel point, nous, « riches » ou « pauvres » selon les cas, apprécions mal ce que nos ancêtres ont acquis bien dès fois par le sang alors qu’à quelques milliers de kilomètres, femmes, enfants et hommes meurent tous les jours de choses encore plus futiles.

T (ok, qui prend de l’avance sur vendredi)

61)
borelek
, le 08.12.2004 à 12:26

pat_a_a
ToTheEnd

Il y a tout lieu d’être fiers de pouvoir se débrouiller tout seul. Encore faut-il ne pas se comporter en prédateur. Si tous les habitants de la terre se « débrouillaient tout seul » comme moi ou comme TTE il nous faudrait 5 planètes. Or, comme vous l’avez remarqué nous n’en avons qu’une. Est-ce à dire que nous nous débrouillons contre les autres ? Je serais curieux de savoir le score de MadMac. Les conditions de sa pauvreté (et de la misère des ouvrières chinoises) sont-elles, plus ou moins directement, les conditions de notre richesse ? C’est en cela que le libéralisme me révulse.

P.S. Je reviens sur cette histoire de planète mais vous me dites quand vous en avez marre, c’est simplement un exemple qui me semble parlant. Bon, puisse que vous insistez je vous redonne le lien. L’EMPREINTE ECOLOGIQUE : J’ai choisi les conditions climatiques de Grenoble. Je viens de le refaire avec mes bonnes résolutions de 2005 : SI TOUT LE MONDE VIVAIT COMME [moi], ON AURAIT BESOIN DE 4.6 PLANÈTES c’est tout de même 50% de plus que la moyenne des français ! Alec6 comment fais-tu pour en être à moins de 2 !

Je vais chercher un autre site de calcul de l’empreinte écologique qui soit un peu plus nuancé et si possible tienne compte de la Suisse, dites-moi si le résultat de mes investigations vous intéresse.

borelek = 5.1 planètes (la honte)

62)
bansuri
, le 08.12.2004 à 13:32

Oui, merci pour l’empreinte …

63)
bansuri
, le 08.12.2004 à 14:58

Mon score : 2,4 planètes

64)
pat_a_a
, le 08.12.2004 à 15:58

Merci à tous pour cet accueil chaleureux.

Pour Okazou :
Les disques de Llach sont disponibles chez beaucoup de disquaires. Pour écouter L’Estaca avec quelques frissons dans l’échine, je recommande le disque « Concert à Barcelone », qui s’est tenu en 1985 dans le Camp Nou (stade de foot du Barça), avec 100 000 spectateurs. Et l’Estaca est repris par le public entier à l’unisson. Si seule cette chanson t’intéresse, contactes-moi par courriel.

Pour Alexis :
Mon texte est maladroit. J’ai bien précisé que « chacun a une fierté de se débrouiller seul », ce qui je ne critique surtout pas, car c’est normal (sinon je devrais passer un sacré coup de balai devant ma porte). Je n’ai pas assez insisté sur « la difficulté de s’imaginer à la place d’un autre ». Pour moi, le fondement le plus solide de la fraternité est l’empathie, la facilité de comprendre les problèmes de « l’autre ». Voir plus loin ma réponse à TTE.

Pour François :
J’explose mon compteur : un commentaire par jour ! Si je ne suis pas intervenu précédemment, c’est à cause de la qualité littéraire et stylistique des intervenants. Il me faut un temps certain pour rédiger en français plus ou moins compréhensible.

Pour ToTheEnd :
Je me suis habitué à ton style percutant. Il est clair que je n’aurais pas posté lorsque Momo monopolisait les commentaires. Pour moi, exposer des avis divergents n’est pas une attaque, et puis l’éléphant est un animal sympathique :).
Il est clair que nous n’avons pas eu le même parcours. J’ai 45 ans, ai fait une école d’ingénieur parisienne, ai travaillé depuis dans diverses sociétés comme informaticien, chef de projet, bref, un itinéraire banal. Je vis depuis 25 ans avec ma femme, qui est psychologue, travaillant surtout avec de jeunes enfants de divers milieux. Cette proximité avec la misère des handicaps physiques et mentaux, quelques soient leur milieu et leur volonté, permet de comprendre que les phrases comme « Il ne tient qu’à moi de concrétiser cela », ou « les gens sont trop assistés et ne réalisent plus l’opportunité qu’ils ont devant eux » sont simples à dire pour qui ne connaît pas le malheur ou l’injustice.
Nous parrainons les études d’une jeune philippine depuis 10 ans, au sein d’une minuscule association. Bien qu’ayant toujours été anti-communiste (moi aussi, j’ai lu et relu 1984), j’habite dans une commune de 30 000 habitants où je suis fier de payer de lourds impôts locaux, pour des services de qualité pour chacun (riches et pauvres) et où le maire communiste fait la queue au théâtre municipal (6 euros pour écouter Charlélie Couture) et au cinéma municipal (3,5 euros par film). Mes filles mangent à la cantine de l’école et du collège où certaines camarades de classe n’ont que ce repas dans la journée. Et je trouve normal de payer bien plus que les autres.

Alors, pour reprendre ton discours, en effet, Moi, « personne « riche », ai un environnement extraordinaire dans lequel nous je peux évoluer plus ou moins à 360 degrés ». Je suis moins sûr pour les parents d’une copine de ma fille, indiens réfugiés après le massacre de leur famille (pour cause religieuse) dont le père était aide médecin diplômé et qui est vendeur sur le marché. Sans les différentes aides, ils ne pourraient survivre en France.

Excusez-moi pour le simplisme de mon argumentation.

Patrick, amateur de Mac depuis 1985. 3,3 planètes, hélas.

65)
Saluki
, le 08.12.2004 à 19:26

Je disparais quinze jours de l’autre côté de la Méditerranée.


Zut, j’en suis à 6,1 planètes…
J’ai tout faux: l’électricité, l’eau courante, une maison à 250 km d’ici et je prends l’avion deux fois par mois.

66)
alec6
, le 08.12.2004 à 22:10

Patrick :

j’ai écrit top vite mon dernier post, je ne voulais que te souhaiter bienvenue, la suite n’était qu’une remarque générale et non une réaction épidermique comme j’en ai l’habitude…
Ton texte n’était pas maladroit, et si personnellement je me colle à cet exercice épistolaire sur Cuk c’est justement pour affuter mes arguments et mon expression écrite et je ne dois pas être le seul dans ce cas…

BoreleK :

2 planète en effet, j’ai peut-être sous ou surestimé certains paramètres, mais je n’ai pas de voiture (avec tois gamins), je ne prends l’avion que pour des raisons professionnelles et depuis trois ans ma carte Fréquence + c’est lamentablement asséchée et nous n’achetons pratiquement aucun aliment préparé (la notion est d’ailleurs assez vague).

Digression de rigueur :

D’aucun se plaignent parfois ou souvent (pas pécialement ici), de l’asistanat dans lequel nos sociétés occidentales et européennes en particulier confinnent les plus démunis, les incitant à en profiter… soit ! l’argument est discutable, mais je voudrais réagir sur un point sûrement moins polémique.

Nous avons donc d’un côté l’asistanat d’Etat, soit, et de l’autre l’asistanat « privé »…

Bigre ! que va-t-il nous pondre cette fois ci encore ?
Ceci : inciter par la pub ou autres à prendre sa voiture quand on peu se déplacer à pied, vendre des plats préparés quand cuisiner son repas avec des aliments de base est meilleurs et moins coûteux, vendre des salles de sport avec les programmes vitaminés qui vont avec quand il est gratuit et plus efficace de monter les escaliers plutôt que de prendre les ascenseurs… En bref, vendre du prêt à manger, dormir boire, penser, déplacer, faire… n’aide pas, c’est le moins qu’on puisse dire, à acquérir une certaine autonomie et une manière de penser ouverte et originale. Toute notre civilisation est orienté vers le moins d’effort possible nécessaire à lobtention du maximum de choses et de satisfaction.
Dans cette démarche du toujours plus (vite, loin, mieux, grand, miniature, etc) aucune place n’est donnée à l’effort perçu comme obstacle /frein et non comme valeur ajoutée à sa satisfaction du « faire.

Et on s’étonne ensuite de l’asistanat et de ces méfaits …

Tout ça n’est pas nouveau, on retrouve un peu le Candide de Voltaire, la société de consommation en plus !

Mais cet asistanat « privé » donc, rapporte de l’argent, c’est un marché, il nous permet à tous, directement ou indirectement de crouter tous les jours, c’est la base même de notre civilisation.

Dans la même lignée on pourrait soulever le problème de la fameuse gabegie des services publics (réelle ou supposée/fantasmée, là n’est pas la question) et la base (deuxième donc) de notre civilisaion de consommation : la surproduction, l’embllage, le déchêt…

Je ne sais pas dans quelles mesures il est possible de remettre en cause ce système de manière efficace et sans douleur, si ce n’est qu’avec une moyenne de 5 planètes (ou même 2) par clampin, le système tel qu’il fonctionne aujourd’hui est voué à l’échec à plus ou moins long terme, d’une façon plus ou moins violente, plus ou moins rapide…

Alexis, tous les défauts !