Introduction
Il y a quelques semaines, je me suis rendu au Cisco Connection Days à Interlaken. Pendant deux jours, j'ai assisté à des conférences et des présentations très intéressantes, de quoi faire au moins 3 articles! Mais bon, un des sujets les plus intéressants qui a été développé traitait de la Voice over IP (VoIP). Non pas que le sujet soit nouveau puisque les premiers produits sont apparus en 1994, mais il semble que nous soyons enfin arrivés à une certaine maturité avec ces produits.
Mais qu'est-ce que ce fameux VoIP signifie? En quelques mots, il s'agit d'un nom générique pour parler du transport de la voix via le protocole IP (Internet Protocol).
Pour les familiers d'Internet, il n'y a rien de révolutionnaire dans ce que je raconte, depuis pas mal d'années, puisque nous (en tout cas ceux qui visionnent ce site) employons Internet pour nous informer, partager, apprendre ou tout simplement, communiquer via des mails, forums, etc.
Toutefois, et depuis quelques années, nos différents moyens de communication via le web ont évolué et se sont enrichis. On trouve en effet de plus en plus de sites qui proposent de l'audio ou de la vidéo sous la forme de fichier à télécharger ou encore de streaming (flux audio et/ou vidéo).
Seulement voilà, il y a une méthode de communication qui ne semble pas avoir beaucoup évolué ces dernières décennies: c'est notre bon vieux téléphone et sa façon de communiquer.
Mais ceci est faux (pour ceux qui en doutaient). Le téléphone a déjà subi bon nombre d'évolutions et surtout, il est à l'aube d'une révolution et je vais vous en expliquer le pourquoi. Que personne n'en doute, j'aurai également quelques mots pour le rôle que pourrait tenir le Mac dans ce nouveau monde.
La convergence
Voilà un mot que vous avez probablement déjà entendu un certain nombre de fois (si ce n’est pas encore le cas, ça va venir).
Selon le Petit Robert, c'est le fait de converger, de se diriger vers un point commun. Dans les télécoms, on n’est pas très loin, à la différence que l'objectif premier de la convergence, c'est d'utiliser la même infrastructure de transport pour toutes les télécommunications (voix ou données). Au-delà du média de transport (fibre optique, fil cuivre, etc.), il faut également utiliser le même protocole. Ces dernières années, c'est le protocole IP qui s'est imposé, celui par exemple que l'on utilise tous les jours pour se balader sur Internet ou recevoir des e-mails.
Il y a encore 10 ans, tous les opérateurs télécoms avaient au moins 2 réseaux distincts: un pour le transport de données et un autre pour le transport de la voix.
Bien sûr, à l'époque on ne pouvait pas faire autrement car, historiquement, ces deux réseaux ont toujours eu une évolution séparée, principalement pour des raisons techniques.
Je ne vais pas entrer dans les détails (il y aurait trop à dire), mais le transport de la voix a déjà subi de profondes modifications ces dernières décennies, tout comme le passage de l'analogique ou numérique.
Aujourd'hui, tous les opérateurs n'ont qu'un seul objectif: profiter d'un déploiement "tout IP" afin de réduire les coûts de gestion et de développement de leurs réseaux. En effet, les efforts humains et financiers qui sont consentis pour maintenir en parallèle deux plateformes sont tout simplement en bout de course.
À ma connaissance, Telecom Italia est le seul opérateur en Europe à avoir un réseau de transport 100 % IP pour le trafic voix au sein de son backbone (pas au niveau des accès clients). Dans les années qui viennent, c'est toute l'industrie des télécommunications qui prendra ce chemin.
Quand je parle d'économie, certains me corrigeront et diront que les sociétés gagnent également en productivité, grâce à cette convergence. Cela est partiellement vrai, mais ça fait longtemps que les centraux téléphoniques conventionnels (PBX ou Private Branch Exchange) "discutent" via IP avec des Customer Relationship Management (CRM) par exemple. Cet outil est typiquement utilisé dans la collection d'informations liées à un client. Concrètement, quand vous appelez votre opérateur (mobile, Internet ou autres), vous tombez généralement sur un agent d'un "Call Center" qui, grâce à votre numéro de client ou nom, aura toutes "vos" informations à l'écran.
Les acteurs de la VoIP
Les fabricants qui proposent des équipements VoIP sont nombreux et je ne citerai ci-après que les acteurs majeurs de ce marché: Alcatel, Cisco Systems, Lucent Technologies, Nortel Networks, Siemens, etc.
Tous ces constructeurs cherchent, après avoir séduit les opérateurs, à vendre leurs produits et services aux entreprises. Les objectifs sont toujours les mêmes, faire converger la plateforme voix et données sur IP et réaliser ainsi des économies d'infrastructure et de ressources humaines.
Pour bien comprendre tous les aspects de cette industrie, il faut faire un petit retour en arrière.
Le monde des constructeurs de centraux téléphoniques n'était pas très ouvert. Quand je ne dis pas très ouvert, c'est que tout était "propriétaire" ou presque. Vous vouliez brancher un téléphone Siemens sur un PBX Nortel? Vous souhaitiez connecter un PBX Alcatel à Genève avec le PBX Siemens de Zürich? Même en priant, ça n'aurait pas marché. Ces centraux fonctionneront bien évidemment via le réseau Public Switched Telephone Network (PSTN) ou Réseau Téléphonique Commuté (RTC), mais ils ne pouvaient pas partager toutes les fonctionnalités de chacun. Aujourd'hui ça va mieux, mais ce n'est pas encore ça.
Si je fais une analogie, c'est un peu comme à l'époque où sur Mac, il n'y avait que le protocole AppleTalk et que chez IBM, c'était du SNA. Pour connecter ces deux machines et les faire parler ensemble, ce n'était pas qu'un problème d'interfaces physiques, mais de "langage". Ce qui a permis de fédérer les différentes machines qui dialoguaient avec AppleTalk, SNA, IPX, DECnet, XNS, etc. c'est le protocole IP.
L'industrie téléphonique s'est très longtemps contentée d'être "propriétaire" pour préserver ses parts de marché et cela jusqu'en 1994. À cette époque, un consortium appelé European Computer Manufacturing Association (ECMA), a décidé, dans le but d'améliorer la situation, de créer un standard commun: Q.SIG. Ce protocole permettait toutefois aux PBX qui supportaient cette norme de dialoguer entre eux, mais pas de partager les 300 à 400 fonctionnalités que chaque marque proposait et propose sur ses PBX!
Quand les constructeurs de PBX "standard" ont compris que IP allait tout remplacer à terme, plusieurs constructeurs ont eu des sueurs froides, surtout pour les constructeurs qui n'avaient aucune expérience dans les services IP et qui ont dû s'y mettre et vite!
À cette époque, c'est probablement la société Nortel Telecom qui a le plus fait parler d'elle. En 1998, elle acquiert Bay Networks, une des plus importantes sociétés actives dans le domaine de l'IP et ce pour USD 9.1 milliards! Le but avoué de cet achat? Obtenir une expertise immédiate dans le monde de l'IP.
Parmi tous ces constructeurs, il y en a un qui va à contre-courant. Tous les constructeurs que j'ai cités proviennent du monde de la voix à l'exception d'une société: Cisco Systems. Jusqu'en 1998, elle n'a fait que fournir des équipements pour le transport de données et a acquis, dans un second temps, des sociétés actives dans la voix.
La tendance aujourd'hui pour les entreprises
Je ne souhaite pas aborder ici la problématique des équipements à l'attention des opérateurs. D'abord parce que la complexité de l'architecture des opérateurs et des équipements irait au-delà des objectifs de cet article. Et ensuite, parce que je pense que personne ici n'a besoin d'un Cisco GRS de la série 12000 à quelques millions de dollars pièce pour ses besoins personnels ou de sa société!
Malgré des talents d'infographiste assez faibles (ok, ok, très nuls), j'ai tout de même souhaité illustrer par dessins suivants une entreprise type. Ci-dessous à gauche, on voit parfaitement l'infrastructure voix et à droite, l'infrastructure pour les données:
Dans le futur avec VoIP, ça devrait plutôt ressembler à ça:
Pour rendre mes dessins plus clairs, j'ai sciemment omis d'indiquer quelques éléments comme les armoires de brassages, les renvois et des Network Termination Unit (NTU). Mais grossièrement, je ne suis pas très loin de la réalité.
Comment peut-on bénéficier de ces services VoIP? Fondamentalement, il y a deux philosophies qui s'affrontent. La première est proposée par les "anciens" du monde de la voix et la seconde par les "nouveaux" du monde des données. Il est par conséquent clair que les solutions proposées ne sont pas du tout les mêmes, voire même diamétralement opposées.
Pour commencer, honneur aux vieux! On est, bien évidemment, face à une approche classique et conservatrice qui est proposée par les constructeurs d'équipements voix. Je ne leur donne pas tort car les investissements qui ont été consentis par les entreprises pour des PBX "standards" ont été importants ces dernières années. Par conséquent, ils ne sont pas prêts à mettre au débarras des PBX qui ont coûté entre CHF 5'000.- et CHF 500'000.-.dans le seul but d'avoir de la VoIP…
Voici d'ailleurs, ci-dessus, le best-seller de chez Nortel Networks; le Meridian 1 Option 11C. Ce PBX permet d'avoir entre 30 et 800 téléphones connectés et est cadencé par un 68040! Vous ne rêvez pas, le même processeur que vous trouviez dans le Macintosh Quadra sorti en 1991!
Mais, si cette industrie utilise du "vieux" matos, c'est pour de bonnes raisons, comme les technologies spatiales qui utilisent encore aujourd'hui des processeurs 80486 par exemple. Vous ne pouvez pas mettre en production un élément aussi sensible s'il n'a pas été débugué pendant des années. Imaginez un type qui doit rester à côté d'un central téléphonique dans un hôpital ou dans un centre d'urgence afin de faire un reboot… Ce n'est pas sérieux.
Les PBX standards ont des systèmes d'exploitation et des châssis qui sont propriétaires, seule une carte d'extension du constructeur permet de les rendre compatibles avec IP. En résumé, l'avantage le plus important de cette approche réside dans le fait que vous pouvez garder vos téléphones, vos programmations, vos périphériques et migrer sur IP.
La seconde philosophie est principalement dictée par Cisco Systems et d'autres constructeurs sans un passé basé sur la voix. Ces sociétés mettent en avant des équipements qui sont un peu plus familiers pour nous, amateurs d'informatique.
Voici, ci-dessus, une partie des Media Convergence Server de la série 7800 de Cisco qui permet de connecter 50 à plusieurs centaines d'utilisateurs (selon la configuration). Ces équipements nous sont déjà un peu plus familiers: processeur de la famille Intel Xeon de 1 à 3 GHz, SDRAM, contrôleur RAID, bus PCI-X avec notre ami Microsoft et Windows 2000 (je plaisante pour le "ami"). Et enfin, le logiciel fourni avec ces machines à l'heure où j'écris ces lignes s'appelle CallManager 4.0. C'est lui qui permet de gérer la signalisation des téléphones IP sur le réseau (appel, mise en attente, transfert, conférence, etc.).
Il est évident qu'on ne peut pas juste acheter le logiciel CallManager et l'installer sur n'importe quel PC. Les certifications qui ont été effectuées sur le hardware et le système sont la garantie d'un système stable…
Avant de me tuer par mail ou dans les commentaires, il est vrai que de baser son architecture sur du Microsoft et de l'Intel pour développer des produits stables, paraît être un non-sens et ça fait plutôt rire… Toutefois, bien que ce type de solutions n'existe que depuis quelques années, cette stratégie semble payante car aujourd'hui, c'est ce type de constructeur qui vend le plus de solutions VoIP.
Il va de soi qu'une solution VoIP globale inclut des téléphones IP. Voici, les téléphones IP de la série 7900 de Cisco:
Oui, oui, ça ressemble à des téléphones et jusque-là, rien de vraiment très original. Par contre, ce qui est spécial au-delà du prix qui se situe entre CHF 200.- et CHF 1'000.-, c'est le nombre de protocoles supportés par ces téléphones: G 711, G 711a, G 711u, G 729a, G 729ab, H 323, DHCP, TFTP, LDAP, XML, CDP, 802 3af, 802.1Q, SCCP, etc.
Il existe également des logiciels qui fonctionnent comme des téléphones via l'écran du PC. Tous les constructeurs en proposent et ils s'appellent IP SoftPhone chez Cisco, i2050 Software Phone chez Nortel ou optiClient 130 pour Siemens. Pour le moment et malheureusement, aucun de ces grands constructeurs n'a cru bon de porter son soft sur Mac.
En résumé, il existe une foule de produits pour tous les prix et ils ont tous leurs avantages ou désavantages. Toutefois, malgré le fait que tout ce beau monde communique via IP, cela ne rend pas le tout compatible. Dès que l'on parle d'interopérabilité entre différents constructeurs, ça se complique. Pour le moment, je pense qu'il faut mettre ça sur le fait que tous ces produits ne sont pas arrivés à maturité. Imaginez que certains protocoles comme le Media Gateway Control Protocol viennent à peine d'atteindre la version 1.0…
Et pour les privés?
Là on touche le fond du "problème".
Si dans le cadre des entreprises la convergence à un sens et qu'elle permet d'avoir des interactions facilitées entre des CRM et d'autres équipements, il en va différemment pour la maison.
En effet, pourquoi est-ce que les opérateurs traditionnels n'essaient pas de se lancer dans ce marché pour le grand public?
Les raisons sont multiples, mais je vais en développer une en particulier. A l'image des connexions à Internet hauts débits, ce qui a poussé Swisscom à offrir des débits plus élevés, c'est la concurrence de Cablecomnotamment avec ses produits Hispeed. (Pour ceux qui commencent à se demander de quoi je parle, il est encore temps de lire mon premier article). Malheureusement pour nous, bien que depuis 1997 le marché des télécommunications soit ouvert, il n'y a pas vraiment de concurrence pour Swisscom dans le domaine de la téléphonie fixe puisque c'est cette dernière qui contrôle encore le "last mile" ou le dernier kilomètre. En effet, que vous soyez chez Tele2, Sunrise ou d'autres, vous êtes obligés de passer par Swisscom, que vous le vouliez ou non.
Pour bien comprendre les rouages de l'industrie des télécommunications et à quel point on nous prend pour des andouilles parfois, je souhaite rapidement parler d'une technologie qui a fait grand bruit à une certaine époque: l'ISDN.
Il y a quelques années, Swisscom mettait le paquet sur l'ISDN et nous vendait ça comme un truc "super-délirant": identification de l'appelant (CLID), gestion de 2 lignes simultanées (attente, conférence, etc.), liste des numéros récents appelés, gestion de 3 à 5 numéros sur la même ligne, déviation, etc. Et pour profiter de tous ces avantages, que fallait-il faire? En gros, souscrire à une prestation ISDN pour CHF 39.- à CHF 45.- par mois contre CHF 25.- pour une ligne analogique. Pour ceux qui savent encore compter, ça fait une augmentation respective de 56% et 80%! Et je ne prends même pas les tarifs en vigueur depuis quelques années: CHF 43.- et CHF 49.-!!!
À l'époque, quand ces produits ont débarqué, j'avais juste la rage. Toutes les fonctionnalités que je viens de citer, vous pourriez les avoir sur de l'analogique pour autant que votre opérateur veuille bien les actionner! Si nous sommes le pays à avoir le plus de raccordement ISDN au monde par habitant, ce n'est pas parce que Swisscom est meilleur, c'est juste parce que les opérateurs des autres pays offrent ces services à leurs clients sur des liaisons analogiques!
Ok, je vous l'accorde, le temps de connexion via modem a été réduit par 10, mais bon, est-ce que cela valait une telle différence? Sans parler que pour profiter de tout ça, il fallait changer son téléphone et son modem.
Bref, pour revenir à la VoIP, c'est probablement un des seuls protocoles qui va permettre à d'autres opérateurs de faire de l'ombre à notre opérateur national.
À l'heure actuelle, le seul opérateur à proposer en Suisse de la VoIP jusqu'à la maison, c'est Cablecom avec son produit Digital Phone. Bien que ce produit ne soit pas encore officiellement lancé à une large échelle en Suisse, il est disponible en bêta depuis plusieurs mois.
Ce tour de force n'ai pas été réalisé via les fils téléphoniques de Swisscom, mais par le câble de votre télévision (pour ceux qui l'ont et qui sont sur un téléréseau appartenant à Cablecom!). Pour être plus précis, et afin de ne rien vous cacher, ce n’est pas tout à fait de la VoIP de bout en bout… Je m'explique: tout est IP jusqu'à votre cablo-routeur, après c'est le bon vieil analogique qui reprend le dessus. Je dissèque ici un équipement similaire à celui offert par Cablecom dans le cadre du service Digital Phone.
Comme on peut le voir sur le cablo-routeur Cisco ubr925 ci-dessus, plusieurs interfaces sont à disposition. En commençant par la gauche, on trouve une interface Hybrid Fiber Coax (HFC) qui doit être connectée au téléréseau. Puis, dans la zone jaune, on retrouve un hub muni de 4 ports 10Base-T. Enfin, juste à droite du hub, on retrouve 2 ports Foreign Exchange Station (FXS) qui permettent de brancher jusqu'à 2 terminaux analogiques du type téléphone, fax, répondeur, etc. Les deux derniers ports (USB et Console) sont présents pour assurer la gestion en direct du cablo-routeur.
Dans le fond, cette solution ne change rien à vos habitudes car tout ce que vous avez à faire, c'est débrancher votre téléphone analogique de la prise murale Swisscom et le brancher dans l'équipement Cablecom via une prise RJ-11 (ou TT-83 via un adaptateur).
Pour le moment, Cablecom n'offre pas des fonctionnalités extraordinaires avec son système VoIP, toutefois, elle a au moins le mérite d'offrir une vraie alternative technique et financière à Swisscom. C'est déjà ça, vu que le marché des télécoms est soi-disant ouvert depuis 1997…
Conclusions
Je sais, j'ai pas mal parlé de Cisco dans cet article alors qu'il y a plus d'une vingtaine d'acteurs dans cet environnement, mais n'en déplaise à certains, et cela est mon opinion personnelle, Cisco est en train de tout ramasser aux constructeurs qui sont trop longtemps restés assis sur leur montagne d'or (les PBX standards). Tout n'est pas parfait chez Cisco, loin de là, mais dans le domaine de la VoIP, c'est certainement la société qui annonce le plus de développements, d'acquisitions, de produits et d'accords pour proposer de nouveaux services.
En résumé, les différents backbones des opérateurs sont ou seront tous sous IP dans très peu de temps (moins de 5 ans).
Pour ce qui est des entreprises, les avantages de la VoIP sont indéniables et les solutions multiples. Toutefois, le cycle de renouvellement d'une infrastructure téléphonique est lent et onéreux. Je ne doute pas que dans les prochaines années, toutes les petites et grosses entreprises qui achèteront un PBX bénéficieront de fonctionnalités IP. Mais j'ai le sentiment que les deux environnements, l'ancienne infrastructure et la nouvelle, se côtoieront encore quelque temps.
Enfin, pour ce qui est des clients résidentiels, c'est beaucoup plus flou. Bien que Cablecom offre enfin une vraie alternative meilleur marché sur les coûts d'abonnements et les coûts à la minute, je ne suis pas certain que tout le monde ira adopter VoIP pour cette raison uniquement. Si elle souhaite voir son produit adopté à une large échelle, probablement qu'il faudra plus que des prix accrocheurs. Il faudra des services innovants et intéressants pour tous (de 7 à 77 ans comme dit la pub).
Et le Mac dans tout ça?
Comme je l'ai dit, aucun grand constructeur n'a développé de solution VoIP pour le Mac. Son produit maison, iChat AV, n'est compatible qu'avec lui-même et, surprise, avec nouvelle version d'AOL Instant Messaging (AIM 5.5). J'aimerais bien que Jobs certifie iChat AV avec les acteurs majeurs de ce marché un peu à l'image de ce qu'il a fait avec l'Xserve RAID. En effet, cet équipement a été certifié pour fonctionner avec Microsoft Windows Server 2003, Red Hat, Brocade et bien d'autres. Et avant que certains ne commencent, je n'ai pas dit: "Apple doit faire de la VoIP ou elle va mourir". Je pense juste que ça serait en ligne avec sa philosophie du Digital Hub…
Dans une vision à plus long terme, on peut parfaitement imaginer un monde des télécommunications totalement basé sur IP (données et voix). Mais qu'est-ce que cela signifie pour les opérateurs? Imaginez si demain tous ceux qui ont une connexion Internet de qualité pouvaient appeler le monde entier avec un forfait à 50 balles par mois? Ça ferait mal et je ne pense pas que ça va se passer comme ça.
Au-delà du fait que les opérateurs vont vouloir continuer à gagner de l'argent sur nos communications audio, voir même vidéo, tous les gouvernements sont en train de mettre en place une législation pour éviter que ce soit la jungle. L'Office Fédéral de la Communication (l'OFCOM) a déjà édité un document qui résume très bien la situation.
Grosso modo, la régulation des services VoIP doit répondre à la législation en vigueur pour les télécommunications.
En conclusion, la question n'est pas tellement de savoir si on va avoir de l'IP sur nos téléphones au bureau, à la maison, sur notre mobile… mais plutôt quand?