Virtual PC 5 a fait couler beaucoup d'encre, notamment au niveau de ses performances sous MacOS X.
Je vous propose de faire le tour de ce logiciel fort intéressant, passé maintenant en version 6.
Avant toute chose, je précise que ce test a été effectué initialement avec la version 5.0.2 du logiciel, sur un Titanium 550 sous MacOS v.10.1. en mars 2002. J'ai refait les mêmes opérations visant à évaluer ses performances avec un Titanium 800, sous Jaguar (10.2.2) et la version 5.0.4 de Virtual en novembre 2002. Les progrès étaient conséquents. Enfin, j'ai une nouvelle fois répété les mêmes opérations, toujours avec le Titanium 800, sous 10.2.4, avec la version 6.0.1 du logiciel, dernière officiellement développée par Connectix, puisque le produit a été revendu en février à Microsoft. Si l'accélération n'est pas aussi foudroyante que certains le prétendent, cette version est encore mieux intégrée à MacOS X, comme nous allons le voir.
VirtualPC, c'est quoi?
Connectix VirtualPC est un émulateur de PC Windows sur Mac (mais aussi sur PC!) qui permet donc de transformer votre Mac en PC. Et comme nous allons le constater, cela fonctionne plutôt bien...
À qui s'adresse VirtualPC?
Virtual PC s'adresse
- à tous ceux qui préfèrent le Mac, mais qui ont besoin de travailler de temps en temps sur une application qui ne tourne pas sur nos machines. Avouons qu'elles sont plutôt nombreuses...
- aux développeurs compilant pour Mac mais aussi pour PC, afin de tester la compatibilité de leur travail
- aux concepteurs de sites Web pour voir comment réagissent leurs créations
- en particulier à tous ceux listés ci-dessus qui n'ont pas la place pour le peu qu'ils utilisent un PC sous Windows, d'installer une vraie machine à côté du Mac
À qui VitualPC ne s'adresse-t-il pas?
VirtualPC ne s'adresse pas
- à tous ceux désireraient bénéficier de l'extraordinaire bibliothèque de jeux tournant sur Windows. Ces jeux demandent trop de puissance en particulier au niveau graphique pour un émulateur, aussi bon soit-il.
- à tous ceux qui passent plus de temps sur Windows que sur Mac. Ils feraient mieux d'acheter directement un PC
- à tous ceux qui veulent simplement être compatibles avec les logiciels de Microsoft Office. Pas besoin d'utiliser un émulateur dans ce cas, les fichiers Mac et Windows étant strictement compatibles.
- aux utilisateurs ayant besoin d'une connexion FireWire (standard qui n'est pas reconnu par Connectix, sauf au niveau du dossier partagé, dont nous parlerons plus bas).
Dans mon cas personnel, j'utilise VirtualPC parce qu'il faut que j'aie accès à une application communale une ou deux fois par jour. Cette dernière a été développée pour Windows et n'existe pas sur Mac. Je ne vais quand même pas acheter une machine rien que pour ça, et dans ce cas, le logiciel désormas signé Microsoft me semble une bonne solution.
Et puis, quitte à critiquer Windows, autant que je le connaisse un peu...
Installer VirtualPC
L'installation de Virtual PC est fort simple. Un assistant nous prend en charge, et dans cette nouvelle version 6, il est possible de pratiquer aussi bien sous MacOS X que sous MacOS 9, le logiciel étant maintenant carbonisé.
Ayant fait l'acquisition de Virtal PC 4 il y a quelques mois, je n'ai eu qu'à indiquer au programme où se trouvait mon image disque, en fait un dossier qui représente l'ordinateur Windows en personne. Notons que depuis la version 4, Virtual n'impose plus de définir une partition PC qui prendra de la place sur votre disque dur, tout en n'étant pas pleine. Le dossier image ne prendra que la place nécessaire, et grandira petit à petit, au fil de votre travail ou de vos installations sous Windows.
Notez que l'image de mon PC, comprenant Windows 98, plusieurs périphériques USB, Word et Excel 97 ainsi qu'un client Oralcle installés représente la taille 864Mb sur mon disque.
Toujours au niveau de ces images disques, il est bon de signaler qu'une fois qu'on en a configuré une, elle peut être copiée sur n'importe quel autre Mac et fonctionnera alors tout aussi bien. Il est clair que vous serez alors illégal au niveau des licences des logiciels qui y sont contenus et qu'il faudra vous mettre en ordre avec les éditeurs.
Enfin, pour en terminer avec ce sujet, une image disque peut être aussi bien utilisée sous MacOS X et sous MacOS 9.
VirtualPC est livré soit tout nu en version DOS, en ce cas, vous devrez choisir votre système d'exploitation vous-même, soit avec Windows 95, 98, Me, 2000, NT 5, XP ou Linux (à choix!) préinstallés, ce sont les Connectix OS Packs.
Comment l'émulation est elle gérée en réalité?
Une fois lancé, VirtualPC charge Windows dans une fenêtre. Vous voyez ainsi votre Finder et et le PC en même temps. Vous pouvez ensuite choisir dans VirtualPC d'afficher l'ordinateur émulé en plein écran. En ce cas, vous ne voyez plus que Windows, et même la barre de menus du Mac disparaît. Un appui sur la touche "Commande" permettra de l'afficher à nouveau.
Un PC dans une fenêtre correspond en fait à ce que Connectix appelle une machine virtuelle. Rien ne vous empêche d'en lancer plus d'une sur la même machine. En ce cas, vous pourrez avoir une machine tournant sous XP Professional et une autre sous NT 5 sans autre problèmes que le partage des performances et la place prise par les deux images sur le disque.
Les performances dépendent grandement de vos réglages
VirtualPC 5.0.1 était tout simplement inutilisable sous MacOS X. En effet, il me fallait 18 secondes pour afficher une la fenêtre du poste de travail, après avoir double-cliqué sur son icône, 22 secondes pour afficher "Voisinage réseau", alors que sur un vrai Pentium 4, ces actions sont instantanées. Tout cela avec un Titanium G4 550, ce qui n'est pas rien tout de même, et en allouant au PC 256 Mb de Ram.
Connectix a mis à l'époque en grande partie la faute sur Apple et son multitâche préemptif, qui était incapable selon l'éditeur de donner la pleine puissance à l'application de premier plan.
Or miracle, avec la version 5.0.4, l'utilisation de VirtualPC 5 devint presque aussi bonne sur le système X que sur MacOS 9.
Les mêmes actions ne prenaient alors, avec la même machine plus que 6 et 9 secondes. En désactivant l'option des fenêtres "Afficher comme une page Web", j'arrivais à ouvrir ces deux fenêtres en moins de 2 et 3 secondes. En version 6.0.1, avec un Titanium 800 sous Jaguar, ces temps ne sont pratiquement plus mesurables: on frise l'instantanéité même si une certaine mollesse est de mise. Chouette. Il faut préciser que le noyau de MacOS X a été retouché depuis la version 10.2.3 pour mieux travailler avec VritualPC, ce qui prouve l'importance qu'Apple donne à cette application. Vous devez donc absolument mettre à jour votre système avec une version récente (à l'heure où j'écris ces lignes, la 10.2.4) pour profiter de l'accélération de VirtualPC.
J'insiste sur ces ouvertures de fenêtres, mais elles montrent l'une des grandes limites de VirtualPC, soit la gestion de la carte graphique même si, comme nous l'avons vu, les choses ont été en net progrès depuis la version 5.0.4, et encore améliorées en V.6.
Ainsi, lancer Word 97 ne me prenait que 7 secondes en 5.0.2 (4 secondes sous 5.0.4, Titanium 800, même résultat en V6.0.1), à comparer avec les 11 secondes exigées par le lancement de Word v.X en natif que sous MacOS X, sur la même machine! Et l'on n'a pas du tout l'impression de voir le logiciel "coller" lors de la frappe. Et s'il valait mieux passer à l'époque travailler en mode plein-écran (le bureau Mac est accessible via un appui sur la touche Commande mais n'est plus visible en arrière-plan), le travail s'effectuant alors bien plus vite, je n'ai plus remarqué de différence en version 6. Le travail en mode "Fenestré" ne ralentit pas la machine selon mes tests.
En mode fenêtre, le PC côtoie votre Finder… Le glisser-déposer est possible entre les deux mondes!
Et puis parfois il est vrai, en 5.0.2, je ne comprenais pas pourquoi, VirtualPC ne parvenait pas à trouver sa vitesse de croisière malgré ces réglages, même si on n'utilisait aucune autre application en même temps que lui. C'était étrange. Cela n'a plus été le cas depuis la v. 5.0.4 et ne se reproduit donc plus non plus en version 6.
Mac-PC main dans la main? Oui, et encore bien plus depuis la version 6
Il est possible de copier du texte dans Word 97 et de le coller dans Word v.X et inversement sans aucun problème. Les accents sont conservés mais pas les attributs de type gras et italique pour ne prendre qu'eux en exemple. Dans certains cas, pour le glisser-déposer entre les deux mondes est même possible. J'ai pu par exemple sélectionner du texte dans Word v.X et le glisser sur le bureau Windows pour créer un fichier "bribe de document" l'équivalent de notre "extrait de texte".
J'ai copié le texte du test que vous lisez en ce moment de Word .X
et l'ai très facilement collé dans Word 97.
Pour qu'un fichier soit accessible sur le disque aussi bien dans les deux mondes, vous devrez déclarer à VirtualPC un dossier partagé, ce qui se fait via les paramètres de votre machine.
Notons enfin que sur le clavier suisse romand, le caractère "anti-slash" (le "/ "à l'envers, que je n'arrive pas à afficher en HTML), si utile pour préciser les chemins d'accès aux fichiers est inexistant. Il faut le remplacer par l'équivalent ASCII 92 tapé sur le pavé numérique en même temps que l'appui sur la touche Option. Sur portable, il faut utiliser le pavé numérique virtuel (touches jaunes) associé aux touches Option+fn. (Attention, cela fonctionne dans certaines zones de dialogue, dans le bureau, mais pas dans Word par exemple).
En ce qui concerne le caractère "@", il faut taper Option+Commande+2 (sur ce clavier en tous les cas). Je vous dis cela parce que je l'ai cherché pas mal de temps! On peut aussi taper l'équivalent ASCII 64 (pavé numérique plus touche Option).
Dernière petite chose, il est sans doute bon de rappeler que lorsqu'on quitte VirtualPC, ce dernier nous propose de sauvegarder l'état de la machine virtuelle. Ainsi, lorsqu'on relance le programme, on retrouve immédiatement ou presque cette même machine dans l'état dans lequel on l'avait quittée.
Cette compatibilité existait déjà en version 5, mais la V.6 est encore plus extraordinaire à ce niveau. En effet, il est possible de piloter ses applications PC via le dock. En effet, un menu "Démarrer" est reconstitué dans le dock de MacOS X, copie exacte de celui que vous avez créé dans votre PC virtuel. Il s'agit-là semble-t-il d'un véritable tour de force, puisque, et là, je reprends l'excellente explication de Bernard Le Du dans MacWord 136, un composant de VirtualPC décompose le menu de Windows en XML, puis génère un fichier texte Unicode qu'un module Dockling interprête et recompose dans le dock de MacOS X.
De plus, une application Windows, une fois lancée, viendra prendre place également dans le Dock, ce qui vous permettra de passer presque sans vous rendre compte (on ne discute pas ici d'esthétique) d'un monde à l'autre, toujours via cette barre bien pratique. Formidable non?
Hé! L'icône de Word 97 dans le dock! Pas belle c'est normal mais bien pratique…
Attention cependant: ces deux nouvelles fonctions sont inopérantes si vous émulez un PC Windows 95 ou Windows NT.
Autre plus intéressant, il est normalement possible maintenant de monter une image disque représentant un PC virtuel sur le bureau du Mac, ceci afin de permettre, par exemple, à un programme spécialisé dans le Backup d'aller regarder à l'intérieur de l'image, comme dans un volume Mac normal, ce qui a été modifé. Cela évite d'avoir à sauvegarder l'image en son entier à la moindre modification d'un fichier qui la compose, ce qui était le cas auparavant.
Malheureusement, un clic sur le bouton "Monter maintenant" est resté chez moi sans effet, ce que je regrette profondément.
Pour transférer des documents de Mac à PC, je continue donc d'utiliser la technique du dossier partagé expliquée plus haut.
Enfin, signalons l'arrivée, toujours avec cette version V6 de la fonction "Annuler les Lecteurs" qui permet de retrouver, par exemple après une installation qui aurait complètement perturbé votre PC virtuel, l'état de la dernière sauvegarde de la machine.
Dieu que c'est pratique sous Windows!
Compatibilité avec les périphériques
Comme nous l'avons vu plus haut, une machine virtuelle VirtualPC n'est pas compatible avec FireWire, sauf en ce qui concerne le dossier partagé qui pourra très bien se trouver sur un disque externe relié par cette connectique.
Au niveau de l'USB, j'ai installé sans problème les drivers et les logiciels dédiés aux appareils de photo numérique Canon IXUS, et Olympus E-10. Ces derniers sont reconnus sans problème, l'IXUS lançant même automatiquement ensuite son logiciel lorsqu'il est connecté à l'ordinateur. Pour l'E-10, Camedia Master n'arrive pas à entrer en contact avec l'appareil proprement dit, mais peut travailler avec le disque amovible qu'il représente. Etrange. Peut-être la réaction est-elle semblable sur un vrai PC? Je n'ai pas eu l'occasion de le vérifier.
En ce qui concerne l'installation d'une imprimante HP 930C, tout a été moins simple (je vous laisse lire l'humeur que j'ai consacrée à cette installation) mais Virtual n'y était pour rien, il s'agissait ici de la philosophie Windows, qui devient nettement moins simple lorsqu'on coupe une installation automatique. Enfin, je vous laisse juge...
Tout fonctionne bien maintenant, c'est le principal.
QuickTime 4 a été installé sans le moindre problème.
Un peu de douceur dans un monde de brute...
Et qu'en est-il au niveau du réseau?
Notre commune travaille dans un réseau NT. Je vous passe les déboires que j'ai à ce niveau avec mon Mac en direct. Ou plutôt non, vous pouvez les lire ici si cela vous dit. À remarquer que tout s'est arrangé avec l'arrivée de Jaguar, cet été.
Lorsque je passe par VirtualPC 6 et Windows 98, tous les problèmes sont résolus puisque je dois ouvrir une session lorsque je démarre une machine. À partir de là, tout est possible, surfer sans avoir à me réidentifier à chaque instant, envoyer des photos sur Internet à un laboratoire numérique, ce que j'ai toujours été bien incapable de faire en "direct Mac" depuis cet endroit.
Les imprimantes réseau installées par mes soins (sans problème cette fois) travaillent comme on peut l'exiger de tels périphériques, bref, tout va pour le mieux (vous remarquerez que je n'ajoute pas "dans le meilleur des mondes").
Je précise qu'avec VirtualPC sous MacOS X, il est indispensable pour se connecter à un réseau NT
- de disposer de la version 5.0.2 ou ultérieure du programme (je n'y arrivais pas avec les versions 5.0 et 5.0.1)
- de choisir l'option "Commutation Virtuelle", l'option par défaut "Mise en réseau virtuelle" entrant en conflit avec le NetBios utilisé par MacOS X (sous MacOS 9, elle fonctionne très bien).
- sous 5.0.4 et avec Jaguar, j'ai pu utiliser l'option "Mise en réseau partagé Sockets" et ainsi éviter la Commutation virtuelle.
En conclusion
Ce n'est pas par gaieté de cúur que je travaille de temps en temps sous Windows, mais j'aime autant ne pas être obligé de m'acheter une machine dédiée pour travailler sous ce système. Comme il ne s'agit pas là de mon environnement de travail principal, je me satisfait pleinement de ma machine virtuelle, même si elle n'est pas un foudre de guerre. Pour les travaux bureautiques, VirtualPC X fonctionne à merveille. Evidemment, si vous préférez jouer, achetez-vous plutôt une PlayStation 2, ou au pire, une Xbox. Là, les performances seront à la hauteur, pour un prix somme toutes relativement modique.
Si vous n'avez pas l'habitude de configurer Windows, achetez de préférence un OS Packs avec le système qui vous convient préinstallé. Vous pourrez travailler en ce cas en quelques minutes sans trop vous creuser la tête.
La nouvelle version 6 se montre bien mieux intégrée à MacOS que ne l'était la précédente. Rien que cela vaut la peine de faire les frais d'une mise à jour. Maintenant, si vous ne recherchez qu'une augmentation des performances, vous ne verrez pas de grosses différences avec la version 5.0.4, déjà immensément améliorée par rapport à la 5.0.2, qu'on se le dise!
Enfin, espérons que Microsoft, qui a racheté le produit à Connectix, ne fasse pas en sorte de laisser la version Mac pourrir dans un coin. En effet, VirtualPC permet également aux utilisateurs de système Microsoft d'utiliser plusieurs machines virtuelles sur un seul ordinateur (un seul ne leur suffit pas??). Et il semblerait que cela fasse un tabac.
Alors, croisons les doigts, avec un peu de chance, Microsoft pourrait faire du bon travail avec Connectix. Car qui mieux que lui connaît les tréfonds de Windows, et pourrait savoir par conséquent au mieux l'adapter au mieux au Mac?
Je vous vois douter là…