« Une de nos traditions suisses est certainement le chasselas. C'est même plus : un héritage ». Voici comment André Jaeger, Chef étoilé du Rheinhotel Fischerzunft à Schaffhouse commence la préface qu'il a écrite au sujet du livre que je vais vous présenter aujourd'hui. Car oui, aujourd'hui il sera question de cépage, mais pas n'importe lequel : le cépage originaire de l'arc lémanique, digne représentant de toute une région, le chasselas. Il sera également question de vignerons passionnés, parfois un peu fous, qui s'investissent corps et âmes pour tenter d'exprimer toute la plénitude de ce cépage que certains pseudo-connaisseurs considèrent comme juste bon à produire des vins d'apéritif douteux...
« Le chasselas est un cépage formidable, encore faut-il le savoir »
Dès l'introduction de Jérôme Aké Béda et Pierre-Emmanuel Buss, nous savons à quelle sauce nous allons être dégustés : c'est une ode au roi chasselas qui nous attend. Cette symphonie d'images et de portraits viti-vinicoles saura, en plus de nous émerveiller, mettre en lumière la beauté du terroir romand ! Car oui, l'ouvrage « les 99 chasselas à boire avant de mourir », J. Aké Béda, P.-E. Buss, aux éditions Favre SA, Lausanne, 2014 n'est pas uniquement là pour rendre ses lettres de noblesse à un cépage, mais il est également fait pour mettre en lumière les vignerons qui, jours après jours, donnent tout pour faire d'un cépage méconnu, voir injustement décrié, une véritable expérience gustative et olfactive !
Soyons honnête, la couverture date d'un autre âge
Autant le dire tout de suite, il ne faut surtout pas s'arrêter sur la couverture et la présentation de cet ouvrage ! Même si les éditions Favre semblent être restées au siècle passé pour cette production, le livre co-écrit par Jérome Aké Béda est exactement comme lui : enthousiaste, haut en couleur, passionnant et très savoureux. Pour tout ceux et celles qui ont eu la chance de croiser Jérome à l'Auberge de l'Onde à Saint Saphorin, ils retrouverons son style inimitable de passionné, d'amoureux des vins en général et du chasselas en particulier.
Jérôme Aké Béda, © 24heures.ch
Le vainqueur du prix du Meilleure sommelier Suisse 2010 aura mis toute sa science et ses connaissances pour rechercher les meilleurs chasselas produits en Suisse, principalement en romandie même si l'on découvre deux extraterrestres alémanique et tessinois. Ce qui est intéressant dans cet ouvrage, c'est que l'on retrouve les grands noms de la viticulture suisse, mais également de jeunes talents dynamiques dont le nom comptera certainement dans le milieux du vins ces prochaines années.
99 vins et vignerons mis en lumière
Même si le livre peut apparaître comme un simple catalogue - plus ou moins snob - de vins à déguster, les auteurs vont nous faire découvrir les qualités et les particularités que peuvent faire ressortir certains vignerons à un cépage abondant comme l'est le chasselas. Oubliez les vins désagréablement pétillants que vous connaissez, les auteurs vont mettre à jour la face cachée du chasselas : un cépage qui peut admirablement vieillir (comme le démontrent le fabuleux Domaine de Autecour 1945 ou le Moet 1989 de Simon Maye & Fils), offrir de la gourmandise et faire ressortir le terroir comme aucun autre cépage ne saurait le faire ! Car ce que d'aucuns considèrent comme un défaut, le fait que le chasselas ne soit pas un cépage puissant et envahissant va permettre - au travers de sa finesse et sa délicatesse - de faire ressortir les différents terroirs suisses !
Grappe de chasselas dorée par le soleil
Au-de là des photos représentant les bouteilles des vins consacrés, nous allons également retrouver toute une série de photos du paysage romand à couper le souffle ainsi que les portraits des vignerons ayant produit l'un des vins choisis. Autant, on redemandera certainement quelques magnifiques paysages signé par E. Gemma, autant les portraits peuvent donner une image terne et parfois dure du vigneron.
Même si cet ouvrage n'est pas parfait, il mérite largement qu'on s'y attarde car nous avons à faire à une très belle carte de visite pour nos vins et notre terroir. Et que les grincheux qui ne voient en le vin que l'expression d'un gout unique de cépage(s) se rendront peut-être enfin compte qu'un vin n'est pas uniquement une affaire de technique, mais surtout une affaire de passion, de terroir et de climat. Ainsi, le chasselas mérite sa place, au même titre que d'autres cépages plus colorés, dans les caves des plus fins connaisseurs de vins.
, le 29.01.2015 à 07:46
Bouquin au contenu très intéressant mais malheureusement sacrifié par une mise en page horrible et un prix conséquent. C’est dommage parce que je pense effectivement que ce cépage jouit d’une bien mauvaise image, alors que l’on y fait souvent de magnifique découvertes, surtout quand on le laisse vieillir (si si)
, le 29.01.2015 à 08:48
Sans remettre en cause le travail des vignerons, le chasselas reste le pire vin du coin… pour ne pas dire au monde. Je n’ai jamais vu personne apprécier ce vin à la première dégustation… de là à penser qu’il faut tout simplement s’y habituer plutôt que de l’aimer il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.
T
, le 29.01.2015 à 10:33
Comme j’habite dans le pays où le vin a été inventé il y a près de 8000 ans, pour le blanc je bois un tsinandali remarquable, issu des cépages Rkatsiteli and Mtsvane. Comme d’autres vins géorgiens, il n’est pas élevé en fûts mais dans de grandes amphores (jusqu’à 3000 litres), appelées Kvevri et enterrées dans les caves. Cette tradition est à présent inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour le rouge, c’est un Saperavi, autre cépage millénaire dont les meilleurs, en dégustation à l’aveugle, peuvent concurrencer de bons bordeaux.Sortis du Kvevri ils peuvent être vieillis pendant plusieurs années dans des fûts de chêne.
, le 29.01.2015 à 13:50
Ah l’ignoble… euh pardon le vignoble vaudois !
, le 29.01.2015 à 14:16
@TTE :
Je dois avouer que tu me déçois un peu ! Je m’attendais à beaucoup plus de vindicte de ta part :) Quoiqu’il en soit, je peux comprendre qu’on apprécie pas un cépage (pour ma part, c’est le muscat). J’aimerai néanmoins t’inviter à déguster les créations de Simon Maye & Fils, notamment leur magnifique Moet (qu’il soit âgé ou non) ou le Clos du Crosex Grillé de Ph. Gex et B. Cavé (vinifié en amphore) sans oublier le Dezaley de B. Duboux.
En dehors de la présentation du livre, mon idée est aussi de rappeler aux gens que le chasselas, c’est pas uniquement cette horrible chose légèrement gazéifiée sans goût. Et que contrairement à ce que certains « bien-pensants » prétendent, il n’y a pas que les valaisans qui savent faire du vins. Certains vignerons romands arrivent à extraire de petites merveilles de ce cépage et ils méritent aussi d’être mis en avant :)
, le 29.01.2015 à 15:04
Je me suis déjà largement exprimé sur le sujet et ne voulais pas en rajouter une couche. Peu importe qui défend ce cépage, le fait est que 90% de la production de ce vin est horrible et les consommateurs ont voté: le volume de vente est en chute libre.
Après, on peut critiquer que les gens sont trop à la recherche d’un goût classic ou d’un goût étalonner à la « Parker »… mais vu les proportions avec lesquels ce vin dégringole des ventes, le malaise est plus profond que ça.
Si j’osais faire une dernière analogie, c’est comme la Trabant. Les gens de l’est ne jurait que par ça jusqu’au jour où ils ont pu essayer autre chose. Suite à la chute du mur, la marque a fait faillite en 2 ans.
T
PS: je tâcherai de gouter les productions dont tu parles mais je serais surpris de ne pas déjà avoir bu quelque chose de leur part car ça fait tout de même des dizaines d’années que je traine dans le coin…
, le 29.01.2015 à 16:19
C’est ce que vous appelez le Fendant?
, le 29.01.2015 à 17:05
T, les gens de l’Est ne juraient pas que par la la Trabant mais ils juraient tous contre cette saloperie, n’ayant souvent pas les moyens de se payer autre chose, pendant que les dirigeants se déplaçaient en Volga, en Tchaïka ou pour les mieux lotis en Zis. Ils avaient aussi la Schigouli, appelée Lada chez nous, version russifiée de la FIAT 124, avec liste d’attente de plusieurs années.
, le 29.01.2015 à 21:50
Le chasselas?
Un vin que j’ai abandonné lâchement il y a quelque années pour des spécialités diverses, de type chardonnay en fût de chêne…
Et puis… et puis, le chasselas, il n’y a que ça de vrai!
Les autres sont écoeurants.
Le seul problème, c’est que le blanc n’est pas bon pour les articulations, et que je ne peux plus trop en boire.
Mais le chasselas, je ne résiste pas.
, le 30.01.2015 à 06:52
Oui. Fendant (Valais) = Chasselat (Vaud)
, le 30.01.2015 à 08:35
C’est plus ou moins cela. En règle générale, les valaisans appellent leur cuvée classique de chasselas fendant. Mais dès qu’on part dans le haut de gamme (oui oui il existe des cuvées haut de gamme de chasselas), il est très très rare que les vignerons valaisans parlent alors de fendant.
, le 01.02.2015 à 17:02
@PhB :
Ce que tu décris, c’est un peu le malheur du vin : tout ce qui est bon et intéressant est souvent rare ! Que ce soit dans les grands vignobles ou dans des plus petits mais également pour les cépages, les vins qui sont vraiment bien fait sont généralement difficile à trouver. Et c’est ce qui m’intéresse :)
Pour le muscat, je critique pas le cépage, juste que c’est pas mon préféré. Mais je sais qu’il existe des perles qui sont un peu l’exception qui confirme la règle. De même pour les chasselas, généralement c’est pas franchement très enthousiasment mais, de la mêlée, sort parfois une perle !
, le 04.03.2015 à 14:01
Un sbire à Parker est venu testé des Chasselas (entre autre) et il a pu en gouter des vieux… pour ces derniers (2003 et 2000), les notes ont été bonnes (92/100).
Par contre, tous les autres Chasselas récents sont entre 83 et 89 sur 100. Au-delà de la note, il a fait ce commentaire:
Ouais, autrement dit, pour le prix, il y a tout de même des biens meilleurs vins.
L’envoyé de Parker a apprécié les chasselas
T