Cela s'appelle les Urgences vitales, vous avouerez que c'est un nom à la fois rassurant et prometteur: ici vous serez pris en charge, votre vie sera préservée.
Avant d'aller plus loin, parlons de la malade, moi.
Depuis une dizaine de jours, je m'évanouissais à intervalles réguliers. Le hasard a voulu que je sois à Genève. La première fois j'ai été prise au dépourvu, et je me suis fait mal: je suis tombée sur la figure au sens propre, et je me suis retrouvée avec un oeil au beurre noir et une commotion cérébrale carabinée.
Les médecins n'expliquaient pas ce qui m'arrivait. Mon coeur ne présentait aucun symptôme d'insuffisance, aucun trouble nerveux visible – le nerf vagal en fait des siennes, une manière comme une autre de dire: rien trouvé, attendez que ça passe. Lisez le texte sur le lien que je vous donne, vous verrez.
Bref, un soir à six heures, je me suis évanouie grave, j'ai paniqué et j'ai décidé que je ne pouvais pas rester seule toute la nuit, j'étais mal, j'avais mal au coeur (la commotion, me suis-je dit), j'ai appelé le 144 - Urgences vitales.
La «mission» des Urgences vitales est définie ainsi:
«Répondre à la demande de soins et traiter l’urgence de manière efficace et bienveillante en visant l’excellence et en assurant la formation ainsi que la recherche.
- Accueillir, stabiliser et orienter les patients dans les meilleurs délais
- Adapter la communication aux dimensions psychosociales
- Coopérer avec les partenaires internes et externes
- Promouvoir le respect et la collégialité entre les collaborateurs
- Disposer des moyens nécessaires et optimiser l’allocation des ressources et du personnel hospitaliers.»
Dans une autre partie du site, on vous dit que la prise en charge peut durer entre 120 et 160 minutes, en langage clair 2 à 3 heures.
J'admire en tout premier les tenants professionnels de la langue de bois employés par les Hôpitaux de Genève. Il y a des choses qui s'expriment quel que soit le langage utilisé: que les HUG sont à la pointe de la recherche sur le cancer, que la maternité, le centre du sein, fonctionnent superbement, on est généralement d'accord avec eux. Mais quand ils se mettent à dépeindre en rose une réalité – disons grise (soyons gentils), ils sont maîtres ès bonnes intentions et mots vides.
Gardez en tête la «mission» des urgences, je vais vous raconter mon aventure.
(Photo Yvan Genevay)
18 heures. Dans un moment de panique, j'appelle mon médecin chez lui, qui appelle les Urgences.
19 heures. On n'a vu personne, je fais moi-même le 144. On n'a reçu aucun appel de mon médecin, mais on arrive (mon médecin assure qu'il a appelé et qu'on a répondu).
19.15 Ça débarque avec réanimation, deux spécialistes, on me met aussitôt des électrodes, de l'oxygène, on me prend la pression, on m'emballe, on m'emmène. Inutile de dire que pendant cette heure, je m'étais reprise et que j'avais l'impression d'un grand show inutile. D'autant plus que la pression, par exemple, était avec constance celle que j'avais prise moi-même pendant que j'attendais.
19.45 On arrive aux Urgences vitales où la mission est donc de «accueillir, stabiliser et orienter les patients dans les meilleurs délais.» En visant l'excellence.
On entre par un souterrain, on me débarque de l'ambulance sur un petit lit dur à roulettes, on pousse une porte battante… et c'est l'explosion.
L'endroit grouille de flics, je finis par repérer qu'il y a ceux de la gendarmerie, de la police cantonale et de la police de l'hôpital (oui, il y a une police de l'hôpital, et ils sont équipés comme de vrais flics). Sur un brancard à roulettes (je ne sais comment le désigner autrement) une belle femme dans la trentaine, superbe chevelure noire, complet jeans de grand couturier, bottines hauts talons, s'agitait en hurlant des injures dont je regrette de n'avoir pas eu la présence d'esprit, sur le moment, de les noter. C'était coloré. Elle hurlait, se tordait, les mecs n'avaient pas à la toucher – mais qu'on lui lâche un bras, et elle allait droit aux yeux du plus proche, tous ongles rouges dehors. Elle refusait d'être dessoulée, elle était bien comme elle était, qu'on la ramène à la rue.
«Si c'était seulement l'alcool», a murmuré le flic le plus proche.
Pour finir, en la collant au lit à six, ils ont réussi à partir avec elle vers une destination inconnue, ce qui nous a permis de voir la couche suivante de flics et de camés le plus souvent alcooliques. Nouvelle tournée d'injures, d'ébats, les mecs étaient un peu moins inventifs, mais tout aussi remuants.
20.15 Les ambulanciers, qui m'avaient d'abord protégée (on ne sait jamais) on posé mon petit lit contre une paroi, en face de la porte coulissante qui ouvre l'accès aux Urgences. Ils sont allés présenter mon cas à la réceptionniste, une infirmière, qui est venue me re-poser une partie des questions déjà posées par les ambulanciers, qui ont pris congé avec cette parole historique:
«Vous êtes en bonnes mains.»
Lorsque j'ai reçu la facture, j'ai constaté que leurs services – limite inutiles vu le temps qu'ils ont mis pour venir j'aurais pu aller en taxi - m'avaient coûté quelque 900 francs suisses.
21 heures environ. Je suis toujours contre le mur, aucune «bonne main» n'est venue s'occuper de moi. La porte coulissante s'ouvre, arrivent quatre flics encadrant un gars sanguinolent, je comprends que c'est un cambrioleur pris sur le fait. Ils n'ont pas été tendres avec lui, mais il n'est pas tendre avec eux, il a visiblement de la force, réussit à se dégager et part droit sur mon lit dans un savant zigzag, et quand les flics rugissants se lancent de mon côté (je regarde ça comme un polar à la TV), il a feinté vers la porte, où aucun des flics ne s'était posté. Ils sont partis dans le tunnel d'entrée, lorsqu'ils sont revenus le mec était menotté dans le dos, ils sont partis avec lui vers la destination inconnue de tout à l'heure.
Moi pendant ce temps, j'étais toujours contre mon mur. J'ai réussi à interpeller un soignant qui passait pour demander un verre d'eau.
«Non. Il faut d'abord que le médecin vous voie, on ne sait pas quels examens il va demander.»
J'abrège. Il y a eu d'autres urgences que celles amenées par la police. Elles étaient moins spectaculaires. Un jeune péruvien avec un problème cardiaque (assis sur une chaise, dans les bras de sa mère, qui a répété pendant des heures. «On vient, ne t'en fais pas.») Une petite dame avec une coupure profonde au bras, on lui a mis un gros bandage et on lui a dit d'attendre. Elle a attendu, moi aussi, des dizaines d'autres aussi. Et nous sommes ainsi arrivés à…
Minuit. Je n'avais rien bu, je n'avais vu personne, je me sentais mal, et lorsqu'il a fallu que je satisfasse un besoin naturel, c'est la mère du péruvien qui m'a entourée de ses bras et soutenue vers les toilettes, me murmurant en hispano-français: «Mon mari aussi s'évanouissait tout le temps, si vous tombez, je sais comment amortir la chute.»
01.30 Une infirmière munie d'une liste passe dans ce couloir où malades et malandrins n'avaient cessé de défiler, s'arrête devant moi et me déclare:
«On va vous mettre en salle d'attente, vous verrez le médecin dans une demi-heure.»
02.00 On m'a posée dans la «salle d'attente», un dortoir de huit lits, divisé par des rideaux. Toujours pas à boire. J'arrive à somnoler pendant une heure ou deux en dépit des voix hautes et du bruit ambiant.
04 heures environ. Je me sens vraiment mal. Le médecin vous verra dans une demi-heure.
05 heures. On ne met dans un lit d'hôpital, on me donne une chemise d'hôpital et on me transfère dans une chambrette seule. Le médecin arrive dans dix minutes.
05 45 environ. Le médecin entre. Il a l'air de ne plus tenir debout. Il me re-repose les questions habituelles. J'ai mal au ventre, la gorge si sèche que j'arrive tout juste à articuler. Il m'ausculte.
«Mmm… Vous avez de l'eau dans les poumons, c'est peut-être le coeur.»
Il s'en va.
06.15 On me fait une prise de sang et on me demande de donner quelques gouttes d'urine. Je demande à boire. Dans dix minutes.
06.45 environ. On me fait une radio des poumons.
07.30 On m'amène le petit déjeuner de l'hôpital: café (décaféiné), petit pain blanc, beurre confiture. La diététique moderne en aurait une syncope, mais bon, à côté du reste, c'est un détail mineur.
08. 00 heures. Un autre médecin vient m'annoncer que je vais être transportée à l'Hôpital des Trois-Chêne. Ne sachant pas ce que c'est, je regarde dans mon iPhone: c'est l'hôpital gériatrique. Je sonne frénétiquement, une infirmière agacée arrive, je lui dis que je n'ai pas un problème gériatrique, mais un problème cardiaque. Sublime réponse:
«Ce n'est pas vous qui décidez, d'ailleurs les Trois-Chêne n'est plus un hôpital gériatrique, il a été reclassé en hôpital, on a une très mauvaise image de cet hôpital, comme si c'était un EMS, mais c'est maintenant un hôpital, on n'y met plus seulement de très vieilles personnes.»
«Oui, mais j'ai un problème d'estomac, accompagné d'un problème cardiaque.»
Il n'y a eu aucune possibilité de discuter, aucune possibilité de revoir un médecin.
On me prend tout ce que je possède pour me protéger des voleurs, mais je me sens dépossédée de mon identité; on a tout enfermé dans un grand sac en plastique, et je n'ai sauvé l'iPhone que parce que je l'ai caché, on m'a embarquée dans une semi-ambulance, et on m'a transportée dans un lieu situé à 10 ou 20 km de tous les gens que je connais, sans me laisser le droit de dire ce que je voulais.
Pour arriver aux Trois-Chêne par les transports publics, il y a des autobus avec terminus à deux ou trois km de l'hôpital, après quoi il y a un bus qui arrive devant la porte, malheureusement il circule plutôt rarement. Il faut entre une heure et une heure et demie pour arriver depuis le Centre Ville.
10 heures. Arrivée aux Trois-Chêne, prise en charge, soins, écoute immédiats.
Entre mon premier cri au secours et une prise en charge relativement personnalisée, il s'est passé 16 heures.
Une fois le seuil des Trois-Chêne franchi, une autre histoire (une autre lutte) a commencé, mais je garde la suite pour la prochaine fois, en espérant que j'aie encore envie de la relater.
Je conclurai juste en rappelant les deux buts visant directement les patients dans la «mission» des Urgences.
- Accueillir, stabiliser et orienter les patients dans les meilleurs délais
- Adapter la communication aux dimensions psychosociales
J'ajouterai que la racine de cette incroyable odyssée est à mon avis qu'en dépit de la «mission», l'hôpital ne dispose pas «des moyens nécessaires pour optimiser l’allocation des ressources et du personnel hospitaliers.»
Le médecin faisait pitié, et les infirmières paraissaient au bord de la crise de nerfs. Qu'il soit bien clair que ce n'est pas à eux que j'en veux, mais à l'institution, dont ils sont victimes autant que les patients.
Les hôpitaux sont en sous-effectifs, les Urgences encore plus, et comme ils se sont adonnés à la «modernisation managériale», c'est en partie planifié, parce que selon ce type de «modernisation», on organise, en l'occurrence pour le soignant, «une hyperactivité, un productivisme effréné qui [le] rend absolument incapable de dégager du temps, […] on lui donne des objectifs inatteignables qui le mettent en situation de faute prescrite.» Voir à ce sujet, dans Le Courrier (Genève) du 29.9.2014, l'article de Viviane Gonik dont je tire cette citation.
Conséquence première: les malades trinquent.
Il y en a même qui trinquent définitivement. L'an dernier, un rapport fait état de trois décès du à une trop longue attente de patients qui ne présentaient pas de symptômes graves.
En octobre 2013, le nouveau ministre genevois de la Santé disait vouloir améliorer les Urgences en faisant passer le temps de prise en charge de huit heures à quatre. Depuis, il y a indubitablement eu progrès: le temps d'attente a passé de huit à dix ou onze heures, selon comment on calcule, et la vraie prise en charge à 16 heures! Et qu'on ne vienne pas me parler du Québec ou d'hôpitaux français où les attentes sont encore plus longues. D'abord, que d'autres fassent encore plus mal les choses, ce n'est pas une excuse. Et ensuite, nous sommes dans un des pays les plus riches du monde, il n'y a pas de raison d'économiser sur un des secteurs les plus cruciaux de la santé publique.
Bref, à Genève, la «cible de l'excellence» est encore derrière l'horizon.
PS. Ce qui m'a sauvé de la panique totale pendant cette nuit de cauchemar? Mon iPhone: j'ai essayé de passer le temps en lisant un roman ou en faisant des patiences, et par moments ça a même réussi. Je suis devenue maître ès iScrabble!
PPS Ne me demandez pas pourquoi Trois-Chêne s’écrit sans S. C'est comme ça.
, le 17.11.2014 à 00:36
Pourquoi ce service s’appelle-t-il « les urgences » ?
Selon Antidote :
– Nécessité d’agir vite, de se presser.
– Cas urgent, nécessitant une intervention médicale ou chirurgicale rapide.
Cela semble logique mais dans la pratique, dans tous les pays, « les urgences » est devenu un service auquel tout le monde a accès, souvent gratuitement, et qui est d’une lenteur monumentale.
Je pourrais vous racontera aussi par le menu des expériences personnelles analogues à celle d’Anne.
Je crois quand même que dans les cas réellement urgents (problèmes cardiaques, AVC..) les actions sont plus rapides. Heureusement.
Ayant été impliqué dans un accident grave en montagne, je peux témoigner que PGHM français est d’une efficacité remarquable. Treize minutes après l’appel, le couloir de neige était transformé en salle d’op et le médecin a fait preuve de compétence (ce dont je ne peux juger), d’humanité et de pédagogie remarquables.
, le 17.11.2014 à 06:04
3 expériences aux urgences :
– Un soir une amie se plaint de violentes douleurs au bas-ventre, direction les urgences qui diagnostiquent – après 5 heures d’attente dans une salle surchargée – une grossesse, retour à la maison avec des médicaments anti-douleur. Le lendemain la douleur est toujours là. Visite à l’hôpital. Diagnostic : grossesse extra-utérine …
– Une nuit un ami se plaint de violente douleur au thorax, direction les urgences qui diagnostiquent – après x heures d’attente dans une salle surchargée – un problème musculaire (l’ami fait des arts martiaux), retour à la maison avec des médicaments anti-douleur. Le lendemain la douleur est toujours là. Visite chez le médecin qui le renvoie aux urgences :. Résultat : hospitalisation avec un diagnostic de pneumonie …
– De mon côté tout s’est bien passé aux urgences : un week-end dans la nuit je suis pris de douleur aux lombes et aux bas-ventre, les antalgiques ne servent de rien, le matin à 7 h je me décide à aller aux urgences, salle d’attente presque vide, personnel attentif et à l’écoute, diagnostic de colite néphrétique; perfusions, à 10 h je retourne chez moi à pied, soulagé.
, le 17.11.2014 à 07:10
Je n’évoquerai pas les erreurs de diagnostic:l’exercice médiczl est très difficile, et Anne décrit très ben les conditions d’exercice hospitalier.
Un de mes amis était chef de service des urgences d’un hopital.
Nous nous revoyons après quleques années: « j’ai changé de métier, je suis devenu pompier: j’éteinds les incendies qui s’allument dans le service ».
Autre exemple. Une amie surveillante des urgences d’un très grand hôpital parisien, m’a confié passer le plus clair de son temps à gérer le « parking » des brancards’
Les politiques sont responsables de ce qui se passent, en Suisse, comme en France.
Aucun des CHU n’est à l’équilibre financier, en France.
La médecine coûte cher, très cher, de plus en plus cher. Les financements ne suivent pas.
Anne, je compatis.
, le 17.11.2014 à 08:13
perso j’ai eu à faire ces derniers temps aux urgences d’un hôpital hors ville/décentralisé (dont je tairais le nom), heureusement pour un cas moins étrange que le tien, je ne peux que confirmer ce que tu dis et ce n’est pas mieux qu’en ville
, le 17.11.2014 à 08:50
Désolé que tu aies eu à subir ces épreuves, Anne.
J’espère que tu vas mieux et que ton souci de santé soit en voie de résolution.
Je t’envoie une brassée de bonnes énergies.
, le 17.11.2014 à 09:38
Salut Anne,
j’hésitais à raconter mon séjour aux urgences dans le fin fond du Radjasthan à Jaisalmer…où ça s’est mieux passé que pour toi…
Même dans la campagne italienne, c’était plus efficace.
Tout ça alors que la médecine a fait des progrès considérables.
As-tu essayé Boggle sur ton iPhone, moi j’adore.
, le 17.11.2014 à 10:12
Hou, ma pauvre, c’est pas drôle ce qui t’est arrivé. Tout va bien ?
J’ai, dans le même hôpital, vécu une histoire totalement opposée : rapidité, empathie, efficacité et pertinence. Deux heures entre ma chute et mon départ en voiture avec un pansement provisoire très confortable autour de ma tête de radius explosée et la mission de me rendre dans mon établissement favori à Lausanne. Et seulement 475 francs d’ambulance. J’avais trouvé ça cher.
La seule chose étrange fut le commentaire du brancardier à l’accueil : »Un peu exalté, mais ça va ! »
, le 17.11.2014 à 10:52
Du drame, du suspens, de l’humeur, des rebondissements…
Que voici un récit bien écrit avec en plus le conseil bonus: si vous allez aux urgences, n’oublier pas votre iPhone afin de mieux supporter l’épreuve. À ce titre, dommage, Anne, de ne pas avoir pensé à utiliser la fonction « dictaphone » lorsque l’experte en jurons a commencé son discours!
Blague à part et sans vouloir défendre le système de santé helvétique, il y a une eu une explosion des cas de violence et des cas de comas éthyliques ces dernières années, qui ont profondément modifié l’ambiance aux urgences. La présence de tous ces policiers que tu as pu apercevoir ne m’étonne pas. Un délire éthylique ou une fou furieux victime d’une bagarre entraînent la mobilisation de nombreuses personnes et ça bloque le personnel soignant. Ça n’excuse pas tout, mais c’est vrai que les urgences, c’est une vraie cour de miracles et c’est plutôt traumatisant. En ce qui concerne les attentes de soin, cela touche aussi d’autres secteurs dans les hôpitaux. Honnêtement, je ne pense pas que ce soit pire que par le passé, mais ça oblige à posséder un smartphone riche en divertissements divers!
Merci pour ce récit dur, mais magnifique.
, le 17.11.2014 à 11:08
Merci pour vos commentaires.
En fait, que ce soit clair, je n’ai pas décrit ce qui m’arrive pour me plaindre de mon cas. Oui, j’ai parlé de mon cas parce que le hasard veut qu’observer et relater soit mon métier. Mais ce que je voulais, c’était dénoncer une situation. J’ajouterai que j’ai dû aller plusieurs fois dans le même hôpital en situation d’urgence mais sans passer par les Urgences, et j’ai été prise en charge immédiatement. Lors de mon angine de poitrine, je me suis retrouvée sur une table d’opération une heure après être arrivée. Lorsqu’une hémorragie interne m’a terrassée, j’étais accrochée à une poche de sang dans la demi-heure. Le paradoxe, c’est que quand on arrive aux Urgence hors des heures, on attend forcément, parce que c’est comme si le flot nocturne d’arrivées était un éternel imprévu.
J’ai vécu des Urgences de cauchemar à Zurich, lorsque je me suis retrouvée à l’hôpital cantonal à minuit avec deux côtes cassées après un accident de tram (freinage hyperbrusque). L’une d’elles aurait tranquillement pu me transpercer un poumon, j’ai passé une nuit dans un couloir sans que personne s’occupe de moi, rien à boire, douleur insoutenable. Une de mes amies est venue me chercher à l’aube, m’a amenée chez un radiologue puis chez un médecin. A l’hôpital, ils ne s’en sont même pas aperçus.
J’ai aussi vécu des urgences réorganisées dans un autre hôpital lorsque je me suis cassée une jambe à 11 heures du soir. On était pris en charge et mis au lit confortablement par le personnel soignant dans l’heure, on nous donnait un anti-douleur en attendant que le médecin arrive. Dans le cas de ma jambe cassée, on a tout de suite fait des radios. Il y avait des arrivées à jet continu, mais la consigne était: pas d’attente de plus de 30 minutes, et ils s’étaient réorganisés en conséquence. Une fois qu’on était couchés, pomponnés – dans un des dortoirs divisés par des rideaux, musique classique douce, infirmière affectée à notre surveillance -, on attendait le médecin, parfois pendant plusieurs heures. Mais on voyait tout de suite un spécialiste du problème annoncé à l’arrivée. L’attente n’avait plus la même importance, d’autant plus qu’on surveillait votre état.
Pour réussir ce bel exploit, ils avaient augmenté leur personnel des urgences de 20 %, mais le coût n’avait augmenté que de 8 %, car les gens étaient expédiés plus efficacement et restaient moins longtemps aux Urgences autant qu’à l’hôpital lui-même. Donc, c’est possible. La volonté doit être politique.
, le 17.11.2014 à 11:43
J’espère que tu vas mieux. En ce qui me concerne, trois expériences, dont une pour un enfant, et trois ébahissements devant les temps d’attente, le manque de communication et d’humanité, et le manque flagrant de moyens.
Il me reste néanmoins un excellent souvenir de l’interne qui m’a pris la main, que j’ai serré fort et longtemps, pendant qu’elle expliquait la démarche à suivre à son équipe et qui a, par ce simple geste, dissipé douleur et solitude. Qu’elle en soit remerciée.
, le 17.11.2014 à 11:56
Mon anecdote à moi : j’ai pas attendu avant, j’ai attendu après.
Accidenté, deux doigts déchiquetés par l’hélice en carbone de mon multicoptère, je suis arrivé très largement ensanglanté vers minuit aux urgences d’un hôpital de zone (quel joli nom pour « tout ce qui n’est pas CHUV », n’est-ce pas ?).
Pris en charge immédiatement, recousu avec méticulosité et précision par un interne qui avait, je cite, enfin quelque chose d’intéressant, les autres attendront sous la main, on m’a ensuite parqué dans un box.
Les heures passent, je tente sans succès d’obtenir de l’attention, je vois les soignants changer, rien de rien, on m’a oublié. Au bout d’un temps certain, je décide de me lever et de partir, personne ne s’y oppose.
Quelques heures plus tard, mon téléphone sonne : Bonjour, je suis le médecin qui vous a recousu. Pouvez-vous me dire où vous êtes ? (…) Fallait pas partir comme ça, on vous a cherché partout : on débriefe avant de libérer un patient.
A bien, désolé, merci Docteur, j’irai faire enlever les fils chez mon médecin traitant … et bien le bonjour chez vous !
, le 17.11.2014 à 12:18
@ Diego: du Charles Péguy dans le texte
, le 17.11.2014 à 12:25
Blues, je pense que l’hôpital dont tu parles (le plus proche de chez toi, juste à côté de La Sarraz, Saint-Loup pour ne pas le nommer?) est devenu une vraie catastrophe.
Nous y sommes allés il y a trois mois avec un enfant qui faisait une hémorragie après une opération des amygdales.
On nous prend toutes les coordonnées (ce qui prend un bon petit moment), pour nous dire que ce n’est pas dans cet hôpital qu’on va être soignés, allez à … Morges.
La petite vomit une assiette complète de sang devant l’infirmière qui faisait une pause clope devant l’entrée, aucune prise en charge, Madame, allez en voiture jusqu’à cet hôpital, à 15 km (moi, j’étais avec les trois autres, c’était vers 23 heures, il pleuvait).
C’est juste impensable, heureusement qu’il n’est rien arrivé.
Nos politiciens, et pourtant Dieu sait si j’apprécie P-Y Maillard, responsable de la santé dans notre canton, feraient bien de voir tout ça avant de montrer tout fiers qu’ils sont arrivés à plus ou moins juguler l’augmentation de la santé.
C’est tout de même au détriment des patients, comme l’explique Anne, à qui je souhaite le plus prompt des rétablissements.
En tout cas, un mot d’ordre à tous ceux que je connais: plus jamais n’allez dans cet hôpital, c’est un désastre.
Et je le regrette bien parce que je l’appréciais beaucoup à l’époque.
Vive les restructurations!
, le 17.11.2014 à 12:54
J’ai la chance d’avoir des urgences pas loin de chez moi (banlieue de toulon). Une clinique mutualiste. A chaque fois pour des trucs pas graves (fractures non ouvertes). Traitement rapide et efficace.
tous mes vœux de rétablissement, Anne
, le 17.11.2014 à 12:59
Bon j’ai bien dis que je ne le nommerai pas… mais effectivement ce que tu décris ici y ressemble :D dans mon cas ce n’était pas triste non plus ! Surtout qu j’ai dû y retourner un nombre incalculable de fois..
Ce qui m’a le plus déçu, c’est les ordres et contre-ordres entre médecins responsables, assistants (et ensuite ceux-ci ré-transmit aux infirmières) ceci à la limite -des fois- de l’erreur de diagnostic, donc pas rassuré du tout !
Heureusement que j’étais à chaque fois accompagné de mon MacBook et d’écouteurs, j’ai donc pu me mâter des films durant les nombreuses (et des fois longues) attentes.
Je ne veux pas faire un fromage de mon « affaire », car malgré cela je suis content d’avoir un service proche de chez moi et suis tout aussi conscient que c’est ces restructurations liées aux décisions politiques qui foutent la M… C’est vrai que le système santé ne fonctionne pas bien du tout, du moins pour un pays aussi riche que le nôtre !
, le 17.11.2014 à 13:28
Merci Anne pour ce témoignage choquant. Certes, on comprend les difficultés des urgences, les bourrés et autres violents, etc. Mais ce qui choque, c’est que le fait de laisser traîner les malades pendant des heures, comme du vulgaire bétail.
Cela me fait penser à ce documentaire intitulé « Dominum Mundi, l’Empire du management », où l’obsession d’une soit-disante gestion efficace et mesurable prend le pas sur la relation, dans le cas présent, le traitement humain des patients. Cela se constate même au niveau du langage, où par exemple, on ne parle plus de « chef du personnel » mais de « directeur des ressources humaines », l’homme étant une ressource, à égalité avec un immeuble ou une machine…
Et pourtant, c’est possible de traiter son patient avec respect, comme tu l’indiques avec ton exemple de jambe cassée à 11h du soir.
@ Guru: n’hésites pas, raconte, notamment la dimension humaine.
, le 17.11.2014 à 13:45
Cela ne vous consolera pas, mais en en France la situation est identique, les urgences des hôpitaux et CHU, c’est le LOTO, mais sans espoir d’y faire fortune .. voici trois ans, victime d’une chute dans la nuit, j’appelle les pompiers qu arrivent 10 minutes après l’appel, je réside a 7 km d’une ville moyenne de l’est, donc rien a dire, pensant rapidement à une fracture ils me demandent ou je veux aller a l’hôpital ou bien en clinique privé… !!! comme si j’allais leur donner un choix refléchi, et là l’un deux déclare , texto
» A la Clinique, la dernière fois on a attendu 3 h !!!! « évidemment, demi-conscient, je clame, »l’Hopital SVP », quelques minutes de traversée du village et de la ville, sirène hurlante – 1h30 du matin – ( personne dans les rues et combien de dormeurs réveillés …), arrivée aux urgences de l’hopital, 2 h d’attente pour décider une radio, qui se fera encore 2h30 après , pour détecter triple fracture, plâtre provisoire,à 7h on me met dehors pour me dire de revenir le lendemain … évidemment je suis alors allé à la Clinique pour y être immédiatement pris en charge et opéré ( broche ) en fin d’après-midi le jour même…
Voilà la situation des urgences des hopitaux publiques en France, mon cas est peu dramatique mais significatif, pour en savoir plus lisez le DR PELLOUX, médecin urgentiste qualifié et vous serez fortement perturbé sur la situation en France ???, là aussi ce ne sont les hommes et femmes qui sont en cause mais le manque de moyen … ou vont nos impôts ?
, le 17.11.2014 à 14:13
Je suis toujours terrifié par ces témoignages du dysfonctionnement du Service des Urgences dans les hôpitaux !
Par son talent d’écriture, Anne a su nous faire vivre sa mésaventure avec un réalisme assez effrayant. Merci.
Les commentaires confirment des situations vécues à l’identique. Cela prouve que le phénomène est récurrent.
Je constate que la France n’a pas le monopole de l’abandon par les politiques des tâches pour lesquelles ils ont été élus.
En France, Patrick Pelloux s’est fait le chantre très médiatique de la dégradation des soins rendus aux Urgences.
« Il tient une chronique dans Charlie Hebdo où il conte des anecdotes de son travail et dénonce les conséquences des décisions politiques prises par les gouvernements successifs sur l’hôpital public. »
Quant à la présence policière, Patrick Pelloux explique que c’est devenu une obligation devant l’augmentation des agressions dont sont victimes les personnels soignants par des « patients » très imbibés ou simplement débarrassés de toute inhibition sociale par une éducation inexistante.
, le 17.11.2014 à 14:22
J’ai de la peine à déterminer si les différentes histoires postées sont un problème de management et/ou de budget et/ou de politique. Je trouve le raccourci facile puisque avec des primes d’assurance qui augmentent de 2% à 4% par an depuis plus de 10 ans (20?), je rappelle que les primes payées par les assurés ont plus que doublé en 14 ans. Faudrait-il encore augmenter les primes de x% pour que les choses aillent mieux? Et mieux par rapport à quoi? Est-ce que tout le monde accepterait ces hausses? Les cas cités ici sont évidemment inquiétants mais j’imagine qu’il doit exister des moyennes, des barèmes, des comparaisons, des statistiques pour dire si notre système de soins est encore une des meilleurs au monde ou le pire…
Ayant quelques copains dans différentes urgences, ils font deux constats: trop de gens finissent aux urgences pour des cas bénins et les cas liés à des débordements (alcool, bagarre, etc.) sont trop fréquents et monopolisent trop de ressources.
Après, il faut aussi voir qu’avec une population vieillissante, les coûts de la santé ne peuvent qu’augmenter puisque les soins sont généralement plus lourds et plus fréquents mais surtout, ils seront difficilement compensés par les « actifs ». Pour rappel, on est passé de 10% de plus de 65 ans dans les années 1990, à presque 18% aujourd’hui et cette proportion devrait culminer à 35% en 2050 (selon les scénarios).
Avant qu’on s’excite, je ne dis pas que c’est de la faute des « vieux » mais qu’il y a clairement un problème avec les coûts et aujourd’hui, je n’ai pas encore réussi à lire une étude sur le sujet qui n’est pas contredite par une autre. Il est donc difficile de déterminer où se trouve les problèmes et donc, quelles sont les solutions.
T
, le 17.11.2014 à 15:16
Patrick Pelloux a fait le tour de la question, valable pour beaucoup de pays européens. TOUT EST UNE QUESTION DE CHOIX.
Je me réserve d’expliquer comment l’argent de la santé est voté (du moins en Suisse), comment il est distribué, car lorsqu’on passe deux mois à l’hôpital et qu’à l’exception de quelques jours terribles où on est trop mal on est parfaitement lucide, la manière dont l’argent est utilisé est absolument époustouflante.
Pour ce qui est des policiers aux Urgences, il est évident que si tout aboutit au même guichet, ils sont indispensables.
Le canton de Zurich a mis au vote la création d’un lieu réservé à ceux qui ont besoin de policiers. Il est déjà ouvert de façon expérimentale, maintenant on aimerait qu’il devienne cantonal. Un médecin m’a dit que si ça marche, ça peut diminuer les temps d’attente aux Urgences de de 40 à 50%, automatiquement.
Le problème, je ne le dirai jamais assez, est premièrement politique.
Et par ailleurs une terrible contradiction se fait lentement jour, que ces mêmes politiques prennent peu ou pas en compte: la médecine a livré un combat acharné pour que nous vivions plus longtemps. Dans l’ensemble, le combat est en train de porter ses fruits. Mais la société ne s’est pas adaptée – et la plus grande réadaptation loupées ou semi-loupée est dans les soins médicaux et le social. Rien n’a vraiment été prévu suffisamment de temps en avance: ni l’état dans lequel cette population âgée allait se retrouver, ni combien elle coûterait.
, le 17.11.2014 à 16:56
Souvenir de l’aphorisme entendu si souvent de la bouche de mon grand-père : « Gouverner, c’est prévoir ! ».
On a l’impression qu’une fois élus, les politiques restent tétanisés devant les décisions à prendre, qui risquent de mettre en cause leur future réélection…
Certes, tu ne le dis pas ;-)
Je fais partie de la génération des Baby Boomers nés juste après la guerre, qui vont bientôt encombrer les services de Gériatrie des hôpitaux et coûter une fortune à la Communauté. Crois-moi, j’ai mauvaise conscience.
Si ce n’étaient les progrès fabuleux réalisés par la Médecine, je serais mort depuis belle lurette à cause de mes excès passés. Ces dernières années, j’ai clairement l’impression de vivre du « rab ». Ce que j’aimerais, c’est que les politiques me permettent de choisir le jour où je pourrai quitter cette terre (qui va de toute façon devenir invivable) plutôt que de m’obliger à rester grabataire en soins intensifs à près de 2 000 € la journée jusqu’à ce que mort s’ensuive !
Je sais, on est loin des Urgences mais toujours bien dans la nécessité d’une décision politique…
, le 17.11.2014 à 17:26
>TTE : Les vieux, on le sait, ça coûte cher vers la fin. C’est même à ça qu’on reconnait que la fin approche. N’allez plus chez l’astrologue, consulter ses factures de santé suffit! ;)
Plus sérieusement, un des vrais problèmes des urgences en France, plus que les vieux, plus que les coupes budgétaires, c’est qu’on retrouve aux urgences des gens qui viennent s’y faire soigner, faute d’être acceptés par un cabinet médical lambda parce que pauvres, ou mal couvert. On a créé la CMU pour que les défavorisés puissent être soignés, et c’est devenu un motif de rejet quasi automatique pour les médecins libéraux. Combien de patientèle refusée faute d’être rentable se retrouve alors aux urgences, pour le simple fait d’être reconnu malade et être soigné?
, le 17.11.2014 à 17:55
Que ce soit clair, je n’ai pas dit ça et ne le sous-entend même pas.
Le fait est que proportionnellement, les soins servent plus aux gens fragiles (nouveaux nés, bébés, vieux, etc.) qu’à la tranche de la population qui se trouve entre 20 et 30 ans.
Je suis d’accord pour dire que c’est un choix de société et je suis pour mais selon toutes les projections, comme les personnes âgées vont être toujours plus nombreuses, les coûts ne peuvent que prendre l’ascenseur… et comme on vit toujours plus vieux (même si l’espérance de vie ralenti sa course), il y aura toujours plus de problèmes et avec des maladies extrêmement coûteuses à soigner et gérer.
Vu ces éléments, notre modèle actuel est à bout de souffle car ça ne sera pas les 20-40 ans qui pourront supporter ou compenser financièrement cette explosion des coûts. Bien entendu, c’est l’UDC qui nous sauvera tous via une initiative dont ils ont le secret: renvoyer tous les malades graves étrangers dans leur pays d’origine.
T
, le 17.11.2014 à 18:53
Ce n’est pas pour rien qu’une compagnie d’assurances avait envoyé il y a plus de vingt-cinq ans des démarcheurs en Afrique pour draguer les Expatriés mal protégés (à l’époque, la bienvenue Caisse des Français de l’Étranger n’avait pas été inventée).
Ce qu’aucun souscripteur n’avait lu, c’est que le contrat s’arrêtait dès que l’assuré atteignait ses 65 ans ! Hormis les commissions dont s’étaient goinfrés les démarcheurs, la compagnie avait encaissé des primes pendant des années sans jamais avoir à débourser quelque soin que ce soit pour la plus grande majorité des souscripteurs. Belle estimation des risques !
Quand sont arrivés les premiers avis d’échéance du contrat, ce fut une très mauvaise surprise pour les souscripteurs. Un procès fut engagé, dont évidemment tous les plaignants furent déboutés !
, le 17.11.2014 à 19:10
Alors là, l’argument selon lequel les fragiles coûtent cher, aux deux bouts de l’échelle, j’en ai hypermarre. Les enfants sont l’avenir de la société, ils ont droit à sa protection. Je peux vous présenter quelques produits des couveuses qui sont l’un physicien, l’autre professeur de droit international auprès du Tribunal de la Haye, et qui, à l’époque où «la médecine coûtait moins cher» n’auraient pas survécu à leur naissance prématurée.
A l’autre bout de l’échelle, les personnes âgées aussi coûtent cher. Parce que la société s’est donné pour but de prolonger la vie (merci), mais ne s’est pas donné le but de le faire honorablement.
Ces «vieux qui coûtent cher» ont payé toute leur vie des impôts parfois considérables, qui étaient censés financer entre autre la santé publique, ont raqué des primes d’assurances parfois écrasantes, ils ont le droit de vivre autant qu’ils le veulent.
Il y a même des lois qui les empêchent de mourir quand ils n’ont plus envie de continuer.
Par ailleurs, il faudrait peut-être voir que ces «vieux qui coûtent cher» sont les vaches à lait de la médecine libérale, de l’industrie pharmaceutique, de l’industrie des maisons de repos.
Je reconclus ce que j’ai déjà conclu une fois: nous sommes un des pays les plus riches du monde – il n’y a aucune raison que la médecine ne soit pas à la portée de tous, quel que soit l’âge.
, le 17.11.2014 à 20:07
Cela fait peur!
Idem à Vevey à plusieurs reprises :(
Il paraitrait qu’ils ont le quota exigé de personnel! donc le quota serait sérieusement à revoir,
Je me demande si parfois de faire venir un médecin à domicile n’est pas plus rapide (a condition d’être chez soie)
Ce qui es aussi grave est le traitement du personnel, lequel n’est pas apte à travailler correctement avec ses conditions ;)
, le 17.11.2014 à 20:17
C’est pourtant la réalité et le reconnaitre, ce n’est pas remettre en cause le système d’autant plus que j’ai clairement dit que c’était normal puisque dans la plupart des cas, on né d’abord et on meurt vieux! Par conséquent, supporter tout le monde de l’âge le plus bas au plus élevé est un acte de solidarité normal dans une société avancée.
Je rends tout simplement attentif que si le problème de la santé en Suisse c’est l’argent, on va dans le mur avec le système actuel car augmenter le budget des hôpitaux et du reste, c’est forcément reporter les coûts sur les primes de l’ensemble des assurés.
Alors oui, la Suisse est un pays riche et ça aussi c’est un argument lu et entendu. Seulement on a aussi nos pauvres ou ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Par plus tard qu’aujourd’hui, un rapport européen mentionne que 27% des Suisses ont des difficultés financières en fin de mois. Pourquoi? Dans l’ordre:
Les causes principales des problèmes financiers citées par les sondés helvètes sont les dépenses de santé, le coût de la vie, les assurances et la perte d’emploi.
Et pour qu’il n’y ait aucun malentendu, je répète ce que je dis au début: l’être humain passe à travers des âges où il est plus fragile et c’est normal que la société dans son ensemble lui apporte son aide et soutien (au sens large).
T
, le 17.11.2014 à 21:08
Je suis bien d’accord avec toi ! C’est pourquoi les lobbies de ces différents profiteurs du système auraient intérêt à agir auprès des politiques pour qu’il fassent leur boulot législatif et trouvent enfin des solutions viables de financement de la Santé publique.
En France, les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) fleurissent comme des champignons après la pluie. À 92 ans, ma mère termine sa vie dans l’un d’entre eux en Normandie. Devant la qualité remarquable de celui qui l’a accueillie, je me suis intéressé au fonctionnement du système. En fait, il s’agit d’une association à but non lucratif (!) avec Conseil d’Administration et un « Directeur » opérationnel. Comme l’investissement est énorme (plusieurs millions d’euros pour un cinquante lits comme celui de ma mère), tout un ensemble de garanties auprès des banques est offert par la Communauté de Communes et la Région. Celles-ci apportent également des aides diverses, auxquelles s’ajoutent les aides individuelles de l’État. Le tout est strictement réglementé mais tout le monde s’y retrouve.
Serait-ce une piste pour La Suisse ?
, le 17.11.2014 à 21:08
Anne
je suis allé quelque fois aux Urgences (l’hôpital n’est pas loin de chez moi). J’en ai tiré une conclusion assez rapide. Il faut être en bonne santé pour attendre. Ceci étant dit, je n’ai aucun reproche à faire, j’ai chaque fois été parfaitement pris en charge. Que ce soit moi ou une de mes filles. J’y suis allé deux fois pour moi. Une fois, je suis passé des urgences aux étages. De « client » aux urgences je suis passé « patient ». Une autre fois, je m’étais ouvert le bras en tombant. Après une attente, qui me semble très longue, j’ai été recousu.
Le problème vient certainement d’un manque d’investissement mais aussi d’un mélange entre « assistance sociale » et « urgence ». Le rôle d’un hôpital n’est pas nécessairement de s’occuper de tout les cas d’alcoolisme … qui peuvent arriver en soirée. C’est un rôle d’urgence. L’état (ou la société) se décharge rapidement vers des professionnel de la santé. Ce sont des médecins, pas des assistants sociaux !
Les médecins généralistes, sans doute avec raison et prudence, ne reçoivent plus en pleine nuit … donc les bobos, les bitus, les tordus, les drogués vont aux Urgences. Ils ont tous besoin de soin, sans aucun doute et je n’en doute pas. Mais est-ce qu’ils ont besoin d’un docteur ou d’une aide ?
En tout cas, bravo pour ton récit.
MarcOS, de Limelette en Belgique
, le 18.11.2014 à 06:06
J’ai la chance de n’avoir jamais été confronté personnellement à ce problème, à l’exception d’une fois; mais j’étais l’accompagnant et non le malade. Et j’ai une estime sans bornes pour les gens qui choisissent les métiers de la santé, en particulier les urgentistes.
Pour les malades qui attendent d’abord, mais aussi pour les professionnels qui doivent à longueur d’année gérer ces attentes, je trouve cette situation dramatique et il serait temps que des solutions soient trouvées et appliquées.
Je me permets toutefois une remarque plus légère, mais qui a sa valeur au vu du réconfort que cela t’a apporté: la batterie de ton iPhone a tenu!
, le 18.11.2014 à 08:12
Désolée, mais la misérable batterie de mon iPhone n’aurait pas tenu. Elle était mourante lorsque je suis arrivée en « salle d’attente. » Ce qui a tenu, c’est la présence d’esprit de la malade combinée à la présence d’une prise. J’avais pris le chargeur. On ne peut pas compter sur un iPhone 5 pendant plus de 5 heures.
, le 18.11.2014 à 08:14
J’me disait aussi… ;-)
, le 18.11.2014 à 12:05
Merci Anne pour cet intéressant compte-rendu.
Celui-ci, ainsi que certains des commentaires qui suivent, m’amènent un certain nombre de remarques. Pour les remettre dans leur contexte, sachez que je suis médecin urgentiste, superviseur aux urgences et au SMUR d’un hôpital universitaire de Bruxelles.
– pour ce qui est de ton accueil : le délai d’attente tel que décrit est manifestement très anormal. Ceci ne correspond pas (j’espère) à un accueil pour « urgence vitale » mais plus à quelque chose de considéré (à tord ou à raison) comme une urgence ressentie, non liée à une pathologie médicale urgente.
– pour ce qui est de l’absence de communication entre le médecin et toi : c’est aussi anormal. Ca arrive, mais ça ne devrait pas. Nous ne sommes plus à l’époque du Médecin-Roi qui décide et du patient qui approuve sans souhaiter comprendre.
– pour ce qui est de la surcharge des services, c’est malheureusement partout vrai, et de plus en plus. Entre le déficit fréquent en médecine générale, et exigence de nombreux malades d’être pris en charge immédiatement par un Spécialiste, avec nombre d’examens techniques « de toutes façons nécessaires », nous ne sommes pas sortis de l’auberge.
Solution (pas simple) : éducation des masses… il n’est pas utile d’aller aux urgences quand on a mal de gorge, ni quand on a mal au dos depuis 2 ans. Et notre généraliste est pour au moins 60% des cas que l’on voit aux urgences un meilleurs choix que l’urgentiste.
Il y a également, comme évoqué plus haut, un problème très social : nombre de bitus arrivent aux urgences (ils n’ont rien à y faire), des personnes âgées ou malades chroniques isolées socialement, n’arrivant pas à se gérer à la maison (ils ont besoin d’aide sociale, pas médicale urgente), …
– Pour ce qui est des problèmes de budget : la santé coûte cher, et ne vous en déplaise si, les « vieux » et les « très malades » coûtent très cher. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne doivent pas avoir droit à des soins de qualité. Comme dit Anne, notre société est plutôt riche, et si on peut dépenser des dizaines de milliards pour sauver des banquiers fraudeurs, on doit pouvoir faire de même pour des gens malades.
Ici, les services d’urgences sont, au sein d’un hôpital, un des services qui génèrent (de loin) le plus de rentrées (directes et indirectes). Nombreuses consultations, nombreux examens techniques et plus de 30% des admissions en hospitalisation se font via les urgences. Nous ne sommes pas déficitaires!
– sur le plan organisationnel :
Dans plusieurs des hôpitaux où je suis passé, le patient entrant est trié rapidement après son arrivée (ici majoritairement endéans les 30 minutes), selon les heures et lieux par un médecin ou un infirmier. Ce triage définit d’une part un degré d’urgence (de vital, à prendre en charge immédiatement, à non urgent, à prendre en charge quand on peu) et d’autre part les éventuels examens techniques à faire d’emblée.
Il est rare qu’il y aie plus de 2 heures entre l’entrée dans le service et le début de la prise en charge médicale après le triage. Plus de 4 heures est exceptionnel.
Bien cordialement à tous, et tant que j’y suis merci à toute l’équipe de Cuk.ch de me donner l’occasion de lire tant d’articles intéressants.
, le 18.11.2014 à 13:21
J’espère que l’année 2015 sera l’année d’une santé recouvrée ! Pour le surplus, une seule précision : les frais liés à la (grande) prématurité ne sont pas à charge de la LAMAl mais de la LAI (enfant né à moins de 2kg, jusqu’à ce qu’il atteigne le poids de 3 kg).
A toutes et tous, excellente journée, exempte d’ennuis de santé.
, le 18.11.2014 à 13:23
Je ne suis pas toujours très à l’aise avec les chiffres. Mais il arrive que certains me parlent. Ainsi je trouve intéressant de mettre ceux-ci en perspective:
Autrement dit, la solution existe, elle est partagée entre les politiques et certains patients, en particulier ceux qui vont aux urgences pour un bobo et ceux qui se mettent volontairement en état de nécessiter des soins…
Autant dire qu’il y a du job!
, le 18.11.2014 à 13:50
Nept: merci pour ce commentaire pertinent et pro (c’est le cas de le dire).
J’aimerais juste revenir sur la petite phrase: « si on peut dépenser des dizaines de milliards pour sauver des banquiers fraudeurs, on doit pouvoir faire de même pour des gens malades. »
Si je suis d’accord sur le fait qu’on peut ou qu’il faut se donner les moyens d’une politique. Ceci dit, je ne trouve pas que cet exemple soit bon car fondamentalement, l’argent qui a servi à sauver des banques a été restitué et dans le cas de l’UBS par exemple, avec 1.2 milliard de plus-value pour la Confédération (pour la BNS c’est une autre histoire). Il en va autrement des coûts liés aux soins.
Bien entendu, sauver des gens permet de les remettre dans la vie active et l’économie ne peut que mieux se porter mais il faut bien financer cette action. Autrement dit, avec une population vieillissante et des maladies toujours plus lourdes à soigner, traiter et guérir, jusqu’où sommes nous prêts à aller pour sauver « tout le monde »?
Je suis le premier à vouloir le meilleur traitement et tous les soins possibles pour un être aimé et ce, même si ça ne lui donne que 6 mois de plus à vivre. Toutefois, je me rends très bien compte qu’une telle politique à large échelle mènerait n’importe quel pays à la faillite.
Bref, hasard de l’actualité, le CHUV vient d’annoncer qu’il va ouvrir dans quelques mois un centre de dégrisement muni de 4 lits pour prendre en charge les bourrés du weekend. Cette initiative devrait permettre de décharger les urgences en fin de semaine.
T
, le 18.11.2014 à 14:04
Oui, d’accord… Les banquiers (ou pas banquiers) fraudeurs se veulent juste un exemple, très (et sans doute trop) raccourci d’autre source de problèmes budgétaires.
On pourrait y ajouter la fraude à l’assurance sociale, la fraude fiscale des entreprises et particuliers, le travail au noir, et j’en passe.
, le 18.11.2014 à 14:12
Merci, Nept, de ce compte-rendu de l’intérieur.
Ce que j’avais, c’était une insuffisance cardiaque qui se manifestait par a-coups. Comme je suis arrivée entre deux «crises» j’ai probablement donné l’impression d’être une urgence ressentie. Je me suis trouvée très mal à la limite de l’évanouissement plusieurs fois dans la nuit, personne n’a même contrôlé ma pression. Pendant la journée qui a suiivi, je me suis évanouie à répétition. Et pour finir il a fallu un pacemaker. Mais les urgences genevoises comme elles sont organisées maintenant classent d’un coup d’oeil après quelques questions générales. Pas sérieux, tout de même. Ce qui m’étonne, c’est qu’il n’y ait pas plus de décès parmi les urgences ressenties. Le système du triage immédiat et de la prise en charge en amont, et non en aval de l’attente, fonctionne visiblement, chez Nept comme à l’hôpital orthopédique de Zurich, beaucoup mieux.
, le 19.11.2014 à 09:11
, le 19.11.2014 à 12:32
Une certaine Marie Machiavelli n’aurais pas manqué de se poser la question :
« À qui profite le crime ? »
Piste : le bizenaisse global de l’industrie pharmaceutique devrait générer 1,1 trillion de dolars en 2014…
z (la meilleure santé possible pour toi, Anne, je répeêêêêêêêêêêête : que tu n’aie aucune raison de vérifier si ça s’améliore ou pas ;o)
, le 20.11.2014 à 10:25
Un crime? Ainsi donc, gagner de l’argent en inventant et commercialisant des médicaments c’est un crime. Intéressant.
T
, le 20.11.2014 à 15:17
Un médicament qui soigne très efficacement certains cancers a été mis au point par un groupe de chercheurs européens financé par le Conseil de l’Europe. Coût de fabrication: 40 francs. Vendu en Europe à des prix entre 120 et 180. Jusqu’à ce qu’un groupe pharmaceutique suisse mette la main sur le brevet pour une somme dérisoire et le commercialise en Suisse avec la bénédiction de Swissmedic. Pour 4’000 (oui quatre mille) francs la dose. Pour la mentalité ultralibérale c’est sans doute un beau coup.
Pour les malades qui meurent parce que ce médicament n’est plus à leur portée, c’est un.crime.
La question de zit est on ne peut plus pertinente.
, le 20.11.2014 à 18:45
ac: cette affaire est tellement bien contée que je peux difficilement la commenter à part sur le fond: pourquoi vendre un truc pas cher, qui semble bien marcher et qui n’a plus besoin de développement?
Probablement parce que derrière ce joli conte résumé à l’attention des lecteurs du 20 Minutes, il y a une histoire un peu plus compliquée que ça.
Bon nombre de petits labos (public ou privé) sortent des molécules. On parle de centaines par années et toutes ont plus ou moins des propriétés intéressantes et donc, intéressantes pour des maladies existantes.
Seulement voilà, la santé ce n’est pas le farwest et tous les pays ou régions ont des procédures à respecter. Dans le cadre d’une mise sur le marché d’un médicament, il y a 4 étapes importantes à passer après les essais en laboratoire. S’il est relativement aisé de passer l’étape I et II, dès la phase III, il faut mener des essais cliniques à large échelle sur des milliers de patients. C’est là que d’un point de vue financier les petits laboratoires n’arrivent pas à suivre et s’associent avec des gros labos.
Il y a plusieurs types d’association du simple partage des revenus au rachat pur est simple de la molécule ou du labo (avec les gens qui sont dedans). Chaque groupe pharmaceutique à des centaines de molécules en « test » et seules 2 ou 3 passent le douloureux cap de la Phase III. Je vous fais grâce des détails de la phase IV et du dossier à préparer pour les autorités de chaque gouvernement ou région afin de soumettre le médicament aux instances de contrôle.
Ce qui se dit, c’est qu’un médicament, quand il sort et qu’il est approuvé, ça a coûté au labo environ 1 milliard de dollars… et il y a tout ceux qui tout d’un coup tombe à l’eau alors même que le médicament était sur le point d’être commercialisé.
Puis on a ça:
Oui, un labo a fait un coup et il tente d’en tirer le maximum… c’est scandaleux mais en même temps on peut en guérir alors qu’avant non. Je précise aussi que dans 20 ans, il sera « génériqué ».
Maintenant, je signale en passant qu’une boite comme Roche a réalisé un CA de CHF 47 milliards en 2013 avec un bénéfice net de CHF 11 milliards tout en ayant investi CHF 9 milliards dans la recherche… la boîte réalise donc une marge de 23% ce qui ne me semble pas hautement scandaleux.
De l’autre côté, on a Apple avec un CA de USD 183 milliards et un bénéfice net USD 39 milliards… c’est une marge de 21%.
Enfin, après avoir longuement fait le tour et pour que le débat ne devienne pas trop émotionnel, je soumets à votre sagacité un graphique qui met en évidence quelque chose que beaucoup oublient: le coût du médicament en Suisse, c’est environ 9% des coûts de la santé. Autrement dit, même en réduisant de moitié les coûts des médicaments, c’est anticipé de 3 ou 5 ans la hausse des coûts de la santé. Le problème n’est donc pas là.
T
, le 20.11.2014 à 20:00
Nous autres, on parle de médicaments dont la recherche était entièrement financée. Toi. TTE, tu la raméne avec la recherche qui coûte un milliard aux labos. une fois du plus, tu fais dévier une réflexion sur la santé vers le profit. Dans la course à l’ultralibéalisme, l’homme ne compte plus, le fric a toujours le dessus. Tu nous a expliqué ad nauseam ton point de vue. J’avais voulu parler des gens qui sont derrière la médecine et ses profits. Basta.
, le 20.11.2014 à 22:36
P: parce que c’est le point commun, la racine et le dénominateur commun des gens qui fréquentent ce site. On est tous passés par ici parce que de près ou de loin, on apprécie Apple et ses produits. On gueule pas trop sur leur marge…
AC: un jour je devrais poster sous un autre pseudo histoire de voir la différence. La recherche coûte cher et la commercialisation coute encore plus mais la plupart de mes interventions n’étaient pas en relation avec ça.
Je vois très bien que les soins et que notre système de santé en général ne répond pas suffisamment aux besoins des patients mais le système tel qu’il est est à bout car il y a desiquilibre. Tout le personnel est sous pression et travaille plus que de raison; on ne peut donc pas lui en demander plus. Il faudrait donc engager plus de personnel (pas plus de médicaments) et je suis d’accord aussi. Par conséquent, si on veut améliorer les choses il faut mettre plus de moyens et donc, ad nauseam, il faut parler argent.
Prendre chez les riches, chez les pharmas, dans la classe moyenne, chez les gens qui sont au forfait fiscal, j’en sais rien… Mais faire plus ou mieux veut dire plus de moyens.
T
, le 10.02.2015 à 13:41
Une nuit aux urgences vue par un chef des urgences dans un hôpital universitaire anglais…
Surviving a night in A&E: a doctor’s story
T