Adop­tez un gecko !

Chaque année, lorsque nous ré­in­té­grions notre mai­son ita­lienne, nous de­vions ef­fec­tuer un grand net­toyage: les arai­gnées et, en gé­né­ral, les in­sectes de toutes sortes avaient pris pos­ses­sion des lieux.

Du­rant la belle sai­son, nous par­ta­gions notre ha­bi­ta­tion avec des êtres pas tou­jours très sym­pa­thiques; cer­tains in­of­fen­sifs comme ceux-ci par exemple:

Scut2

Scu­ti­gère vé­loce (© thier­ry2478/fli­ckr)

qui courent la nuit sur tous les murs (et c'est vrai qu'ils sont vé­loces!). Nous en ren­con­trions plu­sieurs toutes les nuits et ils pous­saient l'af­fec­tion jus­qu'à venir nous grim­per des­sus lorsque nous dor­mions. D'autres, ap­pa­rem­ment plus gê­nants mais tout aussi in­of­fen­sifs, se re­trou­vaient par­fois dans nos chaus­sures:

scorpion

petit scor­pion noir

ainsi qu'une lé­gion d'arai­gnées, de pu­naises sans par­ler des mouches et des mous­tiques.

Nous avions bien sûr adopté les ri­deaux conseillés par le boss mais la lutte sem­blait vaine.

Il y a trois ans, j'avais re­mar­qué la pré­sence de ge­ckos dans cer­taines ruines si­tuées dans le fond de la val­lée.

Geckos toscans

Ge­ckos tos­cans (2013)

Il y a deux ans, on en trou­vait un peu plus haut sur les col­lines... et l'an­née pas­sée, ils ont com­mencé à ap­pa­raître chez nous (la mai­son est si­tuée à 350 mètres d'al­ti­tude).

Lors de mes voyages sous les tro­piques, j'ai tou­jours consi­déré les ge­ckos comme des com­pa­gnons agréables et dian­tre­ment utiles. Leur pré­sence, dans ma chambre, était sy­no­nyme de som­meil tran­quille puis­qu'ils s'oc­cu­paient, à leur ma­nière, d'éra­di­quer les nui­sibles pi­queurs...

A ce sujet, sa­vez-vous que dans la pre­mière moi­tié du 20 ème siècle, on a im­porté des quan­ti­tés de ge­ckos à New-York pour com­battre les ca­fards et ça a très bien fonc­tionné. Mal­heu­reu­se­ment, après quelques an­nées, les pes­ti­cides et l'hu­mi­dité en eut rai­son... et les ca­fards ont fini par ga­gner.

Heu­reu­se­ment, en Tos­cane, il ne fait pas trop hu­mide et le ré­sul­tat c'est la pré­sence ras­su­rante de ceux-ci:

G_4

sur la porte de la salle de bain

G_2

G_1

au des­sus de la porte d'en­trée

Gecko

dans l'es­ca­lier

Gecko

sur les murs ex­té­rieurs

Ce sont des Ta­rentes de Mau­ré­ta­nie dont l'aire de ré­par­ti­tion est si­tuée sur les rives de la Mé­di­ter­ra­née et qui, grâce aux mo­di­fi­ca­tions cli­ma­tiques, de­viennent com­muns au­tour de notre mai­son.

Ma seule an­goisse, ce se­rait qu'en­core une fois, nous ayons un autre vi­si­teur sym­pa­thique comme celui qui nous a rendu vi­site la se­maine pas­sée et que nous avons re­trouvé sur le ven­tilo de notre chambre (ce­lui-là aussi, il doit aimer les ge­ckos).

SB3_6973

Petit duc "scops"

De­puis que les ge­ckos ha­bitent chez nous, c'en est fini des sales bes­tioles. Quand j'ar­rive, à la fin de l'hi­ver, la mai­son est nette comme si nous ve­nions de la quit­ter.

C'est pour­quoi, si vous vivez dans des en­droits dont les condi­tions cli­ma­tiques leur sont fa­vo­rables et si vous en ren­con­trez, je ne peux que vous don­ner ce conseil: "adop­tez un gecko !"

Sup­plé­ment:

Petit Duc "Scops"

Petit Duc "Scops"

Petit Duc "Scops" juvéniles

Petit Duc "Scops" ju­vé­niles

SB3_6981

Petit Duc "Scops"

20 com­men­taires
1)
Franck Pas­tor
, le 16.05.2016 à 09:10

Les scu­ti­gères, je connais­sais. Ils contri­buent aussi à nous dé­bar­ras­ser des in­sectes nui­sibles, d’ailleurs… mais bon sang, leur as­pect m’a tou­jours fait fré­mir ! Toutes ces pattes ! :-0 Un gecko fait plus sympa en ap­pa­rence, c’est sûr !

2)
Guillôme
, le 16.05.2016 à 10:02

L’adop­tion de Gecko est in­ter­dite car c’est une es­pèce pro­té­gée! Cet ar­ticle est hon­teux au re­gard de l’acte illé­gal qu’il pré­co­nise.

Oui, tu vas me dire que c’est légal dans ton pays, la belle ex­cuse! Que di­rais-tu si je vo­lais le sac à main de vieilles dames dans des su­per­mar­chés?

Merci de li­bé­rer im­mé­dia­te­ment tous tes Gecko!
D’ailleurs, si un avo­cat nous lit et connait le droit in­ter­na­tio­nal d’adop­tion des Gecko (au ha­sard Fran­çois Char­let), merci de nous confir­mer cette in­ter­dic­tion. Les autres, si vous n’êtes pas ju­ristes et n’avaient pas un di­plôme sur le droit des Gecko, vous n’êtes pas au­to­ri­sés à pos­ter un com­men­taire.

Je ne pen­sais pas un jour lire un tel ar­ticle sur Cuk.​ch, je suis déçu mais déçu!

Pour ceux qui s’in­ter­ro­ge­raient sur ma santé men­tal, cela est une ré­ac­tion hu­mo­ris­tique au re­gard des com­men­taires qu’ont gé­néré mon ré­cent ar­ticle ;) Merci pour ton ar­ticle Guru, très sympa, sur­tout la mini chouette sur le ven­tilo! Tu es chan­ceux d’avoir ces su­perbes ani­maux dans ta de­meure. Bon week-end de Pen­te­côte à tous ceux qui sont concer­nés!

3)
pter
, le 16.05.2016 à 10:18

Dans ma mai­son de Ma­nille: 3 ge­ckos. Un must. Pre­mière fois (il y a 20 ans) je vou­lais éra­di­qué une grosse bête qui fai­sait un raf­fut la nuit et qui cou­rait sur le pla­fond de la vé­randa (ca émet un bruit assez fort) …et mon épouse (Phi­lip­pines) m’a fait le topo sur le bien­fait de la bé­bête…. De­puis, je les at­tends tout les soirs comme une part de mon clan.

4)
guru
, le 16.05.2016 à 10:26

@ Franck: avant que tu trouves un gecko à Bxl, la Flandre sera sous eau…

@ pter: Oh oui, en Asie ils sont très bruyants, ici, par contre, on ne les en­tend ja­mais…

@ guillôme: je vais donc lais­ser toutes mes portes ou­vertes pour ne pas être taxé de cap­ture de gecko. Mais c’est vrai que l’es­pèce est pro­té­gée et qu’on n’a pas le droit de les cap­tu­rer… C’est pa­reil pour les cou­leuvres et, mal­heu­reu­se­ment, ici, les gens les tuent sou­vent.

5)
dj­trance
, le 16.05.2016 à 11:46

Guillôme, j’adore 😂😂😂

6)
Tom25
, le 16.05.2016 à 11:56

Les Scu­ti­gères sont parmi les rares ani­maux qui me donnent des fris­sons quand je les vois. Et ce sont les seuls in­sectes que je tue quand j’en vois chez moi. Tous les autres je les at­trapes vi­vants entre un verre et un pa­pier car­tonné pour les re­mettre de­hors. Mais ceux-là vont beau­coup trop vite. De plus, je pen­sais que ça pi­quait de ma­nière assez sé­vère, que c’était un genre de sco­lo­pendre, donc c’est faux semble t’il.

7)
gran­de­gigue
, le 16.05.2016 à 12:09

Merci pour cet ar­ticle très in­té­res­sant! Est-ce qu’on a le droit d’avoir les pho­tos en plus grand, en par­ti­cu­lier celle du petit duc qui est vrai­ment gé­niale?

8)
Roger Bau­det
, le 16.05.2016 à 13:04

Gé­nial, le petit duc.
As-tu aussi l’image quand tu as mis le ven­ti­la­teur en marche?

9)
Gr@g
, le 16.05.2016 à 14:24

Je suis aussi pre­neur des images en plus grands!
Mais éga­le­ment d’un gecko parce que j’en ai marre de toutes ces bes­tioles qui rentrent dans ma mai­son! Seule­ment, je ne sais pas si la Broye convien­drait comme ha­bi­tat!

10)
Jean Claude
, le 16.05.2016 à 16:39

Très in­té­ressé par cet ar­ticle.
Pos­sé­dant une vieille ruine en Es­pagne (505 m d’al­ti­tude) et ayant de nom­breux pro­blèmes avec arai­gnées, mouches, etc je vou­drai sa­voir ou m’adres­ser pour rem­plir un for­mu­laire d’adop­tion. Je suis prêt à en prendre 3, 4 s’il sont de la même fa­mille.
S’oc­cupent-ils des sou­ris éga­le­ment ? Si oui j’en prends 12 !

11)
M.G.
, le 16.05.2016 à 20:00

Merci guru pour cette ré­ha­bi­li­ta­tion du gecko qui le rend bien sym­pa­thique et lui rend sa place dans la mai­son.

Au Sé­né­gal, le gecko est consi­déré comme mal­fai­sant par les na­tifs du pays puis­qu’il est as­so­cié à toutes sortes de lé­gendes ma­lé­fiques : dans une cui­sine, il est ca­pable d’em­poi­son­ner les plats en uri­nant des­sus. S’il tombe dans un puits, l’eau de ce­lui-ci de­vient im­bu­vable parce qu’elle est dé­sor­mais em­poi­son­née. Quant au simple contact avec un gecko tombé du pla­fond, il risque de pro­vo­quer des brû­lures cu­ta­nées très dou­lou­reuses.

Bref, c’est la bête noire de la mai­son. Si un gecko est dé­cou­vert dans une ha­bi­ta­tion, une vé­ri­table hys­té­rie s’em­pare de la gent do­mes­tique qui n’a de cesse qu’il en soit chassé, le but final étant de l’oc­cire à coup de balai, de pré­fé­rence dans le jar­din.

Je ne m’aven­tu­re­rai pas dans une ex­pli­ca­tion sur cette pho­bie col­lec­tive du gecko. Je n’ai pas les connais­sances so­cio­lo­giques et psy­cho­lo­giques né­ces­saires pour une telle ana­lyse.

En re­vanche et parce que je suis cu­rieux de tout ce que la na­ture nous offre comme phé­no­mènes ex­tra­or­di­naires, le gecko m’a tou­jours étonné par la fa­culté qu’il a de se dé­pla­cer sur toutes les sur­faces lisses, que ce soit sur les murs car­re­lés de nos cui­sines et même en sous-face peinte du pla­fond !

J’ai vite constaté qu’à la place des griffes dont sont do­tées les pattes des lé­zards, le gecko dis­pose de ven­touses qui lui per­mettent d’adhé­rer à la sur­face sur la­quelle il se dé­place.

C’est en dé­cou­vrant une nuit dans ma cui­sine un gecko adulte et bien gras que je me suis posé la ques­tion de sa­voir de quoi il pou­vait bien se nour­rir.

J’ai com­pris lorsque j’ai ins­tallé une pe­tite ca­méra in­fra-rouge re­liée à mon Mac : il fes­toyait gaie­ment et gou­lû­ment de tous les ca­fards qui en­va­his­saient ma cui­sine dès les lu­mières éteintes !

De ce jour, j’ai pro­mis les pires châ­ti­ments di­vins aux do­mes­tiques si par mal­heur le gecko dis­pa­rais­sait. Les dé­penses en in­sec­ti­cides di­vers ont dras­ti­que­ment di­mi­nué et les ca­fards ont dis­paru du plan de tra­vail de ma cui­sine…

12)
Mo­dane
, le 16.05.2016 à 20:59

Sympa, la sym­biose…

> JC : pour les sou­ris, c’est plu­tôt le Grand Duc… En pa­quets de trois, condi­tion­ne­ment bio dé­gra­dable…

13)
dpesch
, le 16.05.2016 à 21:59

Des ge­ckos j’en ai fré­quenté en Grèce et à la Réunion. Ils étaient dans les deux en­droits ex­trê­me­ment ef­fi­caces contre les in­sectes en tout genre. Sauf les arai­gnées réunion­naises qui sont trop grosses pour lui la plu­part du temps et par­fai­te­ment in­of­fen­sives pour les hu­mains. Ceux qui ha­bi­taient avec nous dans les Hauts de Saint-Paul étaient très peu fa­rouches et ils se lais­saient ap­pro­cher sans sou­cis si l’on était assez fur­tifs.
Merci Guru pour ce joli ar­ticle sur ces ani­maux qui sont tel­le­ment utiles et sym­pa­thiques de sur­croît.

14)
Ma­dame Pop­pins
, le 16.05.2016 à 22:49

Guru,

Ton billet pré­sente un seul dé­faut : t’as ou­blié de mettre le plan pour te trou­ver, la mai­son semble être prête à re­ce­voir du monde mais le pays est grand ;-)

15)
Tom25
, le 17.05.2016 à 08:20

Mme Pop­pins, tu veux concur­ren­cer le Gecko, toi aussi tu manges les ca­fards ? :-)

16)
Ma­dame Pop­pins
, le 17.05.2016 à 09:36

Tom25, le ca­fard, je l’ai par­fois mais de là à le man­ger, fau­drait que j’es­saie : peut-être que grillé ?

17)
Zal­lag
, le 17.05.2016 à 11:13

@ M.G, l’Afri­cain, comm. 11

Le bio­lo­giste que je suis va te pas­ser un ar­ticle scien­ti­fique sur les pattes du gecko, une mer­veille d’in­gé­nié­rie na­tu­relle. Ce ne sont pas des ven­touses, mais des poils mi­cro­sco­piques vi­sibles en mi­cro­sco­pie élec­tro­nique. L’ef­fet semble être élec­tro­sta­tique, ce qui per­met un col­lage et un dé­col­lage hy­per­ra­pide entre la sur­face et la patte. Un mo­ment, je vais re­cher­cher dans Pour La Science, revue à la­quelle je suis abonné de­puis des dé­cen­nies, c’est le pen­dant de la revue amé­ri­caine Science. Il y avait sauf er­reur un ar­ticle sur le sujet.
Comme tu penses, les in­gé­nieurs on tenté de co­pier ça, comme ils ont fait l’étude de l’effet lotus qui a per­mis une ap­pli­ca­tion à des pein­tures im­pos­sibles à salir.
Voilà, pour le gecko, c’est .

18)
guru
, le 17.05.2016 à 17:39

Dé­ci­dé­ment, les rep­tiles sont pleins de sur­prises. Je connais­sais les conclu­sions de l’ar­ticle (merci Zal­lag) sur l’adhé­rence des ge­ckos mais main­te­nant c’est beau­coup plus clair.

Les tri­tons, qui ne sont pas des rep­tiles mais des ba­tra­ciens, sont éga­le­ment des êtres ex­tra­or­di­naires puis­qu’ils sont ca­pables, après abla­tion d’un membre, de le re­cons­ti­tuer en en­tier, chaque cel­lule re­créant la cel­lule qu’elle rem­place. Cha­cune étant de fait une cel­lule souche. Des labos étu­dient les sa­la­mandres et les tri­tons car le com­pré­hen­sion de ce phé­no­mène ou­vri­rait des portes in­croya­ble­ment pro­met­teuses à la chi­rur­gie.

@ Jean Claude, je confirme ce que dit Mo­dane. Un ami vé­té­ri­naire m’a dit, si tu veux des hi­boux chez toi, tu dois avoir des sou­ris…

19)
Jean-Yves
, le 17.05.2016 à 19:51

Réel plai­sir à lire un ar­ticle trai­tant de très hautes tech­no­lo­gies d’adap­ta­tion dont nous ne sommes au­cu­ne­ment res­pon­sables;o

Es­pé­rons que la photo de cette Scu­ti­gère vé­loce, nous ren­voyant à des peurs noc­turnes et ir­ra­tion­nelles, aura sol­li­cité les meilleurs mo­teurs de re­cherche.
Ça of­fri­rait un répit à l’une de ces nom­breuses et re­mar­quables bes­tioles qui, de­puis près de 550 mil­lions d’an­nées, comme plein d’autres ar­thro­podes, évo­luent se­crè­te­ment et nous fa­ci­litent le quo­ti­dien en fai­sant dis­crè­te­ment le mé­nage pen­dant que nous rê­vons…

Aparté in­ter­ro­ga­tif :
Si les loups s’étaient aussi bien adap­tés, de­man­de­rait-on à des ap­pa­reils chè­re­ment ma­nu­fac­tu­rés de pour­chas­ser des mou­tons sous les meubles :D

Et merci pour cette sug­ges­tion de lien vers la science ;-)

20)
M.G.
, le 18.05.2016 à 10:25

Ce ne sont pas des ven­touses, mais des poils mi­cro­sco­piques vi­sibles en mi­cro­sco­pie élec­tro­nique. L’ef­fet semble être élec­tro­sta­tique, ce qui per­met un col­lage et un dé­col­lage hy­per­ra­pide entre la sur­face et la patte.

Merci pour cette pré­ci­sion quant à la mor­pho­lo­gie par­ti­cu­lière de ces pattes qui semblent vrai­ment être col­lées sur le sup­port, comme les ven­touses d’un poulpe sur son ro­cher.

L’ar­ticle que tu com­mu­niques en lien est ab­so­lu­ment pas­sion­nant et su­per­be­ment illus­tré… Rien à voir avec les ven­touses du poulpe, en effet. La na­ture s’avère dé­ci­dé­ment d’une in­ven­ti­vité fa­bu­leuse…