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Ja­mais sans Ja­mait.

Dans les an­nées cin­quante, en Bel­gique, une grande dame qui s’ap­pe­lait An­gèle Güller ani­mait sur la radio na­tio­nale une émis­sion dont le titre: "La vi­trine aux chan­sons" an­non­çait le pro­gramme. C'est elle qui, la pre­mière, nous a fait en­tendre un cer­tain Jacques Brel qui n'était pas en­core parti à Paris. C'est dans son émis­sion que j'ai en­tendu, pour la pre­mière fois, Pa­ta­chou chan­ter "Les Bancs pu­blics" d'un au­teur alors in­connu mais qui ne l'est pas resté long­temps. J'ai eu le pri­vi­lège de tra­vailler avec Ma­dame Güller lors de mes pre­mières an­nées à la radio et j'ai eu le plai­sir de lui dire à quel point elle avait compté pour moi.

J'aime la chan­son fran­çaise, d'abord parce que J'ai eu la chance d'avoir des pa­rents qui l'ai­maient beau­coup, et en­suite grâce à An­gèle Güller et son émis­sion. Mon pre­mier 45 tours fut un "ex­ten­ded play" (4 titres) d'Yves Mon­tand sur le­quel fi­gu­rait "Grands bou­le­vards" dont l'ac­com­pa­gne­ment jazzy était déjà dû à l'or­chestre de Bob Cas­tella dans le­quel on trou­vait le mer­veilleux gui­ta­riste Henri Crolla.

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Mon deuxième disque fut ce­lui-ci:

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Avec le recul de plus de 60 ans, je me dis que j'au­rais pu choi­sir plus mal...

J'ai conti­nué à m'in­té­res­ser à la chan­son et je l'ai vue évo­luer d'an­née en année. Je vous fe­rais grâce de la liste de mes coups de cœur. Cer­tains sont res­tés dans notre mé­moire, d'autres, par­fois tout aussi ta­len­tueux, ont dis­pa­rus sans qu'on com­prenne tou­jours très bien pour­quoi. J'en veux pour preuve ce chan­teur, au­teur, com­po­si­teur au­jour­d'hui ou­blié que j'avais ap­plaudi en concert à Royan en 1955: Joël Hol­mès. Ses chan­sons étaient bien écrites, ses mu­siques agréables, il avait une belle voix. Comme Ju­liette, Hol­mès cas­sait tou­jours la ba­raque lors de ses concerts qui ras­sem­blaient un pu­blic consi­dé­rable. Il avait com­mencé dans le mé­tier en même temps qu'un cer­tain Jean Fer­rat... seule l'œuvre de Fer­rat nous est res­tée.

Plus tard, le très dis­cuté Pas­cal Se­vran, a vrai­ment joué le rôle in­dis­pen­sable de gar­dien de la mé­moire en ré­édi­tant quelques unes de ses chan­sons sur un CD titré sim­ple­ment Joël Hol­mès.

Au­jour­d'hui, les ra­dios et la télé nous abreuvent à tire-la­ri­got des miè­vre­ries asep­ti­sées de la gen­tille Louane qui vient d'ailleurs de ga­gner une vic­toire de la mu­sique. Heu­reu­se­ment, il y avait Vian­ney. J'ai quand même une grosse gêne à ma chan­son fran­çaise...

Ce­pen­dant, il existe autre chose et je veux vous en par­ler main­te­nant.

Il s'ap­pelle Yves Ja­mait.

Yves Jamait

Comme Joël Hol­mès et Fran­cis Le­marque, il a com­mencé dans la vie en tra­vaillant en usine, puis en fai­sant di­vers mé­tiers. C'est Jean-Louis Foul­quier qui le re­marque et le pré­sente à Pa­trick Sé­bas­tien qui de­vient son pro­duc­teur (comme quoi Se­bas­tien c'est par­fois autre chose que les sar­dines !). Ja­mait, ce sont des textes écrits dans un fran­çais qu'on n'a plus l'ha­bi­tude d'en­tendre de­puis des an­nées, c'est une voix rauque qui vient de loin, ce sont des ins­tru­ments po­pu­laires dans des or­ches­tra­tions soi­gnées. Ce sont aussi des salles combles par­ta­gées avec ses amis de cœur: Maxime Le Fo­res­tier, Anne Syl­vestre, Agnès Bihl, Charles Az­na­vour et Zaz qu'Yves Ja­mait avait in­vité à faire la pre­mière par­tie de ses concerts alors qu'elle était en­core in­con­nue. Un peu plus tard, Zaz de­ve­nue la ve­dette que l'on sait, fera quand même les concerts pré­vus en pre­mière par­tie d'Yves Ja­mait. On leur doit une très jolie chan­son: "La radio qui chante".

Lorsque j'ai en­tendu Yves Ja­mait pour la pre­mière fois, c'était dans une émis­sion de Pa­trick Se­bas­tien et, je vous le dis, j'ai subi un choc... un peu com­pa­rable à celui que j'ai connu lorsque j'ai en­tendu la pre­mière chan­son de Bob Dylan. Vous avez de la chance, j'ai re­trouvé ce mo­ment: "Di­manche (ca­resse-moi)"

Quelques autres exemples: un joli texte sen­sible: "Des mains de femme"; une ter­rible chan­son qui parle de la vio­lence conju­gale: "Je pas­sais par ha­sard" et une des plus belles chan­sons d'amour que je connaisse: "En deux mots".

Yves Ja­mait, ce sont 7 al­bums, des cen­taines de concerts... et pra­ti­que­ment pas de pas­sage radio ou télé. Heu­reu­se­ment, il y a You­Tube...

Le connais­siez-vous ? Main­te­nant vous n'avez plus d'ex­cuses.

9 com­men­taires
1)
Franck Pas­tor
, le 18.02.2016 à 00:14

Non, je ne le connais­sais pas. Merci d’avoir com­blé cette la­cune !

Pour ma part, je suis fan d’un autre chan­teur-com­po­si­teur qui (je pense) fait hon­neur à la chan­son fran­çaise : Tho­mas Fer­sen.

2)
fxc
, le 18.02.2016 à 08:22

En­ga­gée, de l’hu­mour, de la dou­ceur, je vous conseille d’écou­terAgnès Bilh

La plus jolie chan­son­d’amour pour sa maman

En prime son hu­mour grin­çant

L’in­ceste

En­ga­gée

pour la pe­tite his­toire, elle est venue dans ma ré­gion et mal­gré un prix dé­ri­soire, 5 euros, nous étions 25 dans la salle, quel plai­sir, mal­gré le petit nombre de per­sonnes elle s’est don­née comme si elle pas­sait à l’olym­pia.
Ce qui n’est pas comme ce soit di­sant plus grand har­mo­ni­ciste de coun­try qui dans les mêmes cir­cons­tances re­gar­dait sa montre toutes les 5 mi­nutes, vers la fin de sa pres­ta­tion et lors­qu’il me re­gar­dait, j’ai fait la même chose, si vous aviez vu sa tête et mon fou-rire.

4)
Ange
, le 18.02.2016 à 09:00

Yves Ja­mait, je connais­sais (et ap­pré­cie), par contre, je dé­couvre avec plai­sir Agnès Bihl.
Merci !

5)
fxc
, le 18.02.2016 à 09:28

Au­jour­d’hui, les ra­dios et la télé nous abreuvent à tire-la­ri­got des miè­vre­ries asep­ti­sées

miè­vre­ries tu es gen­til, pour moi toutes ces star fi­lantes sont juste là pour faire du blé et plus c’est dé­bile plus cela marche.

Ces gens au­ront faim après…

6)
in­fisxc
, le 18.02.2016 à 09:43

Salut guru,

oh oui, je le connais… De­puis son pre­mier album, De verres en vers, il y a 15 ans. C’est la Fnac, qui à l’époque fai­sait un vrai bou­lot de mise en avant et de dé­cou­verte, qui avait mis son CD à l’écoute au Forum des Halles à Paris. J’ai im­mé­dia­te­ment ac­cro­ché.

Je peux me van­ter de l’avoir fait dé­cou­vrir à Phi­lippe Meyer qui, pour­tant, en connaît un rayon. Il fai­sait à l’époque une série d’émis­sions sur le thème « Les di­manches »… Ma sug­ges­tion est ar­ri­vée trop tard pour ren­trer dans les émis­sions thé­ma­tiques, mais il l’a gardé au chaud pour la dif­fu­ser une ou deux se­maines plus tard dans sa ru­brique « To­cade ». Bien plus tard, il a in­vité Ja­mait dans l’émis­sion.

Puisque tu es bran­ché chan­son fran­çaise, tu ne peux pas igno­rer le géant Al­lain Le­prest. Mais connais-tu Rémo Gary ? Pour moi, le plus grand au­teur-com­po­si­teur-in­ter­prète ac­tuel.

7)
guru
, le 18.02.2016 à 12:22

Je ne connais­sais pas Rémo Gary, je vais l’écou­ter. Parmi les per­son­na­li­tés ou­bliées, je me dois de rap­pe­ler qu’Anne Syl­vestre écrit tou­jours; elle qui a com­mis ce mo­nu­ment: « Mon mari est parti « .

Un jour, si vous êtes in­té­res­sés, je ferai un état de la chan­son belge parce qu’elle le vaut bien!

8)
Fran­çois Cuneo
, le 18.02.2016 à 12:49

J’écoute en ce mo­ment le der­nier, c’est vrai que c’est bien.

Cela dit, sur Qobuz, son album Je pas­sais par ha­sard, de 2008, est noté Qo­bu­zis­sime.

Pas mal!

9)
to­po­man
, le 19.02.2016 à 21:33

@fxc: Merci de m’avoir fait dé­cou­vrir Agnès Bihl!