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Compter les poings

C'est sûr, l'année n'a pas fini de démarrer, et on a rangé les rétrospectives et autres bêtisiers. Tournons donc la lorgnette de l'autre côté et explorons les perspectives qui nous guettent dans ce jeu de Go qu'est la société, marquées de pierres brûlantes mais bel et bien posées, celles de la conquête de territoires qui prétendant être des parts de marché, sont ceux de notre intelligence et de nos libertés. Big Brother contre les Poings Levés, le score à la mi-temps.

Considérons la grossièreté, par exemple, en s'arrêtant un instant sur la richesse de ce terme qui exprime aussi bien la légèreté des analyses, la lourdeur des actes que le mépris des légitimités. Très tendance, en ce moment, de considérer les peuples comme ennuyeux et encombrants, tout juste amusant de les convaincre qu'ils ne doivent leur survie qu'à une consommation effrénée de ce qu'on leur dit là où on leur dit. Mais puisqu'ils le valent bien, hein? Le mot d'ordre est désormais sans équivoque: plus t'es pauvre, moins tu comptes, à chacun de se débrouiller pour y croire ou pas, mais c'est bien comme ça que ça marche. C'est ce qui arrive lorsque l'on considère l'argent comme apte à tout mesurer, jusqu'à repousser de notre conscience les valeurs auxquelles il ne correspond pas.

Le corollaire, malheureusement, c'est: plus t'y crois, moins tu penses. Hé, ça nous arrangerait bien que ce soit aussi simple, le monde, avec dieuX en directeur de supermarché qui colle les étiquettes (et qui nous fasse des ristournes personnalisées). L'ennui, c'est que ça marche pas, vu que dieuX c'est précisément ce qui reste quand il n'y a plus d'étiquettes ni d'humains pour avoir besoin de les lire. En plus de cons, ça nous rend fous, cette affaire, normal, faut vraiment avoir été élevé que à la Barbie et au GI Joe pour se contenter d'un absolu aussi étriqué. L'ennui, dans toute cette confusion, c'est que les seuls qui retrouvent leurs billes, ce sont ceux qui les vendent. Enfin, inconvénient, ça dépend de quel côté du comptoir on se place.

Voilà donc le mobile, et voilà pour notre immobilité. Complices insidieux de la loi du plus fort, nous nous y plions au point d'abdiquer peu à peu notre responsabilité entre les mains de pantins politiques aussi bogués et aussi peu soucieux de notre bien-être que du Microsoft. Nous nous abritons derrière ce sentiment de bien faire rendu par le fait de suivre les règles de nos sociétés, et nous oublions à quel point il est criminel de ne pas contrôler leur taux d'absurdité. Alors si vous prenez 1984 pour un bon film de Spielberg, relisez "Le meilleur des Mondes", sans confondre Huxley avec Disney. C'est quoi, votre Soma à vous? Et c'est quoi, votre Yoga, pour vous en débarrasser?

Maaiiiiiissssépadmafotamwa si les zaméricains qui ont élu Bush vont faire péter des bombes en Irak pour bousiller ailleurs encore plus que chez eux, histoire de détourner l'attention, je connais ça par c?ur, j'ai eu une nana qui me le faisait. Bien sûr que je suis pas d'accord qu'un hôpital écrabouillé chez les pseudo-barbares fasse passer notre système de santé pour l'invention de la pénicilline, mais puisqu'ils disent que c'est la réalité et qu'on peut rien y changer. Et que pour les coups de cafard un coup de Mars, barre à droite et on repart comme en Vingt-Neuf. Comme des moutons bardés de dynamite que l'on traite de terroristes s'ils explosent sans qu'on leur ait demandé.

Tout comme, quoi qu'on en dise à la télé, les USA bombardent déjà l'Irak depuis des lustres, la guerre est en permanence déclarée, un truc de realpolitik qui n'a pas échappé à mon créateur adoré Big George (Orwell, pas Bush, ce coup-ci, c'est comme ça qu'on repère ceux qui ne suivent pas). On nous roule dans la farine en nous disant que c'est de la coke et nous on en redemande en disant elle est bonne et en pensant de toute façon y'a que ça. Rien de tout cela n'est vrai, mes amis, c'est juste une grosse farce au goût amer, qui continuera tant que nous ne la démonterons pas comme un vulgaire MacDo de province.

La guerre est là, mais pas là où on nous dit. Les cartes sont brouillées, et ceux qui reflètent notre image trouble nous créent instrument d'un nouvel esclavage. La vérité n'a plus de camp, et ne tient plus que dans la validité de notre propre évaluation de la réalité. Nos sociétés perdent notre confiance dans une fuite en arrière précipitée, et nous laissent devant la brutale alternative: prendre en charge notre devenir ou bien attendre de se laisser mourir. Et qu'on ne s'y trompe pas: les deux parts requièrent un égal courage.

En chacun de nous se trouvent des choses communes, brutes, vivantes. Cette nature que nous partageons universellement est le fondement de la réalité humaine. Quoi qu'en dise le raisonnement, qui est en quelque sorte notre valeur ajoutée personnelle, l'humiliation de la moindre personne à l'autre bout de la planète procède de notre propre soumission, et entreprend de creuser le lit de notre schizophrénie pour le compte de ceux qui en tirent si bien parti. C'est pourtant bien là qu'est la simplicité, du respect de l'autre comme de soi-même, et des mesures qui s'imposent spontanément pour le pérenniser. Et de faire de la qualité de la vie, celle de chacun, partout, le critère d'évaluation du succès de ceux dont les décisions orientent jusqu'à notre libre-arbitre.

N'est-ce pas évident? Et pourtant? Le chemin minuscule à reparcourir en nous mêmes pour considérer cette surprenante idée comme familière semble aussi long que tous ces siècles à attendre le Mac pour finalement en arriver à Palladium. C'est que le gouffre n'est franchissable que par celui qui comme Orphée, prend le risque d'abandonner ce qu'il croit être son intégrité. Or celle-ci n'est guère celle que de la convention sociale, qui de plus se révèle inadaptée, puisqu'elle échoue à répondre à sa question d'amour. C'est à dire à cette interrogation fascinante qui guide nos vie comme un sourd tropisme, et plus encore que tous nos éternels bavardages. Et que rien de naturel ne fait qu'elle doive être contradictoire avec notre quotidien de citoyen.

Le monde, après tout, n'est qu'une autre dimension de notre propre entendement. La clarté d'une notion telle que la solidarité du corps Humain tramé autour de sa planète ne peut échapper à personne, et les grincements qu'elle déclenche sont là pour nous alerter. Les manuels scolaires devraient être des traités d'amour, comment se fait-il qu'il n'en soit pas ainsi? Si une phrase comme "Aimez-vous les uns les autres" suscite en vous défiance et raillerie, où pensez-vous qu'est le problème? Est-ce parce qu'il existe encore des mots qui permettent de l'exprimer? Comme Orwell l'a également anticipé, l'imposition d'une Novlangue politiquement correctrice suit de près le câblage palladumien des télécrans.

Soit, l'amour n'est pas en odeur de sainteté, puisque ses Papes se sont d'eux-mêmes transformés en épouvantails. Mais soyons sérieux, à part respirer, y a t'il quoi que ce soit que nous partagions tous plus intimement? Même se nourrir, d'un coin à l'autre, les us diffèrent, alors qu'aimer c'est fatalement le même ciné: avoir la surprenante conscience de l'existence de quelqu'un d'autre autant que de la sienne propre, ne serait-ce qu'un instant. Vous pensez vraiment que c'est question d'y croire? Que des enfants soient prostitués et que cela vous laisse indifférent parce qu'il ne s'agit pas des vôtres, moi, c'est à ça que je ne crois pas un instant.

L'amour est une loi universelle qui modèle l'Homme autant que la gravité, et il est vain de s'y dérober. Fût-elle tapie dans un retrait de sa mémoire, aucun humain ne saurait la nier sans dommage. En reconnaître l'idée est libératoire, la revendiquer collectivement, salutaire. Oser quitter le port des égoïsmes ferraillants pour l'inconnu d'où l'on aime, avant même d'aimer quelqu'un, de façon non discriminatoire, ce n'est pas une hasardeuse spéculation utopique. C'est peut-être tout simplement la condition indispensable de la survie de l'espèce.

C'est en tout cas une idée qui ne peut que reprendre de la texture et le poids de son étrange validité, devant les raisons avancées pour justifier tous ces choix qui font de notre monde une basse-cour de la mafia. Enchâssée dans l'humilité d'être ce qu'on est, elle révèle le visage grimaçant des apparences et les grilles de nos prisons d'orgueil. Portée à l'anneau de notre pacte avec l'humanité, elle parviendra à faire basculer les inconséquences actuelles dans le souvenir cuisant de l'expérience. Brandie au sommet d'un poing ponctuant la voix du peuple, elle rompra le charme qui nous ensorcelle et jurera enfin d'un monde dans lequel notre volonté cesse de faire cette guerre inutile et ridicule à la réalité.

La humeur chronique de la semaine est dédiée au numéricien plastique intitulé Fredolini, qui nous refera des gribouillages quand il aura retrouvé sa connexion parmi tous ses milliers de cadeaux d'anniversaire plus nombreux que les étoiles sur la Terre. Et à tous les verseaux et ceux qui n'en ont pas l'air.

Le lecto-forumeur Acrimon a plus que raison: lisez tout Norman Spinrad tout de suite! Et recommencez ensuite dès que possible!

21 commentaires
1)
an7re
, le 25.01.2003 à 12:06

je cite : "SEOUL, 25 jan (AFP) – Les réseaux internet à haut débit ont été bloqués samedi en Corée du sud, provoquant la pire panne qu’ait connue un des pays les plus informatisés du monde, ont déclaré des ingénieurs des télécoms. […] les experts soupçonnaient un acte de pirates de l’informatique."

Ce type de situation pourrait venir, dans les années à venir, de la part même des instigateurs de ces fameux tags des processeurs…
On parle aujourd’hui de "guerre préventive"…. Allons plus loin et imaginons une paralysie complète et "llégale" du web par ceux qui auront les robinets / vannes de contrôle à portée de main…

3)
Acrimon
, le 25.01.2003 à 19:15

Un bon remontant pour ceux qui on des aspirations aux positivisme généralisé et fédéralisé, et, qui n’ont pas ta plume ComradE… Merci… Attention de ne pas devenir notre "Guru" ;p

Sacha
cool la signature auto

4)
neness
, le 25.01.2003 à 20:02

Enfin quelqu’un de non naïf, ça me fait plaisir, j’espére que beaucoup de jeunes vous liront.
Merci de cet éditorial. Beaucoup de journalistes devraient en prendre exemple.
Ca s’appelle la liberté
Restez libre !

5)
an7re
, le 25.01.2003 à 20:11

Bon… François, pour marquer d’une pierre blanche la réunion de demain, c’était pas la peine de lancer une attaque massive sur les serveurs comme ça :-)… d’autant que les graphiques se passent de commentaires… <http://average.matrix.net/Daily/markR.html&gt;.
Je rassure par ailleurs Acrimon… Non, ComradE ne risque pas de devenir un gourou. Il exprime — avec une phraséologie qui gagnerait à être rabotée et allégée — une réalité que confusément nous ressentons tous…

6)
François Cuneo
, le 25.01.2003 à 21:40

an7re<Bon… François, pour marquer d’une pierre blanche la réunion de demain, c’était pas la peine de lancer une attaque massive sur les serveurs comme ça :-)… d’autant que les graphiques se passent de commentaires… <http://average.matrix.net/Daily/markR.html&gt;

C’est pas moi, je l’jure!!!!!

7)
Tibam
, le 25.01.2003 à 23:47

C’est Kevin Mitnick qui signe son retour! Il est en trian d’étrenner le Titanium Ghz tout neuf que tonton Wozniak lui a offert, et pour le remercier, il nous démontre ce que Windows et ses failles permettent de faire au net.
Heureusement (j’espère) que cuk.ch est hosté sur Linux!
Tibam

8)
François Cuneo
, le 26.01.2003 à 09:07

<Heureusement (j’espère) que cuk.ch est hosté sur Linux!
Tibam>

Hé oui! hé hé…

Et en parlant des grosses M. de Microsoft, j’ai lu dans MacPlus qui reporte un artice de News.com qu’ils abandonnaient la dénomination Palladium pour leur technologie "sécuritaire", vu qu’elle est trop mal vue par le public. S’ils croient qu’ils vont s’en sortir comme ça…
C’est ici si jamais:
Pour MacPlus:
http://www.macplus.org/magplus/article.php?id_article=3447
Pour News.com:
http://news.com.com/2100-1001-982127.html?tag=fd_top

9)
comradE Ogilvy
, le 26.01.2003 à 14:39

Ne t’inquiète pas Acrimon, guru c’est pas mon bock de bière, d’autant que je pense que nous sommes à la fin de mouvements suivant un leader charismatique. L’heure est à la prise en mains de chaque citoyen par lui-même, avec conscience et responsabilité.
Je ne fais que rappeler cela, et je sais que ça nous fait mal aux dents, et c’est rien à côté, ma phraséologie qui donne aux petits malins l’occasion de ne pas comprendre (ah mais bon sang, mais pourquoi je comprends quand même ?).
Bon donc, An7re, je résume : ils nous la mettent jusque là, nous on a l’habitude, mais la seule dignité qu’il nous reste, c’est qu’ils ne puissent pas le faire aussi facilement à nos gosses. Pas besoin d’être guru ou d’en suivre un pour ça. Sufffit de laisser parler l’amour en nous.
Aimez-vous les uns les autres, en toute liberté, c’est à dire sans jalousie ni aliénation, ça le fera. Ah tiens, je savais bien qu’il y aurait un problème ;-)
—–
Cours, camaradE, le vieux monde est derrière toi…

10)
Acrimon
, le 26.01.2003 à 15:23

T’inquiète, ComradE, il n’y aucune méprise… Nous sommes, je crois, à une époque ou chacun est son propre gourou. Le "hasard" à voulu que ces "chacuns" pense grosso-modo la même chose… Alors, action….
Sacha
cool la signature auto

11)
an7re
, le 26.01.2003 à 16:49

comradE " Bon donc, An7re, je résume : ils nous la mettent jusque là, nous on a l’habitude, mais la seule dignité qu’il nous reste, c’est qu’ils ne puissent pas le faire aussi facilement à nos gosses."

Merci pour le résumé.
C’est ce que j’avais cru comprendre — grosso-modo — en relisant trois fois ton humeur d’hier. Je reste néanmoins persuadé que tu serais beaucoup plus efficace — et tout autant Ogilvy (!!) — si tu allais à l’essentiel dans tes chroniques.
Françoise Giroud disait «Inutile d’avoir du talent à la cinquième ligne si le lecteur vous a lâché à la quatrième.»
Nous, on te connaît, on s’accroche et on relit… mais les autres ?
Je cite encore Giroud qui vient de disparaître, «L’écriture ne s’apprend pas, elle se travaille.»
Et cela est valable pour nous tous, y compris dans nos commentaires…

Pour répondre sur nos mômes, nous avons, nous les parents, un travail d’analyse de l’information à réaliser au quotidien. Un exemple ? Montrer les mécanismes des dernières opérations marketing, comme le lancement de l’eau taillefine, l’eau qui ne fait pas grossir ! Au moins nos gamins, quand ils comprennent cela, ils se font déjà moins entuber par la pub…
Excellent dossier dans le numéro de janvier de 60 millions de consommateurs (n) 368, pages 28 à 31 [pub gratuite].

12)
comradE Ogilvy
, le 27.01.2003 à 11:25

An7re, mon ami,
Je comprends très bien ton point de vue, mais je défends le mien. A propos, le problème de mon style inimitable (personne ose plus écrire des trucs avec plus de 700 mots de vocabulaire, c’est pas vendeur), c’est quoi ? Trop spontané, ou trop sophistiqué ? Les deux en même temps ?!
Je vais te dire, moi, cohérent. La confusion apparente (et parfois réelle) de mes textes n’est que le reflet du paysage de la réalité tel qu’il nous entoure. Si c’était si simple de le décrypter, il n’y aurait pas besoin d’un comradE Ogilvy pour lutter ainsi contre la paresse intellectuelle qui nous rend si bien complices de ce que l’on prétend dénoncer. Et c’est bien la première des taches à laquelle je m’attelle sans craindre d’échouer, parce que je joue pour jouer plus que pour gagner.
C’est une responsabilité individuelle que de ne pas se leurrer, et que pour cela il faut prendre conscience de certaines choses dures à avaler, et qu’une petite scéance de cache-cache hors sujet verbe vif et complément d’information, c’est pas de la grammaire mais de l’échauffement. Moi aussi, je fais une bise à Françoise (et à François aussi, faut bien dire ce qui est), mais ceux qui ont largué à la cinquième ligne, qu’ils continuent leur route vers ailleurs. Faut quand même pas confondre le zapping avec Zappa (c’est juste un jeu de mots, je me compare pas !). C’est sans mépris pour eux, mais comme disent les outres atlantiques, s’ils ne sont pas part de la solution, c’est qu’ils sont part du problème. Du leur, du nôtre, mais plus du mien, comme ceux qui choisissent sous prétexte d’intelligence de choisir Wintel. C’est pour ça que j’écris toujours an7re lignes minimum, et que je sors jamais les bouteilles avant la douxième. Ceux qui restent, la preuve, c’est les bons !
Tu ne te demandes pas pourquoi il n’y aurait pas de l’ogilvy (fond, pas forme, dieuX soit loué à l’année) partout, bavards comme nous sommes ? Parce que putain, mon frère, pour arriver à cracher ça, quelques idées même pas neuves (et même vieilles comme le monde) contre toute cette confusion, si tu savais ce que ça m’a pris d’efforts et d’années? Et si tu savais encore ce que j’ai à dire et qui te ferait partir en scud avarié ! C’est ce que j’ai à dire, qui gêne, et crois-en mon expérience, il n’y a qu’un cas pour que les gens le comprennent quelle que soit la façon dont tu le leur dit : quand ils ont pris un bon coup de pied au cul de la vie et qu’ils ont besoin d’un recadrage de la réalité dans leur petit écran en noiréblanc qu’on leur a fourni à l’école. C’est souvent au contact de la mort, parfois d’une grosse désillusion. Et je vais pas compter sur des 11 septembre tous les 4 jeudis pour que les quelques amis avec qui on bavarde ici soient psychologiquement disposés à entendre (au beau sens du terme) des trucs qui fatalement à un moment dérangent. Le plan VigiRapetou, c’est du permanent, faut vous y faire, et dans cette optique là, ma lecture (et relecture, n’est-ce pas le plus bel hommage que toi et moi pouvons faire à l’écriture ?) n’est qu’un moindre mal pour un minuscule espoir de bien.
C’est pas pour me justifier, que je dis tout ça, mais parce que je me pose la question en même temps que vous, et pour une fois je partage ma réflexion plutôt que ses conclusions. Pas par hasard non plus que je rapproche ta contribution avec celle de Sacha sur le thème du guru. Aussi, pour parler simplement, j’emprunte les termes d’un mec dont c’était le boulot, je vais pas lui piquer ; "Aime ton prochain comme toi-même", et sur chacune de ces phrases là, je peux en faire 15 pages rien qu’en la commentant mot à mot. Pas toi ? Alors, en ce moment, c’est pour ça, que je suis là : pour en laisser une sortir d’un coup d’un de mes bavardages comme du Mozart en plein milieu de Star Academy version techno-industriel.
Pour l’instant, j’ai pas mieux. Dans le texte de la semaine dernière, j’ai eu l’impression d’être enfin arrivé à valider l’Amour comme une cause aussi crédible que celles de nos politiques, et pas seulement comme un désir improductif et utopique. C’est un cap important : après, ne reste plus qu’à s’interroger sur ce que c’est, que l’amour, et à publier en quoi il nous porte à prendre conscience de nous mêmes simultanément qu’apparaît une vision sereine du monde qui nous entoure, autant dire de la réalité?
Eh ben tu vois, ce que tu lis là, c’est ma réponse à moi. Ce qui y est écrit, ça sort tout seul parce ce lien invisible et magique entre certains d’entre nous existe et que nous l’entretenons, et peu à peu, même, le revendiquons. De là, tout est possible, même de comprendre si il y a quelque chose à comprendre dans les propos barbaristes d’Ogilvy (c’est vrai, au fait, est-ce que ça a été prouvé, ça ?). Tiens, je vais t’avouer un truc : un texte comme Compter les poings, je suis d’accord avec toi que c’est chiant à lire, mais ça fait plus de dix fois que je le relis, que je l’explore, que j’en suis surpris. C’est pas à moi que ça appartient, cette propriété là, et elle est involable, malgré ce qu’on peut à tort en croire. C’est à l’amour. Tout court. Je ne fais que modestement l’aider à apparaître, mais c’est lui qui choisit la forme et les circonstances, et vous qui choisissez de le voir même si on vous dit le contraire et que ça rend plutôt douillet à la réalité. Et que ça demande de donner quelque chose de soi qui est plus cher que l’argent.
Enfin? Comme Nietzsche (à moins que ce ne soit Tex Avery, en tout cas, c’est plus facile à écrire), me le rappelle souvent, "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Pas besoin d’être d’une logique Carollienne pour savoir que Non B implique Non A et donc que ce qui nous affaiblit nous tue. D’où l’avantage d’utiliser comme ouvre-boîte crânienne un objet du désir certes contondant, mais qui laisse derrière lui des bébés plutôt que des cadavres. C’est si facile de ne pas se tromper?

—–
Cours, camaradE, le vieux monde est derrière toi…

13)
Obi1
, le 27.01.2003 à 13:15

comradE, je trouve dommage que tu caches tes belles idées derrière ce mic-mac linguistique. On dirait que tu as peur que trop de gens réussissent à te comprendre. Cela te placerait dans la catégorie de la ‘culture de masse’, qu’il faut éviter à tout prix, bien sûr. Pour un défenseur de l’amour, je trouve aussi dommage ton mépris pour ceux qui lâchent ton texte à la cinquième ligne. J’en fais partie et ce n’est pas par paresse, je te le jure. J’essaie, mais je n’arrive pas à connecter ton déluge de mots avec une idée.

Tu devrais lire ou relire Prévert. Il a écrit des textes très courts sur l’amour, qui en disent autant si ce n’est plus que toi. Je ne crois pas qu’on puisse pour autant reprocher à Prévert d’avoir voulu être commercial ou paresseux.

14)
an7re
, le 27.01.2003 à 14:01

comradE, j’ai lu ton long commentaire.
Que tu défendes ta manière d’écrire, c’est "on ne peut plus normal". Par contre, tes arguments restent parfois spécieux et contredisent tes ambitions.
Si tu souhaites te faire entendre (lire) du plus grand nombre, ce n’est pas en fustigeant notre manque de vocabulaire ou notre supposée paresse ! Je trouve — mais cette réflexion n’engage que moi — que tu manques singulièrement d’auto-critique dans ta réponse. Mieux, tu récuses les réflexions de tes fidèles lecteurs qui te le disent avec cordialité et qui ont fait généralement l’effort de te décrypter. Pas très sympathique à y réflechir.
Aussi, dois-je dire autrement ce que j’ai exprimé ici-même par deux fois ? Cesse de mélanger le fond, que nous approuvons tous en grande partie, il me semble, et nos critiques "amicales" sur le style. Je ne comprends pas en quoi écrire simplement et avec peu de mots serait une insulte à l’intelligence ou une autre connerie du même tonneau. Je t’assure que tu aurais plus de lecteurs en écrivant moins pompeusement et lourdement. C’est dit.
Et comme en Jazz, les citations, c’est sympa mais modéremment. C’est très français de citer à tour de bras (il y a même une démonstration comique de ces excès dans les "papous dans la tête" sur France Culture le dimanche après-midi) mais si c’est cela se mettre à la portée de tous, on ne prête pas le même sens au mot "proximité"…
Cordialement mais fermement.

15)
Damien
, le 27.01.2003 à 23:03

ComradE je trouve ta reflexion, tres bien, et pour moi elle est tout a fait accessible a qui s’y interesse…
Je pense juste qu’elle n’est pas a la place adequate vu les commentaires que j’ai pu lire.
Je repondrai aux autres que pour bien expliquer une idee (pour bien s’exprimer, en fait) il faut utiliser des mots precis, mots qui ne sont pas toujours connus de la masse, et qui n’on pas leur pareil dans le langage courant…
Je pense aussi que pour se faire comprendre il faut etre clair, et la clarete vient de la precision, il y a des mots pour chaques situations (la langue francaise est assez riche) alors il serai stupide de ne pas les exploiter si on en a l’occasion…
Donc moi je dirai que ton style est parfait et me rappel assez Nietsche puisque tu le site
( dans le genre : je frappe la ou ca fait mal) et il n’est pas plus dure a lire que n’importe quel texte philosophique (car apres tout c’est bien de philo que l’on parle, non ?), donc je te poserai juste la question : Aurais tu manquer ta vocation ?(pas au sesn gourou mais au sens philosophe..)

Damien
Un de vos lecteur du bout du monde…
QUITO (EQUATEUR)

16)
an7re
, le 28.01.2003 à 06:30

Damien, je t’engage à lire ce matin l’info sur le tri sélectif effectué par MS sur son réseau (http://www.macplus.org/magplus/depeches.php)… C’est écrit avec des mots simples et n’importe qui peut comprendre immédiatement ce qui est en train de se passer… !! Pour va version emberlificotée, attends samedi…

17)
koz+
, le 28.01.2003 à 20:47

article sur Palladium dans l’édition du Monde de ce soir (28/01/2003)… avec, je cite : "Après ce Yalta informatique, il faudra choisir. Adopter un système protecteur et contraignant, qui ouvre toutes les portes, ou demeurer dans un environnement classique dont le territoire se réduira progressivement comme peau de chagrin. En somme, ce sont deux cyberespaces qui, à terme, pourraient coexister. L’un, contrôlé, dans lequel les virus ne pourront plus s’exécuter et le piratage de la musique sera impossible ; dans l’autre, les utilisateurs, au prix de certains risques, resteront seuls maîtres de leur machine."

18)
koz+
, le 28.01.2003 à 20:51

le papier de Stéphane Foucart — du journal Le Monde — se conclut ainsi : "D’autres interrogations demeurent. Le déploiement de Palladium pourrait ainsi contrevenir aux législations nationales sur le traitement des données personnelles : l’identifiant d’une machine pourrait en effet être considéré comme une donnée indirectement nominative, car elle permet de remonter au nom du propriétaire via une simple facture d’achat. Les autorités de contrôle chargées de veiller à la conformité des logiciels et des contenus numériques utilisés par les internautes seront-elles soumises aux lois en vigueur dans chaque pays ? La question est d’autant plus ouverte qu’elle n’a pas été posée."
L’article, assez long, mérite d’être entièrement lu.

19)
Cube forever
, le 02.02.2003 à 04:40

Ne vous plaigner pas, où alors allez faire un tour sur certains sites Mac français, vous aurez de quoi vous affliger…

20)
APPRENDRE A DONNER
, le 03.02.2003 à 16:46

SORTEZ DE VOTRE BOITE ;)

à tous, à comradE
il est difficile de comprendre – pour qui ne veut pas l’entendre – qu’un message important doit être énoncé clairement, et curieusement le fond rejoint la forme…

j’avais 20 ans quand je jouais dans une troupe de théâtre-intervention et dans un des textes, il y avait un extrait du Cantiques des Cantiques (Roi Salomon). Très peu cultivée de textes bibliques, bien que née et éduquée dans une famille de tradition juive… J’ai cru comme beaucoup que ce texte était un poème d’amour, aussi beau fût-il, à l’égal de nos "classiques" français, anglais, …

les années passent et à 25 ans, je suis retournée à mes sources et j’ai commencé à étudier LE LIVRE… quelle surprise.. surtout quand j’ai (re)découvert le Cantique des Cantiques à la lumière de la Vérité… j’étais stupéfaite…

Tout cela pour vous dire que la forme participe de la réception du fond, elle image le texte, le rend plus percutant, plus lisible, plus coulant (et ne coulent pas si elle est utilisée à bon escient)

aussi je rejoins comradE, mon ami, chevalier d’une certaine lumière, la lumière de la Vérité ;)

désolée d’avoir pénétré dans votre univers mac-hiavélique ;), mais je ne pouvais rester silencieuse

sûrement peu me comprendront, peu importe, qqn d’intelligent reviens toujours à la charge d’un texte qu’il n’a pas compris… et il gagnera beaucoup au bout du compte ;)

je vous aime

une créature de D.
bat Israël

PS : 1+1+1+ = nous sommes tous responsables du monde, de sa bonne (ou malheureusement mauvaise) marche. à n’être qu’égoïste ou amoureusement impliqué que pour soi, on oublie les autres, on ne pense qu’à soi. on attend sans cesse que les autres nous aiment.. mais pourquoi ? qu’est-ce que l’amour ? j’ai longtemps cru que l’amour c’était mon amour partagé avec un homme… qu’est-ce que c’est réducteur ! et qu’est-ce que c’est … "réciproque"… quand on dit qu’on aime l’autre… qu’est-ce qu’on aime : le sentiment, sa capacité à éprouver ce sentiment, aimer l’autre c quoi ? c’est être à l’écoute de ses véritables besoins (et pas ceux qu’on imagine qu’il a), c’est le laisser exister, mieux l’aider à exister… que ce soit sa soeur, son mari ou un parfait étranger…
aimer, c’est surtout donner sans rien attendre en retour… même pas un merci, pas la moindre reconnaissance… et on en est très loin ;)

je vais m’arrêtez là, pour l’instant… réfléchissez, certes mais agissez. ça fait un bien fou et surtout ça fait du bien de remonter le courant vers La Source;) bon voyage !!!

21)
an7re
, le 03.02.2003 à 17:59

Ce forum était jusqu’à présent réservé aux joyeux et insouciants branquignoles francophones… J’ai bien peur de ne pas avoir tous les neurones d’élite pour capter/entraver un pouillème de cette prose, pas plus que je n’ai suffisammment de synapses pour décrypter celle de comeradE…
Ce qui est frappant avec Mademoiselle Apprendre à donner ou Monsieur comeradE (vous vous connaissez ?! Sinon une rencontre s’impose :-), c’est cette capacité à ne correspondre que par enigmes, clés mystiques et ce, à seule destination des polytechniciens du verbe (comprendre : ceux peuvent lire plus de 700 mots d’un coup…).
Bon, revenons à des choses essentielles et tangibles : qu’est ce que je mange ce soir (saucisson et saint-nectaire plus un pichet de Bordeaux pas trop millésimé ou je me fais une entrecôte, des pasta avec un beaujolpif pas trop frais — ou un cahors…) et que vais-je regarder à la télé…??
Pour ma part, j’ai (re)découvert le vacherin et c’est un régal.