J'avais envie aujourd'hui de partager avec vous un concert d'une rare humilité, simplicité et rempli de plaisir partagé sur scène et avec la salle.
Nous avons pris une soirée, ma femme et moi, en faisant garder nos filles, pour aller assister à un concert à l'Auditorium Stravinsky, durant le festival du Montreux Jazz.
Cette soirée a débuté par un heureux hasard. En effet, l'un des deux concerts de la soirée ne nous intéressait absolument pas, nous n'étions venus que pour l'autre. En arrivant sur place, nous avons pris le temps de manger tranquillement, persuadés que nous étions que le concert que nous visions était la tête d'affiche. Nous n'avions pas remarqué qu'il manquait les horaires avant que l'un de nous se pose la question fatidique : « au fait, c'est à quelle heure exactement ? »
Cette question est arrivée à 19h45, alors que l'ouverture des portes était à 19h. Le 1er concert devait donc débuter autour de 20h - 20h15. Pris d'un doute, nous sommes allés vérifier auprès de la caisse où nous devions échanger nos tickets contre des bracelets permettant des aller et retour dans la salle. Et là, nous avons appris que le concert pour lequel nous étions venus commençait à 20h ! alors, hop, d'un bond, nous sommes montés dans la salle, et avons réalisé qu'en effet ce n'était pas la tête d'affiche, car il restait de la place juste devant la table de mixage (entre autre) ! Nous nous sommes installés à cet endroit, le plus réputé pour avoir le meilleur son, et nous nous sommes laissés emporter par la magie du quatuor qui se présentait à nous.
Trêve de suspens, il s'agissait de la Famille Chedid, mais si vous êtes observateur, vous avez dû les reconnaître sur la photo de l'article.
Née d'une jam ensemble, cette tournée a été imaginée comme un événement unique en 2015 à l'occasion une série de concerts où ils se partageraient la scène, les instruments et joueraient des morceaux issus des 4 répertoires.
Au sein de ce quatuor, chacun·ne peut jouer d'au moins 2 instruments, permettant ainsi d'avoir un vrai groupe complet sur scène.
Maintenant passons aux présentations :
Louis, le paternel à la voix douce, enveloppante, mais capable d'un phrasé groovy et élégant. Il a joué (surtout) de la guitare et (un peu) de la basse.
Louis Chedid
Mathieu, le fils "star" (nom d'artiste -M-), bête de scène à la voix de tête immédiatement reconnaissable, guitariste virtuose, et parfois bassiste, voire batteur.
Mathieu Chedid / -M-
Joseph (nom d'artiste Selim), le cadet, à l'énergie un peu plus brut, un peu plus rock'n'roll, sosie vocal (dans les aigus) de son grand frère, batteur endiablé, et bassiste.
Joseph Chedid / Selim
Anna (nom d'artiste Nach), la benjamine, à la voix puissante, chaude et un peu barrée, pianiste et bassiste.
Anna Chedid / Nach
Il faut dire que nous suivons Mathieu Chedid depuis à peu près 18 ans, soit quasiment depuis le début de notre couple, et que le « Soldat Rose » écrit par Louis, et l'un des albums pour enfants que nous adorons en famille (nos filles également).
Ce fut donc pour nous l'occasion de découvrir un peu plus, voire complètement 3 membres de la famille.
Et il n'y a pas à dire, ce concert fut comme un rendez-vous en intimité. Leur complicité sur scène, leur énergie, leur simplicité, leur honnêteté de partager ce moment avec nous ont transpiré durant tout le concert (1 h 30).
Au début, chacun·ne a chanté une chanson de son répertoire accompagné par les autres durant 2 tours (8 chansons, mais cela, vous l'aviez compris). Ensuite, ils ont commencé à chanter les chansons des autres, provoquant quelques mélanges savoureux, comme Louis qui chante « Machistador » de Mathieu. Et là, entendre "l'ancien" chanter « Je suis roi de la drague, je l'avoue... », c'était à la fois drôle, bien fait, et le plaisir était totalement partagé.
Je n'ai plus la liste en tête, car j'écris cet article après 2 mois, mais les sensations, les émotions de ce concert sont encore intactes. Mathieu a fait sa traditionnelle balade dans la foule et est carrément venu nous piquer notre place près de la régie. C'est à cette occasion que j'ai réalisé qu'il faisait certainement plus de 1.80 m, vu qu'il m'a paru être géant à côté de mon mètre septante (soixante-dix). Cela reste toujours surprenant de voir des artistes que l'on admire d'aussi prêt, même si je ne suis pas du genre groupie.
Dès la fin de ce concert, nous avons fui le reste de la soirée et sommes rentré, la tête, les oreilles et les yeux pleins de souvenirs.
J'ai ressenti ce plaisir mélangé d'avoir un concert qui nous touche par sa sincérité, par sa chaleur humaine normalement réservée aux petites salles, par l'enthousiasme communicatif des 4 musiciens. Nous avons été touchés par cette aventure familiale, partagée avec humilité sur scène avec nous. Mais je crois que je me répète.
Autant j'ai aimé découvrir Joseph et Anna et leurs morceaux, autant les morceaux, finalement assez connus, de Louis ont été proposés revisités par ses enfants, autant je regrette presque que la fin du concert n'ait surtout tourné autour des chansons de Mathieu. Non pas que ce soit pour me déplaire, vu que j'apprécie particulièrement ce qu'il propose, mais plutôt parce que cela m'a donné l'impression que le concert a penché un peu plus de son côté que des autres, ce dont il n'a pas besoin, tant que sa présence scénique est déjà importante.
J'ai trouvé ce compte-rendu par Kevin Gertsch sur le site RTS, dont je partage, en partie seulement, le point de vue, qui peut vous donner un point de vue un peu différent :
Réunis vendredi sur la scène de l'Auditorium Stravinski à l'occasion d'une tournée inédite, Louis, le patriarche, Matthieu, Joseph et Anna, ses enfants, ont conquis le public du Montreux Jazz Festival.
Décor sobre, un énorme panneau blanc au fond de la scène. Et voici l’entrée seule d'Anna, la benjamine. Vêtue d'une robe rétro-chic, arborant un petit air gouailleur, elle entame derrière son clavier « Ce qu’ils deviennent », chanson tirée de son premier album.
À peine perceptible, la pointe de fébrilité s’évapore lorsqu’elle est rejointe sur scène par Joseph à la guitare, puis par Matthieu et, enfin, Louis.
Plus qu'une famille
Les familles de musiciens ne sont pas rares dans le petit monde de la chanson française. Pensez aux Higelin, aux Souchon. Que l’une d’elles se rassemble pour élaborer un spectacle commun, c’est pourtant inédit.
Et plus qu’une famille, c’est tout un orchestre qui se présente au public du « Jazz ». Musiciens chevronnés, les quatre membres du clan Chedid intervertissent régulièrement leurs instruments pour (ré) interpréter les chansons de chacun. Pari réussi. Dans un Auditorium Stravinski aux trois quarts plein, les titres des uns et des autres s’enchaînent sans à-coup.
Parenthèses soporifiques
Louis Chedid, 67 ans, c’est 43 ans de carrière et seize disques au compteur. Matthieu (alias -M-), six albums et des salles pleines à craquer au cours des quinze dernières années. Si tous deux viennent de sortir leur premier album, Anna (Nach), 28 ans, et Joseph (Selim), 29 ans, demeurent moins connus et peinent encore à s'affranchir de l'héritage familial.
Malgré cette notoriété inégale, aucun des quatre ne semble vouloir prendre le dessus. Une volonté assumée qui nuit parfois au rythme d’un concert louvoyant entre passages vibrants et parenthèses soporifiques.
Heureusement, cette mise en scène un peu molle laisse de l'espace à la virtuosité et au groove dantesque de Matthieu à la guitare. Sans compter sa descente dans le public pour un furieux « Qui de nous deux » ?
Ambiance chaleureuse
Après 90 minutes de concert, « Mama Sam » et sa rythmique chaloupée invitent pour la dernière fois une audience conquise à se déhancher.
Mais c’est avec un titre de Louis, « On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime », que se conclut ce concert dans une ambiance intimiste et chaleureuse. La musique chez les Chedid ? Assurément une affaire d’amour... familial.
Kevin Gertsch
Bref, plutôt que de vous détailler la setlist (que je n'ai plus en tête), je vous partage quelques liens YouTube (de qualité variable) pour vous faire une idée, ci-après.
T'as beau pas être beau (de Louis Chedid)
Machistador (de Mathieu Chedid)
Egoman (de Louis Chedid)
Paranoïa (de Joseph Chedid)
Coeur de Pierre (d'Anna Chedid)
Et pour finir, cette très émouvante chanson de Louis.
Il y a encore une soeur, qui est cinéaste, et qui a signé plusieurs des montages des tournées de -M-... ce qui peut laisser espérer éventuellement un DVD de la tournée, mais j'ai l'impression que c'était l'aventure d'une tournée... sans plus.
On verra.
Toujours est-il que je reste avec l'agréable souvenir d'avoir assisté à un concert rare, dans une salle magique au niveau du son. Et si je vous donne envie, je suis navré, mais la tournée est terminée...
, le 10.09.2015 à 07:01
Il semblerait qu’un cd avec de nouvelles chansons cette fois, soit en préparation…
, le 10.09.2015 à 11:56
Ça doit quand même être un sacré panard de faire de la musique comme ça en famille!
Merci!
, le 11.09.2015 à 20:10
A priori ils me sont plutôt sympathiques, mais enfin le rapport avec le jazz est quand même assez lointain.
Je sais bien que pour faire vivre des festivals on a besoin de têtes d’affiche, mais quand les jazzmen sont minoritaires sur un festival dit de jazz, ça me gêne un brin.
En ces temps confus on estampille « jazz » n’importe quoi du moment qu’il y a des musiciens qui jouent et des chanteurs qui chantent (j’exagère à peine). J’ai des potes jazzmen (de talent) qui galèrent vraiment et eux, on ne les invite pas dans des festivals de variété.
Allez, c’était ma mauvaise humeur de fin de semaine. Sans rancune aucune …
, le 11.09.2015 à 20:48
@matsax
tout-à-fait d’acc’ avec toi!
Le Folk festival de Nyon a changé de nom quand il a changé de style, devenant le Paléo. Je pense que le Montreux Jazz aurait dû le faire également. Mais peut-être qu’à Montreux ce changement d’orientation s’est fait plus progressivement qu’à Nyon… Je ne connais pas l’histoire du MJ.
Quoi qu’il en soit, je suis de ceux qui ne comprennent pas pourquoi ce festival s’appelle « Jazz ».
, le 12.09.2015 à 14:26
J’aurais bien voulu écouter cela.
Je ne connais pas le frère, mais tous les autres (y compris Anna, qui ressemble un peu trop à Camélia Jordana au niveau vocal.
C’est encore le père que je préfère quant à moi.