Pour commencer, une petite note d’histoire sur ATH (je fais court parce que ce n’est pas le sujet de l’article):
« Fondé en 1962, Audio-Technica est un consortium mondial voué principalement à la conception, la fabrication, la commercialisation et la distribution d’une large gamme d’équipements audio. Connu au départ pour ses cellules Hi-Fi, A-T fabrique aujourd’hui des microphones professionnels de haute qualité, des casques d’écoute, des systèmes sans fil, des mélangeurs ainsi que des composants électroniques de haute performance pour usages domestiques et professionnels. »
Bon, ATH a plus de 50 ans, est connu et reconnu dans le milieu audio pour faire simple.
Dans le domaine des casques, leurs produits couvrent une large gamme d’attentes de la plus simple à l’objet d’art à plus de 1500 €.
Leur signature : pas reconnu comme des casques basshead ou ultrabrillants, leur traitement du medium peut être considéré comme leur signature.
Je viens vous parler de leur produit phare de l’année 2014, le MSR7.
Il est dit qu’ATH a mis 4 ans pour concevoir ce casque qui a pour vocation de pouvoir être utilisé tant en nomade, qu’en sédentaire et de rendre justice au morceau en haute définition (ben tiens donc).
Alors la fiche PDF du produit sur leur site est pas mal mais un peu pompeuse :
« Les amateurs de musique peuvent désormais bénéficier d’un son de haute qualité tout en profitant d’un grand confort d’écoute grâce au nouveau casque ATH-MSR7 d’Audio-Technica. Associant une qualité sonore haute-définition à un design moderne, l’ATH-MSR7, à la fois sobre et tendance, est le résultat d’années de recherche et d’un savoir-faire historique au service des producteurs et des musiciens professionnels depuis 1962. » Tout le monde doit l’acheter.
Et un peu ridicule (en tout cas dans sa traduction française) :
« Coussinets souples à mémoire de forme s’adaptant parfaitement à la forme des oreilles pour maximiser le plaisir d’écoute. » Alors là, chapeau M. ATH, un coussinet qui s’adapte à la forme de l’oreille c’est du jamais vu.
Bref, je les aime beaucoup toutes ces marques audio mais à moins de faire un essai, tout ça c’est du vent.
Et puis, je ne crois pas au Père Noël, 239€ pour un produit aussi « beau, moderne, technique, confortable et regroupant tout ce savoir-faire », je demande à entendre.
Et hop, parti pour un achat parce que je suis au bord du divorce avec mon Beyer T70p. Disons qu’il ne s’entend plus avec mon lecteur et pourtant c’est un sacré casque.
Acheté en marron (seule couleur dispo le jour de l’achat en magasin). Boite extérieure banale mais emballage intérieur du casque assez « luxueux » dans sa présentation.
Je vous balance les données techniques. Je n’y connais pas grand-chose. Je me fie à mon oreille. J’arrive à faire la différence entre les aigus, les mediums et les basses et je reconnais quelques instruments.
• Transducteur: Dynamique fermé de 45mm
• Puissance Admissible Maximale: 2 000 mW
• Réponse en Fréquence: 5 ~ 40 000 Hz
• Niveau de Pression Acoustique Émis: 100dB/mW
• Impédance: 35 ohms
• Poids: 290g
• Connecteur: 3.5mm plaqué or.
• Câbles: 1.2 m, 3.0 m and 1.2m avec micro et télécommande pour smartphones.
• Accessoire inclus: Pochette de transport.
Poids correct. Ensemble de câbles intéressant : un câble court sans commande (YESSSSS), un long si vous avez une chaîne, et un câble avec télécommande pour les téléphones.
En lisant la fiche rapidement, le casque sera utilisable avec n’importe quel lecteur (impédance basse et sensibilité à 100 db). Pas besoin d’ampli-casque séparé. Et ça, pour moi c’est important. J’aime voyager léger et surtout vivre sans trop de fils.
Allez c’est parti, je déballe. Visuellement, c’est un bel objet. La finition est à l’avenant. Le casque semble robuste et d’un gabarit « suffisant » pour qu’il ne donne pas l’air d’être un jouet ou un piège marketing surfant sur la vague de la Hi-Res.
Les coussinets ne sont ni trop fermes, ni trop moelleux. L’arceau n’est pas trop souple ce qui devrait assurer un clamping (ou serrage de tête) ferme évitant que le casque ne bouge en déplacement.
Le câble est détachable (très bon point ça en cas de casse). Le coulissement des oreillettes pour ajuster la taille est ferme et précis. Des petits patins en gomme viennent amortir la rencontre des oreillettes avec l’arceau.
La finition est là. L’objet semble sérieux. Extérieurement, les 239€ n’ont pas l’air galvaudés au contraire.
Maintenant, il est temps d’observer le ramage.
Va-t-il remplacer le T70p non seulement pour mes oreilles mais aussi dans mon cœur parce que ce casque m’a fait redécouvrir le plaisir d’écouter de la musique.
Je prépare une petite playlist. Du rock, du blues, du jazz, de la pop, de la musique classique, des live, de l’acoustique…
Va falloir me convaincre.
Donc ma référence est le t70p, un casque fermé (aussi) mais avec une scène sonore très large pour un fermé et l’utilisation d’une technologie propre à Beyer en casque : le tesla. Le rendu est extrêmement chirurgical (type scalpel). Tout est très précis, détouré. La dynamique du casque est très bonne, portée par une belle présence dans le haut du spectre. Ce casque va très loin dans les aigus. Les médiums et les basses sont bien présents mais sont secs. Ca claque, ca brille, c’est dynamique. Une expérience assez totale de la musique. Un peu fatiguant sur les longues sessions mais tellement précis que vous redécouvrez tous vos morceaux. J’adore cette précision, cette netteté. Tout est là à sa place et vous pouvez le visualiser. C’est cristallin.
Je lance une première session avec le MSR7. Rien à voir. La scène sonore est moins large. Le son est moins brillant. Pas de sensation de précision chirurgicale. Il y a un « je ne sais quoi avec ce casque » qui donne une sensation plus feutrée. Cela ne me déplaît pas mais ce n’est pas forcément ma tasse de thé. Cette netteté BEYER me manque.
Deuxième session. J’ai pris la décision de ne pas toucher au Beyer pendant une semaine ce qui me donne approximativement 10h d’écoutes libres avec le ATH. Toujours cette sensation de douceur des traits, ces contours de la musique arrondis. Sont-ils pour autant amputés de quelque chose ? Je ne sais pas encore.
Reste qu’au bout d’une semaine, je repars avec la Beyer. Je ne suis pas convaincu. Tout est là et pourtant il me manque un chouïa de… ????
Troisième session. Ecoute longue de deux heures. Là, c’est mieux que le Beyer. Moins fatiguant. Une écoute vraiment confortable sur la longueur. Je résiste à cette sensation de manque de netteté. Sûrement le test le plus probant pour le MSR7. Reste qu’après ces trois sessions je reviens toujours au Beyer.
J’abandonne le MSR7 et le revends. C’est un très bon casque juste, équilibré, dynamique et résolvant mais j’aime le scalpel du Beyer, ce côté coup de poing sec et franc que je me prends quand je le mets. Je repars avec le Beyer qui est un casque fabuleux mais pour autant ne se marie pas parfaitement avec mon lecteur. Et puis cette session longue me laisse un goût bizarre. Aurais-je loupé quelque chose avec le MSR7 ?
Le temps passe. Le Beyer est toujours là mais me fatigue. Je m’en lasse. Il me manque du gras, du corps, de la douceur des écoutes des vinyls de mon père dans ma jeunesse.
Je repars en quête avec toujours un budget restreint. Je réétudie le champ des possibles. Je teste de nouveaux casques dans les magasins, chez des amis. Celui qui se reproche le plus de ce que je cherche est le MSR7. Aurais-je vraiment loupé quelque chose ? Mon test a-t-il été faussé d’une façon ou d’une autre ?
Cette fois-ci je procède autrement : je l’emprunte. Et décide de partir d’une feuille blanche en essayant d’oublier le plus possible le T70p. C’est plus facile parce que je n’ai plus posé une oreille dessus depuis deux semaines.
Et là, cela n’a plus rien à voir. Je comprends tout de suite pourquoi mon premier test était mauvais : je m’étais focalisé sur cette netteté, clarté incroyable. Je ne faisais pas attention au reste. Je pensais que cette clarté induisait, précision, dynamique et pureté de l’interprétation du morceau.
Grosse et grossière erreur.
Le MSR7 a le même pouvoir résolvant que le T70p, c'est à dire très élevé. Il vous permet d'entendre tous les instruments, tous les sons, toutes les intonations des voix.
Sa scène sonore n'égale pas celle du T70p (et je pense que pour la surpasser il est nécessaire d'acheter un casque ouvert). Reste que cette scène moins large rend l'écoute plus intime. Je me sens dans un club de jazz ou dans une petite salle de concert où l'on découvre de nouveaux talents.
Le MSR7 est tout aussi rapide dans les enchaînements mais donne une sensation de douceur dans cette opération là où le T70p est plus brutal créant une dynamique un peu exagérée.
L'autre grande différence est ce côté plus charnel qui est le résultat de l'addition de trois éléments à mon avis :
- des aigus qui montent très haut comme le T70p mais se meurt délicatement à la différence du T70p
- un traitement du medium qui touche au sublime pour mon oreille. Les voix sont magnifiées par ce casque
- des basses moins sèches mais pas baveuses. Elles sont plus corpulentes.
C'est cette corpulence, ce côté charnel qui m'avait trompé. J'avais la sensation qu'il cachait le reste. Mais bien au contraire, il le rend plus délicat, plus soyeux. Il faut juste faire un reset dans la tête de l'empreinte du précédent casque.
Et là, ce fut superbe. Je viens de réécouter Momento Magico de Youn Sun Nah. L'intro de ce morceau est un bon test pour ces deux casques. Les transitions sont superbes avec une très belle dynamique. Mais le MSR7 apporte ce corps qui rend honneur au côté jazz et un peu latin de cette intro. Le T70p en faisait un magnifique exercice technique, le MSR7 le rend palpable.
J'ai eu le même choc avec Ghost Riders In the Sky de Youn Sun Nah. Cette sensation de voix black très groove est bien plus perceptible avec le MSR7. Et j'ai moins cette sensation de sibilance sur l'intro de Soundless Bye de la même artiste. Là, je perçois toute cette douceur dans le passage très progressif de la voix délicatement murmurée au départ qui au fur et à mesure monte.
De même, dans l'album de Serge Gainsbourg, " Histoire de Melody Nelson", quel "poids" dans la basse et la contrebasse. Et cette voix si articulée de Gainsbourg et celle sur le fil de Jane Birkin.
KO. Le T70p était KO.
J'ai racheté un MSR7.
Et à ce prix, je ne le regrette pas. Le plaisir apporté par ce casque, sa justesse et sa signature valent bien plus que ces 239€.
Mes oreilles sont heureuses, mon lecteur est heureux et moi aussi.
A priori j'ai trouvé chaussure à mon pied.
Bonne journée et bonne écoute.
P.S.: le noir est plus discret quant au marron il est magnifique et les légères touches de bordeaux sont discrètes et bien placées.
, le 26.05.2015 à 01:47
merci pour ce retour.
Il est beau en marron!
cela fait 20 ans que je cherche un remplaçant a mon vaillant Grado, j’ai trouvé un JVC de studio (il a 15 ans au Japon) qui me va pour la maison, mais vu la taille et le poids et sa demande de puissance, impossible pour une utilisation nomade.
Je vais donc essayer ce A-T ce week end (si je le trouve, tout comme la brosse Oral-B sur Hong Kong :) )
, le 26.05.2015 à 06:24
@pter,
Pour remplacer quel Grado ?
, le 26.05.2015 à 06:54
Et moi qui vient d’acquérir un Momentum over-ear (marron aussi) il y a 3 mois…
Mais non, comme tu l’as dit, c’est aussi une question de sensations individuelles. Je crois que je pourrai utiliser les mêmes descriptions que les tiennes lorsque je tente d’expliquer ce que je ressens avec mon Sennheiser!
Merci pour partager cette aventure (ou ce test ;o) )!
, le 26.05.2015 à 07:02
@cvanquick: un SR60 de 1995. Je l’aime :)
un casque a conseiller? je suis tout ouïe :)
, le 26.05.2015 à 08:02
Perso, mon experience avec ATH a été nulle.
Achat d’un casque, casse de l’arceau au bout d’un an et quelques semaines (casse sans forcage, sans choc…).
Contact du sav ath, envoi de photo… Réponse, délai de garantie dépassé, casse considérée normale (usure).
Résultat, à tort ou à raison, j’ignore les produits ATH…
, le 26.05.2015 à 08:27
@Guillome, les pbs de sav me refroidissent toujours.
@pter, pourquoi ne pas rester chez Grado ?
, le 26.05.2015 à 09:27
@pter,
J’ai chez moi un SR225e et un SR325e.
Ce sont des Grado magnifiques.
Le premier est plus accessible plus passe-partout.
Le second présente un dynamique folle.
Je dirais qu’ils ne sont pas aussi brillants que le beyer ni aussi doux que le MSR7.
Il subliment les instruments à corde.
Le 325e présent un bas et un haut du spectre plus pointu et plus ample que le 225e qui est un cran en dessous.
Le 325e est visuellement une oeuvre d’art avec ses cups en acier ciselé.
Mais personnellement, j’ai trouvé un équilibre avec le MSR7. Il n’est pas aussi typé qu’un GRADO mais passe avec tout.
Je vais me séparer des deux GRADO avec tristesse mais je préfère qu’ils fassent le bonheur de quelqu’un plutôt que de rester dans une armoire.
, le 26.05.2015 à 12:11
bonjour @Hi-Phil.
clairement, c’est un compromis pour un écoute mixte.
Il ne peut pas rivaliser avec des casque sédentaires qui généralement se situent dans d’autres sphères tarifaires. En revanche, ils rivalisent sans problème avec les nomades en terme de qualité sonore. Il est même supérieur à mon avis sauf peut-être pour l’isolation.
Effectivement, après un rodage, ce casque s’ouvre encore et s’affirme.
Pour l’ampli, celui-ci n’en a vraiment pas besoin sauf à vouloir changer sa signature sonore.
Eh oui, tout est question d’assocation.
, le 26.05.2015 à 14:00
@Hi-Phil,
Je vous conseille d’aller lire quelques réflexions à ce sujet sur le site tellementnomade http://forum.tellementnomade.org/.
Vous parlez de quel casque et de quel ampli ?
A mon avis, un premier test avec l’adpatateur peut valoir le coup.
Sinon, sur le site thomann.de, vous avez un délai de trente jours pour retourner le matériel si il ne convient pas.
, le 26.05.2015 à 14:09
@Hi-Phil,
De part mes nombreuses lectures, il semble que la sortie casque d’un ampli ne soit pas forcément la panacée.
Il reste aussi la solution des ampli-DAC ou des DAC ou ampli-casques avec les deux sorties.
Sinon si je comprends bien, le DAC c’est pour l’utiliser avec les éléments du salon ?
, le 27.05.2015 à 07:39
Souvenirs, souvenirs …
Ce dont je vais parler ne se situe pas dans la même catégorie que ce dont il a été question ci dessus. Mais …
Sorti en 1985, il a stupéfié par son rapport qualité prix, sa dynamique incroyable. Attention, il existe toujours mais toute l’électronique a été modifiée afin d’être au goût du jour: des basses de type grosse caisse de musique bavaroise, spectre aigu castré etc…
Mesdames, Messieurs je vous présente le Koss Porta Pro
, le 27.05.2015 à 09:19
@Ysengrain,
Ce casque a acquis un statut de légende dans l’histoire des casques
, le 27.05.2015 à 19:43
Merci pour cette approche tout en douceur, avec un côté je t’aime moi non plus.
J’ai aussi essayé le T70, mais je le trouvais agressif.
Le Beyerdynamic T1 par contre… que j’ai testé d’ailleurs.
Il faudra qu’on compare!:-)
, le 28.05.2015 à 09:18
@François
Même si j’ai prévu d’aller en Suisse ce ne sera pas cette année. Je t’envoie le casque pour que tu t’amuses si tu le désires.
, le 01.06.2015 à 22:23
Bonjour,
J’avais aussi mis long à me décider pour un casque et après en avoir testé de multiples, dans toutes les catégories tarifaires, je me suis aussi arrêté à ce modèle.
Je l’utilise presque toujours en association avec un DAC portable ifi nano et je dois dire que le résultat est à la hauteur de mes attentes, même si la source la plus fréquente est Spotify Premium (donc pas ce qui se fait de mieux on est d’accord).
Parenthèse ouverte : je ne peux que louer le service après-vente de la société ifi-audio.com qui n’a pas hésité à me faire parvenir un simple câble USB depuis les USA, en express, à leurs frais, simplement parce que ce dernier était défectueux dans l’emballage d’origine. Parenthèse fermée.