Ce n’est pas parce qu’une personne voyage qu’elle ne garde pas des liens avec sa famille, ses amis, ses collaborateurs professionnels. D’où l’intérêt pour les nomades d’utiliser les techniques actuelles de communication, comme l’ordinateur portable et la connexion internet. Mais comment cela se passe-t-il au jour le jour ?
Retour ici d’une expérience vécue : la mienne !
Il y a quatre ans, nous décidons avec mon épouse d’orienter nos vies du côté de la mer, plus précisément d’acheter un voilier et d’y passer en gros quatre mois par ans, voire plus si entente. Il nous faudra deux ans pour réaménager notre emploi du temps professionnel, car nous ne sommes pas encore en retraite. Cela fait donc deux étés que nous profitons de cette nouvelle existence, un temps suffisamment long pour faire le point sur la communication via un engin mobile : le bateau.
Le matériel (Apple) embarqué
Cela pourra surprendre, mais ce n’est pas moins de six appareils à la Pomme que nous embarquons sur notre frêle esquif : Un MacBook Pro, deux iPad, deux iPhone et un iPod mini. Laissons de côté l’iPod mini qui, comme à terre, est utilisé pour l’écoute de la musique ainsi que pour celle de la radio, puisque notre modèle est muni d’un tuner. Oublions également les premiers iPad et iPhone. Ils servent les deux à la navigation. L’un est le GPS fixe du voilier (avec le logiciel iNavX), l’autre sert de GPS portable (avec le logiciel Navionics). À noter que l’iPad est recouvert d’un boîtier étanche (LifeProof nüüd), l’iPhone est stationné dans une pochette souple étanche que je porte autour du cou. Nous utilisons également d’autres logiciels spécifiques à la navigation, comme Tidesplanner, pour le calcul des marées.
Ceux qui nous intéressent vraiment
Reste donc un MacbookPro, un iPad et un iPhone. Ce dernier est utilisé, comme à terre, pour la réception et l’envoi de SMS ainsi que pour la téléphonie. Il passe en fait l’essentiel de son temps dans un tiroir, car nous n’en avons que peu l’utilité. Par contre, les deux derniers ont une grande importance. Il nous relient au monde extérieur, mais pas de la même manière. Chacun a ses qualités, mais aussi ses défauts. Le MacBook Pro a par exemple trois gros points faibles par rapport à l’iPad :
- Il n’est pas protégé, ni protégeable, des agressions extérieures comme l’eau, le sel ou le sable.
- Il ne comprend pas le 12 Volts, or c’est le seul courant que l’on trouve partout, puisque on peut même le fabriquer soi-même, par exemple avec un panneau solaire. Il faut 18 Volts pour cette bestiole, ce qui nécessite un convertisseur 12/230 Volts, pour ramener tout cela en 18 Volts, seule tension que notre capricieux peut avaler. Il existe bien un convertisseur direct 12/18 Volts sur le marché, le MagSafe 2, mais il est assez cher et je ne connais actuellement personne qui l’utilise.
- Le MacBook Pro n’a pas de port pour carte SIM. Un oubli qui oblige à passer par une clé USB spécifique servant à avaler la fameuse carte. Résultat, c’est fragile, encombrant, ça consomme beaucoup de courant (ça chauffe) et le logiciel qui sert à établir le lien plante régulièrement. De plus, il faut attendre une bonne minute entre l’ouverture du logiciel et la connexion effective au réseau !
L’iPad n’est pas sans désavantages non plus. Certes, il peut inclure (selon le modèle) une carte SIM. Certes, il se connecte immédiatement sur le réseau, peut être protégé par un boîtier étanche et se recharger en 12 Volts. C’est pour la suite que cela va moins bien : l’iPad a un système d’exploitation limité qui ne lui permet pas d’effectuer un certain nombre de tâches. Il demande un clavier spécifique si on veut taper un document de manière confortable et il n’a de loin pas la puissance du MacBook Pro. Ces deux appareils sont néanmoins complémentaires. L’un va très bien pour les surfs sur internet et la lecture en général (l’iPad), l’autre permet la gestion de nos sites internet, celle de nos photos et vidéos plus toute l’administration lourde comme les facturations et les payements.
Comment c’est connecté ?
Vous l’aurez compris, l’usage des cartes SIM signifie que nous utilisons le réseau cellulaire pour la connexion internet. Nous avons d’abord tenté de nous en sortir avec le WIFI que l’on peut trouver par-ci par-là, mais l’opération s’est vite révélée un véritable parcours du combattant lorsqu’on veut une communication un peu sérieuse. Le réseau cellulaire, lui, est vite absent quand le bateau navigue, mais il est souvent possible de se rapprocher d’une côte pour établir la communication. L’avenir de demain matin est de toute façon la communication par satellite. C’est actuellement lent, cher, mais tout va très vite, comme l’arrivée cette année d’un boîtier transformant un signal satellite en WIFI, et proposé par la marque Iridium.
La galère des fournisseurs d’accès
Notre vrai problème encore aujourd’hui, c’est la médiocrité du service des fournisseurs d’accès. Je vous relate notre expérience avec SFR, mais d’après ce que j’entends, c’est aussi pire ailleurs et cela ne facilite pas la vie du voyageur. Le seul système financièrement correct est actuellement la carte « prépaid », qu’il faut chaque fois racheter dès qu’on change de pays. Il est bien sûr possible d’avoir une carte unique, mais tant que la taxe de « roaming » existera, cette solution restera onéreuse. Chez SFR, le prepaid n’est valable qu’un mois au maximum, ce qui oblige à racheter une recharge tous les trente jours. Cela ne serait pas un problème si ces recharges étaient accessibles, mais elles ne le sont pas, ou presque ! Chez SFR, impossible d’acquérir de la recharge par internet, ceci depuis des lustres. Pourtant la page existe, mais ne fonctionne pas. Explication d’un vendeur : « il y a eu trop d’escroquerie de la part des clients, mais nous cherchons une solution ». Il faudra donc m’expliquer un jour pourquoi des milliers de commerces pratiquent le payement en ligne sans problème, mais que ceci soit tout simplement impossible pour un fournisseur d’accès ! Il faut donc aller dans une boutique spécialisée pour acheter les fameuses recharges, puisqu’elles ne sont pas disponibles non plus dans les bars-tabacs ou les grandes surfaces, comme c’est le cas pour d’autres systèmes. Où cela devient ubuesque, c’est que même dans une boutique agréée, il n’est pas toujours possible d’acquérir le précieux sésame et le vendeur ne peut pas effectuer la recharge depuis son ordinateur, ce n’est pas prévu ! Une fois encore, je n’assassine pas SFR dont le réseau n’est pas mauvais (en tout cas le long des côtes), j’ai entendu parfois bien pire en ce qui concerne la concurrence !
Et dans le quotidien, comment ça marche ?
Par chance, les banques (en tout cas les Suisses), ont considérablement amélioré les systèmes de payement en ligne. L’essentiel de mes factures arrive directement sur mon site bancaire. C’est payé (ou refusé) en un clic. Pour les quelques factures papier qui restent, elles me sont envoyées par un ami de temps en temps, en poste restante. Un « scan » depuis l’iPhone relève le numéro inscrit sur le document papier (j’utilise IbiScan) et l’envoye sur le compte bancaire. Pour l’argent liquide, je vous donne un truc (pour les Suisses en tout cas): normalement, le retrait d’espèce est payant lorsqu’on est à l’étranger. Payant oui, sauf pour un organisme : La Poste ! Certes, il faut un compte appelé « privé plus » qui demande un avoir constant de 25’000 CHF au minimum (si on ne veut pas payer de frais), mais à partir de là, toute la gestion et les transactions sont gratuites ! De plus, le taux de change de La Poste est souvent plus favorable que celui d’une banque traditionnelle. Non, je n’ai pas d’action dans cet organisme !
Que conclure
Malgré les petits problèmes énoncés ci-dessus, il est possible de mener aujourd’hui une vie de nomade sans se marginaliser. La communication avec notre famille se fait le plus souvent via le système FaceTime (que c’est bien ce truc !). Toute l’administration et le flux de courrier s’exécutent correctement. Même mes soins médicaux sont assurés par internet, puisque les laboratoires européens ont maintenant des protocoles d’analyse compatibles pour bien des contrôles. C’est mon médecin traitant qui ensuite établit le traitement à suivre (par simple mail), suite au résultat d’une prise de sang effectuée à plus de mille kilomètres.
Mais pourquoi partir ?
Ça, c’est une autre question hors sujet par rapport à cette Humeur. Mais pour les curieux, vous trouverez toutes les explications ici !
J’encourage maintenant les nomades cukiens à donner également leur retour d’expérience via les commentaires. Certains auront peut-être d’autres avis et d’autres solutions à proposer. Alors, gens du voyage, à votre clavier !
Pourquoi une vie nomade ? Parce que cela permet par exemple de voir ceci :
, le 02.01.2015 à 11:40
Voilà peut-être une solution pour le 12V.
https://www.google.ch/search?q=MB441Z/A&ie=UTF-8&oe=UTF-8&hl=fr&client=safari#hl=fr&q=MB441Z%2FA
Apparement plus disponible chez Apple.
, le 02.01.2015 à 12:23
Une solution satellitaire est bien la seule qui offrira une connexion permanente n’importe où… mais on a déjà globalement parlé des avantages et désavantages il y a quelques semaines.
Perso, j’opterais pour un routeur 3G qui se charge via USB car c’est le plus simple pour partager une connexion entre plusieurs appareils en WiFi ou éventuellement, via un switch. J’avais d’ailleurs configuré un truc de ce genre: D-Link Le petit Router.
Enfin, les opérateurs locaux à un pays sont nombreux à offrir des solutions forfaitaires pour un certain paquet de données mais je regarderais aussi ailleurs car même Swisscom ou AT&T offre des paquets roaming qui peuvent être intéressants (25 balles pour 200MB permet de tenir un moment par exemple). Avantage de la chose: on peut se connecter sur des opérateurs différents localement en fonction de la dispo/réseau.
T
, le 02.01.2015 à 16:21
Je n’ai pas le pied marin.
Mais j’ai parcouru avidement le blog consacré au beau bateau et à ses usages comme à ses aménagements.
Et retrouvé le Webasto, équipement indispensable sur mon quat-quat pour soit démarrer le matin dans un habitacle à 19°C par -15 dehors soit rouler -en cabriolet décapoté- sur une route ou un chemin enneigé.
Il avait un minuteur/programmateur et une télécommande que tu peux sans doute trouver chez un accessoiriste auto, comme je l’avais fait quand ma télécommande était tombée de la fenêtre de l’hôtel où nous étions de passage.
, le 02.01.2015 à 21:05
Fabuleux ! Merci de nous montrer que cette utopie n’en est pas une … oserais-je te demander quelle est ta zone de nav ?
Une chose m’effraye carrément dans tes premières lignes … rassure-moi, un compas de relèvement, une règle de cras, des cartes papier, un journal de bord tenu avec un crayon et l’almanach du marin breton sont bien à ton bord, à part toute cette belle électronique ? Et si je te dis règle des douzièmes ou déclinaison magnétique, tu vois de quoi je parle ? Parce que personnellement, confier un passage du raz de Sein à iNavX, tout geek que je soie, je ne le ferais pas … je dois être vielle école …
Sinon, côté carte SIM, je suis passé à xxsim qui offre des tarifs data tout à fait compétitifs tout réseau confondu.
Finalement, pourquoi n’as-tu pas opté pour créer un wifi sur ton bateau ? Moi j’ai ce petit seagate wirless plus alimenté en 12V et un vieux smatphone (android) en tethering sur le même wifi, ce qui me donne accès au NAS et au net depuis tous les appareils sur le WIFI avec une seule carte SIM que je recharge via la net.
, le 02.01.2015 à 21:41
Oulan-Bator en passant par Vilnius, Riga et St-Pétersbourg avec retour par Adana (Turquie), c’est le projet de ma retraite, évidemment pas en bateau mais en camping-car….
Mais bon, je suppose que d’ici là, les moyens auront changé ! Dans l’intervalle, je vous souhaite bon vent ! Que Eole vous soit favorable et Hermès toujours à votre bord !
, le 03.01.2015 à 01:25
Pour avoir eu la chance de monter à bord, beau bateau et bon équipage! Ça donne envie! Un jour, peut-être… Et le site est super!
, le 04.01.2015 à 10:08
Merci pour ce billet. Une solution pour utiliser le MacBook Pro sans passer par un convertisseur 12/220 volts, qui est trop « énergivore » par rapport au rendement.
http://www.amazon.fr/Adaptateur-Chargeur-ordinateur-portable-MacBook-Pro/dp/B0051EODX0/ref=sr_1_13?ie=UTF8&qid=1420360184&sr=8-13&keywords=chargeur+macbook+pro
Pour les Mac Book Pro depuis 2012 il faut rajouter un adaptateur Mag Safe vers Mag Safe 2
http://store.apple.com/fr/product/MD504ZM/A/convertisseur-magsafe-vers-magsafe%C2%A02?fnode=51
Et aussi, pour pouvoir charger tous nos iBidules dans un véhicule roulant, flottant ou naviguant, enfin tout endroit ou le 220 volts n’est pas disponible, mais ou nous avons quand même de l’électricité nomade, un autre appareil intéressant :
http://www.amazon.fr/gp/product/B004SH3ERC?psc=1&redirect=true&ref_=oh_aui_detailpage_o02_s00
Si la prise allume-cigare sur lequel il est branché est suffisamment puissante, on peut charger à la fois, le MacBook, un iPad et un iPhone.
Nota bene, je n’ai pas de lien commercial avec ses sociétés ;-)
J’utilise ce matériel sur mon boat.
Bravo pour le site.
, le 04.01.2015 à 10:50
Désolé pour ma réaction tardive due à des problèmes de… connexion internet.
jp, ToTheEnd, Diego, vos solutions techniques proposées sont toutes intéressantes, je vais donc creuser le problème.
Saluki, pour ce qui concerne le chauffage Webasto, je ne l’ai pas encore vraiment utilisé, car il a été installé en… plein été!
Madame Poppins, jolis projets, mais dommage qu’un camping-car ne fonctionne pas sous voiles :-)
Diego, Le Raz de Sein se passe très bien avec juste iNavX et une carte des courants. Pour les calculs de marées, quand on a goûté à TidesPlanner (iPad-iPhone), on ne veut plus autre chose. Pourtant, j’ai tout le bazar traditionnel à bord! C’est un peu comme avec le courrier: rien ne vaut une bonne vieille lettre avec son timbre, mais tout le monde communique aujourd’hui par mail!
Modane, et moi qui te croyais un terrien pur et dur, attaché aux vieilles pierres, à leur parfum et à leur histoire, plus à la terre ferme qui ne bouge pas sous les pieds :-)
, le 04.01.2015 à 11:04
Galileo, excellent, le chargeur pour MacBook, je pense que je vais l’adopter.
Merci pour l’info.
, le 04.01.2015 à 13:04
Vu le développement du solaire pour les nomades et autres coins reculés, je suis tout de même surpris de ne pas voir plus de solutions offrir des connexions directes en DC sur nos appareils préférés.
Je pense que ce secteur est appelé à se développer fortement dans les années à venir.
T
, le 04.01.2015 à 13:38
ToTheEnd, parce que l’avenir, c’est peut-être le téléphone à manivelle :-)
La recharge solaire, ce n’est pas si simple. Les seuls systèmes vraiment efficaces sont actuellement les panneaux rigides couplés avec un régulateur. Tous le petits gadgets « de poche » que j’ai approchés étaient d’aimables plaisanteries (pense par exemple à ces lanternes de jardin qui éclairent moins qu’une simple luciole)!
, le 04.01.2015 à 14:43
La dernière fois que je suis monté à bord d’un navire de ce genre, j’avais entre 10 et 15 ans (à la louche) et j’ai repeint une partie de la coque d’un très joli orange assez flashy (une bonne livre d’abricots bien mûrs déjà un peu digérés). J’ai beaucoup apprécié, mais on ne ma jamais invité à nouveau ;o).
En tout cas, belle aventure (et le site est effectivement très intéressant).
z (aller au bout de ses envies, c’est important, je répêêêêêêêêêêêêête : bon, là, j’ai envie d’une douceur, mais je vais attendre un peu quand même, l’attente, c’est la moitié du plaisir)
, le 04.01.2015 à 17:48
Zit, ton erreur, tout à fait pardonnable vu le jeune âge que tu avais à l’époque, s’est portée sur le fruit. En effet, tu aurais dû tester la banane. La banane a pour caractéristique particulière d’avoir le même goût, la même couleur et la même texture quand elle entre et quand elle sort. Maintenant que tu sais cela, tu peux remonter sur un bateau!