Mardi 8 mars, c’était hier, la Journée de la Femme, mais la place était prise par Roger, donc j’écris aujourd’hui -par pur hasard- une humeur en rapport avec cette date.
Un objet banal peut quelquefois réveiller des souvenirs anciens. Ce peut-être même un événement complètement oublié.
Et donc il en existe une moraine dans l'enceinte de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, un CHU qui a connu une célébrité nouvelle en faisant face à l’affux de blessés lors des attentats de novembre dernier..
Premier aparté
Je fais partie de ce que l'on appelle une « cohorte » de 300 personnes; celles-ci toutes volontaires, sont examinées afin de détecter si d'éventuelles altérations du cerveau liées à l’âge pourraient être les signes précurseurs de la maladie d’Alzheimer. Cette étude, regroupant 27 protocoles de recherche, combinant analyses sanguines, IRM, EEG, PL, entretiens psy, tests mémoriels,…, durera plusieurs années au rythme d’une session tous les six mois.
Il existe d'autres études de ce type dans le monde, cependant celle-ci, menée de haute main par le Professeur Bruno Dubois, est une rare étude « monocentrique » : tout le monde est strictement traité de la même manière. On note ainsi peu de variantes selon le lieu d’étude : ce sont les mêmes appareils, les mêmes examinateurs, les mêmes procédures, alors qu’ailleurs les groupes sont constitués de quelques dizaines de patients, suivis par des équipes différentes, dans diverses villes ; aux États-Unis, ce sont même dans plusieurs États.
Ceci explique mon passage à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Second aparté
Il faut vous dire aussi que je m’essaie à la dictée dans Pages.
C’est dans les préférences
Et que je passe plus de temps à corriger qu’à taper directement, même sur un clavier Azerty.
Si vous lisez ceci, sans rire:
La Salpêtrière était un lieu où l'on recueillait père-mère désobligeant de nécessiteux des enfants abandonnés et défis des ruts.
C’est que j’ai prononcé ceci :
La Salpêtrière était un lieu où l'on recueillait pêle-mêle des indigents, des nécessiteux, des enfants abandonnés et des filles des rues.
Vous comprendrez que je n’ai pas trop envie de continuer plus avant l’exercice.
Je crois, pour l’avoir pratiqué, que Dragon Dictate est bien plus efficace !
D’autant plus qu’il vaut mieux lire les conditions d’utilisation « en ligne » proposées par la Pomme dans « À propos…» : dans ce cas votre carnet d’adresse est « aspiré » afin de mieux restituer -disent-ils- les noms de vos amis/contacts quand vous les mentionnez dans la dictée. Ben voyons…
En utilisant la « dictée améliorée » on n’est pas dans la nuage.
Mais là n’est pas le propos du jour
La Salpêtrière à Paris, comme son nom l'indique était l'entrepôt - hangar grossier - ou l'on fabriquait de la poudre noire avec du salpêtre. Un peu plus loin loin, sur l’autre rive de la Seine, se trouve l'ancien Arsenal.
La semaine dernière j'ai découvert ceci, sur un mur d’un bâtiment de l'hôpital :
C'est bien le mot « enclos » qui me fait sursauter.
Donc, de retour à la maison, je me penche sur Wikipédia.
Et là, en exagérant à peine, je retrouve presque une situation rencontrée ces temps-ci dans la mer Méditerranée.
La condition des filles : orphelines, abandonnées, etc. est assez épouvantable et a de quoi glacer. Il y a environ dix mille personnes entassées à la Salpêtrière… Ces « pauvresses » ne peuvent se marier car elles n’ont pas de dot. Il y a aussi les guerres qui s’ensuivent, appauvrissent et vont finir par mettre à mal la royauté : guerre de Dévolution, terminée en 1668 par le traité d’Aix-la-Chapelle, Guerre de Hollande dès 1672…
Conduite des filles de joie à la Salpêtrière
En Nouvelle-France, colonie plus que vice-royauté, il y avait au XVIIe siècle le Canada et là une proportion démesurée d’hommes et peu de femmes. Mais les conditions de vie y étaient, de fait, plus favorables que celles subies au fin fond des campagnes d'ici. En 1666 le premier recensement dénombra environ 3000 européens dans la vallée du Saint-Laurent. Et le détail devient plus croustillant : 719 célibataires masculins pour seulement 45 filles du même état et de la même classe d’âge…
On proposa au roi Louis XIV d’organiser un transfert de filles à marier, et pour faciliter le mariage, le roi accorda une dot à chaque fille qui acceptait de partir. Ce qui fit même que certaines veuves s’infiltrèrent dans le système, en quelque sorte des émigrantes non souhaitées…
Le roi devenait alors leur tuteur légal, elles étaient ses pupilles.
Il faut bien comprendre que ces filles n’avaient aucun avenir ici : la lueur d’espoir ainsi agitée en décida des centaines qui embarquèrent par…vagues à La Rochelle ou principalement comme indiqué sur cette plaque, à Dieppe.
Merci, Madame Wikipedia.
En 2013, donc, ces plaques commémoratives furent apposées et il y eut de belles cérémonies. Voici un exemple de programme.
Mais, ce qui est plus surprenant, c’est que le phénomène ne s’est pas limité aux pauvres hères : la dissolution d’un régiment (Carignan-Salières, qui a joué un grand rôle dans la guerre contre les Iroquois …après avoir défait les turcs en Hongrie) fit que nombre de soldats et officiers - nobles pour certains - choisirent de demeurer sur place et enrichir le peuplement en se mariant. Il s’ensuivit une réelle attractivité pour des jeunes filles issues de la bourgeoisie et de la noblesse - dont une allemande - pour suivre la route des Filles du Roy, et ainsi diversifier «l’offre»…
Aujourd’hui, il y a au Canada une fierté certaine à retrouver une ascendance vers ces pionnier(e)s, et par exemple un habitant de l’Ontario a effectué une recherche généalogique vers Marie Hubert.
À propos de cette même Marie Hubert, il y a un documentaire produit il y a une dizaine d’années et disponible en ligne. Sauf que le prix d’accès peut en rebuter plus d’un : je ne vous incite pas pour autant à utiliser un pirateciel.
Je vous propose plutôt le sixième court cours sur le sujet, à l’accent merveilleux, qui ne vous prendra que dix minutes.
Et puis, j‘ai découvert autre chose :
À la claire fontaine,
M'en allant promener,
J'ai trouvé l'eau si belle
Que je m'y suis baigné…
C’était une mélodie que chantait ma maman à son petit bout de chou, sans savoir que c’était l’hymne de la Nouvelle-France, à lire et écouter avec ses sous-entendus.
, le 09.03.2016 à 10:38
Sympa, cette petite tranche d’histoire!
, le 09.03.2016 à 12:02
Plusieurs hôpitaux parisiens – entre autres – sont liés à l’histoire.
Qu’il s’agisse de Saint Louis, Bicêtre
Merci pour cette tranche d’histoire
, le 09.03.2016 à 19:40
Judicieux rappel d’une histoire souvent passée aux oubliettes.
Et encore heureux que le 8 mai ne soit pas le seul jour de la femme.
Pour avoir cliqué, il est clair que nos cousins québécois sont curieux de leurs origines, sans chercher à les cacher ou les nier.
Si, pour ces “Filles du Roy”, c’était pas la joie …
La dictée dans Pages est un pur moment de bonheur.
Que donne : Pour un bouton de rose ?
PS : Provincial, donc ayant statistiquement peu de chances d’être accueilli à la Pitié-Salpêtrière, Saint-Louis ou Bicêtre, je m’interroge sur certains établissements hospitaliers très proches de l’hôpital militaire :D
, le 09.03.2016 à 22:35
Merci pour cette évocation.
Une tranche d’histoire, c’est vrai, mais surtout des tranches de vie esquissées en ombres chinoises. Des « filles du roy » beau titre certes, mais des filles pauvres et démunies, ne souffrant pas de la dictature des objets, pour reprendre le thème de hier, car n’en ayant certainement eu que très peu à emporter avec elles !
Tout quitter pour se lancer dans l’inconnu, non pas par choix, mais par un quitte ou double courageux ou désespéré, combien ont dû le faire, le font actuellement, et le feront encore dans l’histoire de l’humanité ?
Est-ce qu’un seul enfant a dit une fois « quand je serai grand, je serai réfugié ? »
On peut seulement espérer que pour le plus grand nombre possible, cela a été, est ou sera une réussite…