Or­léans

Au­jour­d'hui aussi je vais faire dans les jeux un peu plus com­pli­qué.

Or­léans est un jeu al­le­mand (au­teur et édi­teur ori­gi­nal). Sou­vent quand on parle de jeu à "l'al­le­mande", on veut dire un gros jeu de ges­tion avec des cubes par­tout, peu d'in­ter­ac­tion et des points à comp­ter à la fin de la par­tie. Je ca­ri­ca­ture un peu... mais à peine.

Orleans_3D_box

Or­léans est donc un jeu à l'al­le­mande, car on y re­trouve la ges­tion et les points. Pour­tant, il y a bien plus d'in­ter­ac­tions qu'il n'y pa­raît au pre­mier abord et sur­tout pas de pe­tits cubes.

Au lieu de cube, on se re­trouve à faire de la ges­tion de sac, du "bag buil­ding", comme on dit en fran­çais bien de chez nous. Dans ce sac, nous y re­trou­ve­rons des je­tons qui re­pré­sentent nos par­ti­sans et qui vont nous aider à faire des ac­tions. Le sel du jeu sera donc de réus­sir à op­ti­mi­ser son sac pour tou­jours réus­sir à pio­cher les je­tons dont on a be­soin.

Pour les connais­seurs (je sais qu'il y en a), c'est comme un deck­buil­ding - Do­mi­nion - mais avec un sac.

Orleans_eclate

Voyons un peu plus en dé­tail les ac­tions pos­sibles.

Tous les joueurs piochent un cer­tain nombre de pions dans leur sac. Ce nombre va dé­pendre de l'avan­cée de leur mar­queur sur la piste des che­va­liers, mais éga­le­ment de la place qu'ils ont à dis­po­si­tion sur leur mar­ché (li­mi­ta­tion à 8 je­tons maxi­mum).

En­suite, à nou­veau tous en­semble, les joueurs vont po­si­tion­ner les je­tons sur leur pla­teau per­son­nel pour pla­ni­fier des ac­tions.

Par exemple, pour ac­ti­ver la ferme. Il faut po­si­tion­ner un pion blanc et pion bleu. Pour ac­ti­ver le vil­lage, il faut un pion bleu, un noir et un brun. À chaque fois que l'on ac­tive une ac­tion, on avance son mar­queur sur la piste cor­res­pon­dant à l'ac­tion.

Cha­cun joueur, l'un après l'autre, ac­tive une ac­tion. On conti­nue comme ça tant que des joueurs ont en­core des ac­tions à jouer.

Voici quelques exemples d'ac­tions pos­sibles :

  • Se dé­pla­cer par route ou voie ma­ri­time : en se dé­pla­çant sur la carte, on prend une mar­chan­dise sur la route qu'on par­court
  • Construire un comp­toir : sur la ville où l'on se trouve, on peut construire un comp­toir pour au­tant qu'il n'y ait en­core aucun comp­toir (un des siens ou d'un ad­ver­saire) sur la ville
  • Agran­dir la ville : construire un nou­veau lieu qui sera une nou­velle ac­tion pos­sible
  • Par­ti­ci­per à une oeuvre de bien­fai­sance : en­voyer ses par­ti­sans dé­fi­ni­ti­ve­ment sur un autre pla­teau (une façon de net­toyer son sac de je­tons dont on a plus be­soin, tout en fai­sant quelques points)
  • ...

Au début, la phase de pla­ni­fi­ca­tion est assez fa­cile, peu de je­tons sont à dis­po­si­tion et toutes les ac­tions sont fai­sables. Au fur et à me­sure du jeu, des ac­tions ne se­ront plus uti­li­sables et ça va de­ve­nir de plus en plus tendu ! En fait dès que :

  • On a at­teint le bout d'une piste d'ac­tion
  • Il n'y a plus de je­tons cor­res­pon­dant à l'ac­tion

on ne peut plus faire l'ac­tion cor­res­pon­dante. Du coup, l'ordre du tour va de­ve­nir très im­por­tant et il fau­dra être très at­ten­tif à la stra­té­gie des autres et à ce qu'ils veulent jouer. Au ni­veau de la carte, les in­ter­ac­tions se­ront sou­vent pré­sentes et on risque de se faire pi­quer une mar­chan­dise sous le nez ou l'em­pla­ce­ment d'un comp­toir si on n'est pas at­ten­tif.

Le but ici n'est pas de vous ex­pli­quer le dé­tail des règles. Pour cela, vous pou­vez soit vi­sion­ner l'ex­pli­ca­tion des règles sur Tric­Trac ou car­ré­ment voir une par­tie. Le but est plu­tôt de vous faire res­sen­tir le po­ten­tiel du jeu à la fois très fluide et pour­tant super tendu. On vou­dra tou­jours faire plein d'ac­tions... et on ne pourra pour­tant en faire qu'une ou deux (la faute à ces fi­chus je­tons qu'on a mal gérés).

Vous trou­ve­rez donc dans ce jeu :

  • De la stra­té­gie
  • De la flui­dité
  • De la ten­sion et de l'in­ter­ac­tion
  • Des mé­ca­nismes in­no­vants

En ré­sumé, tout ce qu'il faut pour faire un très bon jeu (si on fait abs­trac­tion des illus­tra­tions pour le moins... aus­tères).

Une ex­ten­sion va sor­tir tout bien­tôt qui per­met­tra de jouer avec des scé­na­rios par­ti­cu­liers (en co­opé­ra­tif, en duel, en solo) et un kit d'up­grade per­met éga­le­ment de jouer jus­qu'à 5 joueurs. Au­tant vous dire que je me ré­jouis d'es­sayer tout ça !

Or­léans
de Rei­ner Stock­hau­sen
Illus­tré par Kle­mens Franz
Édité par Ma­ta­got
Prix pu­blic : 50€
De 2 à 4 joueurs
Env. 90 min.

 

7 com­men­taires
1)
Ma­dame Pop­pins
, le 01.10.2015 à 06:24

Ben ce matin, je viens d’éco­no­mi­ser 50 euros ;-)) Au­tant tu m’as fait ache­ter des jeux comme Ti­me­line (his­toire et ani­maux), au­tant là, je passe mon tour, ce qui est le comble pour une… Al­le­mande !

Bonne jour­née,

2)
Fi­lou53
, le 01.10.2015 à 09:37

Euh, bête ques­tion sans doute, mais le but du jeu ne m’ap­pa­raît pas clai­re­ment …
(à part ga­gner bien sûr ;-)

3)
Puzzo
, le 01.10.2015 à 12:24

@Fi­lou53 :

Comme la plu­part des jeux à l’al­le­mande : le but du jeu est d’avoir le plus de points… et il y a plein de ma­nière pour ar­ri­ver à ga­gner des points.

Le but « thé­ma­tique » du jeu est d’as­seoir sa do­mi­na­tion dans la ré­gion d’Or­léans en fai­sant de la pro­duc­tion, des échanges et en se dé­ve­lop­pant du mieux pos­sible.

4)
in­fisxc
, le 01.10.2015 à 16:09

Donc, si je com­prends bien, c’est une sorte de mé­lange entre Agri­cola et Do­mi­nion, non ?

Cela étant, malin l’idée du sac. Ça sup­prime le côté un peu pé­nible de Do­mi­nion qui est de pas­ser son temps à mé­lan­ger les cartes.

Merci pour le conseil Puzzo. Je me le note dans un coin.

5)
Ori­ge­nius
, le 01.10.2015 à 17:30

Moi qui suis né à Or­léans, j’ai été agréa­ble­ment sur­pris de dé­cou­vrir le sujet du jour. Lorsque des Ja­po­nais me de­mandent d’où je viens, ce qui ar­rive assez sou­vent fi­na­le­ment, vu ma car­rure et mon as­pect oc­ci­den­tal, je leur ré­ponds « オルレアン », ce qui veut dire Or­léans dans la langue lo­cale. Un sur deux me ré­torque « Ah oui, Jeanne d’Arc ! » Et d’ajou­ter à mon tour : « En effet et je suis allé à l’école avec elle » (同級生でした pour les ja­po­nai­sants). Bref même les Ja­po­nais connaissent Or­léans et Jeanne d’Arc.

L’illus­tra­tion de la boîte de ce jeu me semble moyen­âgeuse. Peut-être même l’ar­mure y des­si­née évoque-t-elle Jeanne d’Arc ?

Ce jeu, tout al­le­mand qu’il soit, au­rait-il comme fon­de­ment his­to­rique la guerre de 100 ans et par­ti­cu­liè­re­ment Jeanne d’Arc pour se nom­mer « Or­léans » ?

6)
Fran­çois Cuneo
, le 01.10.2015 à 17:49

Au­jour­d’hui aussi je vais faire dans les jeux un peu plus com­pli­qué.

Ah…

J’ai eu peur, là… Mais fi­na­le­ment non, ça va…

7)
Fi­lou53
, le 02.10.2015 à 08:49

@Puzzo:
merci ;-)