Lo­carno fait son ci­néma (2)

Au fond, je m’étais dit que cette deuxième chro­nique (vous pou­vez lire la pre­mière ici) sur le fes­ti­val du film de Lo­carno se­rait consa­crée aux films suisses. Mais rien à faire: le point fort de ce fes­ti­val reste, me semble-t-il, le thème “News­front”, c’est-à-dire la ré­tros­pec­tive sur le jour­na­lisme et les jour­na­listes, et sur­tout le pro­lon­ge­ment de la ré­tros­pec­tive jusque dans l’ac­tua­lité. Je vais donc vous par­ler des films sur les jour­na­listes que j’ai par­ti­cu­liè­re­ment aimés. Il faut croire que je n’étais pas la seule en­thou­siaste, car pour beau­coup de ces films, il a fallu faire des séances sup­plé­men­taires afin que tous les in­té­res­sés puissent les voir.

Kon­ge­ka­bale (Échec au roi)

Je com­men­ce­rai par un film de fic­tion:Kon­ge­ka­bale, qu’on peut tra­duire par “Échec au roi” du Da­nois Ni­ko­laj Arcel. Le mot fic­tion est en fait à prendre avec des pin­cettes, car on ap­prend vite que ce film est basé sur un roman de Nils Krause-Kjaer. Cet écri­vain da­nois a écrit son livre peu après avoir quitté son job de res­pon­sable des re­la­tions pu­bliques du Parti conser­va­teur da­nois, qui était alors dé­chiré par un conflit fé­roce de pou­voir entre les dif­fé­rentes ailes du parti.

Le film montre ce dont sont ca­pables des po­li­ti­ciens qui veulent le pou­voir à tout prix: leur pre­mière vic­time est la femme qui fe­rait le meilleur des pre­miers mi­nistres. Ces mes­sieurs n’en veulent pas, et leurs porte-pa­role or­ga­nisent une cam­pagne dont les ar­gu­ments sont in­ven­tés de toutes pièces: le mari de la dame au­rait dé­tourné des fonds des­ti­nés à un hô­pi­tal au Cam­bodge. Le mari est à tel point per­sé­cuté qu’il se sui­cide, après quoi tout le monde admet qu’il était in­no­cent.

Un jour­na­liste, dé­bu­tant bien­tôt lâché par sa ré­dac­tion, est le seul à vou­loir dé­cou­vrir la vé­rité. Je ne vous ra­con­te­rai pas la fin, et com­ment le jour­na­liste venge le pauvre sui­cidé, c’est ma­gni­fique. Le jour­na­liste est le per­son­nage cen­tral du film.

Il illustre ma­gni­fi­que­ment ce que di­sait un des vrais jour­na­listes pré­sents au fes­ti­val, Ro­bert Fisk, un An­glais grâce au­quel nous sa­vons des choses sur la guerre en Irak que nous igno­re­rions sans lui – de­puis 18 mois il est à Bag­dad, en pre­mière ligne:“On ne peut pas consi­dé­rer le jour­na­lisme comme n’im­porte quel job, em­ployé de banque ou conduc­teur de bus par exemple. Il faut qu’à l’ins­tar des pro­fes­sions mé­di­cales il y ait une part de vo­ca­tion. Etre jour­na­liste, avoir la chance de voir les choses, et n’être qu’un valet du pou­voir, ce n’est pas seule­ment scan­da­leux, c’est in­com­pré­hen­sible.”

How Ar­nold won the West (Com­ment Ar­nold a conquis l’Ouest)

Ce n’est pas pré­ci­sé­ment un film sur les jour­na­listes, mais en même temps c’en est un: il ra­conte com­ment un illet­tré po­li­tique de­vient gou­ver­neur d’un des plus grands états du monde (la Ca­li­for­nie) à la suite d’une vé­ri­table conspi­ra­tion. Et com­ment, bien que ce soit plu­tôt à l’ar­rière-plan, la presse est en par­tie sa com­plice. Il faut voir ces confé­rences de presse où à toutes les ques­tions, Schwar­ze­neg­ger a une ré­ponse toute prête. Bien que le mot ne soit pas pro­noncé, le spec­ta­teur constate à quel point tout le pro­ces­sus de des­ti­tu­tion du gou­ver­neur élu par le scru­tin po­pu­laire, et son rem­pla­ce­ment par un homme qui, en aucun cas ne pourra faire mieux que lui, est an­ti­dé­mo­cra­tique. On as­siste à une vé­ri­table dé­rive: la tête de l’élu ne vous plaît pas, on le rem­place par un autre qui sait s’y prendre avec les écrans, mais ne connaît rien à la po­li­tique. On constate au­jour­d’hui que M. Schwar­ze­neg­ger n’avait pas de so­lu­tion mi­racle, et que les pro­blèmes qui ont sus­cité le mé­con­ten­te­ment po­pu­laire sont tou­jours là. Ce que le film montre aussi, c’est que l’élec­tion d’Ar­nold S. a été ob­te­nue avec beau­coup, beau­coup d’ar­gent. La dé­mo­cra­tie, dans tout ça, était bien ané­mique.

Control Room

J’ai déjà dit deux mots sur ce film dans ma pre­mière chro­nique, mais à ce mo­ment-là il n’avait pas en­core été pro­jeté, donc je ne l’avais pas vu. De­puis, je l’ai vu deux fois et j’ai dis­cuté avec sa réa­li­sa­trice.

Il s’agit d’un do­cu­men­taire tourné à Doha, au Qatar, où étaient ba­sées toutes les agences de presse et où se trou­vait le quar­tier gé­né­ral amé­ri­cain (Cent­Com) pen­dant la conquête de l’Irak par les Amé­ri­cains.

La réa­li­sa­trice est mi-égyp­tienne, mi-amé­ri­caine, c’est-à-dire à l’aise dans les deux mondes.

Elle donne à voir ce que les Amé­ri­cains n’ont ja­mais vu: com­ment fonc­tionne la chaîne TV Al-Ja­zeera, qua­li­fiée par eux de “Porte-pa­role de Osama ben Laden” ou de “TV des Ta­li­bans”.

Les jour­na­listes arabes sont confron­tés aux jour­na­listes amé­ri­cains et eu­ro­péens, ainsi qu’au porte-pa­role de l’ar­mée amé­ri­caine, un lieu­te­nant in­tel­li­gent et sen­sible: plus le temps passe, plus il se pose de ques­tions. La réa­li­sa­trice le suit, lui aussi, pas à pas.

Al-Ja­zeera ne fait pas sem­blant, com­ment tant de chaînes le pré­tendent, d’être “im­par­tiale et juste”. Elle prend parti (tout comme, en dépit de leurs af­fir­ma­tions, l’ont fait, de l’autre côté, les chaînes amé­ri­caines). Elle sou­lève des pro­blèmes du genre:“Pour finir, il va fal­loir trou­ver une so­lu­tion qui ne pré­tende pas sou­mettre quel­qu’un à coups de bombes: dé­mo­cra­ti­sez-vous, ou on vous tue. Qu’est-ce qu’on est censé faire, après cela? Dire: oui, merci?”

On s’aper­çoit vite que les jour­na­listes arabes font leur job comme tous les autres. Porte-pa­role d’Osama ben Laden? Pas du tout: “Nous re­ce­vons plu­sieurs cas­settes par se­maine de l’en­tou­rage de ben Laden. Nous les vé­ri­fions toutes pour leur au­then­ti­cité, et si elles sont au­then­tiques, nous ne dif­fu­sons que ce qui est po­li­tique – vous de­vriez en­tendre les prêches qu’on nous en­voie. Nous dif­fu­sons des frag­ments tout comme la TV amé­ri­caine dif­fuse des frag­ments de ce que disent des per­sonnes qui in­té­ressent l’opi­nion pu­blique.”

Ce qui res­sort bien de ce film, c’est l’ex­cep­tion­nel évé­ne­ment que re­pré­sente pour le Moyen-Orient la simple exis­tence de cette chaîne TV: elle ne prend d’ordres de per­sonne, n’ac­cepte au­cune cen­sure. Et parce qu’elle a dit aux té­lé­spec­ta­teurs de tous les pays arabes des choses qu’ils n’avaient ja­mais en­ten­dues, parce qu’elle les in­forme, elle est mal vue aussi des di­ri­geants dic­ta­to­riaux d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

“Les Amé­ri­cains nous traitent de ven­dus à Osama ben Laden, les pays arabes nous re­prochent d’être ven­dus aux Amé­ri­cains: il faut croire que nous fai­sons quelque chose de juste, sinon tout le monde se fi­che­rait de nous,” dit Has­san Ibra­him, jour­na­liste po­li­tique bri­tan­nico-sou­da­nais, un des ani­ma­teurs de la chaîne. Lui aussi, connaît les deux mondes (il a long­temps tra­vaillé à la BBC). Et il le dit clai­re­ment:“Ne fai­sons pas sem­blant, l’ob­jec­ti­vité, ça n’existe pas. On a tou­jours un point de vue.” Re­con­naître cela, c’est sans doute une des meilleures ga­ran­ties qu’un jour­na­liste puisse of­frir au pu­blic: oui, il a un point de vue. Et il le montre, pour que cha­cun puisse faire la part des choses et juger pour soi-même.

The Hun­ting of the Pre­sident (La chasse au pré­sident)

 

Le pré­sident qu’on pour­chasse, c’est Bill Clin­ton.

Ce film, ve­nant après celui sur Ar­nold Schwar­ze­neg­ger et sa cam­pagne de Ca­li­for­nie, donne à ré­flé­chir. Nous vi­vons une époque étrange. Non seule­ment on change le gou­ver­neur d’un État sur un mou­ve­ment d’hu­meur, non seule­ment on triche aux urnes au point que fi­na­le­ment, celui qui se re­trouve à la tête du pays, c’est celui qui avait 500'000 voix de MOINS que l’autre. The Hun­ting of the Pre­sident va plus loin: il y a eu une conspi­ra­tion qui date d’AVANT son élec­tion pour que Bill Clin­ton ne de­vienne pas pré­sident, et une fois qu’il l’est tout de même de­venu, pour faire en sorte qu’il ne le reste pas. Les Ré­pu­bli­cains étaient à la Mai­son Blanche de­puis si long­temps, qu’ils ne vou­laient pas la lâ­cher. Leur pro­jet, était et reste, en somme, de confis­quer la dé­mo­cra­tie à leur pro­fit. Ils étaient et sont tou­jours (avec John Kerry) prêts à tout pour cela. On a ac­cusé les Clin­ton de tout: la plu­part des bruits d’aven­tures sexuelles n’étaient que du vent, mais on a aussi pré­tendu qu’ils s’étaient ren­dus cou­pables de mal­ver­sa­tions fi­nan­cières, on les a même ac­cu­sés de meurtre. Hil­lary Clin­ton a dit un jour qu’ils avaient été vic­times d’une conspi­ra­tion, et tout le monde s’était écrié qu’elle était pa­rano. The Hun­ting of the Pre­sident do­cu­mente pré­ci­sé­ment cette conspi­ra­tion, fi­nan­cée à coups de mil­lions par la droite dure.

Une en­quête qui a duré trois ans et coûté 50 mil­lions de dol­lars n’a rien ré­vélé à la charge du Pré­sident, sinon une aven­ture fu­gace avec une sta­giaire. Ce qu’on ne sou­ligne ja­mais assez, c’est que pen­dant tout ce temps Bill Clin­ton est resté un homme d’État.

J’ai lu le livre de Ri­chard Clarke “Against all Ene­mies” (il doit avoir paru en fran­çais entre-temps) sur la guerre au ter­ro­risme avant et après George Bush: ce n’est pas pour ça que le livre est écrit, mais le por­trait de Bill Clin­ton qui se dé­gage en fi­li­grane, et que le film confirme, c’est celui d’un homme qui s’in­forme, d’un vé­ri­table ser­vi­teur de l’État, qui ne tra­vaille pas pre­miè­re­ment à son en­ri­chis­se­ment per­son­nel et qui se fait des en­ne­mis parce qu’il re­fuse d’opé­rer selon le prin­cipe du fa­vo­ri­tisme des co­pains.

Je sais qu’ici je vais faire gueu­ler tous les an­ti­amé­ri­cains vis­cé­raux. De faire ces consta­ta­tions, ce n’est pas dire qu’on est d’ac­cord sur la ma­nière dont cet homme-là a servi l’État. Mais il reste néan­moins im­por­tant de voir que tout a été en­tre­pris par ceux qui sont au gou­ver­ne­ment au­jour­d’hui, pour que des hommes dés­in­té­res­sés sur le plan per­son­nel (Al Gore l’était sans aucun doute aussi) ne tiennent pas les rênes du pays – avec eux, c’est cer­tain, il n’y au­rait pas eu de guerre en Irak.

Le bilan

C’est là le grand mé­rite du Fes­ti­val de Lo­carno 2004: il a per­mis des ré­flexions de ce genre, et de nom­breux dé­bats. Plu­sieurs tables rondes, au­tour des­quelles se sont as­sises des som­mi­tés du jour­na­lisme mon­dial, ont pro­longé le ci­néma et per­mis la dis­cus­sion. Et contrai­re­ment à ce qu’on pense sou­vent, films et dé­bats ont per­mis de consta­ter qu’on ne peut pas dire des jour­na­listes:“Tous pour­ris” (comme le font cer­tains com­men­taires à ma pre­mière hu­meur de Lo­carno). Il y a ceux qui ont la vo­ca­tion, et ceux qui sont prêts à tout pour s’en­ri­chir. C’est grâce à ceux qui se donnent à fond que l’on finit par sa­voir ce que les gou­ver­ne­ments veulent nous ca­cher. Carl Bern­stein, le cé­lèbre jour­na­liste du Wa­shing­ton Post dont le tra­vail acharné a ex­posé les men­songes du pré­sident Nixon et l’a forcé à la dé­mis­sion met­tait en garde:“Il ne faut pas condam­ner le mes­sa­ger parce qu’il amène un mes­sage qu’on n’aime pas. Il faut chan­ger le mes­sage, et chaque ci­toyen a ce pou­voir-là, avec son bul­le­tin de vote.”

10 com­men­taires
1)
To­TheEnd
, le 17.08.2004 à 01:43

[Ce qui suit n’est que mon avis et rien d’autre… Il n’a même pas la pré­ten­tion d’ap­por­ter une so­lu­tion, tout au plus un constat. J’es­père qu’il ne fâ­chera per­sonne. Ok?]

Hé­hé­héhé… je me sens un peu visé dans le der­nier pa­ra­graphe (que très lé­gè­re­ment, je veux pas faire de pa­rano)…

Sans vou­loir faire de po­lé­mique, Bern­stein tra­vaille au­jour­d’hui pour le USA Today, un jour­nal qui n’a pas tel­le­ment remis en ques­tion la po­li­tique de Bush et de ses aco­lytes ces 4 der­nières an­nées… (Bern­stein ex­prime sou­vent ses convic­tions, mais pas for­cé­ment dans le jour­nal dans le­quel il tra­vaille… cher­chez l’er­reur).

Bien sûr, au­jour­d’hui à la veille des élec­tions, tout le monde s’ex­cite là-bas et même des jour­naux comme le Wa­shing­ton Post (pro ré­pu­bli­cains jus­qu’à la mort) ont fait leur mea culpa le 12 août der­nier vis-à-vis de la façon dont ils ont traité les in­for­ma­tions « spon­so­ri­sées » par Bush & Co.

On ne sait ja­mais, dans 3 mois il risque d’y avoir de gros chan­ge­ments à la mai­son du Texas (heu, je vou­lais dire blanche).

Le fait est qu’il y a en­core 1 an, 72% des ri­cains pen­saient qu’il y avait un lien entre Hus­sein et les at­ten­tats de sep­tembre 2001… il sont en­core plus de 50% au­jour­d’hui… en­core un fois, il faut cher­cher l’er­reur. Je sais que le ri­cain à un ni­veau in­tel­lec­tuel bas à force de man­ger des bur­gers, mais pour ar­ri­ver à convaincre au­tant de gens, il faut quand même bien biai­ser l’in­for­ma­tion ou je me trompe?

En conclu­sion, ce fes­ti­val de Lo­carno a peut-être per­mis à beau­coup de jour­na­listes de se gar­ga­ri­ser entre eux… Mais pour ce qui est d’ap­por­ter un chan­ge­ment dans la façon dont l’in­for­ma­tion est trai­tée et dif­fu­sée au­jour­d’hui, je pense qu’on est en­core loin du compte.

Si on doit com­men­cer à re­gar­der 4 films par année pour avoir une autre vi­sion de l’ac­tua­lité et bien je ne trouve pas qu’on est sur la bonne voie.

Jour­na­lisme: re­pose en paix. Ci­néma: oui, avec des Pop­corn et du Coca, merci.

T

2)
Franck_­Pas­tor
, le 17.08.2004 à 07:00

Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que la plu­part des gens votent pour celui qui pré­sente le mieux, qui passe le mieux à la té­loche, qui parle le mieux. Le pro­gramme ? Ils s’en foutent. Si les mé­dias y sont ef­fec­ti­ve­ment pour quelque chose, le pu­blic est aussi lar­ge­ment de­man­deur, à mon avis.

Franck (un peu désa­busé)

3)
Fran­çois Cuneo
, le 17.08.2004 à 08:52

Hihi, l’ad­mi­nis­tra­tion Bush qui met en doute ce matin la lé­gi­ti­mité du ré­fé­ren­dum au Ve­ne­zuela!

Il y en a qui n’ont pas peur du ri­di­cule!!

4)
marc­su­blet
, le 17.08.2004 à 12:42

Hihi, l’ad­mi­nis­tra­tion Bush qui met en doute ce matin la lé­gi­ti­mité du ré­fé­ren­dum au Ve­ne­zuela!

Il y en a qui n’ont pas peur du ri­di­cule!!

C’est pas du ri­di­cule, c’est du fou­tage de gueule ! Y’en a marre de ce c***ard hy­per-li­bé­ral et qui est prêt à tout pour s’en­ri­chir lui et ses potes ac­tifs dans le pé­trole, les armes et le pharma…

shub

5)
al1
, le 17.08.2004 à 14:24

« celui qui se re­trouve à la tête du pays, c’est celui qui avait 500’000 voix de MOINS que l’autre »

C’est pas pour po­lé­mi­quer, on a tous en gros le même point de vue sur Bush, on sait que c’est un en­foiré, un tri­cheur qui n’au­rait ja­mais dû être pré­sident, mais ce chiffre, il vient d’où ? Com­ment peut-on sa­voir, si 500 000 voix n’ont pas été prises en compte, pour qui ils au­raient voté ? Vous direz que je chi­pote, mais je trouve im­por­tant de don­ner des ar­gu­ments à peu près ir­ré­pro­chables, sinon c’est anti-pro­duc­tif. Mais peut-être que je suis pas au cou­rant, merci de ne pas me lais­ser mou­rir idiot ! ;o)

Deuxième re­marque, je suis d’ac­cord avec TTE, « Si on doit com­men­cer à re­gar­der 4 films par année pour avoir une autre vi­sion de l’ac­tua­lité et bien je ne trouve pas qu’on est sur la bonne voie »

Le vrai jour­na­lisme n’est ja­mais au 20h, y’a trop de monde qui re­garde.

Troi­sième re­marque, les va­cances étaient trop courtes, mais c’est pas de votre faute !

6)
Franck_­Pas­tor
, le 17.08.2004 à 14:34

al1, sur le total du nombre de voix prises en compte, en Flo­ride comme ailleurs, Bush avait quand même 500 000 voix de moins que Gore, mal­gré les ma­gouilles de son frère en Flo­ride. Mais il a été élu quand même pré­sident, car les élec­teurs n’élisent pas di­rec­te­ment leur pré­sident : en fait, les élec­teurs amé­ri­cains élisent un cer­tain nombre de « grands élec­teurs » par Etat, et ce sont ces « Grands Elec­teurs » qui élisent le pré­sident.

Et il faut sa­voir que le nombre de Grands Elec­teurs dans un Etat n’est pas for­cé­ment pro­por­tion­nel à la po­pu­la­tion de cet Etat !

Ainsi il peut y avoir une ma­jo­rité de grands élec­teurs ré­pu­bli­cains, sans qu’il y ait une ma­jo­rité d’élec­teurs ré­pu­bli­cains… Et Bush a été élu ainsi. Comme le dé­mo­crate Ken­nedy lui-même d’ailleurs en son temps, alors qu’il avait moins de voix que son rival d’alors, un cer­tain Nixon…

7)
marc­su­blet
, le 17.08.2004 à 15:25

En gros le sys­tème amé­ri­cain est ar­chaïque et dé­modé (50.1% des voix = 100% des voix des grands éléc­teurs), ils fe­raient mieux de voter à la pro­por­tion­nelle…

Mais on ne touche pas aux tra­di­tions !!! Comme par exemple la Consti­tu­tion… ils ne mo­di­fient pas les amen­de­ments, mais ils en ra­joutent…

shub

8)
Anne Cuneo
, le 17.08.2004 à 18:49

Bien sûr, To­theEnd, que c’est à toi que je pen­sais, dans la me­sure où tu avais déjà ex­primé ta désap­pro­ba­tion le plus clai­re­ment de tous.
Je suis dé­so­lée de de­voir te dire que je trouve ce que tu dis cette fois-ci en­core plus à côté de la plaque. Il y a des jour­na­listes à la botte, et il y en a qui ne le sont pas. Ce n’est pas si dif­fi­cile de les re­pé­rer si on ac­cepte de poser sur le monde un oeil qui n’est pas sys­té­ma­ti­que­ment né­ga­tif et désa­busé.
Mais ce n’est pas ici que je vais po­lé­mi­quer. Des ar­gu­ments comme les tiens ne donnent pas envie de dis­cu­ter.
Je vou­drais sim­ple­ment rap­pe­ler que quels que soient les man­que­ments de la presse, des cen­taines de jour­na­listes sont en pri­son à tra­vers le monde pour avoir dé­peint la réa­lité toute crue, et que des di­zaines d’entre eux (jour­na­listes et ca­me­ra­men) sont morts en ser­vice ces der­niers temps.
Al1: le chiffre de 500’000 ré­sulte du comp­tage exact des voix don­nées à cha­cun des can­di­dats qui a été fait après les élec­tions: c’est l’obs­ti­na­tion de jour­na­listes (hem) qui a per­mis ce re­comp­tage, que l’ad­mi­nis­tra­tion Bush a tout fait pour em­pê­cher. Le film de Mi­chael More (en­core un jour­na­liste!) Fa­ren­heit 9/11 ex­plique bien com­ment le tour de passe passe a été exé­cuté. En plus, il y a la ma­nière de faire, bien ex­pli­quée par Franck.

Anne

9)
To­TheEnd
, le 17.08.2004 à 22:21

Mmmhh… J’ai du bien mal m’ex­pri­mer si d’une part mes ar­gu­ments ne donnent pas envie de dis­cu­ter et de l’autre qu’ils sont à côtés de la plaque…

Fran­che­ment, je ne pense pas être aussi né­ga­tif et désa­busé… Le fait est que le monde jour­na­lis­tique dans son en­semble in­fluence de plus en plus de gens sans se sou­cier de sa source, des consé­quences et des in­fluences.

Dans mes re­marques, je ne dis pas qu’ils sont TOUS pour­ris. Au contraire, je fais re­mar­quer que s’il faut aller voir le film de quelques-uns par année, ça ne va pas contre ba­lan­cer tout ce qu’on re­çoit à lon­gueur de jour­née dans la gueule et ce, sur toute l’an­née…

Ce qui me fait hal­lu­ci­ner, c’est qu’on est tous té­moin de cette dé­rive, y com­pris les jour­na­listes, mais on se laisse aller et on ne fait rien. On fait juste re­mar­quer qu’il y a quand même de la ré­sis­tance…

J’ai­me­rais faire un pa­ral­lèle avec un autre monde: la mé­de­cine. Qu’est-ce que les gens pen­se­raient ou di­raient si, petit à petit, il y avait de plus en plus d’er­reurs de la part des mé­de­cins? Que de plus en plus de diag­nos­tiques étaient faux? Si les mé­de­cins com­mu­ni­quaient des ré­sul­tats aux ma­lades sans les avoirs vus? Etc, etc. Est-ce qu’on res­te­rait là, au bord de la route à dire: « Oui, mais cer­tains sauvent des gens et risquent leur vie à la guerre. » Et alors? Il fau­drait tous aller à la guerre pour se faire bien soi­gner?

Je n’ai pas d’ami mé­de­cin et pas fran­che­ment d’in­té­rêts dans cette pro­fes­sion qui connaît elle aussi, par­fois, des dé­rives. Tou­te­fois, cette pro­fes­sion a eu le cou­rage de se don­ner un cadre dans le­quel elle évo­lue et j’ai­me­rais en re­pro­duire une simple phrase ici: « L’Ordre des Mé­de­cins veille au main­tien des prin­cipes de mo­ra­lité, de pro­bité, de com­pé­tence et de dé­voue­ment in­dis­pen­sables à l’exer­cice de la mé­de­cine et à l’ob­ser­va­tion, par tous ses membres, des de­voirs pro­fes­sion­nels ainsi que des règles édic­tées par le Code de Dé­on­to­lo­gie prévu à l’Ar­ticle L. 4127-1 du pré­sent titre. »

Je ne dis pas qu’il n’y a pas de bre­bis gal­leuses chez les mé­de­cins, néan­moins, ils ont un cadre qui dé­fi­nit assez bien ce qu’ils ont le droit de faire ou non. C’est au moins une base, même si au­jour­d’hui, après 150 ans d’exis­tence, elle a peut-être du plomb dans l’aile.

Il pa­raît que le pré­sident Lula (Bré­sil) a donné son aval à un pro­jet de loi qui de­vrait per­mettre la créa­tion d’un conseil fé­dé­ral de jour­na­lisme. Ré­ac­tion des jour­na­leux? Le gou­ver­ne­ment veut « orien­ter, dis­ci­pli­ner et fis­ca­li­ser la pro­fes­sion ».

Bien sûr, Lula est le nou­veau Hit­ler dans la ré­gion et il veut mettre un peu d’ordre via son « mi­nis­tère de la pro­pa­gande » dans une pro­fes­sion qui a déjà perdu tout contrôle sur elle-même de­puis belle lu­rette.

Pour moi c’est simple (et c’est le mo­ment de conclure), je suis dé­solé que cer­tains jour­na­listes soient em­pri­son­nés ou tués pour nous rap­por­ter de l’in­for­ma­tion dans notre fau­teuil. Je le suis en­core plus que tant que le jour­na­lisme ne se re­met­tra pas en cause, il n’ob­tien­dra pas le sou­tien du pu­blic qui bouffe tout et n’im­porte quoi chaque jour via sa télé, jour­nal et radio.

Tant que le monde res­tera aveugle, nous ne sau­ve­rons per­sonne.

T

10)
In­connu
, le 20.08.2004 à 09:17

TTE, on peut ca­ri­ca­tu­rer grand nombre de pro­fes­sions, des po­li­ti­ciens (pas un vrai mé­tier, je vous l’ac­corde) aux ga­ra­gistes en pas­sant par les avo­cats et les jour­na­listes, mêmes les ven­deurs de micro in­for­ma­tique. Dans l’en­semble, les gens font bien leur bou­lot, avec dé­on­to­lo­gie. Il y a des bre­bis ga­leuses, nous en avons déja parlé concer­nant les jour­na­listes (mé­tier que je connais bien, mes pa­rents et grand pa­rents l’ayant exercé pen­dant 4 dé­cen­nies).

Les re­mises en ques­tion se font, et pour les jour­na­listes, la nou­velle guerre du Golfe a été l’oc­ca­sion de re­mettre un tant soit peu les choses à plat. En France, le livre sur le jour­nal Le Monde a se­coué ce petit monde, même s’il n’a pas pour au­tant réglé les pro­blèmes. Quand tu re­gardes avec ob­jec­ti­vité la si­tua­tion des jour­na­listes de­puis l’aprés-guerre, ils ont gagné la cré­di­bi­lité et le « droit » de cri­ti­quer le gou­ver­ne­ment en place, chose qui n’était même pas pen­sable à une autre époque. Les jour­na­listes ont pris conscience de leurs de­voirs, de leurs pou­voirs, de leurs res­pon­sa­bi­li­tés, même si le grand pu­blic n’en est pas tou­jours conscient. Par ailleurs, je fais la part des choses entre les jour­na­listes TV et ceux de la presse écrite, dans la­quelle il y a plus de plu­ra­lité et moins de be­soin de « pa­raître ».