Vous le savez bien, les boîtiers numériques sont encore fort chers. Les choses avaient un peu changé tout d'abord avec l'apparition du D1, mais surtout avec celle du trio "Nikon D100, FujiS2 Pro et Canon D60".
Puis Canon en a rajouté une couche avec son EOS 10D, successeur plus puissant et moins cher du D60 (resté six mois au catalogue seulement), qui descendait largement en dessous des 2500€.
Mais même à ce prix, les reflex n'étaient pas abordables pour le grand public.
Et puis, en ce début d'automne 2003, Canon, encore elle, a fait parler la poudre en sortant le Canon 300D.
Rendez-vous compte! Un reflex (et quel reflex!) proposé pour 1300 €, objectif compris (en Suisse environ 1600 francs)!
Alors, cet appareil en vaut-il la peine? Nous allons essayer de vous le démontrer, sans parti pris.
Tout d'abord, et comme d'habitude mais sous une forme un peu différente (jpeg), la fiche technique de l'appareil.
Comment, vous n'arrivez pas à lire? Testez votre vue alors, ou cliquez sur l'image pour l'agrandir...
Un coeur bien rôdé
Le coeur de l'EOS 300D est constitué du capteur CMOS désormais bien connu et développé par Canon (ce qui explique certainement le prix de l'appareil) pour le D60 et le 10D.
Cette image est fournie par DPreview.com
Il s'agit d'un capteur de 6.3 millions de pixels de taille APS (22.7 x 15.1mm) qui a fait ses preuves et se trouve être tout à fait remarquable. De par sa taille, il impose un taux d'agrandissement de 1.6 fois par rapport aux optiques classiques.
Ainsi, le 18-55 livré en bundle correspond en 24/36 à un 28.8ñ88. Ce taux d'agrandissement est bien pratique pour ceux qui adorent les grandes focales, mais gênant pour les amateurs de grand-angle, qui auront de la peine à trouver leur bonheur à des prix abordables. Notez que le 300D n'est pas le seul dans son cas, et que pratiquement tous les reflex sont à la même enseigne (mis à part les gros appareils disposant d'un capteur plein format, dont certains posent des problèmes avec les mêmes objectifs!).
Comme sur le D10, ce capteur est assisté du processeur DIGIC tellement efficace pour réduire le bruit, comme nous allons le voir.
Une boîtier ergonomique
J'avais les plus grandes craintes quand j'ai appris que le 300D était tout en plastique, mais à peine dans mes mains, ça a été le coup de foudre.
En effet, la tenue de cet appareil est excellente et donne une impression de grande qualité (le toucher est "soyeux"), même si on n'est pas au niveau des boîtiers en magnésium. Il n'empêche, de nombreux spécialistes vous le diront, la matière proposée ici, si elle n'a pas la noblesse du métal (mis à part la baïonnette métallique, mais vissée, comme celle du 10D, dans du plastique) reste très solide. Les progrès en la... matière sont conséquents ces dernières années.
Le poids de 650 grammes (accu et carte CF compris) est un plaisir pour votre cou, et plus généralement pour votre physique. Ce n'est pas l'objectif fourni si désiré en bundle qui va trop vous fatiguer puisque doté de la chose, l'ensemble ne dépasse pas 890 grammes tout compris. Un vrai bonheur.
Par rapport au 10D, nous trouvons quelques grosses différences:
- l'écran ACL passe du dessus de l'appareil à son dos, juste au-dessus de l'écran TFT, ce qui est une bonne idée
- la roue codeuse arrière laisse sa place à un Joypad bien fichu, donnant accès immédiatement à certains réglages (ISO et balance des blancs).
- la mise en route et l'extinction de l'appareil se fait à l'aide d'un poussoir situé au-dessus de l'appareil, solidaire de la roue de sélection des programmes, qui passe à droite de l'appareil.
- Pour le reste, les boutons sont très bien disposés sur cet appareil. Nous trouvons
- à l'arrière droit, tombant sous le pouce, le bouton de choix du collimateur autofocus (en conjonction avec l'unique roue codeuse restant sur le 300D) qui sert de loupe en mode lecture ainsi que le bouton de mémorisation de l'exposition, loupe négative/affichage de vignettes en mode lecture
- le bouton de correction de l'exposition (-2 à +2 IL) qui, en mode manuel, permet de régler l'ouverture (voir figure précédente, tout à gauche)
- le joypad pour naviguer dans les menus, mais aussi pour accéder immédiatement aux réglages de sensibilité et de balance des blancs, comme évoqué plus haut
- 5 boutons rangés verticalement à gauche des deux écrans dont nous avons parlé plus haut permettant de haut en bas:
-
- d'afficher les menus
- d'afficher les infos sur les réglages actuels
- de changer la page des vignettes en lecture
- de passer en mode lecture
- d'accéder à l'effacement des images
- Sur le haut de l'appareil nous trouvons la roue de sélection des modes de prise de vue tout à fait standard par rapport à ce que nous propose Canon sur ces appareils soit les modes suivants:
- petit rectangle, soit Tout auto, sans possibilité donnée à l'utilisateur d'intervenir sur les choix de l'électronique
- P, Tout auto mais décalage des programmes (ouverture/vitesse) ainsi que choix du collimateur autofocus disponibles
- les traditionnels modes créatifs chez Canon, TV (priorité à la vitesse) Av (priorité au diaphragme) M (Manuel) A-DEP (choix de la zone de mise au point)
- les programmes tout faits qui ne nous laissent pas ou peu de choix: portrait, paysage, macro, sport, ambiance nocturne, flash interdit faisant partie de ce que Canon appelle la zone élémentaire
- À droite de cette roue est situé le bouton de choix du mode de motorisation (one shot, rafale ou retardateur).
- l'unique roue codeuse qui nous permet de décaler les programmes et de modifier les réglages pendant que l'on appuie sur un bouton
- le déclencheur, agréable et facilement dosable
- L'avant de l'appareil est dépouillé puisque nous trouvons
-
- le poussoir permettant de déverrouiller les objectifs
- le testeur de profondeur de champ sur la gauche, un peu surprenant au départ, mais finalement assez pratique puisqu'il est possible d'appuyer sur lui à l'aide du pouce gauche
- le bouton permettant d'éjection du flash
- à gauche, la lampe d'atténuation des yeux rouges, qui sert également à nous situer lorsque nous employons le mode de prise de vue à retardement (la lampe clignote pendant les 8 premières secondes et reste allumée les deux dernières, signal lumineux donc associée à un équivalent sonore.
- enfin, sur la tranche gauche de l'appareil, sont cachés derrière une petite porte les connecteurs Video Out (pour se brancher sur un téléviseur), USB (1.1 seulement, snif...) et celui permettant de brancher une télécommande à l'appareil.
C'est tout!
Ah, il faut encore savoir que tant le compartiment prévu pour la carte CompactFlash type I et II que celui pour la batterie sont très simples à atteindre.
Je regrette juste deux choses à propos de la gestion des cartes:
- il est possible de prendre des photos en oubliant d'insérer une carte. Aucune alarme ne vient vous avertir de ce fait
- lorsque l'on ouvre la porte, l'appareil s'éteint, même si le buffer n'était pas encore vidé sur la carte. Un petit bip serait préférable à ce moment, nous rappelant qu'il est trop tôt pour la retirer.
Vous remarquerez immédiatement l'absence d'une prise de syncrho flash pour le studio. Il faudra passer par un émetteur fort cher de chez Canon faisant partie du système de flash EX pour pallier ce problème, puisque le flash propre au D300 ne sait pas faire partir un éclair, ce qui est fort dommage. Reste que via cet adaptateur, tout le système EX sans fil est utilisable, ce qui est le plus important
Les deux écrans
Je l'ai déjà écrit dans le test du Nikon D1X, mais mieux vaut peut-être le répéter! Un appareil reflex ne peut pas afficher sur son écran TFT l'image pendant la prise de vue. Seul les Olympus E-10 et E-20 permettaient cela, au détriment de la clarté maximale dans le viseur.
L'écran des reflex sert donc:
- à afficher et modifier les réglages de l'appareil
- à regarder les photos que l'on vient de prendre
Ces deux fonctions sont particulièrement réussies sur le 300D.
Tout d'abord, l'écran TFT de 1.8 pouces est très bon, dans pratiquement toutes les conditions lumineuses, même au soleil.Sa définition de 118 000 pixels est suffisante, ce d'autant plus que la lecture d'une photo peut se faire en agrandissant l'image jusqu'à 10 x la taille réelle. On naviguer ensuite très facilement dans l'image et ainsi s'assurer de sa netteté. L'évidence même, qu'on aimerait trouver sur le Nikon D1X par exemple, bien plus cher mais aussi plus ancien, ce qui explique peut-être cela.
Un clic sur le bouton info lorsqu'une image est en lecture affiche sa vignette, son histogramme, les données techniques principales de prise de vue (sensibilité, mode programme, vitesse, ouverture, définition et qualité, balance des blancs et données temporelles. Les zones surexposées clignotent sur la vignette.
Des menus à la portée de tous
Même si le Canon EOS 300D est utilisable par des professionnels en tant que deuxième boîtier, il n'empêche que son public cible est tout de même l'amateur, éclairé ou non.
Il est donc souhaitable que les réglages de cet appareil soient à la portée de tous. Et bien c'est le cas.
En effet, les 4 menus sont d'une clarté exemplaire ne dépassent par exemple jamais une page.
Le menu prise de vue permet de choisir:
- la qualité de l'image entre trois définitions: 3072/2048, 2048/1360, 1535/1024, et chacune d'entre-elles déclinée en deux taux de compression Jpeg plus ou moins desctructifs.
Un septième mode, celui qui sera privilégié par tous ceux qui cherchent la qualité: le mode Raw, qui donne des images de 3072/2048 sans compression sur 12 bits, pesant environ 7Mb. Comme toujours et jusqu'à la sortie de Photoshop CS qui intégrera la lecture des formats Raw des différents appareils les plus connus sur le marché, ces photos ne pourront être lues que par le programme offert par Canon, pas trop folichon au demeurant.
Notez que les richiers Raw intègrent un fichier Jpeg en qualité moyenne, pour prévisualisation de l'image sur n'importe quel programme et que le format Tiff, comme dans le D10, est aux abonnés absents, ce qui ne sera pas ennuyeux dès que Photoshop CS sortira et que le format Raw sera facilement lisible. Pour l'instant...
- d'atténuer ou non les yeux rouges, régler les deux bracketings disponibles
- de régler le bracketing de la valeur d'exposition, correction sur trois photos de l'exposition, de -2 à +2IL au maximum, selon le pas choisi
- de régler le bracketing de la balance des blancs, qui travaillera sur la valeur en cour dont on pourra faire évoluer la température par paliers d'une valeur (-1; 0; +1, de bleuâtre, neutre à rougeâtre)
- si un signal sonore se fait entendre ou non lors de la prise de vue
- le réglage de la balance des blancs manuelle, d'après sélection d'une photo d'un document blanc (la procédure n'est pas toute simple malheureusement...Je préfère nettement celle du Nikon D1X)
- le choix des réglages du traitement de l'image: trois sont offerts par Canon (paramètres 1, qui donne des photos aux couleurs légèrement flatteuses, paramtères 2 qui donne des couleurs plus neutres mais qui souvent plaisent moins à l'amateur, AdobeRWB, qui sera certainement le mode choisi par les professionnels, et vos propres réglages qui pourront être au nombre de trois. Vous réglerez les paramètres contraste, netteté, saturation, teinte couleur.
Le menu lecture
Le menu lecture vous permet de protéger ou non vos documents, d'effectuer une rotation sur une image, d'imprimer certaines photos Vous pourrez encore choisir si et combien de temps la photo s'affichera une fois qu'elle sera prise, avec ou sans les infos.
Les deux menus de réglages de l'appareil
Ces deux menus vous permettent de choisir la rotation automatique des photos prises en mode portrait, la langue dans laquelle les menus s'affichent, de régler la date et l'heure de l'appareil (tellement important pour le bon classement de vos images), de formater la carte et j'en passe.
Cela dit, rien que du tout simple, sauf peut-être le réglage personnalisé des blancs qui impose de prendre en photo un document blanc au préalable (prenant le centre de l'image) et de le sélectionner ensuite.
Personnellement, je préfère cette disposition des menus à celle du Canon 10D (toutes les commandes dans le même menu, mais avec des couleurs par catégorie).
La prise de vue
Je suis passé du Nikon D1X à l'EOS 300D en quelques minutes. D'un côté, un reflex professionnel magnifique, correspondant aux besoins d'un utilisateur très exigeant.
De l'autre, appareil grand-public. On pourrait s'attendre à un saut difficile et pourtant...
Ce qui m'a frappé avec le 300D, c'est sa... nervosité, et son silence de fonctionnement. Eh oui, et je dois dire que je n'en reviens pas: l'autofocus du petit Canon est d'une précision et d'une célérité impressionantes, que ce soit avec l'objectif livré avec l'appareil non USM mais motorisé (ce qui peut être compréhensible vu sa légéreté), mais aussi avec le zoom Sigma 70ñ200 ouvert à 2.8 sur toutes les focales que j'ai à disposition, ou le 28-135 stabilisé.
Les trois cailloux sont donc motorisés, mais seuls les deux derniers sont ultrasonics. Mais qu'est-ce que j'aime cette technologie qui rend la mise au point totalement silencieuse et tellement rapide!
L'autofocus travaille avec 7 collimateurs en croix, tout comme le D10. Selon les programmes, vous pourrez ou non choisir le collimateur actif. En général, même en mode automatique, la mise au point est hyper rapide et l'appareil ne se trompe que rarement de sujet. Néanmoins, cela reste possible et si vous travaillez dans un mode créatif (voir plus haut), vous pourrez sélectionner un des 7 collimateurs à l'aide de la roue codée. Ses 7 collimateurs sont représentés par des petits carrés gravé dans le viseur, et celui ou ceux qui sont actifs au moment de la mise au point sont représentés par un petit point rouge en leur milieu.
Ce qui est épatant, c'est que même dans une relative obscurité, le capteur reste très sensible et travaille tout à fait correctement.
De même, j'ai pris des photos de mon fils lors d'un match de foot, à l'aide du zoom sigma (équivalent à un 112-320, ouvert à 2.8. yeah). Et bien une fois rentré à la maison, j'ai constaté que sur les 40 photos prises à cette occasion, 38 étaient parfaitement nettes, ce qui ne m'était arrivé avec aucun appareil jusqu'alors. Je précise que j'avais tout simplement choisi le programme "sport", qui impose l'autofocus en continu, et qui m'a donc donné d'excellents résultats.
Des photos de paysage donnent des images très agréables au niveau colorimétrie (mode Paramètres 1), et certaines images prises à la ménagerie Knie m'ont épaté (voir plus bas).
La mesure de la lumière est effectuée selon trois modes: matricielles (sur 35 zones), intégrale avec prépondérance centrale, et sélective.
Les résultats sont étonnants (légère surexposition que l'on peut facilement corriger), et il est particulièrement difficile de prendre le calculateur en défaut, même si...
Des automatismes parfois un peu gênants
Le choix de la mesure de la lumière n'est pas sélectionnable comme dans un reflex standard. Ce choix dépend des modes dans lesquels vous vous trouvez. Par exemple, en mode P, la mesure évaluative (matricielle) est active, mais si vous mémorisez l'exposition dans le même mode, c'est la mesure sélective qui entre en ligne de compte. J'aurais préféré pouvoir choisir ce que je veux, quand je le veux. De même avec le mode d'entraînement: je trouve un peu dommage que l'appareil choisisse dans de nombreux modes s'il doit passer en mode autofocus continu ou non.
Au moment où on sélectionne un collimateur, alors l'appareil passe en mode autofocus "one shot".
Tout cela mériterait bien plus d'explications que ce que donne le petit manuel (bien trop petit d'ailleurs) qui accompagne l'appareil. Ce mode d'emploi reste au niveau de ce que l'on appelle sur d'autres appareils le manuel de prise en mains, Quel dommage!
Cela dit, il est clair et bien écrit et même si l'on pourrait attendre plus de Canon à ce niveau, tant au niveau des automatismes que du mode d'emploi, ce qui bizarrement dans ce cas est lié, force m'est de constater que le résultat des prises de vue est tout simplement excellent.
Qualité des images
Nous venons de le voir, les photos sont presque toujours nettes et bien exposées. Reste un point extrêmement important en numérique: le bruit dans l'image, représenté par des parasites de couleur (petits points bleus et rouges) en particulier dans les zones sombres.
Et bien mesdames messieurs, le 300D est époustouflant à ce niveau: le bruit commence à se remarques à 800 ISO, et se trouve visible à 1600 ISO, mais de manière tout à fait acceptable. J'aimerais bien voir un négatif poussé à 1600 ISO donner d'aussi bons résultats.
La, DIGIC, comme sur l'IXUS 400 testé ici d'ailleurs, mais de manière encore plus évidente vu le capteur utilisé, a fait des miracles.
C'est grand, c'est beau, j'en suis tout ému.
100 ISO
200 ISO
400 ISO
800 ISO (Tiens, le bruit arrive tout gentiment)
1600 ISO: essayez de me faire aussi bien avec un négatif argentique...
À l'usage
J'ai introduit dans mon appareil une carte MicroDrive de 1Gb, et, après deux heures de recharge, la batterie fournie par Canon.
Le fabricant nous donne une autonomie de 400 à 600 photos selon notre utilisation du Flash. Je précise que j'ai pris plus de 400 photos, et que j'ai farfouillé dans les menus, comme on le fait toujours au début lorsqu'on découvre un appareil. L'afficheur me donne encore un tiers de durée de vie pour la batterie, ce qui est tout bonnement remarquable.
La remise en forme de la batterie, sur le chargeur livré avec l'appareil, ne prend pas plus de deux heures, avec indication du niveau de charge par différents rythmes de clignotement sur ce même chargeur.
L'enregistrement d'une image en JPEG Fine prend moins de trois secondes. Notez que l'appareil est capable de prendre 2.5 images secondes sur 4 images. Notez qu'il n'est pas nécessaire d'attendre que le buffer se décharge sur la carte pour prendre à nouveau une image, Dès que la première est enregistrée, une nouvelle prise de vue est possible.
La douceur de déclenchement, associée à l'absence totale de latence au déclenchement, est un réel bonheur.
Deux petites fausses notes viennent cependant tempérer un tout petit peu mon enthousiasme:
- il faut compter environ 3 secondes pour que l'appareil soit disponible après sa mise sous tension. Rien de grave mais ce même temps divisé par deux serait bienvenu pour ne jamais, au grand jamais rater une prise de vue.
- le viseur doté d'un verre micro gravé au laser est clair, mais ne couvre que 95% de l'image, ce qui est ennuyeux en numérique. En effet, en argentique, cette couverture n'avait que peu d'importance puisque les tireuses rognaient allègrement votre image pour des raisons de sécurité. En numérique, tout est valable par exemple avec nos tirages bord à bord. Prendre de l'inutile est non seulement gênant mais gaspilleur de nos chers (dans tous les sens du terme) pixels. Notez que ce viseur est doté d'un taux d'agrandissement de 0.8.
De plus, personnellement, je préfère le pentaprisme du 10D, avec lequel je vois mieux ce qui est net ou pas (peut-être le taux d'agrandissement du viseur un poil plus grand, 0.88), même si je reste enchanté de ce que nous offre le 300D par rapport à ce que nous offre souvent la concurrence, notamment lorsqu'il s'agit de viseurs électronques.
À ce propos, notons la présence d'un correcteur dioptrique, qui permet d'affiner cette mise au point pour nos yeux fatigués (-3 à +1). Et là, je ne remercierai jamais assez Chasseur d'Images pour le truc donné dans le test dédié au 300D: il suffit de retirer l'objectif, de viser "à vide" et de regarder les colimateurs autofocus. On règle à l'aide de la molette, quand ils sont parfaitement nets (pas doublés), c'est tout bon!
Par contre, je m'inscris en faux par rapport à un passage du même article qui indique que la correction de l'exposition n'est pas rappelée dans le viseur. En fait c'est bien le cas, ce qui est d'ailleurs fort heureux! Je pense que les journalistes disposaient d'une version pas tout à fait terminée. D'ailleurs, ce viseur dispose de toutes les indications nécessaires (mise au point, charge du flash, vitesse/ouverture et... correction de l'exposition.
Photo au flash
Comme tous les appareils de cette gamme, le Canon 300D est doté d'un flash incorporé, fort pratique, mais dont il ne faut pas attendre des miracles.
Donné pour un NG 13 à 100 ISO, il offre une couverture exactement équivalente à l'objectif livré en bundle, soit 18 mm. Son grand avantage? Il monte bien plus haut que celui du 10D et diminue très fortement l'effet yeux rouges.
Par contre, on ne peut choisir une correction de l'éclair, ce qui est regrettable. La synchro-X est limitée au 200e de seconde, ce qui n'est pas trop mal.
Dès qu'on utilise un flash externe EX (j'ai testé le 550EX), on arrive à une qualité irréprochable, due au fait que l'appareil travaille à ce moment en mesure évaluative avec prééclair. La syncrho haute vitesse FP (jusqu'au 4000e de seconde), tellement pratique pour le fill-in en extérieur, est alors de la partie, et il devient même possible de travailler avec le système sans fil propre à Canon.
La petite déception vient du fait que le flash intégré ne peut piloter les flashs externes (Minolta et son A1 le permettent). Vous devrez acheter un adaptateur IR ou utiliser un flash type 420EX ou 550EX comme maître pour piloter d'autres esclaves. En studio, il faudra passer par un adaptateur de ce type puisque le 300D est dépourvu de prise pour flash externe.
Evidemment, une fois un flash EX monté sur l'appareil, le ratio flash devient disponible. La synchronisation sur le deuxième rideau devient alors possible, mais je dois avouer très franchement que j'ai mis du temps pour comprendre comment mettre en oeuvre cette fonction. Rien dans les menus, pas de fonction personnalisée comme dans le 10D.
C'est où dites, Monieur Canon? T'aurais pu faire un manuel un peu plus fouillé à ce niveau, vraiment! Le manuel du 10D est bien meilleur puisqu'il présente plusieurs pages sur l'utilisation du boîtier avec un flash externe de type EX. Ah ben oui, j'ai trouvé, dans le manuel du Flash, en anglais: pas de traduction en français dans les boîtes en Suisse à ce que m'a dit mon revendeur, alors que le 550EX est sorti il y a un an). Remarquez qu'une version française est disponible sur le site de Canon, mais il s'agit d'une véritable honte: un manuel scanné tout de travers! Jamais je n'aurais osé présenter un truc pareil à mon petit niveau, alors Canon... Aucune recherche possible puisqu'il s'agit d'images-
Enfin, c'est mieux que rien, mais sur ce point, Nikon fait bien plus fort!
Notez encore qu'un flash EX permettra la mise au point pratiquement dans le noir, puisque dans ce cas l'illuminateur IR du flash seconde ce que le capteur de l'appareil n'arrive plus toujours à faire, même s'il essaie de se débrouiller avec son flash interne en émettant une petite série de brefs éclairs peu discrets. À ce propos, le flash interne du 10D me semble plus performant sur les différents essais que j'ai effectués.
L'objectif livré en bundle
Canon vous propose un objectif 18-55mm livré correspondant en 24/36 à un 28.8-88, ouvert à 3.5-5.6, et pesant à peine 208 grammes. Bien sûr, il ne s'agit pas là d'un objectif pro, mais très franchement, il donne de bons résultats, et nous permet de frôler le monde du grand-angle en numérique pour presque rien.
Vous pouvez aussi acheter le boîtier nu, mais pour 150 €, je trouverais dommage de s'en priver.
Notez pour être clair sur ce sujet que cet objectif est le seul et l'unique (pour l'instant) cailloux représentant de la gamme EF-S. Il est compatible uniquement avec le 300D. Vous ne pouvez pas utiliser cet objectif avec les autres boîtiers Canon, par contre, et là j'insiste lourdement, vous pouvez utiliser TOUS les objectifs Canon sur le 300D! Simplement, comme écrit plus haut, vous devrez multiplier les focales indiquées par 1.6 pour trouver l'équivalent 24/36.
Remarquez à gauche la grosse bague en caoutchouc qui interdit
la fixation de cet objectif (et de lui seul) sur les reflex autres que le 300D
Eh oui, non seulement vous disposez d'un boîtier pas trop cher, mais il se trouve au milieu d'un système qui s'est construit depuis des années, et qui est l'un des plus complets.
Il y a de quoi faire il me semble...
Et avec le Mac?
Le Canon 300D n'était pas reconnu via transfert d'images par Jaguar et c'était bien ennuyeux puisqu'il fallait absolument passer par soit un lecteur de carte ou par Canon File Utility qui doit absolument être mis à jour très rapidement tellement il n'est pas à la hauteur des appareils. Il reste pour l'instant nécessaire pour lire les fichiers Raw. Notez une chose assez amusante: le Raw du 300D ne doit pas être le même que celui du 10D. En effet, je n'ai pas réinstallé le logiciel Canon au départ, me disant que le File Viewer Utility du Canon 10D déjà sur mon disque devait bien suffire. Et bien je n'ai pas pu ouvrir les photos prises avec le 300D. Pour ce faire j'ai dû réinstaller la version fournie du logiciel, qui m'a permis alors d'ouvrir à la fois des images prises avec le 10D et avec le 300D. Pour le reste, Canon ne fait pas d'erreur et nous offre Photoshop Element 2, ce qui reste et de loin la meilleure solution de retouche d'image sur nos machines.
En résumé
Nom d'une pipe, Canon a réussi avec ce 300D ce que tout le monde attendait depuis une année, mais que personne n'osait rêver il y a deux ans à peine. Il me semble bien que personne ne s'attendait à cette bombe en 2003, et que mis à part une baisse de prix désespérée, la concurrence n'arrive pas vraiment à trouver de réponse
Nous avons dans les mains un appareil exceptionnel, performant, donnant des images d'une qualité époustouflante. Quelques automatismes peuvent gêner le photographe expert, mais avec un peu de pratique, il est assez simple de les détourner.
Bref, vous avez attendu jusqu'ici pour vous acheter un reflex numérique. Vous piaffiez d'impatience, vous pouvez vous laisser aller.
Et si vraiment vous désirez tout maîtriser à chaque instant, alors, lorgnez vers le Canon 10D, qui a également baissé de prix de manière drastique, et que je testerai très bientôt ici.