"Y fait pas bon vieillir" : qui ne l'a pas entendue, au moins une fois dans sa vie, cette petite phrase ? Je doute voir se lever ne serait-ce qu'une seule main !
Généralement suivie d'un soupir incrédule de la part de l'interlocuteur (âgé de 8 ou 12 ans ans), elle sonne comme une ritournelle creuse qui n'a pas de sens : Papi - Opa - Oncle Gustav - Parrain Esteban n'est pas vieux, il est capable de (cochez la bonne réponse) tailler des arbres, réparer un frigo, chasser le cerf ou l'araignée, parler suédois/arabe/anglais/autre, tenir tête à Maman sur l'heure du coucher/le nombre de bonbons pouvant raisonnablement être consommés avant le repas de midi, raconter des plaisanteries grivoises incompréhensibles, roter après avoir bu de la bière sans se faire engueuler par qui que ce soit, reconnaître tous les titres des Rolling Stones en 4 secondes, expliquer pourquoi un enfant de moins de 8 ans devrait voir Star Wars avant ses 9 ans alors que Papa lève les yeux au ciel....
10 ans plus tard, alors qu'Interlocuteur a entre 20 et 25 ans - et a vu "the wall" en fumant des joints -, elle est suivie d'un bref soupir, cette fois un peu résigné "il radote, le vieux, forcément qu'il a moins de force, y croyait quoi, qu'il resterait jeune éternellement ?", "la tante / la grand-mère / la voisine / la nounou, c'est logique qu'elle ne puisse plus faire les mêmes marches qu'à 30 ans, pas de quoi en faire tout un plat, c'est quand même une chance d'être encore capable de faire le tour du quartier à pied et ses achats seule malgré une prothèse totale de la hanche et son diabète, tant pis pour les cabanes de haute montagne, chaque chose en son temps".
De quoi en faire tout un plat, probablement pas mais une petite réflexion, si !
Parce que, figurez-vous, la question est intacte : que signifie "vieillir" ? A partir de quand est-on vieux ? Et ne me dites pas "l'âge de la retraite" : celui-ci, tout comme le sentiment de se "sentir" vieux ne sont pas universels.
La première fois que j'ai pris conscience de mon âge, je la dois à Junior (maintenant 13 ans et quelques mois, un début d'acné s'étendant paresseusement autour de son nez et des chaussures odorantes en taille 44 au pied de son lit) : alors qu'il avait environ 6 ans, il a constaté que la mère de son copain avait... 10 ans de moins que moi, ce qui m'avait valu un "t'es vachement vieille, toi !".
A l'époque, j'avais trouvé sa remarque très amusante parce que traduisant uniquement un principe universel : tout est relatif, "merci, ça, je le savais déjà depuis longtemps". J'avais alors passé à autre chose la minute suivante parce que moi, vieille, bien sûr que non !
Peu de temps après, j'ai quand même pris un réel "coup" de vieux - comme si les vieux cognaient tout le temps, tout le monde - : après la naissance rock'n roll de Tom Pouce, qui a passé le premier mois de sa vie branché à des ordinateurs dans un tupperware hospitalier géant (on appelle ça communément une couveuse en CHU), j'ai découvert ma première mèche de cheveux blancs dans le miroir de l'ascenseur.
J'ai choisi de l'ignorer, trop occupée à allaiter, changer des couches et "gérer" deux enfants de presque 5 et 7 ans tout en essayant de comprendre un homme en burn out.
Trois ans plus tard, j'ai franchement détesté mon ophtalmologue au détour d'un contrôle " votre pression oculaire est parfaite, je vous prescris donc, chère Madame, des verres progressifs", et moi de voir mentalement les fameux "doubles foyers", moches et flagrants du grand-oncle de ma copine, j'étais foutue.
Le secret est malgré tout resté bien gardé grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la lunetterie et mon opticien a, moyennant un chèque, tenu sa langue.
Depuis lors, je n'ai cessé de... rajeunir malgré deux indices objectifs, mes cheveux et ma vue. Si, si, je vous assure, j'ai rajeuni.
J'ai d'abord souffert, au plus profond de mes tripes, de divorcer, comme quand j'avais 17 ans et que je découvrais que "amour" ne rimait pas forcément avec "toujours"; je suis, trois ans plus tard, à nouveau tombée amoureuse et j'ai maintenant le coeur qui bat à la chamade, comme lors de mon premier baiser avec Vincent à 15 ans, à la fête de la paroisse catholique du quartier - athée, je l'étais déjà avant, il n'y est pour rien malgré sa goujaterie subséquente -.
Aujourd'hui, à 46 ans, je sais bien que j'ai la cuisse moins fière, le sein moins altier et le ventre moins ferme qu'à 29 ans, ma mémoire avoisine celle d'un poisson rouge (3 secondes) et je mets 2 jours à récupérer d'une cuite mais je m'en fiche : je serai vieille plus tard.
Les grands-mères de mes enfants, elles, sont vieilles (comprenez "pas moi") : l'une un peu sourde, l'autre presque aveugle, survivantes d'un cancer du sein l'une comme l'autre, elles ont encore des plaisirs. Plein, même. L'une de voir ses petits-enfants grandir en les inondant de conseils inutiles et bien pensants, l'autre en voulant faire de Mini (11 ans prochainement) le virtuose de piano qu'elle n'a jamais pu être : elles veulent conjuguer la vie au présent. Ce qui compte, c'est "maintenant", pas "hier", pas "demain".
Pourtant, elle file, la vie, à toute vitesse même. Il suffit pour cela d'ouvrir les statistiques. De lire la rubrique "nécro", sur cuk ou dans un journal local, ou de travailler dans le domaine médico-social comme moi pour savoir qu'après le 3e âge vient celui du 4e.
Pas celui où on ne peut plus réciter par coeur un poème de Prévert mais celui où il faudra aide et assistance pour se vêtir, pour manger, pour descendre au salon.... Pas celui où on ne sait plus si le 5e petit-fils du voisin s'appelle Eustache ou Hilaire mais celui où on se lève, hagard, au milieu de la nuit, à chercher son fauteuil favori ou sa musique préférée pour ne trouver qu'une infirmière cheffe ou un semainier rempli de pastilles colorées.
Je sais, je sais, je digresse déjà, comme "les vieux" : alors que cuk.ch est un joyeux panachage d'âge, entre doctorant et jeunes mariés, retraités heureux et maris soucieux pour la santé de leur femme, bricoleurs fous, navigateurs passionnés, coureurs convaincus et mélomanes avertis, l'âge est à la fois source d'inspiration et d'inquiétude, en même temps expérience et limitation physique, pas encore intellectuelle.
Bref, j'aimerais d'une part bien savoir ce qui te fait te sentir "vieux", "vieille", d'autre part dans quelles circonstances tu as cette fantastique sensation d'être jeune encore malgré une nouvelle dizaine qui démarre ?
Et si tu ne sais / veux pas répondre à la question, dis-moi au moins ton âge, les plus matheux feront une statistique - et le graphique qui va avec -, on pourra alors objectiver ce qui est si personnel.
, le 09.05.2016 à 01:23
En fait, le sujet du jour, c’est la mort, ou bien ? (49)
, le 09.05.2016 à 02:29
Smop, 50 ans pour quelques mois encore. Après, je ne veux pas savoir !
En Suisse, vous avez au moins la chance de pouvoir avoir recours au suicide assisté…
A propos d’âge, lorsque la presbytie est apparue chez moi, j’ai eu beaucoup de mal à me faire au port de lunettes. J’ai toujours détesté cet accessoire chez les autres, et ressenti comme une véritable punition d’être contraint d’y avoir recours moi-même. Quelques années plus tard, je suis passé aux lentilles journalières progressives, et j’ai vraiment eu l’impression de rajeunir de dix ans.
Ce qui me fait me sentir « vieux » ? Deux choses : le corps qui commence à montrer des signes de fatigue, de la vue qui baisse aux courbatures; et le regard des autres, variant selon les cas entre exclusion et respect.
Une anecdote : il y a quelques années, pour me distraire et renouer avec ma vocation ratée d’avocat, j’avais repris des études de droit. Un jour, avant d’entrer dans l’amphithéâtre, je discutais avec un groupe d’étudiant(e)s, lorsqu’une demoiselle d’une vingtaine d’années m’a dit, sur un ton dégoûté, que j’avais le « rire de son père ». Le sous-entendu involontaire étant bien évidemment que j’avais aussi l’âge de son père… Je n’ai rien laissé paraître, mais j’ai très brutalement pris conscience de l’évidence de cette différence de génération, que je n’avais pas réalisée jusque-là. J’y pense encore aujourd’hui !
En tant qu’athée, j’ai la conviction, très rassurante, que nous venons du néant et que nous retournerons au néant. La mort m’apparaît, d’une certaine manière, comme une délivrance. La vieillesse, elle, ressemble plus à une souffrance.
, le 09.05.2016 à 05:58
Dis-donc, Madame, tu fais exprès de publier ce billet 3 jours après mes 60 ans et un mois avant ma retraite anticipée ? Mmmmh? Non mais!
Je ne me sens pas vieux, et à ce qu'il paraît je me fais pas mon âge. Mais il est vrai que même si je n'ai jamais eu une forme olympique, cela ne s'arrange pas. Et je compte bien mettre à profit le temps que cette retraite m'offre pour rajeunir un chouïa !
Ce qui me fait ne sentir vieux? Je crois que c'est l'accélération du monde et mon envie de ralentir…
, le 09.05.2016 à 06:48
Bonjour,
J’adore le style de ce billet en particulier et de ceux de Madame Poppins en général.
Moi je me sentirai vraiment vieux quand je ne pourrai plus grimper un col à velo. Ce qui ne va pas tarder .., avec mes 70 printemps.
, le 09.05.2016 à 06:59
45 ans dans 1 mois et quelques jours
, le 09.05.2016 à 07:20
1ère alerte: à 39 ans, nouveau contrôle de la vue. A cette occasion, on m’annonce que ma vue n’a que peu changé en 5 ans, mais que d’ici quelques temps on se reverrait, en raison de la presbytie qui paraît-il, sort autour de 40 ans. Bon, je suis myope depuis mes 6 ans et astigmate depuis mes 22 ans (à peu près) je suis donc déjà un porteur de lunette expérimenté. Mais ça fait bizarre à entendre. Surtout que lors d’un Check up, mon médecin m’a dit sa surprise d’être en si bonne forme malgré un léger surpoids!
2eme alerte:
Une stagiaire de 22 ans en ce moment au travail: pour la 1ère fois, je constate un creux dans des références culturelles, historiques, d’expressions utilisées… Bref, ce n’est pas un coup de vieux à proprement parlé, mais une sensation de décalage sur tout un tas de sujets, en devant expliquer plusieurs fois mes références…
Bref; j’arrive à 41 cet été.
, le 09.05.2016 à 08:38
Bof, même du haut de mes 65 ans et ma carte AVS (le « V », c’est « Vieillesse ») dans la poche, je me dis que tant qu’il y a une raison de se lever le matin et des projets dans la tête, il n’y a pas trop de quoi s’inquiéter! En plus, une pub récente vient de m’informer que j’entrais dans la case des « JEUNES retraités ». Que demander de plus :-)
, le 09.05.2016 à 08:52
78 ! Par bonheur mon mari a un an de plus, ce qui me laisse le temps de m’habituer au futur numéro.
Un jour j’ai photographié une jeune fille d’assez près donc par courtoisie je lui ai montré le résultat et elle s’est écriée avec une grande surprise « Ah, vous avez un NUMERIQUE ! » là j’ai pris un coup au moral…
Mais il y a eu depuis des compensations, avant une opération récente, le médecin m’a demandé :
Quel traitement suivez-vous ? AUCUN
Quels médicaments prenez-vous ? RIEN
et à voir sa tête je me suis sentie toute jeune.
J’ai dû renoncer aux randonnées mais tant que je peux vivre dans mes montagnes en me passionnant pour musique, photo, informatique et lecture, tout va bien.
, le 09.05.2016 à 09:18
Ce qui est inquiétant, c’est de voir ses potes disparaître les uns après les autres… et chez moi, ça a commencé très tôt: mon cousin préféré à 15 ans, mon meilleur ami à 23, ma cousine favorite à 35; j’en passe pour ne pas vous démoraliser. Heureusement, ma maman a tenu en pleine forme jusqu’à 99 ans ce qui me laisse quelque espoir.
Je fais moins de sport, opération à la hanche oblige, je me fatigue plus vite, mais je compute toujours aussi efficacement et je vis mes 74 ans avec beaucoup de sérénité. La seule vraie angoisse serait que l’un de nous deux reste seul(e), ce qui arrivera forcément. A moins que…
, le 09.05.2016 à 09:24
J’ai constaté que (comme moi) quand on a des enfants et surtout des petits-enfants, on a des points de repères qui « posent » notre âge et nous montrent que le temps a passé. Ceci en comparaison avec des couples du même âge (57 pour moi) qui apparemment sans ces repères se sentent moins vieillir.
A part une grosse « flippée » au démarrage de la quarantaine, où j’ai senti que je ne pouvais plus faire autant de choses à la fois (dû à mon hyper-activité) et où j’ai dû apprendre à me calmer et à élaguer des activités, tout va bien merci.
C’est vrai aussi que les bobos sont divers (voir on les traine jusqu’au bout et d’autres s’ajoutent) et qu’on se remet moins facilement… Mais c’est surtout la récupération et les abus > car « faire bombance – la fiesta » c’est plus comma avant ! Mince alors.
Moi je dis : tant qu’on a des projets plein la tête, qu’on les réalise, et qu’on reste curieux, c’est ça le truc qui fait que l’on se sent bien dans sa peau.
, le 09.05.2016 à 09:42
Ahlala, Mâââââââme Poppins, toujours là pour nous remettre en question :)
Dans ma 33e année, je suis impatient non pas de vieillir mais de prendre de l’âge… En fait, cela ne me dérange pas: oui, j’ai remarqué que maintenant, si je fais une nuit blanche, il me faut plus de temps pour récupérer qu’à 20 ans. C’est aussi dû à mon train de vie très actif… Et alors, je trouve que prendre de l’âge, c’est comme le vin, on se bonifie avec le temps…
J’ai déjà des petites touffes de cheveux blancs que j’assume pleinement, je maintiens ma forme au mieux possible, j’avance dans mes projets: certains aboutissent, certains se terminent ou partent en ruines, d’autres se créent…
Bien évidemment que je me sens différent qu’à 20 ans, je me considère comme ayant de la maturité, de l’expérience et cela, il n’y a pas de miracles: ça vient avec les années! Donc vive les années :)
, le 09.05.2016 à 10:04
Le premier signe de « vieillesse » m’est apparu assez tôt car j’ai été très précoce et je suis sorti très tôt avec des gens plus vieux que moi… et puis un jour, quand j’avais 18 ou 20 ans, j’ai entendu quelqu’un donner sa date de naissance et pour une fois, c’était après la mienne… ça m’a mis un coup!
Aujourd’hui, c’est un peu le contraire puisque de part mes activités professionnelles et de loisirs, je fréquente beaucoup de jeunes et donc, je n’ai pas l’impression d’être si vieux que ça puisque je suis régulièrement invité pour des sorties… mais bon, je ne rêve pas de rester « jeune » au milieu de jeunes… je trouve même l’idée déprimante à l’image d’un copain de 45 ans qui est parti à l’étranger se faire poser des implants capillaires pour mieux résister au temps… peut être que le fait qu’il sorte avec une nana de 24 ans y est pour quelque chose :-)
Bref, à part les pépins physiques qui peuvent apparaitre plus fréquemment et une plus grande difficulté à récupérer de grosses soirées (ou efforts), je trouve que c’est plutôt chouette de vieillir… par exemple, l’expérience est un bien précieux qui s’acquière avec l’âge et les évènements qu’on traverse dans toutes les phases de la vie.
Maintenant, on m’offrirait de retourner à mes 14 ou 16 ans avec mon cerveau d’aujourd’hui, je n’hésiterais pas une seule seconde à saisir l’occasion!
T
, le 09.05.2016 à 10:09
70 ans depuis un mois.
De l’adolescence et durant le cours de mes longues études, j’avais le pressentiment qu’après 30 ans, il n’y aurait plus rien.
Quelle erreur !! C’est à ce moment que tout a réellement commencé.
Je différencie l’aspect physique et l’autre.
Physiquement, bien sûr que je ne cours plus le 100 m en 11″20 comme je l’ai fait à 17 ans – dans le même temps que Wilma Rudolph, championne olympique du cent mètres à Melbourne en 1964. Mais je ne suis toujours physiquement pas vieux: 20 kms en vélo sans essoufflement. Bon … j’en ai 70 !!
L’autre « Être vieux », c’est quand il n’y a plus de remise en question.quand la part d’enfant, cette part de génie inventif, intuitif est éteinte. Un collègue neurologue m’a dit: le cerveau c’est l’opposé de la pile Wonder, ça s’use si on ne s’en sert pas.
, le 09.05.2016 à 10:29
Remarque à prendre au 24ème degré juste pour taquiner un neurologue: l’analogie est erronée… une pile (alcaline ou autre) perd de l’énergie, même si elle n’est pas utilisée car, pour faire très court, les isolants ne sont pas « parfaits ».
T
, le 09.05.2016 à 10:45
Ah ben moi pas du tout! Je ne suis pas sûr du tout que mon cerveau d’aujourd’hui arriverait à s’entendre avec mon corps d’ado! Sans parler de ce que deviendrait ma relation à mes parents… ;-)
Cela dit, il est vrai qu’il m’arrive de penser que si j’avais eu à l’époque les connaissances que j’ai aujourd’hui, j’aurais peut-être fait des choix différents. Quant à savoir s’ils auraient été meilleurs, qui peut le dire…
, le 09.05.2016 à 11:00
Oui mais non.
Certes, s’imaginer revenir en arrière en conservant les acquis intellectuels du futur semble de prime abord séduisant.
Mais n’est-ce-pas aussi tuer ce qui caractérise la jeunesse : l’insouciance, l’inconscience, l’engagement, la surprise, l’ambition, la fougue, la passion, et même la bêtise ? Bref, tous ces tâtonnements de la vie, ces choses qui s’émoussent ou disparaissent avec l’âge. Je crois que nos erreurs nous apprennent bien plus que nos réussites. Sans combat, nul mérite ni intérêt !
L’esprit du « Ah, si j’avais su » n’est pas très loin du détestable « C’était mieux avant ».
, le 09.05.2016 à 11:31
Ah ben moi non plus je n’aimerais pas revenir à 20 ans.
Déjà qu’il faudrait refaire l’armée, repasser à la HEP (haute école pédagogique).
J’ai détesté les deux.
Rien que pour ces deux choses, je ne voudrais pas revenir en arrière.
, le 09.05.2016 à 11:34
74 ans depuis 5 jours…
La première fois que je me suis senti « vieux » c’est à 30 ans.
Après quelques années pré et post 68 à glander, objection de conscience et ONG (qu’on n’appelait pas encore ONG : Emmaus et ATD)poussé par ma compagne je reprends des études. C’était Vaugirard, l’école de photo que doivent connaitre les anciens. Là je me suis retrouvé avec des jeunes de 20 ans qui avaient tout l’avenir devant eux. Ils pouvaient s’absenter des cours, remettre un exam à l’année prochaine. Moi il me semblait que c’était ma dernière chance, il fallait bosser vite et bien, en gros j’étais vieux.
L’expérience m’a appris qu’en fait il faudra attendre pour être vieux ! Mes petits enfants se sont fait une joie d’offrir un Iphone SE à leur grand-père geek.
, le 09.05.2016 à 12:09
L’année passée, en décembre 2015 donc, j’ai fait 4 jours d’hôpital pour une méchante et soudaine appendicite (qui a viré en péritonite, heureusement traitée à temps). Tout va bien aujourd’hui heureusement.
Mais le chirurgien m’a sorti un « C’est pas vraiment courant à votre âge, une appendicite… ». Je l’ai pris pour un compliment :-)
Et comme le dit le Boss, revenir à mes 20 ans, non merci…
Au fait, je vais fêter mes 43 ans dans quelques mois.
Au plaisir de vous relire.
, le 09.05.2016 à 12:12
Encore un collègue qui n’a pas encore compris qu’en matière médicale, il arrive que 2+2=4 … mais pas toujours. Question d’expérience et donc d’âge.
Il est déjà vieux, quelque soit son âge civil.
, le 09.05.2016 à 12:24
L’âge qui arrive?… De moins en moins de certitudes, de moins en moins de croisades, de plus en plus de douleurs.
, le 09.05.2016 à 16:45
La première fois que je me suis senti vieux, c’est la première fois qu’on m’a appelé « Monsieur »… Je ne sais plus quel âge j’avais exactement, mais je n’avais guère dépassé la vingtaine.
J’ai quarante-quatre ans aujourd’hui, ça fait un bail que je suis vieux en fait ! :-)
, le 09.05.2016 à 17:13
Quand je constate que mon corps ne suit plus, que j’ai des courbatures, que je suis plus fatigué, là je me sens vieillir – dit autrement que je ne suis plus aussi jeune.
Quand je vois les autres plus âgés, disons ceux du 3ème et 4ème âge, alors je me sens jeune (52 ans), que j’ai encore plein de choses à réaliser et à vivre.
Un jour je lisais que des artistes célèbres ont commencé leur carrière à plus de 70 ans; je me dis que nous pouvons continuer à apprendre tous les jours et à essayer. Essayer quoi? Ça c’est une autre question …
, le 09.05.2016 à 17:25
D’ici qlqs minutes un bon ami va venir, et va demander: » il est là le vieux…. » tu sais ce qu’il te dit le vieux de bientôt 67 ans, gamin de 50″
Non je ne me sent pas vieux, pas encore, ce jour là je serrais emmerdant comme la pluie.
, le 09.05.2016 à 18:36
Origenius, la mort, c’est pas très intéressant : le chemin jusqu’à elle me semble bien plus pertinent ! Cela dit et « plaisanterie » mise à part, le sujet de la mort mériterait certainement un billet un jour : reste à savoir si je serai capable de traiter la question. A suivre donc.
Smop, ton anecdote sur le rire du père me fait penser au très spontané « eh mais t’as le même âge que ma mère » d’un participant à une formation que j’ai suivie durant deux ans… J’aurais pu étrangler le type qui m’a dit ça ;-)))
Dom, avoir envie de ralentir le monde n’est pour moi clairement pas un signe de vieillesse mais bien davantage de sagesse ! Continue ainsi, l’éloge de la lenteur n’est plus à faire !
RMN73, peut-être qu’un jour, le col ne sera plus accessible à vélo mais il le restera certainement à pied; en outre, je suis convaincue qu’il existe moult trajets à vélo qui sont plus plats mais tout aussi beaux, non ? Finalement, le vélo électrique a été inventé pour être utilisé, je crois !
Renaud, 45, c’est un beau chiffre, non ? J’espère qu’il sera fêté dignement !
Robert, dire que je suis fan de Brel est loin de la réalité : je suis MEGA fan de Brel et j’avais aussi cette chanson en tête en rédigeant mon texte. Merci toutefois de ne pas avoir cité
« Mais pourquoi moi pourquoi maintenant
Pourquoi déjà et où aller
J’arrive bien sûr, j’arrive
N’ai-je jamais rien fait d’autre qu’arriver »
Gr@g, tiens, j’aurais juré, en te lisant depuis un moment sur cuk, que tu étais bien plus jeune ;-)
Roger, dans le même ordre d’idée, j’ai eu un enfant à 40 ans, ça faisait de moi une « jeune » mère ;-))
soizic, un numérique, oui mais surtout beaucoup de talent, tu aurais dû dire ! Et un don pour trouver le bonheur, je crois !
guru, on ne devient pas vieux quand on a ton élan, ta soif de vivre : on prend de l’expérience, nuance ! Longue vie à vous deux !
, le 09.05.2016 à 19:22
Ah, prendre de l’âge …
Moi, le choc c’est comme Frank P l’a dit. C’est quand on m’a appelé « monsieur » ! Sinon, mes 56 ans et moi ne sentons pas encore (trop) la fatigue.
, le 09.05.2016 à 20:18
Bonsoir,
Quant à moi, jeune homme retraité de 64 ans, j’ai vécu l’évolution de mon âge en Afrique ,.
À Dakar, quand je suis arrivé à 32 ans, on m’appelait « Chef »…
Puis ensuite on m’a appelé « Patron » ! Et ensuite… « Doyen » ! !
Et j’allais oublier le dernier en date, « Président » !
Chaque fois avec une grande gentillesse, et sans aucun sous-entendu.
Très bonne soirée à tous
, le 09.05.2016 à 20:30
En quoi cela est-il rassurant? Ce nihilisme me semble pousser au contraire vers le désespoir.
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Certainement pas pour vivre une vie futile et que tout retourne, après quelques instants et péripéties, dans le néant.
, le 09.05.2016 à 20:48
Tiens, habituellement, on me dit ça quand on me voit!
C’est parce que je n’écris pas avec la maturité d’un homme de 40 ans? ;o)
c’est parce que j’ai des idées qui sont peut-être partagée davantage par des plus jeunes?
c’est parce que tu me taquines?
c’est pour plaider le faux exprès? (parce qu’en fait, tu me pensais plus vieux dues à certaines de mes idées et/ou passions?)
c’est pour l’âge de mes filles en rapport avec moi?
c’est pour me faire écrire n’importe quoi? (et c’est réussi)
Dans tous les cas, merci!
Et je suis comme l’a dit Matisse: « on ne peut s’empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de devenir vieux ».
Ah, et même si je m’en doutais un peu, je suis surpris du nombre de 60 ans et plus qui sont sur ce site! D’après les commentaires, cela ne saute pas toujours aux yeux. Merci à vous.
re-Ah!
je me souviens tout à coup, dû à ma naissance en août et à 1 redoublement, avoir été surnommer « papi » dès ma 2ème année de gymnase, vu que je pouvais avoir jusqu’à 2 ans de plus que certains·nes de ma classe, ce qui ne s’est pas arrangé en 3ème, vu que je l’ai refaite également ;o)
, le 09.05.2016 à 21:50
Allons allons, c’est plus que séduisant, c’est excitant;-)
T
, le 09.05.2016 à 22:16
Pour une excellente bande dessinée sur ce sujet, voir Quartier lointain de Jirô Taniguchi.
(Tiens, il faut que je la relise.)
, le 09.05.2016 à 23:29
Marrant, mais étant certainement parmi les doyens de ce site (en compagnie de Soizic), je n’ai pas l’impression d’être concerné : je suis ce que je suis, je fais ce que je peux faire : je voyage, je jardine, je photographie, j’internetise et j’ai une compagne (qui a deux ans de plus que moi) avec qui je partage tout.
Suis-je vieux, suis-je jeune ? Ni l’un ni l’autre, je suis moi.
, le 10.05.2016 à 00:36
Rassurant car cela apporte une réponse qui me convient très bien à la question ultime. Une réponse en tout cas bien plus satisfaisante que celle proposée par les religions. Pour citer Gérard Mairet, le passage du salut à la liberté est l’acceptation d’un monde humain fini et l’abandon du monde infini divin.
La perspective de retourner au néant est réjouissante, elle est une excellente raison pour ne consacrer sa vie qu’à une seule et unique chose : la recherche du plaisir.
Cela dit, il est vrai que nihilisme et hédonisme se marient plutôt bien.
Je note pour Quartier lointain, merci.
, le 10.05.2016 à 00:55
Rhôôô, Madame Poppins.
Une question qui rappelle une énigme…
Seriez-vous descendante de Typhon et d’Échidna ?
Cette sensation du temps qui passe reste d’autant plus une interrogation qu’Einstein y a ajouté la notion d’espace, histoire de nous faire rire.
Oubliant Albert et n’utilisant encore ni canne ni bâton, je dirais…
Bipède de 65 printemps, bi père et quadruple papy, ça va plutôt bien.
Même si je me sens parfois mi-figue mi-raisin en sortant de ma station de travail/retraite après vous avoir lus, et que je me relève de ce fauteuil confortable permettant d’alterner attention et détente. M’y étant habitué, ce sont mes enfants qui m’ont fait remarquer le discret soupir que j’émets pour en sortir. Ça me rapproche de la communauté des + de 40 ans qui ont osé répondre ;o)
Ce qui semble clair, c’est que cette évolution inexorable ne nuit ni à la passion, ni à l’humour. Il suffit de lire le commentaire n°9 d’une montagnarde des Monts d’Arrée, (Référence à l’origine supposée du prénom de l’auteure), région proche d’un village gaulois résistant encore et toujours…
Au moins dans la mémoire de nombreux lecteurs ;)
Pour l’après :
Au Moyen-Âge, un poète un peu filou s’en inquiétait déjà.
En vers, et contre …
En 1977, un autre poète en a fait l’un des morceaux d’anthologie de son treizième et dernier album.
¿? Revenir en arrière ¿?
PS : (Question codée réservée aux abonnés)
Mécékikivaferléstatistik?
, le 10.05.2016 à 08:52
Montagnarde des Monts d’Arrée !!! Hi hi hi !
Bretonne par ma mère, certes, mais je vis en Ardèche d’où était mon père. La montagne y est plus sérieuse.
, le 10.05.2016 à 13:40
45
Toujours l’impression d’être jeune. La discussion revient plus souvent qu’avant entre amis, donc peut-être est-ce le signe que l’âge avance ;-)
Mon métier, enseignant (sport entre autre), me tient aux contacts d’ados continuellement, donc je me tiens au courant de ce qu’ils vivent et les passionne, l’impression d’être à la page, technologiquement aussi.
Seul ou en couple, toujours envie de faire des choses un peu folles, donc c’est bon signe (pour autant que l’âge soit considéré comme malsain…).
Je me rends compte de mon âge quand les enfants de connaissances ne me tutoient pas spontanément, ou alors quand je vois que je suis le plus âgé du groupe (au travail ou ailleurs).
Mon évolution capillaire (vers la déforestation comme dit ma fille) a commencé relativement tôt et se voit sur mes différents brevets de plongée, mais cela n’a jamais été un souci, contrairement à certaines personnes qui le vivent (très) mal.
Bref, pour rien au monde, je ne retournerai en arrière, l’expérience de l’âge me rend bien meilleur je crois.
Merci pour ce très bel article (et tous ceux auxquels je ne réagis pas forcément, mais que je dévore).
, le 10.05.2016 à 16:08
On se voit vieux devant le miroir.
On se sent vieux dans les questions comme « toi aussi tu es retraité ? ».
On se sent vieux quand de jeunes jambes pédalent bien plus fort que les miennes.
On se sent vieux quand de jeunes collègues ont deux fois moins d’années au compteur.
Je suppose qu’une bonne raison de se sentir un peu vieux, c’est de perdre le rêve et l’envie d’avancer avec le monde qui ne finit jamais d’évoluer.
C’est là qu’on devient un vieux…con ;-)
46 ans pour quelques jours encore.
Le vélo m’a donné un nouveau peps, un nouvel horizon qui fait du bien. :)
, le 10.05.2016 à 17:19
Amusants ces lieux communs (purée, on m’a appelé MONSIEUR, la honte) qui nous ont tous traversé l’esprit à un moment donné.
Mais bon, c’est le cours normal de la vie (cheveux gris, bedaine, bobos etc…) que nous sommes censés assumés puisque la nature n’a pas encore été domptée sur ce point.
Ce qui, en revanche, me fait peur, du haut de mes 48 printemps, c’est la perte d’autonomie (enfin le quatrième âge selon le langage iso9000machinchose) jai des exemples autour de moi assez dramatiques, et je peux dire qu’on est loin des états d’âmes illustrés ici
Le grand âge est un naufrage !
, le 11.05.2016 à 00:03
Bon, je sais que cette fois-ci, je ne vais pas y arriver : entre cours, courses et recours, l’énergie reste parfois en rade….
Je vous suis reconnaissante une nouvelle fois, comme à chaque billet, pour vos commentaires, votre partage et vos petits clins d’oeil, votre humour et votre sincérité : acceptez un message de remerciement « global » et mettez cela sur le compte de mon (pas si) grand âge…
Je retiens comme mot de la fin ces propos de Hervé : « Suis-je vieux, suis-je jeune ? Ni l’un ni l’autre, je suis moi« . J’aime énormément.
La statistique, ma foi, Jean-Yves, il faut croire qu’elle s’efface devant l’humain et ses singularités, n’est-ce pas là un constat réjouissant ? (De toute façon, comme je ne sais même pas faire une règle de 3, j’aurais probablement obtenu un résultat erroné !)
Belle soirée, à bientôt,
, le 11.05.2016 à 13:00
46 ans dans quelques jours, je ne me sens pas trop vieux. Quand j’annonce mon age on me répond qu’on l’avait estimé à 10 de moins. Mes filles me disent que leurs ami(e)s leur demandent si je suis le papa pu le grand frère. Ca c’est pour les plus et ça fait plaisir.
Pour les moins, je me remet moins bien de me coucher tard (pas de cuite, je n’en prend pas). J’attrape mal au crâne dès que j’ai froid (depuis que j’ai eu mes chimios -> coup de vieux ?). J’ai des nausées quand je suis un peu malade, ce qui n’était pas la cas avant (mes chimios).
Parfois on me demande si je me sens vieux, souvent à ma date d’anniversaire. Je réponds que la cap des 30 ans m’avait fait quelque chose, que celui des 50 m’en fera un autre. Après faudra attendre 70, puis 100, puis 120. Après je pense que ça ne me fera plus rien.
, le 12.05.2016 à 00:24
Une fois de plus, Madame Poppins m’aura interpellé avec son article. Je n’aurai qu’un mot pour elle, sa façon d’écrire et de se révéler : Respect !
Vieillir ?
À soixante-dix ans, j’enrage de ne plus avoir une mobilité normale (arthrose, arthrite, fonte musculaire, troubles de l’équilibre). Ce handicap me ruine le moral puisqu’il ne me permet plus d’intervenir en public avec la prestance qui sied à ce « Docteur Béton » que l’on attend un peu comme le Messie sur les chantiers… Et qui pense qu’il a toujours un message à faire passer avant la fin de sa vie professionnelle.
Certes, je paie les excès des trop longues années passées en compagnie de mon copain Johnnie Walker, puis les trente ans qui ont suivi, assis devant un écran d’ordinateur, sans autre activité physique que celle de déplacer mon fauteuil à roulettes dans mon bureau.
Ne restent plus que ma voix au téléphone et mon style d’écriture qui soient susceptibles de donner le change. C’est un peu juste…
Mes cheveux blancs ? J’y tiens et la gent féminine adore. Tant mieux.
Finalement, une rengaine m’obsède :
Mourir cela n’est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir… O vieillir !
« Vieillir » – Jacques Brel
, le 12.05.2016 à 21:34
Tiens. . . pendant que nous y sommes . . . .
Qui veux créer un EMS ou l’on se marre :) ?
(EMS = prison médicalisé pour vieux )